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CENT [sɛnt] ou  CENNE [sɛn]
n. m. ou f.

Rem.

1. La prononciation [sɛnt] et le genre masculin, comme en France, se rencontrent dans l’usage soutenu ou le discours spécialisé (p. ex. dans le cent canadien). 2. La prononciation familière [sɛn] est aussi attestée pour la graphie cent. 3. La graphie cenne est familière.

I

Monnaie des États-Unis. La centième partie du dollar; pièce de monnaie de cette valeur.

Cent américain(e), cenne américaine.

 Par ext. Toute pièce de monnaie américaine.

2022, TLFQ, Pièces de monnaie (« cents ») américaines [photo].

Il y a maintenant un Bureau de Poste etabli dans chaque partie des Etats Unis. […] La Poste part de Robinstown tous les Mercredis. Ce qui suit est le taux du port Américain sur les lettres simples : Aucune distance n’excédant point 30 milles… 6 Cents […]. Les papiers nouvelles pour aucune distance n’excédant point 100 milles, un cent chaque. 1798, La Gazette de Québec, 12 avril, p. [2] (texte traduit de l’anglais).

Nézyme. – Qu’est-ce que vous allez décider dans votre union [de quêteux]? [/] Le quêteux. – Que les particuliers de Montréal soient moins peignes [= pingres] et qu’ils ne nous donnent pas des cents américaines, à cause du change. 1920, La Patrie, Montréal, 3 juillet, p. 10 (chron. humor.).

C’est fait. Depuis jeudi, notre dollar, après bien des hésitations, a franchi le cap des 80 cents américains. Certaines personnes se permettront sans doute un petit sourire de fierté. 1988, La Presse, Montréal, 19 mars, p. H1.

Le lendemain de l’élection, le dollar canadien grimpe de 1,05 cent à 74,15 cents américains, et les banques, de leur côté, abaissent leur taux préférentiel. 2005, M. Cardinal, Point de rupture Québec-Canada, p. 50.

La mère de Marcel a eu cinq gars, il est le cadet. Il se rappelle le tramway qui passait juste devant chez lui et qui se rendait « à l’asile » puis à la chute Montmorency où, pas loin, il y avait un zoo. […] Il se rappelle aussi des « Américains qui passaient avec leurs grosses voitures et qui lançaient des cennes américaines ». 2012, M. Moisan, Le Soleil, Québec, 12 septembre, p. 4.

II

Monnaie du Canada.

1

La centième partie du dollar canadien, aussi appelée sou (sens III); pièce de cette valeur.

2023, TLFQ, Cents [photo].

Cinq dollars (ou, plus rare, cinq piastres) et quatre-vingt-cinq cents.

loc. VieilliCinq cents, dix cents, etc., dans la piastre : voir piastre (sens II.A.1). (Ancienn.). Une grosse cent, un (gros) deux cents, en parlant de pièces qui valaient un ou deux sous.

Cour. Un(e) cent, un cinq cents, un dix cents, un vingt-cinq cents (cp. trente sous, voir sou, sens II.2), un cinquante cents.

Cenne noire : pièce en alliage cuivreux valant un sou (par oppos. à cenne blanche, moins fréquent, s’appliquant à des pièces de cinq, dix ou vingt-cinq sous, fabriquées en argent, puis en métal blanc).

Un tas de cennes noires. Vingt-cinq sous en cennes noires.

Rouler des cennes noires : enrouler un nombre déterminé de pièces de un sou dans un emballage prévu à cette fin. Bonbons, cigarettes à la cenne, vendus à l’unité (valant autrefois un sou).

Vente à une cenne. (Précédé d’un adj., pour insister sur l’importance relative de la valeur de la pièce). Un beau cinq cennes tout neuf. Avoir seulement un vieux dix cennes.

 Par ext. Pièce de monnaie quelconque.

Avoir une poignée de cennes dans ses poches.

 centincoppe (sens I.1); sou (sens III).

Rem.1. Cent est l’appellation officielle de l’unité divisionnaire du dollar canadien depuis 1907, en remplacement de centin. Le mot est courant depuis l’instauration du système décimal (1858), mais il a été souvent critiqué, surtout au tournant du XXe s., en raison de son origine anglaise. 2. De nos jours, la prononciation [sɛn], dont rend compte la forme écrite cenne, est de registre familier; cent, prononcé [sɛnt] et de genre masculin, ne se rencontre pour ainsi dire jamais dans certains emplois du mot (p. ex., on dit une cenne noire, une cenne blanche, bonbons à la cenne). En comparaison, le mot sou est de registre neutre. 3. Souvent représenté autrefois par l’abréviation cts, selon l’usage anglais, le mot est représenté de nos jours par le symbole ¢ placé après le nombre, comme dans 50 ¢; il peut aussi se noter 0,50 $.

[…] il est par le present statué par l’autorité susdite, qu’en autant et aussitôt que la chose sera jugée facile et praticable, les comptes publics de cette province, et les comptes de tous les départements et fonctionnaires publics, seront tenus par piastres et parties décimales d’une piastre, dont la centième partie sera appelée un centième ou cent, et la millième partie un millième […]. 1851, Acte pour pourvoir à l’introduction du système décimal dans le cours des monnaies de cette province, et pour amender les lois relatives au dit cours, Les Statuts provinciaux du Canada, 4e session, 3e parlement, vol. 3, p. 1799.

