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ARGENT [ɑʀʒɑ̃]
n. m.

Rem.

1. Prononciation vieillie : [aʀʒẽ]. 2. Parfois féminin. Le genre féminin, qui était courant et neutre jusqu’au milieu du XXe s., est de nos jours familier et peut même être perçu comme populaire dans certains emplois (voir Histoire).

I

Monnaie.

1

Hist.(Sous le Régime français). Argent de Canada (raredu Canada) ou argent du pays (par oppos. à argent de France) : monnaie française de l’époque dont le cours en Nouvelle‑France était différent de celui de France.

 (Sous le Régime anglais). Argent de la Nouvelle York, argent d’Halifax, argent de Québec, par référence aux cours monétaires établis après la Conquête. Voir livre2 (sens 2, Notice encyclopédique).

Que ces hommes seraient engagés pour servir l’espace de 3 ans ceux auxquels ils seraient distribués à leur arrivée à Québec qui leur donneraient 75 lbs [= livres] de gages par an argent de Canada qui fait argent de France 56 lbs 5 sous. 1715, Ruette D’Auteuil, Rapport de l’archiviste de la province de Québec pour 1922‑1923, 1923, p. 63.

On Est avertis par ces presentes que qui conque Sera Convaincu davoir Coupé des piastres ou des Ecus pour les faire passer pour plus de huit Schelings Argent de La N[ouv]elle York ou Six Livres Argent de france, sera Considerés Comme rogneur D’argent et poursuivie Comme telle [...]. 1761, ordonnance du gouverneur militaire Th. Gage, Rapport des archives publiques pour l’année 1918, 1920, p. 63.

[...] pour faciliter le commerce, & mettre la monnaie courante sur le même pied que dans les Gouvernemens de Montréal et de Québec, Nous permettons, à compter de ce jour, que le gros écu de France à couronne, qui s’est jusqu’à présent donné pour une piastre, passe et ait cours dans toute l’étendue de ce Gouvernement pour la somme de six livres douze sols de France, ou cinq chelins & six sols, argent d’Halifax [...]. 1762, placard du gouverneur militaire Fr. Haldimand, Rapport des archives publiques pour l’année 1918, 1920, p. 158.

Jusqu’en 1717, on distingue argent de France ou livres tournois et argent du Canada ou « du pays » : c’est que l’argent du Canada ne valait que les ¾ ou, comme l’explique une ordonnance, l’argent de France, c’est la monnaie du Canada « diminuée et destituée du quart en sus dont on l’avait enflée et fait valoir en Canada », en vertu d’une décision du Conseil souverain. 1968, M. Trudel, Initiation à la Nouvelle‑France, p. 199.

2

Argent (canadien, américain, etc., ou pop.canadienne, américaine, etc.) : devises (dollars, francs, etc., selon le cas).

2022, TLFQ, Argent canadien [photo].

Changer de l’argent canadien en argent américain. Un commerce qui prend, qui accepte l’argent américain.

Il vient d’être décidé à la cour supérieure du district de Québec, par M. le juge-assistant G. O’Kill Stuart, que l’offre d’argent américain en paiement d’une dette n’est pas une offre légale en cette province. Cette décision a été rendue sur la demande d’un homme emprisonné pour dette, dont le créancier devait lui payer une pension alimentaire de cinq chelins par semaine, et qui lui avait offert deux écus américains. Le juge a fait libérer le prisonnier parce que l’argent américain n’est pas reconnu comme légal par les lois de la province. 1855, Le Pays, Montréal, 14 novembre, p. [2].

Le pays était alors [à l’automne 1868] dans la plus profonde détresse. Un arpenteur qui y arriva, dit qu’il allait exécuter des travaux au « nom du gouvernement canadien » et que les travailleurs seraient payés avec de l’argent canadien. Les travaux commencèrent, mais à la grande surprise des habitants, l’arpenteur fit « quelque chose qui donna lieu à des soupçons. » 1874, A.‑A. Taché, Histoire et origine des troubles du N.‑Ouest, p. [1].

Ces quatre voyageurs n’avaient sur eux que de l’argent américaine. Ils purent en faire changer une partie pour payer leurs frais de pension. 1884, La Gazette de Joliette, 24 octobre, p. [3].

Une fortune se réalise en achetant aujourd’hui l’argent étranger vu le taux actuel du change. Argent Autrichien [...]. Argent Allemand – le mark [...]. Argent Italien – la lire [...]. Argent Français – le franc [...]. Vous pourrez nous revendre des argents au taux du jour. 1921, Le Nouvelliste, Trois‑Rivières, 7 mai, p. 4 (annonce).

Les dépôts en argent américain sont‑ils garantis par l’Assurance-dépôt du Canada ou du Québec? Non. Les économies que l’on détient en argent américain ne sont pas protégées par l’assurance-dépôt, comme le sont nos économies en dollars canadiens. Même chose d’ailleurs pour tous les autres placements en monnaie étrangère. 1991, La Presse, Montréal, 10 mai, p. B6.

[...] [un bureau de change] vous permet d’obtenir à toute heure du jour ou de la nuit, via un guichet automatique, de l’argent américain ou des francs français. En revanche, vous pouvez échanger à peu près n’importe quelle devise étrangère contre de l’argent canadien. 1992, La Presse, Montréal,1er mars, p. A7.

Nos joueurs [de hockey] veulent désormais être payés en argent américain, mais nos revenus sont en argent canadien. La chute du taux de change provoquera des ennuis pratiques. Par exemple, quand on parle de salaire moyen dans la LNH [Ligue nationale de hockey], est‑ce en devises canadiennes ou américaines? 1993, La Presse, Montréal,12 décembre, sports, p. 4.

Le Service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu recherche une femme d’environ 25 ans. Cette dernière a payé un achat avec de l’argent américain contrefait. 2020, Le Canada Français (site Web), Saint-Jean-sur-Richelieu, 6 août, actualités.

3

Vieux(sauf dans la loc. aucun argent). Somme d’argent.

Aucun argent comptant à verser.

Mr. Fordyce, après avoir donné sa montre, sa tabatiére d’or, ses bagues et quelqu’argent, fut ensuite examiné, et déclara pour lors : Qu’il n’avoit emporté avec lui aucun argent, et qu’il etoit faché d’en rapporter si peu [...]. 1772, La Gazette de Québec, 31 décembre, p. [2].

Pour frayer [= payer] leurs dépenses de voyage, ils s’étaient servis de l’unique argent qui leur restait, une somme de $2.00. 1877, Le Nouvelliste, Québec, 18 juillet, p. [3].

Personne ne veut travailler moins d’heures pour un salaire moindre; tous les agitateurs ouvriers demandent le même argent pour des jours de travail plus courts. 1890, La Presse, Montréal, 20 janvier, p. [1].

La première argent qu’il a faite, il l’a prêtée à un intérêt quasiment aussi gros que le capital. 1940, Cl.‑H. Grignon, Un homme et son péché, 18 octobre, p. 2 (radio).

Tous les artistes se produiront bénévolement. Aucun argent n’est dépensé en ce sens‑là! 1990, Le Nouvelliste, Trois‑Rivières, 20 juillet, p. 3.

Au total, les médias d’information du pays doivent recevoir environ 119 millions par an pendant cinq ans par le biais de ce crédit d’impôt. Celui-ci doit commencer pour l’année fiscale 2019, mais aucun argent n’a encore été versé. 2020, La Presse (site Web), Montréal, 25 mars.

