CÉGEP [seʒep]
n. m.
1. D’abord acronyme, le mot s’écrit C.E.G.E.P. ou CEGEP et est invariable en nombre (voir Histoire). Dès le début des années 1970, on commence à le considérer comme un substantif, à l’écrire cégep (parfois sans accent) et à le faire varier en nombre. En 1982, l’OLF recommande que le substantif cégep prenne un « accent aigu sur le premier e, ainsi que la marque du pluriel lorsque le contexte l’exige » (voir OLFAvis4 303). 2. Dans la langue générale, parfois écrit avec un C majuscule, notamment dans des appellations d’établissements (p. ex. Cégep du Vieux Montréal). L’OQLF recommande néanmoins l’emploi du c minuscule dans la plupart des contextes, le C majuscule étant réservé aux textes à portée juridique dans lesquels un établissement d’enseignement est considéré comme une personne morale (voir GDT 2006, s.v. cégep et BDL 2014, Majuscule aux noms d’établissements d’enseignement et d’organismes scolaires).
Au Québec, établissement public de niveau collégial dispensant un enseignement préuniversitaire et technique (menant au marché du travail).
Le Cégep André-Laurendeau, de Saint-Hyacinthe, de Sainte-Foy, de Rimouski, de Sherbrooke. Le réseau des cégeps du Québec. Les élèves, les étudiantes, les professeurs, les enseignantes, les employés d’un cégep, des cégeps.
Par méton. Niveau d’enseignement dispensé dans un tel établissement, études collégiales.
Passer du secondaire au cégep. Première, deuxième, troisième année de cégep. Étudiant, professeur au, de cégep. Aller, être au cégep, faire ses études collégiales. Entrer, retourner au cégep, débuter, continuer ses études collégiales.
Bâtiment abritant un tel établissement.
Habiter près du cégep.
Il est fort possible que l’administration du CEGEP Limoilou organise des confrontations administrateurs-étudiants à raison d’une période par semaine dès septembre prochain afin de promouvoir un échange de vues sur la gestion et la vie académique. 1968, L’Action : quotidien catholique, Québec, 8 juillet, p. 10.
Au fond, c’est simple : faudrait commencer à l’île [d’Orléans] par abattre forêts, maisons, vergers, emplir les rivières de sable, paver toute l’île en ciment […], puis, après, vous verriez arriver les développements, les investissements américains, usines, stadiums, tours pour bureaux, gigantesques centres d’achats, brasseries, cegeps, prisons, pistes d’avions privés, des rues, des poteaux, des péages […]. 1976, F. Leclerc, Le petit livre bleu de Félix, 1978, p. 16.
Une des qualités du cegep fut d’apporter aux étudiants d’autres cours que ceux des écoles de métier : des cours obligatoires de français et de philosophie, des cours optionnels de sociologie, d’histoire, de cinéma, etc... Des cours souvent subis de force, des cours de qualité douteuse parfois, mais des cours qui ouvraient de nouveaux horizons. 1977, L’Actualité, vol. 2, no 9, p. 50.
Après leur séparation, elle est retournée au CEGEP, étudiant le jour et travaillant le soir comme serveuse de restaurant pour payer ses études. 1983, M. Claudais, Un jour la jument va parler…, p. 23.
Si révolution il y eut, c’est là [= en éducation] surtout qu’elle se déroula. D’année en année, on vit surgir l’enseignement secondaire public et la gratuité des cours s’y instaurer, et le secteur universitaire commencer à prendre l’ampleur qu’on lui connaît, en attendant que les cégeps viennent jeter leur passerelle entre le haut et le bas de l’édifice. 1986, R. Lévesque, Attendez que je me rappelle…, p. 219.
Les employés de service effectuent l’entretien des principaux édifices gouvernementaux et paragouvernementaux, les cégeps, les centres commerciaux, et certains autres immeubles non publics. 1987, Le Soleil, Québec, 10 mars, p. A‑5.
– C’était la semaine de lecture, au cégep… Sais-tu où j’ai passé la semaine?… Devine… Chez elle. Dans sa maison à elle. Tout seuls, tous les deux. Toute la semaine. On est pas sortis. Sauf pour aller chez le dépanneur. 1993, M. Proulx, Homme invisible à la fenêtre, p. 136‑137.
