SOU [su] ou
SOL [sɔl]
n. m.
La variante sol (hist.) n’est attestée qu’aux sens I et II.1 (elle est alors plus courante que sou dans les documents écrits).
Sous le Régime français. Hist.La vingtième partie de la livre française, ou douze deniers; pièce de monnaie de cette valeur.
4 livres, 15 sols (ou sous), 11 deniers. Sol, sou tournois. Sol, sou de Canada, du pays, par opposition à sol, sou de France (voir livre2, sous Notice encyclopédique).
Et d’autant que Sa Majesté a esté informée dans le mesme temps que le mesme abus s’estoit introduit sur le fait des sols, lesquels on expose en sacs dans les grands payemens, pour des sommes considérables; A quoy estant nécessaire de pourvoir; […] : Les payemens de 10 livres pourront estre faits en entier desdites pièces de 4 sols et sols; […] depuis 500 livres jusqu’à 6,000 livres, au vingtième en pièces de 4 sols, et au trentième en sols; et depuis 6,000 livres et au-dessus, à quelque somme que les payemens puissent monter, au quarantième en pièces de 4 sols, et au soixantième en sols. 1679, arrêt du Conseil impérial, dans A. Shortt (éd.), Documents relatifs à la monnaie, au change et aux finances du Canada sous le Régime français, vol. 1, 1925, p. 44.
Item dans un tiroir de l’ormoire qui est en lad[ite] chambre basse s’est trouvé la somme de cent trente cinq livres dix sols du pays en monnoye de cartes ayant cours. 1718, Québec, BAnQQ, fonds Cour supérieure (district judiciaire de Québec), gr. P. Rivet (CN301, S240, D874), 11 janvier, p. [31‑32].
La [sic] castor, commerce exclusif fait par la Compagnie des Indes; il lui coûte quatre francs [livres françaises], dont trois francs seize sous pour celui qui le vend, et quatre sous partagés au gouverneur général, au gouverneur de Montréal, à l’intendant général, au commissaire ordonnateur et à l’agent de la compagnie […]. 1757, Bougainville, Mémoire sur l’état de la Nouvelle-France, Rapport de l’archiviste de la province de Québec 1923‑1924, p. 54.
Sol, sou marqué : pièce de billon frappée à la machine, qui avait une valeur supérieure à celle du sou ordinaire.
Rem.Son abondance et sa valeur élevée en Nouvelle-France en font une pièce de monnaie importante. Le sou marqué d’avant 1760 survit sous le Régime anglais, mais sa valeur nominale dans le système de compte anglais est faible. « […] tous les Sols Marqués Vieux ou Nouveaux n’auront Cours que comme Fardings ou Liards, c’est à dire, que du Jour de la Publication d’icelle, jusques au Premier de Janvier prochain, Quarante Huit Sols Marqués vaudront un Chelin d’Halifax, et Trente Sols Marqués vaudront un Chelin de la Nouvelle-York […]. » (Ordonnance du gouverneur Murray, La Gazette de Québec, 4 octobre 1764, p. 1).
À partir du Régime anglais.
Hist.Cette même unité monétaire ayant une valeur équivalente dans les trois systèmes alors en usage.
(Par référence au système français). Livre de vingt sols, de 20 sous. Sol, sou français, de France. Sol, sou tournois. (Par rapport au système anglais dans lequel le sou est intégré). 8 livres (anglaises), 16 chelins (ou shillings), 20 sous. (Par rapport à la piastre espagnole). 2 piastres, 3 chelins et 35 sous. (Voir Notice encyclopédique.)
coppe (sens I.1).
Il vous est enjoint et ordonné de paier au demandeur la somme de trois louis [livres anglaises] dix chelins et vingt sols. 1782, Québec, BAnQQ, collection Pièces judiciaires et notariales (TL5, D70041), 70e liasse, no 41, p. 2.
La balance qu’il a produite etoit de vingt et une piastre, et vingt huit sols. 1820, paroisse Saint-Benoît-de-Bellechasse, archives de la Fabrique de Saint-Vallier, livre de comptes 1798‑1845, 2 janvier, p. [45].
Là, là! tout cet ouvrage pour demain! mais en revanche, douze sous par ici, douze sous par là; ça fait un chelin. C’est beaucoup pour moi. Je mets douze sous pour un repas, je n’en fais qu’un bon par jour, car j’ai un petit appétit; avec les autres douze sous j’achète une verge de ruban, de ce ruban rouge qui ressemble à une flamme de feu. 1849, E. L’Écuyer, Une lingère de Montréal ou Les coïncidences, Le Moniteur canadien, Montréal, 7 décembre, p. 1.