4

(Au pluriel, emploi critiqué). Argent, somme d’argent, crédits, fonds.

Voter, allouer, fournir des argents. Demander, obtenir des argents. Dépenser, distribuer des argents. Les argents perçus, recueillis.

Argents publics : deniers publics, revenus de l’État.

Rem.Surtout dans le vocabulaire administratif ou politique.

Mr Valières [...] nous fait passer par dessus toutes les règles de la Chambre pour lui voter et à plusieurs autres personnes à la suite, des argens [sic] qui avaient été précédement refusés [...]. 1825, L.‑J. Papineau, Rapport de l’archiviste de la province de Québec 1953‑1955, p. 228.

Ils mirent dans l’entreprise le produit de fortes hypothèques sur leurs terres, outre quelques argents tenus jusque là [sic] en réserve. 1872, Ch. Ameau [pseud. de B. Sulte], Sans tambours ni trompettes : scènes canadiennes de la vie réelle, Album de La Minerve, Montréal, 1er février, p. 47.

Ruiné, Jolliet ne se voulut point avouer vaincu. L’été suivant, il s’occupa de relever son habitation, ses magasins. Des amis, des associés, un bourgeois de Québec, Vienney‑Pachot, lui avaient procuré les premiers argents. 1933, A. Grandbois, Né à Québec..., p. 244.

« […] Nous sommes pour un gouvernement qui administre les argents du peuple pour le peuple, par le peuple. » Le chef de l’Union nationale répond encore aux attaques des adversaires de ce comté […]. 1944, Le Devoir, Montréal, 9 août, p. 3.

Ils [les voyageurs] ont dit « oui ». Ils ont dit « madame, c’est aujourd’hui qu’on s’en va ». Ils ont dit « ça nous ferait bien plaisir de rester encore un mois ici, mais là, on est rendus au bout de toutes nos argents, on n’en a plus ». 1954, Chicoutimi, AFEUL, C. Laforte 94 (âge de l’informateur : n. d.). 

« Tout ça, ça va aux âmes? » « Bien sûr, bien sûr! C’est des œuvres paroissiales. Une partie de ces argents est consacrée en services... en services sur semaine par le curé de la paroisse. » 1961, Isle-aux-Coudres (Charlevoix-Ouest), AFEUL, P. Perrault 396 (âge de l’informateur : n. d.). 

Ils avaient des sacs d’argent, là, ils avaient été voler pis ils avaient des bijoux, ils avaient toutes sortes de choses, ils vident leurs poches à terre, ça faisait un gros bruit long. Ils se mettent à compter ça, il y avait des bagues, il y avait des armes, il y avait toutes sortes de choses de valeur. Ti-Jean il écoutait ça, pis il les écoutait parler, pis ils comptaient leurs argents. Ils mettaient les piastres d’un côté pis les cennes de l’autre. 1972, Saint-Frédéric (Robert-Cliche), AFEUL, M. Gagné 682 (âge de l’informatrice : 57 ans).

Plus de 80 % des argents recueillis vont directement aux deux centres de grands brûlés [...], 20 % sert à payer les divers frais d’administration. 1990, Journal de Rosemont, Montréal, 21 août, p. 5.

Il fut un temps où les élus municipaux n’avaient qu’à encaisser et administrer les revenus importants générés par les grandes entreprises. Ils n’avaient pas à participer à de multiples comités pour établir des priorités d’action et surtout débourser des argents pour ficeler des projets seuls ou avec des partenaires privés! 2020, Les 2 Rives, Sorel‑Tracy, 1er septembre, p. 8 (opinion).

5

(Précédé d’un adj. exprimant un rapport affectif avec l’argent). Du bon argent, fam.de la bonne argent : de l’argent qui a cours, dont la valeur est reconnue.

 Du bel argent, fam.de la belle argent : de l’argent (considéré comme un bien précieux); une bonne somme d’argent.

Il y a du bel argent à faire.

 Du gros argent, fam.de la grosse argent : beaucoup d’argent, de gros revenus, d’importants profits.

Gagner, faire de la grosse argent. C’est de la grosse argent.

 VieuxPauvre argent : argent péniblement gagné; petite somme d’argent qui constitue les avoirs de qqn.

Perdre sa pauvre argent.

Il y en a [des livres] que l’on m’a donnés, il y en a d’autres que j’ai achetés avec mon pauvre argent, et il y en a que l’on m’a prêtés. 1847, P.‑J.‑O. Chauveau, Charles Guérin, Album littéraire et musical de La Revue canadienne, janvier, p. 32.

Après que j’eus fini mon cours commercial, je me mis dans la tête que si j’allais dans les Etats, je serais capable de faire de la « grosse » argent. Tous mes amis m’avaient dit que dans ce pays‑là, on jetait l’argent par les portes et par les fenêtres. 1920, La Patrie, Montréal, 26 juin, p. 13 (chron. humor.).

L’affaire en resta là pendant quelques jours. Puis Phydime revint et finit par offrir vingt piastres. Moisan en demanda soixante-quinze. On parla température; et l’on finit par s’entendre sur cinquante. – C’est de la ben grosse argent, soupira Phydime, j’pourrai pas te payer ça dret d’un coup. J’vas p’t’êt’ vendre un cheval, mais j’en aurai pas assez. Les années sont pu ben bonnes. C’est pas comme avant. 1938, Ringuet, Trente arpents, p. 77.

Le lendemain matin, la servante qui a été faire leur petit lit a trouvé cent beaux écus sur la tête d’un [des lits]. De la belle argent neuve qui venait d’être frappée [...] : « J’ai trouvé de l’argent, de la belle argent neuve dans leur lit, elle dit, ça leur appartient probablement. » 1949, Les Éboulements (Charlevoix-Ouest), AFEUL, L. Lacourcière 880 (âge de l’informateur : n. d.).

Tout d’un coup, il se redévire de bord, il voit plus rien en toute, il était parti. « Bon, bien, il dit, je suis bien content. Astheure, il dit, je mange [une galette], manger comme il faut, puis, il dit, lui, il dit, un beau prince comme ça, il dit, il doit gagner de la grosse argent. » Puis, il dit : « J’étais découragé, je voulais mourir quasiment. Astheure, il dit, je me rends libre, je vas continuer mon chemin, puis, il dit, au bout d’un an et un jour, je vas le rencontrer, puis, il dit, je vas hériter de sa fortune. » 1949, Baie-Saint-Paul (Charlevoix-Ouest), AFEUL, L. Lacourcière 805 (âge de l’informateur : n. d.).

Ça allait ben, la fabrique avait des surplus, on s’plaignait pas parsonne! Pourquoi aller jeter d’la belle argent dans c’t’affaire‑là, dites‑moi donc! 1951, Y. Thériault, Les vendeurs du temple, p. 149.

C’est la deuxième journée consécutive que la Bourse tremble. […/] Les aurifères, qui avaient interrompu leur forte tendance baissière à court terme, glissent finalement sous leur support pour revenir en bas. Ah! le bel argent parti en fumée pour ceux qui n’ont rien vendu. 1994, Le Devoir, Montréal, 3 novembre, p. B3.

6

VieilliArgent dur ou argent dure : monnaie métallique.

 VieuxArgent papier, cour.argent de papier : billets de banque, somme en billets.

SYN. papier‑monnaie (dans le voc. spécialisé, en France comme au Québec).

