CHALAND [ʃalɑ̃]
n. m.
VieilliPetite embarcation quadrangulaire à fond plat, de facture souvent grossière.
Rem.De nos jours, chaland est plutôt employé au sens de « grand bateau plat utilisé pour le transport des marchandises », comme en France.
En quelques enjambées l’on parvint au vieux chaland attaché à son bouleau. Deux rames, noircies par l’eau et par le temps et dont l’une était écourtée d’un quart, pendaient à ses flancs, retenues par des talets [= tolets] rougis de rouille. Ce cajeu [...] avait servi aux colons qui le chargeaient de foin bleu qu’ils venaient faucher dans la coulée et qu’ils transportaient à Ville-Marie. Aujourd’hui la vieille embarcation n’était plus bonne qu’aux pique-niqueurs. Elle ne pouvait contenir que quatre ou cinq personnes. 1925, D. Potvin, Le Français, p. 165-166.
Une truite venait battre sur l’eau [...]. Le Lucon amenait la prise à son chaland, apâtait [sic] de nouveau... [...] Depuis un mois, maintenant, qu’il faisait ce jeu-là, qu’il était devenu le compagnon des martins-pêcheurs, des grèbes et des grenouilles, le long des marécages, des bassins d’eau claire, des étangs d’eau-morte, qu’il poussait son chaland, muet et furtif, dans les dédales de cette marée vivante et frétillante qui brille entre quenouilles et nymphées [...]. 1937, F.-A. Savard, Menaud, maître-draveur, p. 247-248.
[...] il s’avait fait un petit chaland. [...] Il avait calfeuté ça avec de la poche, de la guenille [...] pis il s’avait fait une petite aviron pis il se promenait dans la rivière. 1955, Rimouski, AFEUL, P.-A. Desjardins 32.
Par anal., Vieilli Sorte de grande voiture, de grande charrette. (FSPFC, PPQ 1126x).
Région.(surtout dans la région de Montréal) et vieilliGrand bac installé au-dessus d’un feu, dont on se servait autrefois pour réduire l’eau d’érable en sirop.
Une autre terre [...] sur laquelle se trouve une sucrerie de 800 chaudières, avec cabane à sucre, chaland enmuraillé [...] le tout en bon état. 1883, La Gazette de Joliette, 13 novembre, p. 3 (annonce).
Dans sa cabane à sucre [...] il a construit un fourneau en briques sur lequel est un grand récipient (connu sous le nom de « chaland » ou bac), pour la réduction de l’eau d’érable en sirop. 1898, L. Gérin, dans MSRC 4/1, p. 170.
Par anal., Région.(Charlevoix et Saguenay–Lac-Saint-Jean). Dessert à base de pâte et de fruits, cuit dans un grand plat rectangulaire.
Chaland aux bleuets.
Mâme Tremblay, vous feriez p’tête mieux de v’nir : on a trouvé des beuleuets sur l’buton, là-bas [...]. [...] v’nez faire un tour, c’t’une mosusse de belle talle. J’pense ben d’être bonne pour me fére un beau chaland... 1981, M. Laberge, Ils étaient venus pour..., p. 35-36.
Histoire
I1Depuis 1906 (FSPFC). Héritage des parlers de France; relevé dans les parlers du Nord et du Centre de la France (également en Normandie, sous la variante chalon; v. FEW chelandion 2, 633b). Cp. par ailleurs l’ancien français chalandre « petite barque » (v. Godefroy, qui signale que cet emploi est usité « particulièrement sur la Loire »). 2Depuis 1883.
IIDepuis 1949 (d’après LavChic 85). Malgré son analogie avec les emplois précédents, il est possible qu’il s’agisse d’un mot différent, se rapportant plutôt à la famille du latin calēre : cp. en effet chalande, cholante (et autres variantes) « galette cuite au four » en Lorraine, chalandeau « pomme entourée de pâte et cuite au four » en Franche-Comté, de même que pain chaland « espèce de pain de ménage en usage à Paris » en français des XVIIe et XVIIIe s. (v. FEW 2, 82b).