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DOLLAR [dɔlɑʀ]
n. m.

I

Monnaie étrangère. Hist. Syn. (peu fréquent) de piastre espagnole.

Dollar espagnol, appellation utilisée par certains historiens au XXe s.

Rem.À partir de 1785, année de l’adoption du dollar et du système décimal par le Congrès américain (voir OED et Craigie), il est difficile, dans certains contextes, de savoir si le mot dollar désigne l’unité monétaire espagnole ou l’unité monétaire américaine puisque les deux sont utilisées avec la même valeur au Canada, soit cinq chelins (shillings).

Pour des terres, les accadiens peuvent en avoir mais à un si haut prix qu’il n’y a rien de pareil en Canada. Point de seigneur icy, les plus riches sont ceux qui ont plus de fermes. Cent arpent de terres vous reviennent en bois de bout sans avance a vingt deux dollars quatres shelings et six sols. 1771, Halifax (Nouvelle-Écosse), AAQ, 20 A, Évêques de Québec, vol. 2, no 65, p. [2] (lettre).

Reçu la some de seisce dollars de Monsieur Homes, pour remettre a la Bande du 79e Reg[imen]t, pour service rendu. 1833, Québec, ASQ, Séminaire 126, no 341.

Par Philippe Blais, la somme de cinq dollars courant 1 [livre anglaise] - 5 [shillings]. 1837, Berthier (Montmagny), BAnQQ, gr. R.-G. Belleau, 28 avril, p. [6].

II

Monnaie canadienne.

1

Mod. Unité monétaire d’une valeur de cent cents; pièce ou billet de cette valeur.

2022, TLFQ, Billets de un et de deux dollars de 1954 [photo]. 2022, TLFQ, Pièce de un dollar canadien de 2004 [photo].

Dix dollars et trente-cinq cents (ou sous, ou vieux centins), par ellipse dix et trente-cinq. Une centaine de dollars. Une somme de dix-huit cents dollars. Quelques millions de dollars. Gagner six dollars de l’heure, cinq cents dollars par semaine. Avoir un revenu de soixante mille dollars par année. Aller chercher dans les cinquante dollars de profit. Un billet de cinq, dix, vingt, cinquante, cent dollars.

 (Par ellipse de billet). Un deux, un cinq dollars (souvent même abrégé en un deux, un cinq : passe-moi un cinq). Casser un vingt, un cinquante (dollars) : changer un billet (de vingt, de cinquante dollars) pour de plus petites coupures, pour de la monnaie. (Précédé d’un adj.). Un beau, un petit, un gros, un vieux deux, vingt (dollars), pour insister sur l’importance relative de la somme.

 piastre (sens II.A.1).

 (Dans la langue des chroniqueurs financiers). Cette unité considérée dans sa valeur d’échange par rapport aux monnaies étrangères.

Dollar canadien (par opposition à dollar américain).

Rem.1. Dollar est la dénomination officielle depuis 1907, en remplacement de piastre (voir Notice encyclopédique de ce mot); cependant, dollar était largement utilisé comme synonyme de piastre depuis la création du système monétaire décimal canadien. 2. Symbole : $, traditionnellement placé devant le nombre, les dollars et les cents étant séparés par un point : $ 20, $ 20.50. L’usage officiel, depuis 1980 (voir OLF-Avis4, no 1646), est de placer le symbole après le nombre et séparé de celui-ci par une espace; on utilise la virgule au besoin à l’intérieur du nombre pour séparer les dollars et les cents : 20,50 $.

 huard.

Tous comptes qui doivent être rendus au gouvernement provincial [...] seront rendus en dollars et en cents; mais tous les dits comptes pourront avoir une seconde colonne contenant les sommes en livres, chelins et deniers, équivalentes aux sommes ainsi mentionnées en dollars et cents, si le comptable préfère rendre ses comptes dans cette forme. 1857, « Acte pour exiger que les comptes rendus au gouvernement provincial soient rendus en dollars et en cents », dans Statuts de la province du Canada, chap. 18, art. 1.

– Cinquante-deux mille dollars, plus les frais de la saisie, répond l’encanteur. Veuillez me donner votre nom. – Il est inutile pour vous de le savoir [...]. Tenez, voici vingt mille piastres en accompte [sic] que je dépose sur cette table en attendant que le shérif vienne les réclamer. 1885, A. Thomas, Albert ou L’orphelin catholique, p. 381.

J’étais heureux, d’abord de laisser la maison et les jumeaux pour une journée et deuxièmement, je me dis en moi-même : « Les trois dollars tombent bien, je vais m’acheter une paire de souliers parce que les miens sont finis. » Ils étaient si peu d’aplomb sur le plancher quand je n’étais pas dedans, qu’ils piquaient du nez comme une goélette en mer. 1955, F. Leclerc, Moi, mes souliers..., p. 22.