Comme on doit chercher à donner à l’argent papier le cours le plus avantageux, il seroit peut être de l’intérest du Roy de retirer du Canada l’or et l’argent monnoïé que les Anglois pourront y laisser [...]. 1762, mémoire de Bourlamaque, cité dans A. Shortt (éd.), Documents relatifs à la monnaie, au change et aux finances du Canada sous le Régime français, vol. 2, 1925, p. 952.

La Nouvelle-York et la Nouvelle-Jersey se sont beaucoup accruës, et sont devenuës fleurissantes dans le même tems, par l’usage de l’argent de papier, de sorte qu’on ne voit point qu’il soit d’une nature si pernicieuse que celle qu’on luï attribue. 1767, La Gazette de Québec, 23 juillet, p. [1].

Poitras a acheté des effets à mon établissement. Je ne puis dire au juste pour quel montant, mais il en a acheté pour plusieurs piastres. Il avait de l’argent de papier et de l’argent dur. Je ne puis dire si c’est une piastre ou deux piastres qu’il m’a données en papier. 1869, La Malbaie (Charlevoix‑Est), Procès de Eugène Poitras, p. 17.

Il s’est mis à perdre, puis il perdait des gros montants. Il a bientôt perdu ce qu’il avait gagné. Ensuite, il se met à jouer dans son bas, prendre de l’argent, de l’or dans son bas [...]. Il avait pas d’argent dans ça, ni d’argent de papier, ni d’argent dure, blanche, là. C’était rien que de l’or. 1948, Sainte-Marie (Beauce), AFEUL, L. Lacourcière 622 (âge de l’informatrice : n. d.).

ll [Ti-Jean] se fait faire à manger, un bon sac de galettes, puis il emplit ses poches d’argent dur, c’est tout d’argent dur. Tant qu’il peut en mettre, puis il part. 1948, Saint-Joseph-de-la-Rive (Charlevoix-Ouest), AFEUL, L. Lacourcière 474 (âge de l’informateur : n. d.).

Le montant de la quête servira à dire des messes pour le repos de l’âme de Sylvain Brisson et aussi pour demander pardon au ciel de la profanation que l’on a fait subir au corps du défunt. Je ne veux pas voir de sous noirs dans le chapeau. Je veux bien consentir à compter quelques pièces d’argent sonnant mais je veux aussi de l’argent de papier. 1956, J.‑J. Richard, Le feu dans l’amiante, p. 92.

La carte de débit connaît ses plus grands succès au Québec [titre]. [...] Les résultats de ce sondage font dire à la FCEI [Fédération canadienne de l’entreprise indépendante] que l’argent de papier cèdera [sic] de plus en plus de terrain au fil des années à la monnaie de plastique. 1995, La Presse, Montréal, 6 juillet, p. B7.

7

Argent neuf, moins cour.argent nouveau : sommes d’argent, crédits qui s’ajoutent à un budget existant, qu’on injecte comme complément dans une entreprise, un secteur de l’économie.

De l’argent neuf qui permet de relancer une entreprise. Une activité qui apporte de l’argent neuf dans une région.

SYN. argent frais.

Depuis la reprise des négociations au mois de mai, le Front commun CSN-FTQ-CEQ aurait réussi à obtenir de l’argent « neuf » du gouvernement, c’est-à-dire des dollars qui étaient encore cachés dans les coffres du Trésor provincial au moment de la fameuse rupture des négociations en avril! 1972, La Presse, Montréal, 12 août, p. A8.

Le MSSS [ministère de la Santé et des Services sociaux] a bien annoncé l’octroi d’un montant d’argent destiné à la réalisation du projet, mais tout semble indiquer que les maisons d’hébergement [...] auraient de toute façon reçu ces sommes [...]. Constat : aucun argent neuf pour la réalisation d’un projet spécifique. 1987, La Gazette des femmes, septembre-octobre, p. 31.

Interrogé par les journalistes après son allocution, le ministre [...] a admis qu’il n’y avait « pas d’argent neuf » dans son programme. « Ce sont trois anciens programmes que j’ai réaffectés dans un nouveau programme. » 1991, La Presse, Montréal, 18 décembre, p. C4.

Chaque automne, environ 10 000 chasseurs non résidents, dont une bonne partie d’Américains, viennent chasser au Québec, injectant ainsi de l’« argent neuf » dans l’économie de la province, durant une période creuse du tourisme. 1992, Châtelaine, novembre, p. 104.

Les maires sont très sensibles à la capacité de payer des citoyens et n’entendent pas mettre d’argent nouveau pour assurer des augmentations de salaire aux chauffeurs d’autobus. 1994, Le Soleil, Québec, 21 septembre, p. A3.

Vingt millions de dollars pour environ 3000 établissements scolaires, ce n’est certainement pas la mer à boire. Mais il y a déjà des ressources en place. Et même si les besoins étaient déjà plus grands, cette injection d’argent neuf devrait permettre d’augmenter le nombre d’heures de plusieurs professionnels dont la mission est liée à la réussite scolaire. 2020, Le Nouvelliste (site Web), Trois‑Rivières, 17 août, opinions.

8

Argent facile, facilement gagné (souvent avec l’idée qu’il a été obtenu par des moyens douteux).

Les affaires ont été très brillantes, les industries ont travaillé à temps supplémentaires, les salaires ont été élevés, les soldats de retour du front ont dépensé leurs indemnités et dans bien des cas ont refusé de travailler tant qu’ils avaient un dollar en poche - en un mot, il y a eu au Canada affluence d’argent facile. En conséquence, trop de Canadiens ont perdu tout sens des proportions et ont abandonné leurs instincts d’économie et de prudence. 1920, Le Prix courant, Montréal, 20 février, p. 79.

Le concours sera clos le 15 mars - Ne perdez pas un seul jour. Il y aura 372 prix en espèces. Quel que soit le prix que vous gagniez, c’est de l’argent facile. 1921, Le Prix courant, Montréal, 4 mars, p. 1.

Mais certains de leurs camarades, qui vivent souvent dans des familles monoparentales, sont séduits par l’argent facile que le commerce illégal de la drogue peut leur procurer et par les méthodes peu scrupuleuses des gens qui contrôlent les drug houses. 1989, La Presse, Montréal, 6 mars, p. A2.

Charles Darrow était au chômage comme des millions de personnes lorsqu’il a élaboré ce jeu [le Monopoly], en pleine « grande crise » de 1929. Très vite, famille et amis, puis amis des amis, amis des voisins des amis se passionnent pour ce jeu qui les fait déplacer des pions dans un univers d’argent facile, dérision décuplée de leur quotidien de miséreux. 1995, La Presse, Montréal, 26 septembre, p. C8.

Retour en 1973 quand Sam [...] dirige cet antre du factice, peuplé de joueurs, de bandits, de belles blondes aux costumes clinquants, d’argent facile et de meurtres tout aussi faciles. Las Vegas est la capitale américaine de la culture kitsch, de l’argent, des apparences. 1995, Le Devoir, Montréal, 25 novembre, p. B4.

La Sûreté du Québec tient à sensibiliser les jeunes et leurs parents contre un stratagème dans lequel un fraudeur initie un contact avec sa victime sur les médias sociaux afin de lui faire miroiter la possibilité de « faire de l’argent facile, rapide et d’une manière légale ». 2020, Granby Express, 29 juillet, p. 5.