La quête, nous dit un confrère anglais, a rapporté un peu plus de six piastres, et, pour prouver que ce qu’il avance est parfaitement exact, il affirme avoir palpé la dite somme qui se compose de : un billet d’une piastre, treize pièces de 25 cents canadiennes, une américaine, et le reste de menue monnaie de dix et cinq cents. 1889, Le Monde illustré, Montréal, 8 juin, p. 42.

Le père Sansfaçon une fois la langue déliée par une couple de shnuffres [verres d’alcool], s’extasia sur les largesses de Cléophas, qui faisait les choses bien et qui dépensait une piastre avec autant de sans-gêne qu’une pièce de cinq cents. 1898, H. Berthelot, Les mystères de Montréal, p. 95.

De la voix, oui, mes amis, ils en ont de la voix pour crier : « Du bon blé-d’inde [sic] bouilli, [/] Cinq cennes pour trois épis. » ou d’autres chansons du même genre, mais ces pauvrets ne s’amusent pas à cela, oh, non… 1913, Le Samedi, Montréal, 14 juin, p. 7.

La mère Thibault était en outre l’opulente propriétaire d’un « magasin » où elle vendait de tout : quincaillerie, épicerie, tabac, bonbons, « à la cent », et surtout, autre spécialité de la maison, petite bière d’épinette à un sou le verre. 1919, D. Potvin, L’appel de la terre, p. 35.

Reconnaissons-le, nous avons la détestable habitude de ne donner qu’« une cent noire » à celui qui nous tend la main au nom de l’église aux messes du dimanche. 1922, Le Peuple, Montmagny, 9 juin, p. 4.

Le bonhomme André s’avançait ensuite, en fauchant de ses longs bras décharnés, et en clignant terriblement de l’œil : l’église l’avait toujours un peu effrayé. Suivaient… la tante Élise, femme bonne comme le jour, assuraient les voisines, mais qui aurait tondu une faïence tant elle était regardante; la vieille Séraphine, forte en couleur sous sa capeline […]; le grand Ignace Tardif qui échappait toujours toutes ses « cennes » à terre […]… 1928, J. Garnier, Chandeleur, Le Canada français, vol. 15, no 6, p. 424‑425.

[Elle] réussira à […] faire comprendre au bambin que le temps est venu pour lui de laisser là son cheval miniature […], pour apprendre comme son Papa à faire de longues additions, à lire des livres gros comme ça!... C’est ainsi qu’il pourra lui aussi acheter du pain, une belle cravate et mettre des « cents blanches » à la banque! 1948, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 20 août, p. 4.

Et il met la main dans sa poche. [/] – Tiens, je t’en donne… toute ma fortune. – Non, non. [/] Y la force à prendre son petit change. Une bonne poignée de cennes noires, un peu de blanches. [/] – Ça vaut ça. Ça vaut ça. 1965, Cl. Jasmin, Pleure pas, Germaine, p. 29.

Les poches bourrées de tire, de jus de réglisse, de gomme, de pièces de 5 sous […], de bonbons pour la toux. Il distribue ses richesses à tous ceux et celles qui, avec un grand sourire, lui « empruntent » un bout de sucre d’orge ou une « cenne » blanche. 1966, Ici Radio-Canada. Jeunesse, vol. 1, no 4, p. 13.

Lucien Bouchard démissionne et voilà le dollar canadien qui perd près d’un cent sur les marchés. L’accord constitutionnel de Meech échoue, un mois plus tard, et rien ne se produit, les marchés restent étonnamment calmes. Même que depuis vendredi, notre dollar a gagné un peu plus d’un demi cent. 1990, Le Soleil, Québec, 27 juin, p. B3.

Retrait du 1 ¢ : ce que vous devez savoir [titre] Dans le dernier budget fédéral, le ministre des finances du Canada […] avait annoncé que la distribution de la « cenne noire » allait cesser à la fin de l’automne 2012. Cependant, suite aux demandes des détaillants et entrepreneurs, la date des funérailles fut repoussée au 4 février 2013. 2012, Radar, septembre-octobre, p. 15.

Le jukebox, ou phonographe automatique, offrait une grande variété de disques populaires, mais avant de mettre notre cinq cennes dans la machine, nous hésitions ordinairement entre deux choix : In the Mood ou Beer Barrel Polka qui étaient les deux disques les plus populaires cet été-là. 2020, Le Sentier, Saint-Hippolyte, juillet, p. 11.

2

Fam.(Dans des locutions ou des comparaisons, le plus souvent employé au féminin et souvent écrit cenne, surtout à partir des années 1930). Calculer à la cenne, de façon très précise. Pas une cenne de plus, pas une cenne de moinsJouer aux cennes : jouer aux cartes en misant des pièces de monnaie. C’est avec des cennes qu’on fait des piastres : voir piastre (sens II.A.2).

