MOTOMARINE [motomaʀin]
n. f.
Variantes graphiques : (au XXe siècle) moto-marine, moto marine.
Véhicule nautique motorisé d’une à quatre places, muni d’un guidon et souvent d’une selle.
2008, Isakaisaka1, Motomarine [photo], Wikimedia Commons. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Vattenskoter2.jpgActivité pratiquée avec ce genre de véhicule.
Motomarine à selle, à bras. Conducteur de motomarine. Balade, randonnée en motomarine. Pratique de la motomarine. Randonnée de motomarine. Adepte, club, compétition, course de motomarine.
Rem.Le terme motomarine a fait l’objet d’un avis de recommandation de l’OLF en septembre 1998 (GDT, s.v. motomarine).
Vingt ans après avoir essuyé un premier échec avec la commercialisation d’une moto marine, Bombardier récidive. Elle lance le Sea‑Doo, un nouveau véhicule aquatique, convaincue que cette fois les consommateurs seront au rendez-vous. 1987, J. de Bruycker, La Voix de l’Est, Granby, 23 septembre, p. 6.
En 1966, l'Américain Clay Jacobson vendait à Laurent Beaudoin, président de Bombardier, l'idée de fabriquer un petit véhicule marin semblable au Ski‑Doo, en utilisant le même moteur Rotax. Le premier modèle, lancé en 1968, a connu plusieurs problèmes mécaniques tels la corrosion et la surchauffe du moteur. Plus fâcheux encore, certaines motomarines explosaient et les conducteurs stupéfaits voyaient leur Sea‑Doo se transformer en Air‑Doo! 1990, M. Tremblay, La Presse, Montréal, 8 septembre, p. G1.
Aux yeux de plusieurs personnes, la motomarine est une petite machine infernale et bruyante. Malgré tout, ce petit engin tend à passer du côté du véhicule récréatif idéal pour les excursions en groupe. [...] La motomarine à conduite debout reste idéale pour effectuer des chassés-croisés, des tête-à-queue; par contre le modèle avec un empattement large, s’avère très stable pour la pratique des sports aquatiques. 1994, L’Écho de Frontenac, Lac‑Mégantic, 19 juin, p. S2.
Certains groupes environnementaux, qui s’intéressent maintenant de près à ce dossier, estiment pour leur part que la gravité et l’accumulation des impacts causés par ces machines, comme le bruit, l’érosion et le risque d’accidents nautiques, justifient que l’on interdise leur usage partout sauf là où les usagers auront fait la preuve qu’ils peuvent pratiquer la motomarine en toute sécurité. 1996, L.‑G. Francœur, Le Devoir, Montréal, 18 mai, p. A5.
Veux-tu qu’on parle de ta moto marine, de ta motoneige, de ta tondeuse, de ta tronçonneuse, de toutes les affaires qui donnent un sens à ta vie, en tout cas qui la remplissent de bruit? Quel mot veux-tu qu’on mette sur le vide? 1998, M. M. Bouchard, Le chemin des passes-dangereuses, p. 26.
Ils sont plus nombreux l’été, plus audibles aussi. Comme les asticots, ils viennent en grand nombre, remuants et aveugles, animés par l’instinct de survie et la pourriture, démultipliés par la chaleur. Au volant d’un Hummer, d’une motomarine ou d’un quatre-roues, le con occupe l’espace sonore de la façon la plus voyante qui soit, sans même remarquer les regards assassins qu’il suscite. Le con a l’immense chance d’être protégé par sa connerie, sorte d’armure qui fait corps avec lui et l’accompagne même dans son sommeil. Se réveille-t-il jamais? Ça, c’est une autre question. 2005, J. Blanchette, Le Devoir, Montréal, 8 juillet, p. B8.
Un père Noël s’offre une balade en motomarine [titre] Ce jeudi, 24 décembre, un père Noël amphibie a profité de l’anormale température chaude pour s’offrir un moment d’évasion sur le bassin de Chambly, en Montérégie. Dérogeant à ses habitudes, qui le placent généralement dans un décor enneigé, le dodu personnage a plutôt choisi d’enfourcher une motomarine pour se propulser sur le plan d’eau. 2015, Le Journal de Montréal (site Web), 24 décembre.