9

Montant d’argent : somme d’argent, montant.

Faire un bon montant d’argent. Gagner un gros montant d’argent.

Propositions qui seront soumises à la chambre d’assemblée par M. Neilson, au sujet d’Ecoles publiques. […] 5o Que les dits propriétaires résidans détermineront le montant d’argent qu’il faudra lever, pendant l’année, pour l’usage des dites écoles. 1829, La Minerve, Montréal, 23 février, p. 1.

J’ai dépensé un gros montant d’argent et essayé plusieurs médecins. 1897, L’Événement, Québec, 4 décembre, p. [7].

Battling Nelson lance un défi au champion Wolgast [titre]. [...] « Je me battrai avec Wolgast où et quand il le désirera, pour n’importe quel montant d’argent, Wolgast doit son championnat à la chance, car j’étais loin d’être en condition le 23 février dernier. » 1910, Le Devoir, Montréal, 22 décembre, p. 5.

[...] il eût été somme toute beaucoup plus profitable pour tous d’investir les énormes montants d’argent dépensés pour la construction du casino de Montréal dans des secteurs clefs de l’économie québécoise. 1994, Le Devoir, Montréal, 27 janvier, p. A7.

S’il y a des gens qui croient à ces balivernes, on ne peut pas les empêcher, a déclaré [...] un agent d’information à la Sûreté du Québec. Ce sont des personnes naïves qui se laissent aller à donner des montants d’argent à un individu. Il n’y a rien contre le Code criminel là‑dedans. 1996, La Presse, Montréal, 12 février, p. A16.

Les arnaqueurs mettent en vente un produit, ils exigent un montant d’argent sous forme de virement bancaire en guise de dépôt. Après le transfert, le client n’a plus aucune nouvelle du vendeur et n’obtiendra jamais son produit. 2020, Le Soleil (site Web), Québec, 4 septembre.

10

Prix en argent, en espèces, gagné ou mérité à la suite d’un concours, d’un tirage au sort.

Recevoir, gagner un prix en argent. Les gagnants se partageront des prix en argent.

Pour les Hereford, nous sommes arrivés au douzième rang sur la liste, et nous n’avons remporté aucun prix en argent. Les Shorts Horns ont obtenu dix prix en argent, comprenant le troisième prix pour les taureaux de deux ans; les premier, troisième et quatrième pour les taureaux d’un an […] 1893, Le Courrier du Canada, Québec, 12 septembre, p. [2].

Au concours du mois d’octobre, ouvert par le département [de l’agriculture], le fabricant de cet établissement [la Société de fabrication de beurre et de fromage de la Rivière Ouelle] a obtenu, pour le beurre, une médaille d’argent, un prix en argent de neuf piastres et un diplôme de 1ère classe. 1900, Le Journal d’agriculture et d’horticulture, Montréal, 22 février, p. 362.

Gagnez un prix en argent en résolvant cette devinette. 1923, Le Soleil, 5 janvier, p. 5.

Je lui parlai alors des grands prix qui allaient être distribués. Savez-vous ce qu’il m’a dit? Écoutez bien : – J’espère que ce ne sera pas des bebelles! Quand je vois un éleveur, posé à côté de son veau ou d’une belle génisse et qu’on lui remet une espèce de baquet... une coupe... c’est bien court, les sangs m’en tournent. [...] Mais pour un habitant sérieux [...] qui a donné ses preuves, un prix en argent, c’est bien ce qu’il y a de mieux. Il ferait des améliorations à sa maison, à son étable, à son troupeau, et ce serait bien plus de rendement qu’un gobelet sur la table du salon. Avec ça que c’est tout un frottage pour garder les argenteries reluisantes… 1950, Fr. Gaudet‑Smet, Racines, p. 159.

Quatre commissaires de la Régie des loteries du Québec ont pris, hier, en délibéré la requête d’un avocat qui réclame le paiement d’un prix en argent gagné par un enfant de 10 ans dans le cadre de la campagne de financement d’Opération Enfants‑Soleil. 1991, La Presse, Montréal, 27 septembre, p. A6.

Concours de dictées [titre]. [...] Les participants pourront remporter des prix en argent allant jusqu’à 3000 $, ainsi que de nombreux autres prix. 1994, La Presse, Montréal, 26 novembre, p. A3.

Le PPFAM [Plus petit festival d’animation au monde] présentera des films d’animation de partout dans le monde, que ces soit Animation 2D, 3D et stop motion. Une occasion unique de découvrir le cinéma d’animation à son meilleur. Incidemment, les spectateurs auront l’occasion de voter pour le film qui remportera le prix du public, assorti d’un prix en argent. 2020, Le Journal Saint‑François, Valleyfield, 18 décembre, p. 24.

II

Dans des expressions.

1

Fam.Faire de l’argent comme de l’eau, en faire beaucoup et facilement.

D’après notre homme, c’est la censure épiscopale qui fait le péché, et conséquemment personne n’ira plus au spectacle, et le théâtre sera fermé, et la St-Vincent de Paul fera de l’argent comme de l’eau. 1894, Le Théâtre, Québec, 27 décembre, p. 1.

Quant au cultivateur, il n’y a pas à se lamenter trop sur son sort, actuellement il fait de l’argent comme de l’eau avec son beurre et son fromage qui ont atteint des prix très élevés. 1900, Les Débats, Montréal, 26 août, p. 8.

– T’es ben, toi! – Quoi, j’sus ben? – T’es pas à plaindre! Tu fais de l’argent comme de l’eau : une terre qui rapporte; tes quatre garçons proches de toi. 1947, G. Guèvremont, Marie‑Didace, p. 204.

[...] ils allaient au marché vendre tous leurs affaires, puis ils faisaient de l’argent comme de l’eau1949, Saint-Siméon (Charlevoix-Est), AFEUL, L. Lacourcière 713714 (âge de l’informateur : n. d.).

La compagnie fait de l’argent comme de l’eau. Avez-vous su ça? La Johnsonville a fait trois millions de profits l’année passée. Où que ça va tous ces profits‑là? Pas dans mes poches. 1956, J.‑J. Richard, Le feu dans l’amiante, p. 53.

Dolores : Toi, on sait ben, tu sais pas ce que c’est que l’ouvrage, avec la job [chauffeur de taxi] que t’as dans le moment. [...] Eddie : Je serais ben bête de me désâmer. Je choisis mes heures, je chauffe quand ça me tente, puis je fais de l’argent comme de l’eau. 1980, Gr. Gélinas, Les fridolinades 1945 et 1946, p. 52.

(Ontario). Ces deux‑là [les parents] ont l’air heureux comme des papes. Ils font de l’argent comme de l’eau, même qu’ils parlent rien que de ça : de la maison qu’ils achèvent de payer et de ce qu’ils mettent de côté pour leurs vieux jours. 1995, D. Poliquin, Le Canon des Gobelins, p. 84.

2

Fig., fam.Jeter de l’argent, son argent à l’eau : dépenser son argent inutilement, sans en retirer le bénéfice attendu, le gaspiller.

 (En emploi adj.).

De l’argent jeté à l’eau.

La musique ne peut plus être considéré [sic] comme un art de luxe, et ceux qui dépensent leur argent à acheter de la musique en feuilles volantes, jettent leur argent à l’eau. Si ces amateurs de musique veulent bien jeter un coup d’œil sur le Peter’s Musical Monthly, ils verront que nous pouvons leur donner pour à peu près 2 cents des morceaux de musique meilleurs que ceux qu’ils ont l’habitude de payer 50 centins. 1871, Journal d’agriculture, Saint‑Hyacinthe, 28 juin, p. 320.