 (Par allusion à la dimension d’une pièce de monnaie). Avoir les yeux grands comme des vingt-cinq cennes : syn. de avoir les yeux grands comme des piastres (sens I.2). Grand comme un dix cennes, pas plus grand qu’un dix cennes : très restreint, exigu (en parlant d’un espace).

Un garde-robe grand comme un dix cennes.

 (Pour exprimer la plus petite somme possible, souvent avec cenne noire où l’adj. marque l’insistance).

Ne plus avoir une cenne. Ne pas avoir une cenne qui l’adore. Ne pas faire, ne pas gagner une cenne. Ne pas, ne jamais (vouloir, faire) perdre une cenne. Ne pas payer, ne pas donner une cenne, une maudite cenne. Incapable de mettre une cenne de côté. Perdre, payer jusqu’à la dernière cenne. Être toujours à la dernière cenne.

 coppe (sens I.2); sou (sens III); token (sens 2); tôle2.

Nous ne demandons que cette direction donnée aux études des sciences naturelles, et ce n’est certainement pas demander une révolution, pour réaliser un bien immense et diriger vers la carrière agricole le surplus des aspirants aux professions libérales. Il n’en coûtera pas un professeur de plus et pas un cent de plus. 1863, Prospectus de l’École d’agriculture de Ste. Thérèse, p. 5.

– Monsieur, lui dit-il, votre caissier vous a volé. – Ah bah! – Mon Dieu oui, deux cent mille dollars; pas un cent de plus ou de moins. 1867, L’Événement, Québec, 31 mai, p. 2.

Je te dirai que Darveau n’a pas envoyé de l’argent, pas une cenne depuis qu’il est parti et lui écrit peu souvent. Mélie ne fait que pleurer voilà 3 lettres qu’elle lui écrit lui faisant demander de l’argent qu’elle n’en avait extrêmement de besoin, tous mes oncles et mes tantes me prient de te dire de lui dire des bêtises et lui faire la leçon ils te savent pas gené [sic]. 1880, Montréal, dans R. Blondin, Chers nous autres, t. 2, 1978, p. 164 (lettre).

– Q. : Est-ce qu’il joue à l’argent? – R. : Ah, je ne peux pas dire. Pour dire qu’il n’a pas joué, je l’ai vu jouer aux cents, pas un gros montant, une ou deux cents. 1889, Québec, BAnQQ, fonds Cour du Banc du Roi/de la Reine, greffe de Québec (TP9, S1, SS5), cause no 31, factum de l’appelant, p. 54.

Il a tout donné le bois qu’il avait et n’a pas eu une cenne noire. 1935, Saguenayensia, vol. 15, no 6, 1973, p. 174.

– Tu peux en parler de Joe Greenwood. I a pas une cenne qui l’adore. J’gagerais ben à part de ça qui a pas risqué une token dans l’entreprise. – Pour dire le vrai, j’engage Greenwood pour conduire les travaux. C’est moi qui a sorti l’argent. Une fois l’aqueduc fini la corporation va me payer. J’pardrai pas une cenne. 1944, Cl.‑H. Grignon, Un homme et son péché, 25 août, p. 5 (radio).

Les gérants de banque, c’est toute une gang de tout-nus qui pensent qu’un compliment entre le hot chicken pis le dessert ça vaut un pourboire, pis qu’y partent sans te laisser une crisse de cenne noire. 1989, M. Tremblay, Le premier quartier de la lune, p. 213.

Élevé durant les années trente, Edgar, à soixante-deux ans, prétendait encore que « c’est avec des cennes qu’on fait des piastres »; et surtout, comme il aimait à le répéter, « au moins, c’est pas le gouvernement qui paie ma bière! ». 1992, G. Dor, Dolorès, p. 62.

On en est pas encore à parler gros sous mais il demeure qu’il est épeurant de les évoquer à une époque où les pouvoirs publics sont à la dernière cenne. 1995, Le Soleil, Québec, 24 février, p. B1.

« Elle [Céline Dion] était pressée, mais le temps qu’elle a donné vaut de l’or pour moi, exprime Catherine. Elle m’a chanté un petit bout de To love you more. […]. J’avais les yeux grands comme des 25 cennes et j’ai bloqué ben raide ». 1997, La Tribune, Sherbrooke, 7 mai, p. A2.

À peu près à la même époque l’an dernier, la Ville achetait un terrain grand comme un dix cennes pour 380 000 $, coin Principale et Dufferin, pour agrandir un stationnement. Cherchez l’erreur. 1999, P.‑Y. Bégin, La Voix de l’Est, Granby, 22 mai, p. 2.

Chose certaine, on a bien le droit de payer la traite à son p’tit pitou ou à sa chérie de temps en temps, sans tout calculer à la cenne près. Mais discutez vite de tout le reste… et évitez ainsi nombre de disputes inutiles. 2006, D. Archambault et L. Chèvrefils, Les bons comptes font les bons couples, p. 14.