Lorsque le prisonnier allait sortir, le témoin lui fit rappeler qu’il n’avait pas payé; alors le prisonnier s’excusa; ensuite il tira un trente sous de sa poche et ne voulut pas reprendre le change. 1854, Le Canadien, Québec, p. 4.
Un fumeur ordinaire brûle par jour trois sous de tabac, soit quatre livres [françaises] et dix sous par mois; si on ajoute une dizaine de sous par mois pour les pipes et les allumettes, on aura une somme d’au moins 60 francs [livres françaises] par année, sans compter le temps perdu et les hardes brûlées. Si une famille possède un père et deux fils fumeurs, voilà une somme de 180 francs passée en fumée. 1866, La Gazette de Joliette, 25 octobre, p. [2].
(Spécialement, en parlant de diverses pièces de cuivre émises par des banques ou des particuliers et qui avaient cours au XIXe siècle).
Sou de la Banque de Montréal. Sou de la Banque du Peuple. (D’après l’empreinte gravée sur les pièces). Sou à, au bouquet. Sou de l’habitant. Sou de la Rébellion.
token (sens 1).
Les figures ci-contre [illustrations] désignent des sous de banque qui auront la valeur des centins [centième partie de la piastre canadienne] après le premier jour d’Octobre 1870. On y a ajouté quelques anciens sous des Banques de Montréal et du Peuple. Les centins canadiens et du Nouveau-Brunswick et les demi-sous anglais continueront de passer pour des centins à leur valeur légale. 1870, La Minerve, Montréal, 4 octobre, p. [2].
Par ext., Vieux (Par rapport au système monétaire canadien institué en 1858). La cent-vingtième partie de la nouvelle piastre décimale (aussi appelée dollar).
(En particulier, dans la désignation de certaines pièces anciennes). VieuxSix sous, douze sous, trente sous : pièce valant cinq, dix ou vingt-cinq cents. (Dans une comparaison). La bouche ronde, grande comme un six sous.
Fam.Trente sous : pièce de vingt-cinq cents; valeur de cette pièce.
Trente sous canadien (par opposition à trente sous américain).
Trois trente sous : soixante-quinze cents.
(Précédé d’un adj., pour minimiser la somme en cause). Un p’tit, un vieux trente sous, par antiphrase un gros trente sous. (Par allusion à la dimension de la pièce). Grand, gros, rond comme un trente sous. Avoir les yeux grands comme des trente sous, grand ouverts d’admiration, d’étonnement, de peur.
Fig.De trente sous, à trente sous : (en parlant de qqch.) de peu de valeur; (en parlant de qqn) dont les services ne valent pas grand-chose.
Une casquette de trente sous. Une fille à trente sous.
Ne pas valoir trente sous : syn. de ne pas valoir cinq cennes (sens II.3).
Changer, échanger quatre trente sous pour une piastre : faire une transaction inutile, qui ne rapporte aucun profit; ne pas gagner au change.
(Particulièrement en parlant d’un camion, d’un autobus ou, par ext., de son conducteur). S’arrêter, tourner sur un trente sous : syn. de s’arrêter, tourner sur un dix cennes (sens II.3).
Pour l’édition de trois fois par semaine, spécialement destinée à la campagne, et qui contient tout ce qui a paru dans l’édition quotidienne, nous ne ferons payer que 75cts., payables d’avance. […] Les personnes de la campagne qui ne sauraient se procurer de l’argent de papier peuvent nous payer en mandats sur la poste ou en timbres-poste. D’ailleurs, lorsqu’il s’agit d’aussi faibles sommes on peut facilement les transmettre en trente sous dans une lettre. 1867, L’Événement, Québec, 23 octobre, p. [2].
Une bonne vache ordinaire, bien soignée, donnera au moins 150 livres de beurre par année. Six de ces vaches donneront 900 livres par année, ce qui, à 18 sous, formera la somme de $135 [piastres]; tandis qu’à 30 centins [centième partie de la piastre décimale], le prix en gros du beurre salé de premier choix, on aurait $270. Voilà donc, sur le produit de six vaches seulement, $135 de perdues, chaque année, pour la masse des cultivateurs. Y avez-vous songé, mères de famille qui ne savez comment doter vos filles? Enseignez-leur donc à faire du beurre de première qualité; ce sera déjà une source de fortune pour les heureux cultivateurs qui les épouseront. 1875, É. A. Barnard, Causeries agricoles, p. 86.