Ce serait une bien rare exception si on voyait un père de famille procurer à son fils une éducation solide tout en le destinant à prendre les manchons de la charrue : on ne manquerait pas de dire qu’il jette son argent à l’eau. 1874, J. Bellevue, Une visite chez le Capitaine B***, p. 33.

L’acheteux mit la main dans sa poche, en tira, mêlé à des bouts de cordes et à des clous rouillés, un petit rouleau de billets de banque tout sales de la poussière de tabac. Un à un, en les comptant, il jeta les billets dans la main du père, lentement, de l’air d’un homme qui a conscience de jeter son l’argent à l’eau. 1915, L. Montal [pseud. de L. Groulx], L’adieu de la Grise, Le parler français, vol. 13, no 5, p. 222.

Beaucoup de jeunes, dit M. Morgan‑Powell, se sont adressés à lui, demandant ce qu’il fallait faire pour apprendre à écrire : il n’a qu’un conseil à donner et c’est de lire les meilleurs auteurs d’aujourd’hui et d’autrefois au lieu de jeter de l’argent à l’eau en prenant des cours par correspondance où l’on apprendra peut-être à placer un point-virgule. 1930, Le Devoir, Montréal, 15 décembre, p. 8.

La fourrure paye pus comme avant. Elle est pas ben belle et j’ai été obligé d’écrire dans les pays d’en haut de pus en envoyer. Ça serait jeter de l’argent à l’eau. 1939, Cl.‑H. Grignon, Le déserteur, 3 mars, p. 5 (radio).

De l’argent jeté à l’eau [titre]. [...] Les citoyens de la région métropolitaine de Québec qui achètent de l’eau en bouteille pour avoir une meilleure santé gaspillent leur argent. Celle qui coule dans les robinets est d’aussi bonne qualité. 1995, Le Soleil, Québec, 29 novembre, p. A1.

Avant de construire cet émissaire, il serait important de trouver le problème de base, de le régler correctement et complètement pour éviter la surcharge de la station de pompage et respecter l’environnement et notre eau. Nous devrions plutôt subventionner les propriétaires concernés à rectifier leur plomberie plutôt que de mettre tout cet argent à détruire un milieu humide naturel, si tel est le cas. Sinon, ne pas savoir la cause réelle, ce sera littéralement jeter de l’argent à l’eau. 2020, Le Nouvelliste (site Web), Trois‑Rivières, 14 juin.

3

Jouer à l’argent : jouer à des jeux (surtout de cartes) où l’on mise une certaine somme.

2022, TLFQ, Jouer à l'argent [photo].

 Jeux, parties, etc. à l’argent : jeux d’argent.

J’ai connaissance que le Défendeur jouait aux cartes à l’argent. Il m’est arrivé une couple de fois d’entrer dans sa chambre et d’avoir vu le Défendeur jouer aux cartes à l’argent avec ses amis. [...] Quand j’ai vu jouer le Défendeur à l’argent, ce n’était pas de grosses sommes. Ils jouaient aux piquet [sic] à trente sous la partie. 1877, Québec, BAnQQ, Cour d’appel (Québec), cause no 7, factum des appelants, p. 5.

On proteste contre les spectacles offerts par un cirque [titre]. [...] On y a donné des spectacles qui blessaient les exigences les plus élémentaires de la morale, et des jeux à l’argent étaient l’objet de grande réclame. 1949, Le Devoir, Montréal, 20 juillet, p. 3.

(Acadie). Dans une de ces cabanes, on avait joué à l’argent durant tous les moments libres de l’été et de l’automne. Une fois en particulier, on s’était livré à ce jeu toute la nuit du samedi et on avait continué le dimanche avant-midi. A l’heure de la messe, la cuisinière avait prié les joueurs de mettre leurs cartes de côté pour la récitation du chapelet. 1969, A. Chiasson, Les légendes des îles de la Madeleine, p. 33.

Au début le jeu est social et amusant. « Néanmoins, les gens qui jouent à l’argent de façon plus régulière, peuvent développer une perception qui devient de plus en plus erronée par rapport au jeu » [...]. Bien que l’on ne sache pas précisément quel est l’élément déclencheur qui fait que le joueur sombre dans l’ivresse ludique, les problèmes semblent commencer lorsque l’individu se met à gagner. À gagner à répétition. 1993, Le Devoir, Montréal, 7 octobre, p. B1.

Se sortir d’une dépendance n’est pas un jeu d’enfant. Yvon (nom fictif) l’a appris à ses dépens après avoir perdu maison et famille. Celui qui s’abstient de jouer à l’argent depuis bientôt 19 ans a dû rebâtir sa vie et retrouver le goût de vivre. Une réussite qu’il doit, entre autres au groupe d’entraide Gamblers Anonymes. 2014, Le Richelieu, Saint-Jean-sur-Richelieu, 23 décembre, p. 7.

4

Être à l’argent : être très économe, aimer l’argent et faire en sorte d’en amasser le plus possible.

   cent (sens II.4), piastre (sens II.A.3).

La première phase de la guerre sainte, consistait dans la mobilisation de nos propres troupes. Il fallait grouper les nôtres, leur faire acclamer la cause divine du dimanche et la croisade en faveur des consciences. Mais cela supposait des esprits et des cœurs bien préparés; des âmes vaillantes, brûlant du saint idéal de la religion, nourries des vieilles et dignes traditions de nos pères… Hélas! que l’on nous dispense d’entrer en de douloureux détails, mais sur ce point, nous n’étions guère prêts! Nous gens étaient-ils trop matérialisés, trop à l’argent dont le culte exagéré occasionne presque toujours un fléchissement dans les principes […] 1915, Le Progrès du Saguenay, Chicoutimi, 25 février, p. 1.

S’il aime la province de Québec, [le peintre-paysagiste] Bradley n’a pas d’amour pour la province d’Ontario, principalement pour la ville de Toronto où il s’est fort ennuyé. […] « Les gens de Toronto sont trop à l’argent » et ils ont une tendance à l’hypocrisie, rétorqua notre visiteur. 1933, Le Soleil, Québec, 26 janvier, p. 9.

Je suis certain qu’il aurait les moyens de se payer une auto, mais il est tellement à l’argent, qu’il veut même pas s’acheter une bicyclette. Il marche pour aller travailler, beau temps, mauvais temps. 1990, Québec, Fichier lexical du Trésor de la langue française au Québec (enq.).

La Couronne et la défense se retrouveront début 2016 pour prononcer leur plaidoirie respective. Le sénateur déchu a conclu le sien en se défendant d’être à l’argent. 2015, Le Devoir, Montréal, 18 décembre, p. A2.

5

Faire son argent : réaliser des profits, s’enrichir.

Il a fait son argent dans l’immobilier.

Autrefois, le cultivateur comptait en grande partie sur la récolte du blé; mais aujourd’hui, le bétail, les chevaux, le beurre et le fromage sont des articles avec lesquels il fait son argent. 1890, Compte‑rendu officiel des débats de la Chambre des communes du Canada, p. 1065.