« Nous avons une très bonne brigade de pompiers. […] Par contre, il faut faire des choix. C’est avec des cents qu’on fait des piastres. C’est peut-être seulement 5 000 $ qu’on va économiser par année et ça ne parait peut-être pas gros pour certaines personnes, mais pour nous, c’est le début et c’est important. On doit commencer quelque part », a mentionné le maire avant que le conseil se prononce sur le sujet. 2016, L’Écho de Maskinongé, Louiseville, 23 mars, p. 13.

« On a un entrepôt à payer puis on s’est rendu jusqu’à la dernière cenne. Il ne nous reste plus une cenne dans nos coffres, puis on ne peut plus payer l’entrepôt. Ça nous donne mal au cœur. ». 2020, Société Radio-Canada, ICI Radio-Canada (site Web), Ici Bas-Saint-Laurent (art de vivre; fêtes et réceptions), 14 septembre.

 VieilliMagasin de quinze cents ou (par ellipse, et plus usuel) quinze(-)cents, quinze(-)cennes n. m. Syn. de cinq-dix-quinze.

Rem.Parfois noté avec des majuscules dans Quinze-Cents. On trouve aussi (magasin de) 15 ¢, ou 15 cents.

Ernest Daigle, de la rue Demontigny, est condamné à cinq dollars d’amende pour vol divers d’objets au magasin de « Quinze Cents », tenu par M. Charlton et Cie, rue Sainte-Catherine. 1905, La Presse, Montréal, 14 novembre, p. 10.

On achète des chocolats au magasin de quinze cents et on les envoie à nos intimes […]. 1908, Le Canada, Montréal, 31 décembre, p. 8.

Les magasins à prix uniques. Les Français nomment ainsi ce que, avec notre élégance coutumière, nous appelons les « quinze cennes », c’est-à-dire les magasins où l’on vend toutes sortes d’articles d’après un ou plusieurs échelons de prix. 1934, Le Canada, Montréal, 27 avril, p. 2.

Moi aussi je vas faire mon petit tour au quinze cennes des fois. C’est là que j’ai rencontré la Guitte. T’as dû la remarquer quand t’es allé faire des politesses à sa petite amie de fille, la belle Florentine… 1945, G. Roy, Bonheur d’occasion, p. 423.

Mon congé de Noël m’arrive déjà comme par surprise. Tellement que j’ai à peine le temps de faire un peu de magasinage dans un quinze-cennes, de m’acheter une paire de claques neuves et me voilà, un matin, embarqué dans le tramway Bleury qui m’emmène direct à la gare Jean-Talon prendre le train pour Saint-André. 1977, J.‑P. Filion, Les murs de Montréal, p. 42.

3

Fig., fam.(Dans des expressions et des locutions, le plus souvent employé au féminin et souvent écrit cenne, surtout à partir des années 1930). Couper, fendre les cennes en deux, en quatre : ménager jusqu’à l’extrême. Perdre cinq cennes, devoir cinq cennes au curé (ou au bedeau), mettre vingt-cinq cennes sur le comptoir (ou autres variantes) : avoir la braguette de son pantalon ouverte. (En parlant d’un camion, d’un autobus, etc., ou, par ext., de son conducteur). Ne pas s’arrêter, ne pas tourner sur un dix cennes : s’arrêter, tourner avec difficulté, en raison de la taille du véhicule par rapport à l’espace disponible pour effectuer la manœuvre; (en tournure positive) tourner, virer sur un dix cennes (ou cents), avec facilité, avec dextérité, malgré la taille du véhicule (cp. variante avec trente sous, voir sou, sens II.2par ellipse sur un dix cennes (ou cents) : subitement. Fig. (Se) (re)tourner, (se) (re)virer sur un dix cennes (ou cents) : changer subitement d’idée, d’opinion, de comportement ou de stratégie, ou s’adapter très rapidement à une situation inattendue. Changer, échanger quatre vingt-cinq cennes pour une piastre : syn. (moins fréq.) de changer, échanger quatre trente sous pour une piastre (voir sou, sens II.2).

 (Exprimant une mesure minimale). Une cenne de qqch. : une infime partie de qqch. Quelque chose d’une cenne, de cinq cennes, de peu de valeur, de peu d’importance.

Des petites misères de cinq cennes.

Ne pas valoir une cenne, cinq cennes : (en parlant de qqch.) ne pas valoir sa valeur marchande, ne pas être de qualité; (en parlant de qqn) ne pas avoir d’aptitude, de compétence (pour telle chose). Ne pas avoir (pour) deux cennes de (suivi d’un subst. abstrait désignant une qualité) : être dépourvu de.

Ne pas avoir deux cennes de bon sens, de patience.

Pas pour une cenne, pas pour deux (cinq, dix) cennes : pas du tout.

Ça ne me dérange pas pour deux cennes. (Plus cour. avec un adj.). Pas compliqué, pas méchant, pas prétentieux pour cinq cennes. (Avec un v. au conditionnel). Elle ne ferait pas ça pour cinq cennes : il ne lui viendrait pas à l’idée de faire cela.

 coppe (sens I.3); sou (sens III); token (sens 3).

Un malade, qui souffre de cette douleur [liée à une maladie du foie], devrait avoir recours à un prompt soulagement. Cependant il y a bien peu de remèdes, qui ne valent pas un cent, contre les maladies. Que faut-il donc faire! 1858, Le Canadien, Québec, 7 mai, p. 4.

