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MITASSE [mitas]
n. f.

Rem.

1. Prononciation vieillie : [mitɑs]2. Variantes graphiques mitas, mittasmittasse.

  

Partie de l’habillement traditionnel amérindien couvrant complètement ou partiellement la jambe, habituellement faite d’une pièce de cuir souple retenue par des lanières et souvent garnie de franges, de broderies.

Paire de mitasses.

 Pièce de peau ou d’étoffe enveloppant la jambe, portée autrefois comme vêtement de protection contre le froid.

Mitasses de cuir, de molleton, d’étoffe du pays. Les coureurs de bois portaient souvent des mitasses.

 VieuxPièce d’étoffe couvrant le pied, portée comme chaussette ou comme chaussure d’extérieur pendant l’hiver.

Les sauvages sont basanés, bien faits et d’une bonne et forte constitution. [...] Les hommes sont presque toujours nuds et montrent leur corps a decouvert; ils ne portent sur eux pour tout habillement qu’une couverture de peau passée de castor en poil ou de quelqu’autre animal avec laquelle ils s’envelopent, un brayer, des mitasses qui sont deux morceaux de peaux passées sans poil avec lesquelles ils se couvrent les jambes et une partie des cuisses et des souliers sauvages [...]. 1709, A.-D. Raudot, dans C. de Rochemonteix (éd.), Relation par lettres de l’Amerique septentrionalle, 1904, p. 63-64.

Voici le traitement que le roi nous fait : [...] nous avons [...] une paire de souliers pour la campagne, deux chemises de coton bleu. C’est pour la campagne d’été. Campagne d’hiver : une capote, une paire de mitaines et deux paires de mitas qui sont des bas d’une grosse étoffe, pour la neige une paire de raquettes que l’on attache au pied pour ne pas enfoncer [...]. 1756, G. de Méritens de Pradals, dans Les Cahiers des Dix, no 24, 1959, p. 118.

Cet homme devait être un Sauvage, à en juger par son teint cuivré, ses pommettes saillantes, ses cheveux relevés en touffe sur le sommet de la tête, et surtout le bizarre accoutrement qu’il portait. Une vieille couverture de laine lui tenait lieu de manteau, et ses jambes étaient enveloppées de mitasses frangées de poils de porc-épic. 1890, V.-E. Dick, L’enfant mystérieux, t. 1, p. 136.

Menaud, inquiet, regarda la neige qui commençait à se déjucher et à s’abattre en tempête autour de lui... [...]. Il ôta ses raquettes, s’accota au tronc d’un arbre, presque anéanti, tandis que ses chiens léchaient, en guise de caresses, les glaçons de ses mitasses. 1937, F.-A. Savard, Menaud, maître-draveur, p. 242-243.

Après ça, on avait des mitasses, ce qu’on appelle des mitasses, ça c’est tenu sous le pied ici là, comme un genre de bottes comme ça, lacées ici là vous savez? […] On faisait ça en coton, après ça on est venu qu’on abandonné ça. On avait des gros bas là, on mettait ça par-dessus parce que ça, ces mitasses-là en coton, si c’était un temps doux, ça venait tout trempe, c’est pas pratique. 1959, Moisie (Sept-Rivières), AFEUL, G. Landry 28 (âge de l’informateur : 78 ans).

Les « mitasses » sont des jambières en cuir qui couvrent en partie ou en totalité la jambe de l’Amérindien. À l’origine, ce vêtement était en cuir. Après l’arrivée des Européens, on le confectionnera en tissu. Les voyageurs et les coureurs des bois emprunteront ce vêtement aux autochtones. Les mitasses des femmes couvrent de la cheville au genou, auquel elles sont attachées avec des jarretières en cuir ou avec un lacet. 1979, M. Noël, Art décoratif et vestimentaire des Amérindiens du Québec, p. 103.

Par anal., DisparuBas de la cuisse (d’une poule, d’une dinde).

Région.(Lac Saint-Pierre). (Dans le voc. de la chasse aux canards). Cordon que l’on passe à l’une des pattes d’un appelant vivant pour le retenir, l’empêcher de fuir.

La saison de la chasse approchait. Le temps était venu où tout bon chasseur vérifie ses lignes à canards, ses mitasses, ses viroles. [...] – Ah! c’est pour ça, je suppose, que tu nattes tes mitasses? – Des fois, par miracle, que la loi changerait. Il faut se tenir prêt. 1942, G. Guèvremont, En pleine terre, p. 73 et 78.

Histoire

Depuis 1669 (BAnQQ, gr. M. Filion, 30 juillet, p. [9] : Une paire de mitasses de caribou [...] et une paire de raquettes neufves). Emprunté à l’algonquien (v. FarNF 835, qui atteste une forme mitas « chausses, bas, bas-de-chausses » dans les langues algonquine et montagnaise à la fin du XVIIe s.; v. aussi FriedAm, s.v. mitasse). Du français du Canada, le mot est passé à celui de la Louisiane (v. ReadLouis 97-98), puis à l’anglais nord-américain (v. DictCan, s.v. mitashes, et Mathews, s.v. mitasses). Par ailleurs, à la suite de LittréS qui l’a relevé sous la forme mittasses (définie de façon trop étroite par « nom donné par les Français à des espèces de bas sans pieds dont se servaient les sauvages de la Louisiane, et qui couvraient la cuisse et la jambe », sur la foi d’un exemple puisé dans l’Histoire de la Louisiane de Le Page du Pratz, parue en 1758), il a été repris sous cette forme dans quelques encyclopédies françaises (v. Guérin et EncXXe; v. aussi Larousse 1960, s.v. mittasse, et FEW mit- 62, 178a). Mitasse « bas de la cuisse (d’une poule, d’une dinde) », relevé à Lorette en 1743-1744 (v. PotierH 39), est à mettre en relation avec poule à mitasses « hen with feathers on its legs », relevé dans les parlers français de la Louisiane dans les années 1930 (v. ReadLouis 97).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Mitasse1. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 1 septembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/mitasse