Cet aïeul [le père Rasoy] qui venait de mourir, il s’était montré, toute sa vie, d’une avarice sordide; il n’avait jamais rien donné, jamais rien promis, même. Mathurin Lefort disait que, dans sa crainte de perdre quelque chose, il ne laissait point de piste derrière lui. Il avait fait son argent dans le commerce, et la vieille Gritoche Lafond affirmait très sérieusement qu’il avait « déclaré fortune » à l’âge où les autres commencent à distinguer un sou d’un bouton. 1896, P. LeMay, La dernière nuit du père Rasoy, La Revue nationale, vol. 3, no 14, p. 147.

Il dit, tu vas arriver dans une veillée, par exemple, [...]. Pis, il dit, tu vas dire : Moé, j’ai une pomme qui danse! [...] Pis, il dit, une bouteille d’eau qui chante! [...] Ils vont dire : [...] Fais don chanter ta bouteille! Fais-le don... C’est là que tu vas faire ton argent! 1955, Sudbury, G. Lemieux, Les vieux m’ont conté, t. 1, 1973, p. 280.

C’est un gars qui a les doigts trop croches, je le connais. Il fait pas seulement son argent en vendant des « chars usagés ». Y a une dizaine de femmes qui travaillent pour lui dans les « grills » pis les maisons de chambres. 1958, M. Dubé, Un simple soldat, p. 218.

Quand le marchand d’alcool jette un Indien dehors, il ne sait pas s’il a les idées assez claires pour retourner chez lui et il ne sait pas s’il a de l’argent pour rentrer chez lui; il le jette dehors quand même parce qu’il a déjà fait son argent avec lui. 1976, A. A. Kapesh, Le marchand d’alcool, L. Mailhot et D.‑M. Montpetit, Monologues québécois 1890‑1980, 1980, p. 329.

Recycler devient plus rentable qu’enfouir [titre]. [...] Les coûts actuellement facturés aux villes pour la collecte sélective baissent radicalement parce qu’en réalité, les entrepreneurs font leur argent en revendant à meilleur prix ces matières premières, qui retournent dans le circuit de la production. 1995, Le Devoir, Montréal, 21 mars, p. A1.

Il y en effet une distinction à faire entre les érablières qui font leur argent avec les visiteurs chaque printemps, comme celle de la famille Meunier, et les cabanes qui destinent leur stock aux supermarchés. 2020, Le Journal de Québec (site Web), 15 mars.

6

(Dans le voc. des courses de chevaux). Dans l’argent : parmi les gagnants d’une course, d’une compétition.

Arriver dans l’argent. Finir dans l’argent. Se classer dans l’argent.

 Premier, deuxième, troisième argent : première, deuxième, troisième place au classement d’une course.

Cheval qui gagne une course en premier argent. Décrocher le deuxième argent.

M. Pierre Coutu a gagné les bourses dans les deux premières classes. M. N. Melançon a remporté le deuxième argent pour les poulains de trois ans. M. Octavian Casaubond, de Ste‑Elisabeth, a aussi gagné le premier argent dans une course, et M. Elie Laferrière le deuxième. 1888, L’Étoile du Nord, Joliette, 23 août, p. 2.

Les inscrits dans ces deux classes sont tous des chevaux de marque qui se dépenseront pour arriver « dans l’argent ». 1910, Le Devoir, Montréal, 26 juillet, p. 3.

Chevaux trotteurs à vendre [titre]. […] Une jument rouge, crin noir, âgée de 8 ans, [...] a gagné des courses en deuxième argent, sur un temps de 2.17 et 2.18. 1913, Le Soleil, Québec, 24 mars, p. 6.

Le plus haut prix au cours de la matinée fut payé à ceux qui avaient placé leur confiance en Carmen’s Gal, dans la 3e épreuve à l’affiche. Ce coursier a rapporté $61.40 en première place, $17.35 en 2e position et $23.35 en 3e place. Le favori Erinsdale Boy dut se contenter du 2e argent dans cette course. 1949, Le Devoir, Montréal, 21 juin, p. 10.

À la quatrième [course], la lutte s’annonce belle. Plusieurs peuvent prétendre au premier argent. 1996, La Presse, Montréal, 23 février, sports, p. 13.

Par anal., au hockey.

Le Canadien doit s’attendre à une lutte serrée de la part du club de la Ville Reine. Toronto a toujours des chances de finir dans l’argent et il est certain qu’il va lutter avec énergie jusqu’au bout. 1930, Le Devoir, Montréal, 4 février, p. 9.

7

Proverbe (général. à la forme négative). L’argent ne pousse pas dans les arbres : l’argent se fait rare, il ne se gagne pas sans peine; l’argent vient nécessairement de quelque part.

SYN. l’argent ne tombe pas du ciel.

La National Economy League prétend que la participation des Etats‑Unis à une nouvelle guerre coûterait $30,000,000,000 par année au pays de Roosevelt. Sapristi! L’argent, ça pousse pas dans les arbres. 1939, Le Canard, Montréal, 26 novembre, p. 15.

Qui donc a dit que l’argent ne pousse pas dans les arbres? [titre] L’or et l’argent poussent dans les arbres. On pourrait même en faire une récolte annuelle, mais ceci est fort peu probable, vu la minime quantité qui s’y trouve. Deux professeurs de l’université de Colombie-Britannique viennent de faire rapport, à la Société géologique d’Amérique, qu’ils ont extrait d’appréciables quantités de ces précieux métaux de la végétation. 1950, Photo‑Journal, Montréal, 25 mai, p. 47.

Fin septembre 1938. [...] Les temps sont difficiles dans les campagnes québécoises, l’argent ne pousse pas dans les arbres mais enfin, le ménage tient bon, il n’y a pas d’autres bouches à nourrir, pas d’enfants dans la maison. On vit pauvre, mais on vit. 1991, La Presse, Montréal, 1er septembre, p. A10.

Retour au péage [sur les autoroutes]? [titre]. [...] La situation : d’une part, la désagréable sensation de retourner à une pratique ancienne et impopulaire; d’autre part, dur, dur aujourd’hui, de faire la fine bouche. L’argent ne pousse plus dans les arbres de l’État. 1994, La Presse, Montréal, 18 janvier, p. B2.

Le ministre des Finances [...] n’avait pas les moyens de se procurer la traditionnelle paire de chaussures neuves cette année pour exposer son budget, ce soir à l’Assemblée nationale. [...] Au lieu de chaussures neuves, le ministre des Finances a choisi une cravate bien particulière, bleu marine et verte, sur laquelle on peut lire, en latin : pecunia in arboribus non crescit soit : l’argent ne pousse pas dans les arbres. 1994, Le Devoir, Montréal, 12 mai, p. B2.

L’argent ne pousse pas dans les arbres, mais les billets verts, comme les feuilles, finissent toujours par tomber quelque part, au gré du vent du moment. En cet automne ensoleillé sans hockey, ces retombées économiques se sont sensiblement déplacées vers les salles de spectacles de Québec [...]. 1994, La Presse, Montréal, 24 octobre, p. B8.

Hier, le maire [...] a expliqué que la Ville de Granby, qui lutte sérieusement contre sa dette et qui veut l’éliminer d’ici la fin de 1998, se sentait un peu seule à l’UMQ [Union des municipalités du Québec]. « Nous sommes dans une période où il faut arrêter de penser que l’argent, ça pousse dans les arbres » [...]. 1995, Le Devoir, Montréal, 23 novembre, p. B1.