Tout ce qu’il [le marchand] demande, c’est que ses pratiques [= sa clientèle] retiennent leurs ordres [= commandes»] et viennent voir et juger par elles-mêmes, et qu’elles ne donnent pas une piastre, pour ce qui ne vaut pas 5 cents. 1869, L’Événement, Québec, 2 février, p. [3] (annonce).

– R. : Ce soir-là je me suis aperçu qui [le cheval] clochait de cette patte-là mais je ne l’ai pas dit à M. Houle. – Q. : Lors de votre voyage à Inverness vous l’avez dit à M. Houle? – R. : Oui, et que ce cheval ne valait pas une cent pour gagner de l’argent avec. – Q. : Quand ce défaut qu’il a vient à être connu est-ce que ça ôte de la réputation à un cheval comme ça? – R. : Il n’y en a pas beaucoup qui aiment ça, ça éloigne les pratiques. 1885, Québec, BanQQ, Cour d’appel (Québec), cause no 49, factum de l’appelant, p. 25.

Ça d’la musique? Pas pour un’ cenne! [/] Mais c’est comm’ çà qu’on s’gât’ le goût. [/] C’est d’la culture américaine [/] Que l’radio répand partout. 1929, J. Narrache, L’radio, dans L. Mailhot et D.‑M. Montpetit, Monologues québécois 1890‑1980, 1980, p. 141.

L’échevin Bertrand conclut le débat et déclare que c’était lui qui avait raison de se plaindre de l’attitude de M.  Bouchard. – « D’ordinaire », dit-il, « il peut fendre une cent en deux, mais aujourd’hui il est prêt à accorder la plus haute soumission. Il y a une différence de $ 1100. Elle est très appréciable ». 1930, L’Action catholique, Québec, 30 août, p. 32.

J’étais couché sur le dos là, pis je criais wo! Pis j’avais les gros cordeaux dans les mains, pis elle, elle [une jument] me piétonnait, pis elle mordait son mors d’étrille, pis j’y voyais les trayons. J’étais couché de même, elle avait les quatre pattes par-dessus moi. Pis, elle m’a pas fait mal pour cinq cennes, là. 1955, Rimouski, AFEUL, P.‑A. Desjardins 32 (âge de l’informateur : n. d.).

Notez aussi que le rayon de braquage est le plus faible de toutes les autos importées mises à l’essai par moi, ce qui fait que la Herald peut presque tourner sur un 10 cents. 1960G. Barker, Le Petit Journal, Montréal, 18 décembre, p. 86.

Les romans canadiens que tu m’as prêtés, je les ai lus. Je te dis franchement que ça m’ennuie. Des romans français, pas canadiens pour deux cennes. 1965, A. Major, La chair de poule, p. 17.

Ne pas hésiter à aller à contre-courant, faire du théâtre « heavy » lorsque d’autres montent Marivaux ou Feydeau. Refuser tout carcan, tout mandat, toute ligne de conduite rigide pour pouvoir se retourner sur un dix cents si de nouveaux besoins se manifestent. 1985, R. Bernatchez, La Presse, Montréal, 21 septembre, p. D4.

Entre autres Claude Morin et Pierre Renaud, le premier venu de la haute administration, où il s’était exercé aux longues patiences, le second, du RIN [Rassemblement pour l’indépendance nationale], où il avait appris à couper les cents en quatre et à défendre comme sa vie le trésor d’un parti pauvre. 1986, R. Lévesque, Attendez que je me rappelle…, p. 340.

Fallait voir Mario virer son carrosse [son fauteuil roulant] sur un dix cennes sans lâcher la raquette, freiner en utilisant l’avant-bras, attaquer les balles (« j’aime pas frapper au deuxième bond », la seule concession qu’on leur fait) puis revenir au centre, pour réaliser que ces gens-là pratiquent deux disciplines sportives en même temps. 1995, G. Blanchard, La Presse, Montréal, 16 août, cahier Sports, p. 8.

C’est pas tout le monde qui peut faire semblant d’avoir vu son ex et jouer une grande scène après, ou qui peut partir à pleurer sur un dix cennes en disant : « J’en peux plus, ma vie amoureuse c’est tellement de la mardeee!!!! ». 2014, A.‑M. Dupras, Ma vie amoureuse de marde, p. 41.

Je veux donc saluer tous ces jeunes qui, chaque jour, trouvent le moyen de se « virer sur un dix cennes » pour combler les besoins des salles de rédaction. Je connais les conditions de ce numéro de haute voltige qu’ils exécutent sans filet, et c’est pour ça que, souvent, ils m’épatent davantage que bien des journalistes expérimentés. 2016, J. Boileau, Lettres à une jeune journaliste, p. 51.

« Connais-tu un bon agent immobilier? Un vrai bon, un gentil? » [/] Elle m’a pointé un porte-cartes qui traînait à côté de la caisse. [/] « C’est un ami à moi, super pro, super fin, pas le genre agent d’immeubles pour deux cennes ». 2017, M.‑R. Lavoie, Autopsie d’une femme plate, p. 227.