notice ENCYCLopédique
Dès 1955, une compagnie britannique crée un véhicule nautique (appelé Amanda Water Scooter) muni d’un siège et d’un guidon, mais dont l’apparence évoque celle d’un petit bateau à moteur. Toujours en Angleterre, en 1967, un moyen de transport « dernier cri » est lancé, le scooter aquatique, que l’on compare à un hydroplane et qui peut atteindre une vitesse de 20 milles à l’heure. En 1966, l’Américain Clayton Jacobson II souhaite mettre au point un véhicule autre qu’un bateau qui puisse tirer les skieurs nautiques. Un an plus tard, il est engagé par la compagnie Bombardier et crée une motomarine se conduisant en position assise, ce qui correspond maintenant à la catégorie des motomarines à selle. Lancée en 1968, elle porte le nom déposé de Sea Doo, mais est parfois désignée par les génériques scooter aquatique et aquascooter. En 1972, la production en est toutefois abandonnée. En 1973, Kawasaki crée un modèle de motomarine qui se conduit debout, le Jet Ski, qui serait classé de nos jours dans la catégorie des motomarines à bras. Enfin, vingt ans après ses premiers essais, Bombardier lance en 1988 une nouvelle motomarine, sur laquelle deux ou trois personnes peuvent prendre place. Les différents modèles sont souvent désignés dans la langue courante selon des marques déposées : Sea‑Doo, Jet Ski, WaveRunner, etc.
Sources : P. R. Josephson (2007), Motorized Obsessions, p. 149‑153; La Presse (1967, 3 août), Montréal, p. 33; id. (1968, 22 juin), p. 47; id. (1990, 8 septembre), p. G1; Le Soleil (1969, 20 décembre), Québec, p. 46; id (1971, 22 septembre), p. 65; id. (1988, 18 mai), p. E1; M. Tremblay (1994), Le sang jaune de Bombardier, p. 83‑90.
Motomariniste. n. Adepte de la motomarine.
Pour le néophyte, certains gestes posés par les motomarinistes semblent relever de l’acrobatie. C’est le cas […] de la manœuvre d’évitement […] [qui] consiste à effectuer un virage, de 180 ou 360 degrés, à plein régime, sur une distance inférieure à six mètres. 1995, H. Michaud, Le Soleil, Québec, 20 mai, p. A14.
De chaque côté [d’un] bateau glissaient lentement des rives arborées, habitat d’une prospérité presque discrète comparée à la culture du « plein la vue, plein les oreilles » du motomariniste, dont le showing off sur fond d’une délicate dentelle de voiliers semblait grossier, voire vaguement prolo sur les bords. 2019, L. Hamelin, Le Devoir, Montréal, 21 septembre, p. D27.
RareMotomarinier, motomarinière n. Adepte de la motomarine.
Finalement, le président du Club des motomariniers du Cœur-du-Québec […] a annoncé la remontée de la rivière Saint-Maurice par des motomariniers provenant de tous les coins de la province. 1996, A. Mercier, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 1er juin, p. A8.
Histoire
Depuis 1987. Motomarine est construit sur le modèle de motoneige (lui-même formé de moto et neige) sans doute en raison des similarités entre les deux types de véhicules que ces mots désignent (guidon, manette d’accélération, siège qu’on enfourche lorsqu’il s’agit du modèle à selle, etc.). La forme Moto-Marine est attestée en France dès 1909 comme nom propre d’un « canot automobile » participant à une course de vitesse nautique (L’Auto, Paris, 4 juillet 1909, p. 5), ce qui témoigne de l’ancienneté de l’idée qu’un nouveau type d’embarcation pourrait s’inspirer de la moto. En tant que syntagme descriptif non lexicalisé, moto marine est attesté sporadiquement en France avant la commercialisation à plus grande échelle de ce véhicule nautique et l’implantation de motomarine comme désignation générique au Québec : « À l’arrière, suspendue aux bossoirs où était habituellement accroché le canot de sauvetage, se trouvait une espèce de longue fusée qui était en fait une moto marine équipée de moteurs électriques […] Ed Loeb manœuvra les palans et la moto des mers se mit à descendre vers l’eau […] » (F. Chabrey, Matt traque « Osirak », 1980, p. 180). Le mot est bien implanté dans l’usage au Québec, mais demeure à peu près inusité en Europe francophone, où on lui préfère l’appellation scooter des mers. Motomarine est relevé comme canadianisme dans PRobert à partir de 2007 et comme québécisme dans PLar dès l’édition de 2000. Motomariniste, depuis 1993 (G. Veillette, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 2 juillet 1993, p. 5 : il ne faut pas non plus mettre tous les « motomarinistes » dans le même panier); motomarinier, depuis 1992 (G. Cardin, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 5 septembre 1992, p. P1 : Trente-sept motomariniers ont pris part au voyage).