L’honorable M. Galipeault se leva pour lire une affaire où est-ce qu’on parlait du droit de vote pour les femmes. Ma vieille, en entendant lire ça, avait les oreilles dans le crin. Elle avait les yeux pointus et la bouche grande comme… un six sous. Elle était énervée et excitée. 1920, La Patrie, Montréal, 7 février, p. 13 (chron. humor.).
Il a ouvert ça, c’était plein d’argent, ça, de belles pièces d’argent neuves, du cinquante cenne, des trente sous. Il s’est mis à emplir ce sac-là, ça lui a pris bien du temps, pis de la force; il l’a paqueté dur tant qu’il a pu mettre un cinq cennes. 1949, Les Éboulements (Charlevoix-Ouest), AFEUL, L. Lacourcière 807 (âge de l’informateur : n. d.).
À moins de supposer les éditeurs assez ballots pour prendre plaisir à « changer quatre trente-sous pour une piastre », on ne voit guère comment l’assurance-édition pourrait créer des abus. 1962, La Presse, Montréal, première édition, 5 avril, p. 8.
Une ombre titubante vient de se dessiner derrière moi. Je jette un coup d’œil de travers : c’est un clochard. Il fait semblant de s’intéresser aux objets, mais je sais qu’il va me demander : – Vous n’auriez pas un trente sous pour une tasse de café? [/] Je ne vais pas lui dire que, des trente sous, j’en ai beaucoup mais que je les garde pour moi; si vous voulez du café, allez vous en gagner. Non, je ne m’en occupe pas. 1971, L. Bertrand, Alexandre Peuchat, p. 96.
La veille, à la télé française de Radio-Canada, […] l’unique Mario au bord du fou rire, avait indiqué que la direction du Tricolore échangeait ses athlètes quatre trente sous pour une « piasse ». 1980, Le Soleil, Québec, 20 octobre, p. B2.
notice ENCYCLopédique
Jusqu’à la création du nouveau système décimal canadien (1858), le sou réfère toujours à sa valeur de départ, soit la vingtième partie de la livre française. En conséquence de la valeur officielle que les dirigeants anglais donnent à la piastre espagnole, laquelle est mise en rapport avec la livre française (il en faut six pour faire une piastre) et le chelin (shilling) anglais (il en faut cinq pour faire une piastre, sauf pendant une courte période, entre 1759 et 1777, où sa valeur a fluctué), le sou devient en pratique une monnaie divisionnaire facilement transférable d’un système à l’autre. La valeur passe-partout du sou facilite les calculs pour la population qui doit se débrouiller avec trois systèmes monétaires et qui manipule des pièces d’origines variées. Si l’on prend en compte la situation à partir de 1777, il faut 20 sous pour faire une livre française, 24 sous pour faire un chelin anglais et 120 sous pour faire une piastre. Après l’instauration du système décimal (voir sens III), les anciennes pièces demeurant en circulation, on continuera pendant quelque temps à utiliser le mot sou avec son ancien sens et on établira une équivalence entre le sou (ancien système) et le centin (nouveau système); c’est ce qui explique qu’on nomme les vingtièmes, dixièmes et quarts de dollar (cinq, dix et vingt-cinq cents) six, douze et trente sous. L’habitude de désigner la pièce de vingt-cinq cents par trente sous s’est conservée jusqu’à nos jours.
Sources : J. Hamelin, À la recherche d’un cours monétaire canadien : 1760‑1777, Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 15, no 1, 1961, p. 24‑34; A. B. McCullough, La monnaie et le change au Canada, des premiers temps jusqu’à 1900, 1987 (voir en particulier les pages 18, 47‑49, 80‑86); Ordonnance du gouverneur Carleton, 29 mars 1777, Ordonnances faites et passées par le gouverneur et le Conseil législatif de la province de Québec, 1795, p. 16; F. Ouellet, Histoire économique et sociale du Québec 1760‑1850, 1966, p. 45‑71 (voir notamment p. 59 pour les ordonnances sous le Régime anglais); A. Shortt (éd.), Documents relatifs à la monnaie, au change et aux finances du Canada sous le Régime français, 1925, 2 vol.