Depuis la fermeture des écoles […], les enseignants des écoles primaires et secondaires de la région, tout comme ceux des cours aux adultes, redoublent d’imagination afin de garder leurs élèves sur leurs gardes, prêts à être instruits. […] « Les profs sont extraordinaires. Ils ont dû se revirer sur un dix cennes », mentionne Mme Bouyer […]. 2020, Nordinfo.com, Sainte-Thérèse, 29 avril, p. 3.

4

(Par ext. des sens 1 et 2). Fam.(Au pluriel). Argent; montant indéterminé d’argent.

Avoir des cennes. Ramasser ses cennes. (Se) faire quelques cennes en passant les journaux.

Être proche, près de ses cennes (ou cents) : être avare; rareêtre contraint d’économiser le peu d’argent qu’on possède. Question de piastres et de cennes : voir piastre (sens II.A.3). Penser en cennes et en piastres : voir piastre (sens II.A.3). (Au sing.). Être à la cenne : syn. de être à l’argent (sens II.4). Faire une cenne : syn. de faire la ou (une) piastre (sens II.A.3).

 piastre (sens II.A.3).

Il m’a demandé des cents pour boire. Je lui donnai 7 cts. 1883, Le Nouvelliste, Québec, 24 avril, p. [2].

Quand j’ai parlé de travailler, j’pensais à me faire qué’ques cennes pour pas être obligé de demander de l’argent pour m’en retourner en Canada. 1938, Ringuet, Trente arpents, p. 279.

I font des bavassements dans mon dos que j’ai l’cœur dur, que j’sus proche de mes cennes. J’vas leu montrer ça, moi, si j’sus proche de mon argin. 1944, Cl.‑H. Grignon, Un homme et son péché, 12 septembre, p. 2 (radio).

Si vous désirez aider un marin, qui est actuellement proche de ses cents, et qui, autrement dit, est « cassé » vous n’avez qu’à vous rendre au quai 19 […]. Vous trouverez certainement ce marin, car il désire vendre deux singes qu’on dit fortement intelligents. 1947, Montréal-Matin, 11 août, p. 9.

Un nouveau parc local sera inauguré cet été; espérons qu’il aura une égale renommée [que le parc Sohmer, à Montréal]. Selon Jean Narrache, ce parc fut célèbre et s’ouvrait dès la fin de mai. […] Dans ce temps là [sic], les badauds étaient aussi faciles à duper que ceux d’aujourd’hui… Je vais ramasser mes « cennes » pour l’exposition de la fin d’août… 1948, Al. Saumier, La Tribune, Sherbrooke, 29 mai, p. 3.

« D’un côté comme de l’autre, je les trouve ridicules [les propriétaires et les joueurs] […]. Quand je pense que nous, on économise nos cennes pour aller au Stade… En plus, il fallait que ça arrive [la grève] alors que les Expos connaissaient leur plus belle saison depuis longtemps : c’est pas compliqué, j’en ai des motons dans la gorge! ». 1994, La Presse, Montréal, 25 août, cahier Sports, p. 2.

Après la Chine, c’est au tour de l’Inde et du Pakistan de recevoir la visite de Team Canada. Ces pays violent les droits de la personne? Bof, les affaires sont les affaires. Jusqu’où le Canada est-il prêt à aller pour faire une cenne? 1996, Voir, Montréal, sem. du 18 au 24 janvier, p. 6.

Voir son corps dépérir peu à peu et se rapprocher l’inéluctable n’a rien de jojo. À quoi je ressemblerai quand je serai vieux? Serai-je frileux et décrépit, près de mes cennes, inquiet du lendemain et de l’ailleurs? 2000, N. Cazelais, Le Devoir, Montréal, 7 avril, p. B4.

J’allais fouiller en dessous du lit, puis j’cassais les cordes du violon de mon père. J’ai commencé à jouer rien que sur une corde et puis là, à six sept ans, j’ai commencé à jouer à chaque jour. Là j’ai commencé à jouer dans les rues pour faire une cenne, tu sais. 2009, P. Perrault, J’habite une ville, p. 119.

Je n’ai pas encore expérimenté la crise cardiaque, mais il parait qu’avant de ressentir la douleur dans la poitrine, sa victime a mal au bras gauche. Un de mes amis un peu plus près de ses cennes que la moyenne avait l’habitude de gémir « Ayoye! Mon bras gauche! » chaque fois qu’il devait sortir son chéquier. Acheter un appareil électroménager le faisait autant souffrir qu’un début d’infarctus. 2015, D. Germain, Les Affaires (site Web), blogues (Daniel Germain), 4 août.

 Baise-la-cenne, gratte-la-cenne, pince-la-cenne, serre-la-cenne ou suce-la-cenne n. ou adj. : syn. de baise-la-piastre.

Nastasie : Tu te maries quand?… Dans le même temps que Frisette… Ah vous voulez faire les noces ensemble… Amédée : Espèce de pince-la[-]cenne! 1952, J. Bernier, Je vous ai tant aimé, 1er octobre, p. 8 (radio).

