MATIN [matẽ]
n. m. et adj. invar.
Fam.À matin : ce matin.
Comment ça va à matin? Il fait beau à matin. C’est pas chaud à matin. Le journal d’à matin.
soir.
[...] une chute de neige qui a commencé à tomber à matin [...]. 1841, Dorchester, BAnQQ, fonds Chaussegros de Léry (famille), no 29, ms. « Journal d’arpentage », 5 novembre.
Il fait si bon, à matin, dit-il, que j’ai envie de prendre comme qui dirait une gorgée d’air frais. 1918, A. Rivard, Chez nos gens, p. 123-124.
Viennent les élections : notre homme est élu. Il arrive à Ottawa [...]. Là, on fume et on cause. De quoi cause-t-on? Tiens, j’ai vu Lemieux, à matin. Ah!... et qu’est-ce qu’il dit? 1922, J. Fournier, Mon encrier, vol. 1, p. 80.
J’me sens pas dans mon assiette à matin. 1974, A. Major, L’épouvantail, p. 166.
T’as changé, toi, depuis à matin. 1975, J. Barbeau, Une brosse, p. 108.
Pop.Hier à matin : hier matin, hier au matin.
[...] on est parti à neuf heures hier à matin et puis on est arrivé icitte à neuf heures hier à soir [...]. 1966, dans P. Perrault et al., Les voitures d’eau, 1969, p. 86.
VieuxÀ ce matin : ce matin.
Comment ça va-t-il, sac à papier, à ce matin? 1892, L. Fréchette, Originaux et détraqués, p. 349.
Vieilliou région.De chaud matin : de bon matin.
Se lever, partir de chaud matin.
La servante se leva de chaud matin, et descendit dans sa cuisine. [...] Soit excitation, soit obscurité, elle se trompa de plat, et mit au feu [...] tous les débris de légumes et de viande qui devaient être jetés. 1890, A. Lusignan, dans Le Canada-français, vol. 3, p. 219-220.
adj. invar. Vieilli(En parlant de qqn). Être matin : être matinal.
Le dimanche suivant, Phonsine se leva tôt, afin d’être prête la première à nouer la cravate de son beau-père. Même Didace s’en étonna : – T’es ben matin, à matin, la petite? Mais l’Acayenne, toujours matinale, l’avait devancée. 1947, G. Guèvremont, Marie-Didace, p. 34.
Histoire
1Depuis 1841. Héritage de France; a eu cours en ancien et en moyen français, voire jusqu’au XVIIe s. dans la langue dite populaire, et est bien attesté dans les parlers du Nord-Ouest, de l’Ouest et du Centre (v. FEW mātūtīnus 61, 539a, BrunotHlf 3, p. 352, et JunBerg 99). Hier à matin est peut-être d’origine régionale française; cp. hier à soir*. À ce matin « ce matin » (depuis 1880, Dunn) a été relevé en français du XVIe s. (chez Rabelais, v. Littré), puis dans la langue populaire aux XVIIIe et XIXe s. (v. FEW 61, 539b); aussi dans les parlers du Nord-Ouest (dès 1554 en normand), de l’Ouest et du Centre (ibid.). 2Depuis 1947. N’a pas été relevé comme tel ailleurs qu’au Canada. Cp. cependant l’expression se lever matin « se lever de bonne heure », attestée en français depuis 1666 mais considérée comme archaïsante de nos jours et elle-même formée de matin adv. « tôt dans la journée », attesté depuis le XIe s. (v. RobHist, et FEW 61, 538b et 539a).