(Après l’instauration du système décimal). Mod.Cent canadien.
2023, TLFQ, Sous [photo].Une (piastre) et dix (sous).
(Anciennement). Un gros sou (noir), un (gros) deux sous, en parlant de pièces qui valaient un ou deux cents.
Un sou, un cinq sous, un dix sous, un vingt-cinq sous, un cinquante sous.
Sou noir : pièce de un cent en alliage cuivreux (par opposition à sou blanc, moins fréquent, s’appliquant à des pièces de cinq, dix ou vingt-cinq cents, fabriquées en argent, puis en métal blanc).
Sou canadien (par opposition à sou américain). Vente à un sou.
cent (sens II.1).
Rem.Sou n’a jamais désigné officiellement l’unité divisionnaire canadienne de un centième de dollar, malgré le fait que les critiques (p. ex. O. Dunn, L. Fréchette, É. Blanchard) aient souvent préféré ce mot aux appellations centin (officiel de 1859 à 1907) et cent (officiel depuis 1907).
(Dans des expressions). Question de sous et de piastres : voir piastre (sens II.A.3). C’est avec des sous qu’on fait des piastres : voir piastre (sens II.A.2). (Avec sou noir, où l’adj. marque l’insistance). Ne pas verser, payer, investir un sou noir. Ne pas coûter un sou noir. (En parlant de qqn). Fig. De cinq sous : dont les services ne valent pas grand-chose.
Une actrice de cinq sous.
Pas compliqué pour cinq sous : pas compliqué du tout. Ne pas valoir cinq sous : syn. de ne pas valoir cinq cennes (sens II.3).
cent (sens II.2 à II.4).
Rem.On relève sou dans de nombreuses autres locutions et expressions qui ont cours également en français de France et qui sont des variantes de celles ci-dessus (p. ex. pas compliqué pour un sou, il n’a pas un sou de bon sens).
La Guêpe Paraîtra le Samedi de chaque semaine. Le prix de l’abonnement est de $ 1,50 par année, payable invariablement d’avance, 38 centins par quartiers. Elle sera vendue par les rues, à trois sous le numéro. 1866, La Guêpe, Montréal, 27 octobre, p. [4].
Nous avons vendu pour cent trois piastres et quatre sous de photographies de M. le curé. Profit net : vingt-trois piastres et trente. Celles de notre cher petit : quinze piastres d’impression. Profit net : huit piastres et trente. 1944, R. Lemelin, Au pied de la Pente Douce, p. 115.
J’étais son ami parce que j’avais son âge et que je demeurais sur sa rue, mais rien ne nous liait particulièrement l’un à l’autre jusqu’au matin où il est arrivé chez moi et m’a dit gravement : – Viens. [/] Je l’ai suivi. Une fois à l’écart, il a tenu sous mes yeux une poignée d’argent. Il y avait des dix sous, beaucoup de gros sous et même des vingt-cinq sous en papier. 1946, F. Leclerc, Pieds nus dans l’aube, p. 45.
Elle [une association étudiante] a eu en effet l’idée de mettre sur pied une grande campagne de récupération de sous noirs (communément « cennes » noires), au cours de laquelle elle espère en ramasser quelque quatre millions, soit 40 000 $. 1994, Au fil des événements, Québec, 7 avril, p. 10.
Lundi, grâce au radieux week-end qui avait sévi, on a rempli le filet à provisions, et l’épicier a comblé de monnaie les mains que Fanie avait jointes. Mademoiselle exige un règlement en pièces de cinq sous. Pour que ça en fasse plus et que ça corresponde : une bouteille, un petit castor… D’ordinaire, elle touche entre quinze et trente-cinq cents. Ce n’est pas le Pérou mais ça grelotte un peu plus fort chaque jour au fond de sa sacoche à fermoir en mâchoires qu’elle secoue de temps en temps comme un encensoir. 1994, R. Ducharme, Va savoir, p. 130.