Ca [sic] fait que… mon beau Séraphin, mon cher « baise-la[-]piasse » pis « suce-la-cenne », tu peux entrevoir d’icite ce qui t’attend si tu veux trop faire le jars. J’ai des maudits bons pièges. J’attends rien que tu mettes tes grosses pattes dedans. 1971, Père Gédéon, Dimanche-Matin, Montréal, 1er août, p. 91 (chron. humor.).

Pendant ce temps, Slipskin continuait de faire le coq chaque matin en passant devant Chez Florent, mais ses belles couleurs avaient un peu pâli sous l’effet de l’insomnie et des sautes d’humeur de sa femme, que la chaleur rendait irritable. – Et dire qu’il est trop serre-la-cenne pour s’acheter un climatisateur, ricanait Florent derrière son comptoir. 1981, Y. Beauchemin, Le matou, p. 537.

Ils ont surtout raison de critiquer et de tourner en dérision le système archaïque et bêtement baise-la-cenne du hockey professionnel. 1982, R. Tremblay, La Presse, Montréal, 15 décembre, p. F3.

Quand il parlait, c’était pour bougonner. Et quand il ne bougonnait pas, c’est qu’il m’espionnait. Et suce-la-cenne! Il comptait les secondes, madame. Si je partais à cinq heures moins dix plutôt qu’à cinq heures, vous pouvez être sûre que ça paraissait sur ma paye. 1989, Y. Beauchemin, Juliette Pomerleau, p. 221.

Mais les pires sont les radins, les gratte-la-cenne et les cheaps! Ceux-là, je ne suis pas capable de les endurer! Il n’y a rien à faire : il n’existe pas de vaccin pour m’immuniser contre cette race de monde-là! 2009, C. Gingras, Bourrée de préjugés, L’Itinéraire, vol. 16, no 17, p. 489.

III

(Par analogie avec la forme et la couleur du cent canadien, sens II.1). Vulg.Anus.

Rem.La graphie cenne est la seule attestée en ce sens dans la documentation consultée.

Vulg.Péter, défoncer la cenne (de qqn) : faire subir (à qqn) une pénétration anale très intense, voire violente.

De plus, comme elle [la chatte de l’auteur] a constamment froid dû à son absence de fourrure, elle se réfugie 23 h sur 24 sur le calorifère du salon, se faisant par le fait même « cuire la cenne » durant des heures, ce qui engendre une forte odeur de fondue au fromage de Savoie dans l’air de mon 3 et demi. 2014, J. Dupuis, Confessions d’un catlover, Urbania (site Web), tranche de vie, 3 février.

La conversation a été vue par quelques amis, qui échangeaient régulièrement sur Facebook pour parler d’école, de musique, de drogues et de femmes, à propos desquelles ils tenaient des propos dégradants. « […] On va toute leur péter la cenne […]! » avait lancé l’un d’eux. 2016, Le Devoir (site Web), Montréal, société (éducation), 15 janvier.

Selon plusieurs adeptes de la toute dernière pratique à la mode, qui consiste à s’exposer l’anus au grand jour pendant un court instant, trente secondes suffisent pour obtenir les mêmes effets bénéfiques du soleil qu’on aurait eus à avoir passé la journée entière à l’extérieur. […] Selon ses apôtres, se faire dorer la cenne ne serait que la version moderne et contemporaine d’une pratique taoïste ancestrale inventée en Extrême-Orient. 2019, M.‑È. Martel, Le Quotidien (site Web), Saguenay, chronique (archives), 6 décembre.

Histoire

De l’anglais nord-américain cent « the hundredth part of a dollar » (attesté depuis 1782, v. OED et Craigie). Le genre du mot est attesté de façon nette depuis 1859 pour le féminin (dans Procès de J.‑B. Beauregard, 2e éd., p. 6 : une cent), depuis 1867 pour le masculin (v. ex. sens II.2); les glossairistes le donnent le plus souvent comme féminin (v. p. ex. Clapin et Bélisle1). La prononciation [sɛn] est relevée depuis 1890 (GeddChal 232); celle avec [t], comme en anglais, faisait déjà l’objet d’une recommandation dès la fin du XIXe s. (v. p. ex. Clapin : « pron[oncer] ceinne-te »; par contre, d’après GPFC : « Il faut prononcer sans faire entendre le t »). La graphie cenne est attestée dès 1880 dans une lettre personnelle écrite à Montréal (v. la citation sous le sens II.2) et elle devient fréquente à partir des années 1930, en particulier dans les passages dialogués.

IDepuis 1798. Cent « monnaie des États-Unis » est attesté en France depuis 1835 seulement (d’après FEW cent 18, 41a). Cent américaine, depuis 1920.