Je pense qu’il faudra faire un choix : soit les sauver [les bâtiments du patrimoine immobilier], les abandonner ou les vendre au privé avec interdiction de démolir certaines parties du bâtiment. L’argent ne pousse pas dans les arbres et si vous suivez un peu les nouvelles, vous voyez bien que nous sommes endettés comme jamais. Alors, si vous voulez sauver ces bâtiments, sortez votre marteau : il y aura un choix à faire. 2020, La Presse+, Montréal, 30 juin, débats, écran 8.

Histoire

La prononciation [aʀʒẽ] est bien attestée en France, notamment dans les parlers du Nord (v. ALF 56; v. aussi VermFlandre et LatArt, s.v. argint, CartPic, s.v. arjin, DebrNAm 30). Argent au féminin est relevé au Québec depuis 1882 (peut-être déjà en 1798, v. JunInv 210). En France, le genre féminin, attesté dès l’ancien français, s’est maintenu dans la langue populaire et les parlers régionaux; il est également signalé dans les parlers de la Suisse romande (v. notam. FEW argentum 25, 192b; TLF, s.v. argent, sens II.B; RobHist; DamGramm 1, p. 416‑417 : « Argent, est fréquemment mis au féminin [dans le langage du peuple], quand il signifie monnaie, pécune, mais reste masculin lorsqu’il indique le métal »; v. aussi GPSR et PierrNeuch). 

I1Argent de Canada, depuis 1689 (dans ASQ, C‑4, p. 126 : pour la difference de l’argent de Canada a l’argent de France sur les articles cy dessus). Argent du pays, depuis 1706 (dans Jugements et délibérations du Conseil souverain, vol. 5, 1889, p. 367 : Trois Cens trente Livres de proffit argent du pays que Ledit deffendeur a receu). Argent de France, depuis 1664 (ibid., vol. 1, 1885, p. 194 : faire payement de la somme de soixante livres argent de france faisant en ce païs la somme de quatre vingt livres). Argent de la Nouvelle York, depuis 1761. Argent d’Halifax, depuis 1762. Argent de Québec, depuis 1765 (dans La Gazette de Québec, 10 octobre, p. [3] : nous payons pour la Traduction Soixante Livres d’argent de Québec par An). 2Depuis 1855. D’après l’anglais money, notamment dans Canadian money, American money, etc., emploi courant en anglais, bien attesté dans les journaux de langue anglaise. Les dictionnaires donnent de nombreuses illustrations de cet emploi (v. p. ex. Cobuild 1993 : They might not accept English money; Gage 1997 : I have five dollars left in American money; Webster 1986 : storekeepers who would accept foreign money). 3Depuis 1772. Héritage de France. Attesté notamment chez Amyot au XVIe s. : Quand on leur demandoit un si grand argent, ilz se courroussoient et se mutinoient (cité dans Littré; v. aussi GreimMFr), et encore au XIXe s., chez E. et J. Goncourt : le premier gros argent qu’il ait touché (Journal, t. 3, éd. de 1956, p. 846). Aucun argent est bien attesté chez les auteurs français du XVIIe s. jusque dans la première moitié du XXe (d’après ARTFL); signalé en outre dans un parler de la Franche‑Comté (v. RichJura, s.v. arjan : la premér’ arjan ke j’gâgn’). 4Depuis 1767 (La Gazette de Québec, 17 décembre, p. [2] : pour accelerer la rentrée des argens qui nous sont dûs). Condamné comme un calque de l’anglais moneys dès la première moitié du XIXe s. (par Maguire, puis par Gingras, Tardivel, Manseau, Buies, etc.), argents, au pluriel, au sens de « somme d’argent, fonds » a pourtant cours en France depuis le XVIe s. (v. Huguet; Féraud 1787 : « le peuple dit quelquefois : Il est venu retirer ses argents : il faut dire, son argent »; Boiste 1834; F. Brunot, La pensée et la langue, 1922, p. 96; encore signalé chez divers auteurs du XXe s., comme Mirbeau, Céline et Malraux (d’après ARTFL); v. aussi GeoffrZigz 1, p. 6‑10, qui relève des exemples dans des publications de France dans les années 1920); il se maintient, de nos jours, dans la langue populaire (v. Robert 1985, qui souligne que le mot au sens de « monnaie » est « toujours singulier (l’argent, de l’argent), sauf dans quelques emplois populaires »). Cet emploi pluriel est également relevé dans des parlers régionaux en France, en Belgique et en Suisse (v. FEW argentum 25, 195b; v. aussi HécRouchi3, qui relève au XIXe s. la locution montoise lever dés argens « prendre de l’argent à intérêt »). Toutefois, en dépit de cette origine française évidente, il est possible que cet usage ait été renforcé sous l’influence de l’anglais moneys qui, aujourd’hui, relève le plus souvent du vocabulaire juridique ou administratif (v. OED, s.v. money, sens 4; Harrap 1985 et Cobuild 1993, s.v. money), comme c’est le cas pour l’emploi de argents en français québécois actuel. Argents publics, depuis 1890 (LusFaut 65), probablement d’après l’anglais public moneys (v. CollinsR 1995 et Harrap 1985, s.v. money), même si on relève argent public (au singulier) de façon épisodique en français depuis le XVIe s. (v. Estienne 1539, repris dans Nicot 1606; v. également quelques attestations aux XVIIe, XVIIIe et XXe s., dans ARTFL); cet emploi du singulier est attesté à deux reprises dans la documentation québécoise, en 1778 et en 1831 (v. p. ex. La Gazette de Québec, 3 décembre 1778, p. [4] : afin de découvrir si l’argent dont il etoit possesseur etoit un argent public).  5Ces emplois de argent, précédé d’un adjectif, sont d’origine française, sauf gros (ou grosse) argent, qui s’explique par l’anglais. Ainsi, bonne argent (depuis 1810, Viger) est usité dans la langue populaire et les parlers régionaux du domaine d’oïl (v. RobHist; v. aussi MussSaint, VerrAnj, MoisyNorm s.v. ergent, JaubCentre2, GuillBresse, LabMeuse s.v. arjo, DoussGramm 29, MartVend). Le masculin bon argent est enregistré dans Larousse 1866 (s.v. bon : « Bon argent, Monnaie qui est de bon aloi, qui a cours »); il est, en outre, bien attesté dans la littérature du XVIe au XIXe s. (d’après ARTFL) et s’est dit dans des expressions telles que mettre du bon argent contre (avec) du mauvais « faire des frais dans une affaire qui ne doit donner aucun profit », prendre qqch. pour bon argent « se laisser tromper par les apparences », ou encore jouer bon jeu, bon argent « agir sérieusement et de bonne foi » (v. Fur 1690, Féraud 1787, Larousse 1928, Robert 1985). Belle argent (depuis 1902, dans Les Débats, Montréal, 7 septembre, p. 1, chron. humor. : parti avec cinq cents piasses de ma belle argent) a été relevé en France dans la langue populaire et dans des parlers régionaux (en Normandie, en Vendée et dans la Brie) de même qu’en Suisse romande (v. ArFranç 121, et F. Brunot, ouvr. c., p. 93; MoisyNorm : Ch’est d’la belle argent; SvensVend 136 : il a de la belle argent « il a bien de l’argent »; DiotBriard 27 : la pus belle argent, c’est l’or; GPSR et PierrNeuch); le masculin bel argent se rencontre dans la locution bel et bon argent chez des auteurs français des XVIIIe et XIXe s. (notam. chez Balzac et Zola) et est attesté comme tel chez divers auteurs depuis le début du XVIIe (d’après ARTFL), notamment chez M. Genevoix, en 1925 (dans Raboliot, p. 140 : il y a la poche de Volat où votre bel argent carillonne). Grosse argent (depuis 1920) semble, pour sa part, s’expliquer par l’anglais américain big money (v. OED-Suppl 1972, s.v. big : « (orig. U.S.), a large amount of money; high salary, large profit »; v. aussi Mathews, s.v. big, Craigie, s.v. big money, et CollinsR 1995, s.v. money); le fait de retrouver les mêmes tournures en français québécois et en anglais (cp. notam. gagner de la grosse argent, c’est de la grosse argent et l’anglais to earn big money, that’s big money) vient confirmer cette influence de l’anglais. Quant à pauvre argent (depuis 1847), il s’agit d’un héritage de France; on le trouve attesté (au masculin) chez les grands auteurs (d’après ARTFL), par exemple Molière (L’Avare, 1668), Flaubert (Madame Bovary, 1857), Zola (La Terre, 1887), Loti (Pêcheur d’Islande, 1886, d’après Robert 1985 : elle était au bout de son pauvre argent); la locution est également relevée (au féminin) dans des parlers régionaux (v. JaubCentre2, GuillBresse; MartVend : J’ai perdu ma pauvre argent).  6Argent dur est attesté d’abord en 1700 (BAnQQ, PJN 275½, p. [1] : mil livres donnez audit Sieur Pierre Deniort en argent dur), puis à partir de 1838 (BAnQQ, AP‑P 481, fonds D. Daly, Montréal, 10 janvier, texte signé par Jacques Viger). L’attestation de argent dur sous le Régime français pourrait être invoquée pour en prouver l’origine française (ou canadienne, si l’on considère que la locution ne paraît avoir été enregistrée dans aucun dictionnaire de France); mais, comme son usage n’est attesté de façon continue que depuis la première moitié du XIXe s., il est probable que l’emploi de cette locution à l’époque moderne s’explique par l’anglais hard money (v. OED et Webster 1986, s.v. hard, et Craigie, s.v. hard money). Argent papier, depuis 1762, argent de papier, depuis 1767; probablement d’après l’anglais paper money (v. OED, Longman 1992 et Gage 1997, s.v. paper money), lequel est d’ailleurs à l’origine également de papier-monnaie, calque attesté en français de France depuis 1720 (on avait d’abord traduit le terme anglais par argent en papier, au début du XVIIIe s., v. ReyDAngl3, s.v. papier-monnaie).  7Argent neuf, depuis 1972. D’après l’anglais new money (v. OED-Suppl 1976, s.v. new), fréquemment relevé dans les journaux de langue anglaise. 8Argent facile, depuis 1920. D’après l’anglais américain easy money (v. OED-Suppl 1972, s.v. easy : « money obtained without effort, and, often, illegally »; Random 1983 et Webster 1986, s.v. easy money). La locution paraît s’employer depuis peu en France également (v. p. ex. dans Le Monde, 9 février 1993, p. 12 : Plusieurs responsables inculpés [...]. Les organisations policières piégées par l’argent facile de la publicité [titre].). 9Montant d’argent, depuis 1829. D’après l’anglais amount of money (v. Harrap 1983, s.v. amount), bien attesté dans les journaux de langue anglaise. 10Prix en argent, depuis 1893. Peut-être d’après l’anglais prize money, de même sens (v. OED-Suppl 1982, Random 1983, Gage 1997, s.v. prize(-)money), par suite d’une confusion des paronymes anglais prize et price.

