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MITAINE [mitɛn]
n. f.

  

VieuxOffice religieux des protestants.

 Par ext. Lieu du culte des protestants, temple.

Mitaine protestante. Aller à la mitaine le dimanche.

Rem.Relevé encore dans les endroits où des anglophones, qui sont protestants, vivent à proximité de francophones, qui sont catholiques.

Peu à peu, cependant, nos amis de l’église d’Angleterre s’éclipsent et se dirigent vers le salon. L’appartement est bientôt rempli. Il s’agit d’une chose sérieuse, d’un meeting religieux, d’une mitaine, comme diraient nos bons habitants. Un monsieur à la mine fort respectable, et dont le paletot et le faux col m’indiquent un pasteur protestant, se présente avec une bible énorme qu’il feuillète [sic]. 1884, Le Nouvelliste, Québec, 4 octobre, p. [2].

Au Canada, nous avons « digéré » des mots anglais comme « drive », « meeting » et « peppermint », et notre graphie tient compte des modifications que nous leur avons fait subir : drave, mitaine et paparmane. 1956, R. de Chantal, Chroniques de français, p. 158.

Le fait que leurs lieux de réunion, bien modestes églises, fussent solennellement interdits aux catholiques sous peine d’excommunication nous donnait lieu de croire qu’on s’y livrait à des rites effroyables. Les fenêtres de ces mitaines étaient garnies non point de vitraux mais bien de verre bon marché de couleur orange. Nous les voyions allumées, les dimanches soirs. 1965, Ringuet, Confidences, p. 189.

A Sainte-Ursule, le rang de Crête-de-Coq avait été ouvert par des Ecossais. Cernés, ils ne tardèrent pas à se rendre et à se franciser. En 1930, il ne restait plus qu’un protestant [...]. Sa mort ferma la jolie mitaine. Les regrets catholiques furent nombreux car elle avait été propice à Sainte-Ursule, cette mitaine de bois, un peu étroite, sans doute presbytérienne, apportant au village un couvent, un hospice [...]. 1972, J. Ferron, Les confitures de coings et autres textes, p. 191-192.

Avec une résignation agacée, Honoré vit venir, depuis la petite « mitaine » protestante perchée sur une butte en retrait du hameau d’estivants, d’autres voitures qui arrivaient de l’office. 1993, V. Nadeau, Nous irons tous à Métis-sur-Mer, p. 126.

RarePersonne de religion protestante.

Histoire

Depuis 1884. De l’anglais nord-américain meeting « an assembly or gathering of people, usually for worship », « a meetinghouse » (v. Craigie, sens 1 et 2; v. aussi Webster 1986, s.v. meetinghouse : « the house of worship of any of various Protestant denominations »). L’adaptation du mot anglais, qui a pu être facilitée par l’existence de la forme mitaine en français, obéit à des tendances attestées pour d’autres emprunts, comme dumpling (domplaine), landing (v. GendrPhon 24 et 43). L’anglais meeting a été emprunté dans d’autres emplois sans que se produise cette adaptation d’origine populaire (v. meeting).

Version du DHFQ 1998
Pour poursuivre votre exploration du mot mitaine, consultez notre rubrique En vedette sur le site Web du Trésor de la langue française au Québec.
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Mitaine2. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 4 octobre 2024.
https://www.dhfq.org/article/mitaine-0