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ARÊCHE [aʀɛ:ʃ]
n. f. ou m.

Rem.

Variantes graphiques : arrêche, arrèche, arèche; (d’après une variante de prononciation) arège.

  

Vieilliou ruralOs mince et pointu formant chacune des côtes du squelette d’un poisson.

2022, TLFQ, Arêche de perchaude [photo], Département de biologie, Université Laval.

Avaler une arêche. S’étouffer avec une arêche.

 Partie du squelette d’un poisson constituée de la colonne vertébrale et des côtes.

Maigre comme une arêche.

SYN. cour.arête.​​​

A sept heures et demie nous nous mettions à table pour déjeuner. On nous servit un bon soque et quelques harengs frais. Mame Delorme faillit s’étouffer en avalant une « arêche » de poisson qui s’arrêta dans son gargoton. Je lui tapai dans le dos cinq ou six fois et je réussis à la tirer d’embarras. 1879, Le Canard, Montréal, 7 juin, p. [2].

Je suis le roi de tous les poissons. Tu vas me renvoyer à l’eau. Tu vas en reprendre un tout aussi gros comme moi, aussi bon à manger. Et quand tu l’auras pris, tu l’arrangeras, tu feras manger la viande à ta femme, tu feras manger les tripes à ta jument. Les arrèches, tu les jetteras dans le jardin. 1916, Les Éboulements (Charlevoix-Ouest), AFEUL, Ch.-M. Barbeau, ms. 135, p. 1 (âge de l’informateur : n. d.).

[...] à terre, ils [les pêcheurs] sont obligés de trancher cette morue‑là, ôter le débris, ôter la tête, puis prendre le couteau, puis ôter l’arêche [...]. 1959, Sept‑Îles (Saguenay), AFEUL, G. Landry 138 (âge de l’informateur : 78 ans).

Je sais pas si vous savez qu’est‑ce que c’est que prendre du hareng, là, qui est plein d’arêches, là, qui se décompose, là, puis d’étendre ça sur la terre. Mais ce qui arrive, c’est que les arêches vous rentrent sous les ongles, vous rentraient sous les ongles, puis ça faisait des empoisonnements. Alors, tu venais les doigts gros, enflés, violets, tout bleus. Le soir, là, tu arrivais, tu te faisais tremper les mains dans l’eau chaude tant que tu pouvais et, le lendemain matin, tu recommençais. 1960, Montréal, AFEUL, P. Perrault 1192 (âge de l’informateur : n. d.).

C’est ça que les vieux aviont pour ôter la température… Ou bien aussi du poisson salé aux pieds. [...] du poisson salé, là, puis ils coupiont l’arêche, là, ils mettiont du sel puis du poivre, puis ils mettiont ça aux pieds, puis c’est garanti que c’est bon […]. Ils mettiont ça sur les pieds, puis ils mettiont des bas par‑dessus […]. Ils fendiont le poisson en deux comme ça, ils enleviont l’arêche, mettiont du sel puis le poivre, puis ils mettiont ça […] sur leurs pieds puis ils mettaient leurs bas par‑dessus, ils s’abriont […]. [Q : Puis qu’est-ce qui arrivait?] Ça ôte la température, puis c’est vrai, tu peux l’essayer encore astheure! 1975, Fair‑Isle (Northumberland, Nouveau-Brunswick), AFEUL, L. Comeau 33 (âge de l’informatrice : n. d.).

Renelle : Les Sovages sont à porte d’en avant avec leus siaux pleins de poésson... On n’en prend-y? Paula : C’est da truite, ou ben encore des goujons pleins d’arêches? 1975, A. Ricard, La gloire des filles à Magloire, p. 13.

Comme l’épidémie n’épargnait à peu près aucune famille, on eut l’impression qu’à un moment donné il ne restait plus âme qui vive dans la ville, à l’exception d’un certain Minuscule Martin, un célibataire sans âge, maigre comme une arêche et qui soignait généreusement sa grippe au gros gin. 1981, J. Pellerin, Au pays de pépé Moustache, Le Soleil, Québec, 27 juillet, p. B8.

Par analArêche du dos, du reintier : colonne vertébrale (chez l’homme). (Lavoie 2371).

Région.Dos de la lame d’une faux; support contre lequel s’appuie le dos de cette lame.

Rem.Relevé surtout à l’est d’une ligne passant par Portneuf et Sherbrooke, jusque dans le Bas‑du‑Fleuve. (FSPFC, PPQ 800b, Lavoie 1123; GPFC).

RuralClôture à arêches, clôture d’arêches : clôture rudimentaire faite de planches verticales fixées en leur centre sur une perche horizontale accrochée à deux poteaux. (PPQ 1001B).

Par métaph. Obstacle, difficulté.

Rencontrer des arêches. (GPFC, BernChant 332).

Histoire

Depuis 1841 (Maguire 180). Hérité de France. Relevé en français du XVIIe s. et bien attesté dans les parlers de la Normandie, du Poitou et de la Saintonge (v. FEW arĭsta 25, 221b et 222a; DugPoit). Maigre comme une arêche correspond à un emploi du français du XVIIIe s. (maigre comme une arête, v. FEW id., 222b). Pour arêche du dos, cp. arête du dos en français du XVIIe s. de même que dans les parlers normanno-picards qui attestent en outre la variante arêque du dos (ibid. 223a). Pour le sens de « dos de la lame d’une faux », cp. arête de la faux « partie opposée au coupant de la faux » en Île‑de‑France; cp. en outre arête d’épée, de lame « élévation angulaire le long d’une lame d’épée », qui a cours en français depuis le début du XVIIe s. (ibid. 226a). Pour le sens d’« obstacle, difficulté », cp. areste « id. » en ancien français (v. LaCurne) et arête « id. » en français du XXe s. (v. TLF). La forme arêche se rattache peut-être au latin arĭsta « arête », qui a donné notamment le français arête ainsi que arèque dans les parlers normanno-picards (v. FEW 25, 221b); arêche serait alors issu de cette forme normanno-picarde, par suite d’un phénomène d’hypercorrection de [k] en [ʃ] basé sur l’équivalence entre le normand [k] et le français [ʃ], comme par exemple vaque pour vache (ibid. 228a). Dans la mesure cependant où la forme arêche n’est pas seulement attestée en normanno-picard, mais également en saintongeais et en lorrain, elle pourrait aussi remonter à un latin *arĭsca, lui‑même résultat d’un croisement entre arĭsta et *lĭsca (ibid.).

Dernière révision : octobre 2022
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Trésor de la langue française au Québec. (2022). Arêche. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 23 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/areche