Le savoir est considéré par les directions des cégeps et leurs fervent·e·s allié·e·s, les « cerveaux » de ladite pédagogie, comme quelque chose de figé qu’on a acquis une fois pour toutes. 2017, J. Boulanger et Am. Paquet, Le bal des absentes, p. 20.
Les jeunes ont besoin de figures héroïques qui se dressent contre les immenses dragons administratifs. Dans les couloirs de notre cégep, des affiches nous montrent où en sont les négociations. Vous [= les enseignants et enseignantes] ne nous prenez pas pour des jambons. Vous nous expliquez pourquoi vous protestez. C’est pour une juste cause. 2023, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 4 novembre, p. 24.
(Dérivés).
(Hapax). Se cégépiser v. pron. Adopter un mode de vie propre aux personnes qui font des études collégiales.
Rem.La présence des accents aigus est incertaine.
Il faut que je survive : ça veut dire concrètement étudier et suivre les cours comme si rien ne s’était passé en moi, mais c’est dur. […] Quant à moi, ou bien je vais me CEGEPISER temporairement si possible, ou bien je vais redresser la tête et en sortir. 1969, Le Quartier latin, Montréal, 15 octobre, p. 18.
Vieilliet rareCégépisé, cégépisée adj. Enseigné au cégep.
Rendu conforme aux valeurs promues par le cégep en tant qu’institution; laïcisé.
L’Université du Québec serait neutre. Qu’adviendra-t-il des autres universités? Devront-elles, à leur tour, s’intégrer dans le grand tout et se laïciser elles aussi, comme l’on fait nos séminaires « cégépisés »? 1969, La Tribune, Sherbrooke, 21 mai, p. 8.
Son œuvre est cégépisée elle aussi, ce qui est un hommage, mais [l’auteur] aimerait bien que la jeunesse sût ce qu’a été l’existence des aînés dans les années quarante et cinquante. 1972, R. Martel, La Presse, Montréal, 23 décembre, p. D3.
NOTICE ENCYCLOPÉDIQUE
Le 29 juin 1967, la Loi des collèges d’enseignement général et professionnel (communément appelée Bill 21), sanctionnée par l’Assemblée nationale, créait les collèges d’enseignement général et professionnel pour faire suite à une recommandation du Rapport de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec (connu sous le nom de Rapport Parent) de créer un nouveau niveau d’études qui se situerait après le cours secondaire et qui préparerait soit à des études universitaires, soit au marché du travail. Les diverses recommandations de ce rapport touchaient l’ensemble du système scolaire, du primaire à l’université, et visaient entre autres une meilleure préparation des jeunes aux nouveaux besoins de la société et une augmentation de la scolarisation, notamment en démocratisant l’accès aux études supérieures et en offrant un plus grand éventail de cours et de programmes de formation. Dès septembre 1967, les douze premiers cégeps ouvraient leurs portes. La durée des études au cégep est en général de deux ans si on se dirige ensuite à l’université, et de deux ou trois ans si on veut accéder directement au marché du travail.
Sources : L.‑Ph. Audet (1971), Histoire de l’enseignement au Québec, t. 2, p. 425‑470; Rapport de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec (1963‑1966) (en particulier vol. 2, p. 155‑189 et vol. 4, p. 5‑6); J.‑P. Desbiens, P. Martin et collab. (1967, octobre), L’enseignement collégial et les collèges d’enseignement général et professionnel; gouvernement du Québec (1967), Hebdo-éducation, IIIe année, no 46, suppl.; gouvernement du Québec (1968), Rapport du ministère de l’Éducation 1967/1968, p. 45‑56.
Histoire
Depuis 1967 (Guide pour la création de collèges d’enseignement général et professionnel : document émis par la Mission des Collèges en février 1967, dans J.‑P. Desbiens, P. Martin et collab., L’enseignement collégial et les collèges d’enseignement général et professionnel, octobre, p. 98 : Inventaire et analyse de l’équipement dont le CEGEP aura besoin). De collège d’enseignement général et professionnel. Cégépisé, depuis 1969.