II1Faire de l’argent comme de l’eau, depuis 1894. Probablement d’après l’anglais like water qui peut signifier « beaucoup, abondamment et rapidement », mais qui s’emploie généralement dans des contextes où il est question de dépenser de l’argent plutôt que d’en gagner (to spend money like water, v. OED, s.v. water, sens I.1f; v. aussi FunkC 1982, Random 1983, s.v. water). On relève dès 1884, dans la documentation québécoise, des attestations analogues aux emplois de like water relatifs à l’argent, ce qui appuie l’hypothèse de l’origine anglaise de la locution comme de l’eau (dans L’Événement, Québec, [29] octobre, p. [1] : […] lord Wolseley, qui répand l’argent comme de l’eau.). La métaphore avec l’eau existe aussi en français, mais avec le verbe pleuvoir, par exemple dans : de l’argent comme s’il en pleuvait (v. Larousse 1982, PRobert 1995, s.v. pleuvoir); cet emploi paraît toutefois sans lien avec l’emploi québécois.  2Jeter de l’argent à l’eau, depuis 1871. Métaphore qui pourrait peut-être s’expliquer par une influence de l’expression anglaise to throw one’s money down the drain, de même sens (relevée dans CollinsR 1995 et Harrap 1983, s.v. drain, dans le second cas avec la définition : « gâcher son argent »; cp. aussi Cobuild 1993, s.v. drain : That’s just money down the drain); on trouve bien en français une expression figurée semblable avec le verbe jeter, soit jeter l’argent par les fenêtres, mais cette expression suggère une dépense folle d’argent, souvent excessive, alors que l’expression québécoise, comme l’anglaise, renvoie plutôt au caractère inutile de la dépense.  3Jouer à l’argent, depuis 1877. Sans doute hérité de France; cp. les expressions jouer aux écus, aux pistoles, aux louis, attestées du XVIIe jusqu’à la fin du XIXe s. dans les dictionnaires (v. Académie 1694‑1878, Chambaud 1805, Dupiney 1864, Besch 1847‑1892, Littré, s.v. jouer).  4Être à l’argent, depuis 1915. Ne semble pas en usage ailleurs qu’au Québec, mais une origine française n’est pas exclue; cp. des emplois anciens assez proches, notamment être âpre à l’argent (v. Académie 1694‑1932), et surtout homme à argent (dans Fur 1690, repris dans Trévoux 1704‑1752 : « On appelle un homme à argent, ou âpre à l’argent, un avare sujet à se laisser corrompre par argent »; v. aussi Danet 1735 : « C’est un homme à argent, qui fait tout pour de l’argent »). 5Faire son argent, depuis 1890. Probablement d’après l’anglais to make one’s money (cp. les exemples suivants : he made his money by selling..., dans Harrap 1985, s.v. money; he made his money by dealing in cotton, dans CollinsR 1995, id.; he made his money in property speculation, dans Longman 1992, id.). 6Dans l’argent, depuis 1888; deuxième argent, depuis 1913. D’après l’anglais in the money, ou first, second, third money, en usage notamment dans le vocabulaire des courses de chevaux (v. Webster 1986, Random 1983, OED-Suppl 1976, s.v. money).  7L’argent ne pousse pas dans les arbres, depuis 1939. D’après l’anglais américain money doesn’t grow on trees, qui peut aussi s’employer parfois sans négation (v. OED-Suppl 1986, s.v. tree; Webster 1986 et Longman 1992, s.v. grow).

Dernière révision : novembre 2023
Pour poursuivre votre exploration du mot argent, consultez notre rubrique La langue par la bande (faire de l’argent comme de l’eau, l’argent ne pousse pas dans les arbres) sur le site Web du Trésor de la langue française au Québec
Trésor de la langue française au Québec. (2023). Argent. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 9 décembre 2024.
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