Tout à l’heure j’ai acheté une bicyclette d’occasion. Je l’ai eue pour dix dollars. J’aime mieux dire dollar que piastre, à cause de Dollard Saint-Laurent... Dollard des Ormeaux. La plume m’a fourché. 1967, R. Ducharme, Le nez qui voque, p. 12.

Imaginez-vous la surprise de Réal Beaudoin, collectionneur montréalais, qui, après avoir passé au travers de 3000 pièces de un dollar frappées en 1994, en découvre trois, dans le même rouleau (il y a 25 huards par rouleau), arborant un point similaire à droite du mot Canada. 1994, Le Journal de Québec, 17 octobre, p. 21.

2

(Par ext., surtout au pluriel). Argent; montant indéterminé d’argent.

Quelques dollars : un peu d’argent.

Rem.Piastre est beaucoup plus usuel dans cet emploi.

 piastre (sens II.A.3).

Rien de gentil comme ces bateaux de plaisance, où pour quelques dollars, on peut se reposer et rêver à sa guise, pendant que sous les yeux défilent les merveilles d’une création large et puissante. 1877, Faucher de Saint-Maurice, De tribord à bâbord, p. 237.

Interrogez maintenant les lois qui régissent la colonisation dans ces régions soumises à la haute et basse coupe, et vous verrez que ces lois ont été sensiblement inspirées par les marchands de bois eux-mêmes pour empêcher le colon d’entraver un pillage systématique et pour lui défendre d’occuper un lopin de terre avant que le fabricant de billots y ait récolté tout ce qui peut se transformer en dollars. 1901, H.-G. de Montigny, Étoffe du pays. Études d’économie politique canadienne, p. 33.

Emporté par le besoin d’étayer sa thèse, M. Harvey oublie trop les facteurs d’ordre moral qui entrent dans le concept de la civilisation, et pour se donner le facile plaisir d’humilier un petit bourgeois réactionnaire, il exalte outre mesure la puissance et la vertu du dollar. 1923, C. Roy, « Marcel Faure », dans Le Canada français, vol. 10, p. 115.

Je vois que j’ai peut-être un peu trop négligé de m’occuper de ton éducation. Il faut savoir s’élever au-dessus des petits esprits qui ne pensent qu’en cents et en dollars, il faut penser par centaines de mille. 1951, R. Viau, Au milieu, la montagne, p. 180.

Mais le plus désolant souvenir que je garde de cette période, c’est celui du chantage préréférendaire dans lequel les syndicats s’étaient lancés sans vergogne. Nous vous répondons par un non, proclamaient-ils en appuyant lourdement sur le non. Certains de leurs porte-paroles étaient même allés jusqu’à nous faire savoir de vive voix que, pour compter sur eux, il nous faudrait délier « toujours plus » les cordons de la bourse. Un vote historique contre une poignée de dollars. 1986, R. Lévesque, Attendez que je me rappelle..., p. 400.

AcadieDollar de(s) sable(s). Nom donné à la carapace calcaire (test) de l’oursin plat (Echinarachnius parma, fam. des échinodermes), de forme ronde et plate.

2022, Dollars de sable (« echinarachnius parma ») [photo], Collections du département de biologie de l’Université Laval.

Histoire

De l’anglais dollar, mot emprunté au bas-allemand daler (v. FEW dollar 18, 52b; TLF).

IDepuis 1771. De l’anglais dollar qui, depuis 1581, désignait la piastre espagnole, ou peso (v. OED, sens 2); cet emploi est attesté aux États-Unis depuis 1683 dans dollars of Seville (d’après Craigie). Dollar espagnol, d’après l’anglais Spanish Dollar attesté au Canada depuis 1769 (La Gazette de Québec, 23 mars, p. [3]).

II1Depuis 1857. De l’anglais nord-américain dollar, attesté depuis 1851 (dans un texte de loi en anglais) à propos de la future monnaie canadienne (v. Provincial Statutes of Canada, chap. 47, préambule; le mot dollar avait alors été traduit par piastre dans la version française, v. ce mot, sous Hist.). Dollar canadien, depuis 1920. 2Depuis 1877. Pour penser en cents et en dollars (1951, exemple cité), cp. en anglais américain dollars-and-cents « judged only in terms of the money involved » (v. OAD 1980; Webster 1986). Dollar de(s) sable(s) (depuis 1979), d’après l’anglais américain sand dollar (v. Random 1983, Craigie).

Version du DHFQ 1998
Pour poursuivre votre exploration du mot dollar, visionnez notre capsule vidéo Dis-moi pas!? sur le site Web du Trésor de la langue française au Québec
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Dollar. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 9 décembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/dollar