II1Depuis 1851. De l’anglais canadien cent, attesté également depuis 1851 (v. dollar, Hist.). Cent canadien, depuis 1889. Cent noire, depuis 1922; cenne noire, depuis 1935 (citation sous sens II.2); cent blanche, depuis 1941 (Le Canada, Montréal, 28 octobre, p. 6 : Elle me promit une belle grosse cent blanche […].). Bonbons à la cent, depuis 1911 (Le Soleil, Québec, 17 juin, p. 12 (annonce) : Chocolat, pastilles de menthe (Peppermint) bonbons mélangés, bonbons à la cent […]); cigarettes à la cenne, depuis 1946 (É. Coderre, Rêveries de Jean Narrache, 25 juillet, p. 1 (radio) : un petit magasin de nénanes à la cenne, de cigarettes à la cenne). Précédé d’un adjectif, depuis 1922 (Le Canard, Montréal, 19 février, p. 6 : Théodore combien avais-tu de vieilles cents quand tu es allé en ville?). En parlant d’une pièce de monnaie quelconque, depuis 1944 (R. Lemelin, Au pied de la Pente Douce, p. 55); cp. sou dans le même sens (v. TLF, s.v. sou). L’abréviation cts (depuis 1867) est empruntée à l’anglais (v. p. ex. Random 1983, s.v. cts.). 2On trouve des emplois comparables avec sou en français, au Québec comme en France (p. ex. n’avoir pas un sou, jusqu’au dernier sou, v. TLF et Robert 1985). Pas un cent de plus, depuis 1863 (pas une cent de moins, depuis 1935 : E. Turcotte, Le Canada, Montréal, 8 février, p. 2 : […] $483 millions… pas anne [= une] cenne de moins!). Ne pas avoir une cent, depuis 1892 : […] La viande est chère à un’ cent la livre, si vous avez pas un’ cent (L’Almanach du peuple : compilation de faits et chiffres à l’usage des électeurs du Canada, p. [7]). Ne pas avoir une cent qui l’adore, depuis 1917 (BarbGourg 202). Ne pas donner une cent, depuis 1880. Jusqu’à la dernière cent, depuis 1890 (Le Courrier du Canada, Québec, 9 juin, p. [2] : […] tous les journaliers y ayant droit de vote ont été payés jusqu’à la dernière cent.). Magasin de quinze cents, depuis 1906 sous la forme Magasin de 15 cents (La Presse, Montréal, 26 décembre, p. 7 (annonce)); quinze cents, depuis 1905 (depuis 1921 sous la forme 15 cents : Le Canard, Montréal, 30 janvier, p. 15 : […] combien as-tu payé le rubis que tu as acheté au 15 cents?). 3Couper une cent en quatre, depuis 1938 (É. Baudry, Rue Principale, 30 juin, p. 4 (radio)). Perdre cinq cennes, depuis 1970 (d’après Barbeau2 191, où l’on suggère que l’expression peut être née du fait que le bouton de culotte ressemblait à une pièce de cinq cents). Tourner sur un dix cennes, depuis 1960; calque de l’anglais nord-américain to turn on a dime, expression dans laquelle on a dime signifie « in a very small area » et « instantly » (v. Webster (en ligne) 2023‑09 qui donne l’exemple suivant : these cars can turn on a dime; v. aussi Longman 1997 : He can park on a dime), attesté en anglais depuis 1911 (OED (en ligne) 2023‑09, s.v. dime); sens fig., depuis 1985, mais dès 1937 dans un article traduit de l’anglais américain (v. La Tribune, Sherbrooke, 15 octobre, p. 8 : « Aujourd’hui, les rédacteurs doivent être capables de tourner sur un 10 cents, pour ainsi dire; de tirer de la hanche, avec une détente délicate, et ne jamais manquer le but visé ».); calque de to turn on a dime, pris dans son sens fig. de « to change (or be liable to change) position or direction quickly, suddenly, or unexpectedly » (v. OED (en ligne) 2023‑09, s.v. dime). Ne pas valoir une cent, depuis 1885; ne pas valoir cinq cents, depuis 1869. Pas (+ adj.) pour une cenne (ou variantes), depuis 1916 (L’Avenir du Nord, Saint-Jérôme, 12 mai, p. [3] : pas méchant pour une cent…). Pour les expressions où cent sert à exprimer une mesure minimale, cp. ne pas valoir un sou, deux sous, n’avoir pas un sou de (bon sens, jugeote, malice, etc.), pas (jaloux, poseuse, etc.) pour un sou, etc., qu’on trouve en France (v. TLF et Robert 1985) de même qu’au Québec. 4Depuis 1883. Se faire des cents, depuis 1944 (chez O. Légaré). Être proche de ses cennes, depuis 1944 (chez Cl.‑H. Grignon). Pince-la-cenne, depuis 1944 (J. Laforest, Pierrot Latulipe, 14 janvier, p. 4 (radio) : pince la cent; les autres variantes ne sont relevées qu’à partir du milieu des années 1960); par analogie de baise-la-piastre (et variantes), attesté plus anciennement; cp. en outre grippe-sou « personne que l’avarice attache à de petits gains sordides », attesté depuis au moins 1778 (v. TLF) et qui rend la même idée que pince-la-cenne.

IIIDepuis 2003 (Le Soleil, Québec, 11 septembre, p. A2 : Hé tabarouette qu’elle se polit la cenne [= se masturbe], elle.).

Dernière révision : mars 2024
Pour poursuivre votre exploration du mot cent, consultez notre rubrique La langue par la bande
Trésor de la langue française au Québec. (2024). Cent ou cenne. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 25 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/cent-ou-cenne