Histoire
Le mot est attesté en rapport avec le Canada sous la forme sol depuis 1536 environ (J. Cartier); cette forme est relevée dans la langue générale jusqu’en 1867 (La Gazette de Joliette, 28 novembre, p. [4] : Calendrier […] pour 30 sols; jusqu’en 1888 dans la locution figée sans le sol). En France, sol (d’abord solt, puis sol depuis le XIIe s.) est une graphie jugée archaïque au XVIIIe s. par rapport à sou, variante qui se rencontre en français dès le XIIIe s. Même si la graphie sol se maintenait, la prononciation usuelle du mot était [su] depuis longtemps; cette forme résulte d’une réfection ancienne du singulier sol sur le pluriel sous (v. FEW solidus 12, 49b et 58a, n. 4; RobHist, s.v. sou; Richelet 1680, s.v. sol : « Prononcez sou »; Féraud 1787, s.v. sou). Sou apparaît dans les documents québécois en 1678 (quarante sous en argent, Québec, ASQ, document du 5 janvier, C‑2, p. 364).
IDepuis 1536 environ (J. Cartier, dans M. Bideaux (éd.), Relations, 1986, p. 114 : la valleur de cinq solz). Sol, sou tournois (de 1650 jusqu’à la fin du XVIIe s., repris sous le Régime anglais, v. sens II.1) est une désignation de la monnaie royale, comme en France, où il est attesté de 1547 à 1798 (v. FEW solidus 12, 50a). Sol du pays (1702‑1718), sou de Canada (1707). Sol de France (1693‑1720). Sol marqué (1662‑1784; pour l’exemple de 1662, v. A. Shortt (éd.), Documents relatifs à la monnaie, au change et aux finances du Canada sous le Régime français, vol. 1, 1925, p. 6), sou marqué (1696‑1741); en France, sou marqué « sou de quinze deniers » est attesté de 1679 à 1769 (v. FEW solidus 12, 50a). Sou marqué s’est conservé en anglais nord-américain au sens de « a French copper coin of low value that circulated to some extent in the U.S. », puis a pris le sens figuré de « anything of small value, a trifle » (v. Mathews, s.v. sou markee; v. aussi FunkC 1982, s.v. sou marqué).
II1Depuis le début du Régime anglais (v. Encycl.). D’après la documentation, sou s’emploie en rapport avec l’ancien système monétaire français de façon certaine au moins jusqu’en 1869 (dans un document notarié cité d’après sœur Marie-Ursule, Civilisation traditionnelle des Lavalois, 1951, p. 363 : livres de vingt sols, locution attestée depuis 1778), avec le système anglais jusqu’en 1879 (Québec, BAnQQ, fonds Cour du Banc du Roi/de la Reine (TP9, S1, SS5, SSS1, D20), cause no 20 (1884), factum des appelants, p. 30 : mille quatre cent cinq louis, quatre chelins, vingt-deux sous) et avec la valeur de la cent-vingtième partie de l’ancienne piastre (espagnole) jusqu’à l’instauration du système décimal en 1858. Sol tournois (depuis 1798, réutilisé par les historiens à partir du XIXe s.). 2Depuis 1867 (Québec, BAnQQ, fonds Cour supérieure (district judiciaire de Québec), gr. L. Bégin (CN301, S14), 2 novembre, p. [3] : Un garibaldi 40 sous… 0.33 [cents], où l’on voit que le sou vaut la cent-vingtième partie de la piastre décimale canadienne). Six sous, depuis 1884 (Le Farceur, Montréal, 2 février, p. [3] : les araignées ont avalé le dernier six-sous); douze sous, depuis 1880 (V.‑E. Dick, L’enfant mystérieux, Album des familles, 5e année, no 4, p. 172 : Voici un trente sous et un douze); les deux appellations sont relevées jusqu’en 1934. Trente sous (depuis 1867). Trente sous canadien (depuis 1929), trente sous américain (depuis 1865). Changer, échanger quatre trente sous pour une piastre, depuis 1931 sous la variante changer une piastre pour quatre trente sous (La Patrie, Montréal, 11 février, p. 1 : [Il] appelle ça changer une piastre pour quatre trente sous. C’est pis : ce serait échanger une piastre pour des « cinq cennes neufs ».); innovation québécoise. On relève la plupart des expressions avec trente sous depuis les années 1910‑1920 (p. ex. un p’tit, un vieux trente sous; grand, gros, rond comme un trente sous; de trente sous).
IIIDepuis 1859, d’après le changement du prix du pain indiqué en anciens sous le 23 août dans La Guêpe (Montréal, p. [4] : Pain blanc 22 sous. Pain bis 24 sous), puis en sous avec la valeur de « cents canadiens » dans le même journal le 26 août (Pain blanc 18 sous. Pain bis 20 sous, p. [4]). Sou blanc (depuis 1878); vente à un sou (depuis 1935).