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MALACHIGAN [malaʃiɡɑ̃]
n. m.

  

Poisson d’eau douce d’Amérique (Aplodinotus grunniens, fam. des sciénidés) qui ressemble à l’achigan, mais qui s’en distingue par la partie antérieure de son dos fortement arquée, par sa queue arrondie et par sa plus grande taille.

1966, Prof. emerit. Dr. Hans Schneider, Malachigan (« aplodinotus grunniens ») [photo], CC-BY-SA-3.0, Wikimedia Commons. https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Aplodinotus_grunniens_1966.jpg

Rem.1. Appelé parfois aussi achigan blanc. 2. L’appellation malachigan a été normalisée par le BNQ et l’OQLF (voir BNQ-Pêches2 23, et OLF-Avis4, no 924).

Comme la Barbotte et autres habitants des eaux, le Malachigan émet des sons. Ce phénomène – qui fait mentir un autre proverbe – serait dû au grincement des fortes dents qui garnissent son pharynx et, selon d’autres naturalistes, à la contraction de certains muscles qui font vibrer la paroi de sa vessie natatoire. Quoi qu’il en soit ses « grognements » peuvent s’entendre même quand il est assez profondément sous l’eau. 1946, Cl. Mélançon, Les poissons de nos eaux, 2e éd., p. 215.

Nous sommes au milieu du mois de juillet, la température est très chaude, la pêche sportive tire à sa fin puisque l’eau de la rivière Richelieu est chaude et que les pêcheurs habituels se font rares. Par contre, moi, très tôt le matin, je pêche le malachigan, ce géant du Richelieu; l’an passé, j’en ai pris 60, et mon plus gros pesait 17 livres. Je m’en souviens encore aujourd’hui, car il m’avait fallu plus de 45 minutes de combat pour qu’il rentre dans mon épuisette. Quel spectacle! 1976, Québec Chasse et Pêche, août, p. 37-38.

 (Variantes).

 (Hapax). Maratchigan.

[...] le maratchigan e[s]t plus noir q[ue] l’attichan [= achigan] pour moy Je ny trouve gueres d’autre difference quoyq[ue] seurement ce ne soit pas la mesme espece de poisson, il est particulier a ces pays ou il ce pesche assez communement. 1675 env., L. Nicolas, Traitté des poissons, ANC, ms. 12223, fo [81].

 (Par étymologie populaire). VieuxMâle(-)achigan.

Le mâle-achigan ressemble à l’achigan, mais il est autrement plus fort et plus grand. On en prend quelques-uns autour de l’île Perrot. Ils sont fort nombreux à Manitoba, dans la Rivière-Rouge, la Saskatchewan. 1876, A.-N. Montpetit, dans L’Opinion publique, Montréal, 22 juin, p. 294.

Histoire

Depuis 1734 (ABMM, Alexis Lemoine dit Monière, no 966203, livre de comptes, 21 mai : 1 mal achigan); dès 1675 environ sous la variante maratchigan. Mot provenant de dialectes algonquiens* où la seconde consonne du mot peut connaître une variation entre [l], [r] et [n]. A été relevé dans la langue algonquine à la fin du XIXe s. sous la forme mâlachigan, variante de mânachigan « achigan laid, difforme » qu’on a prétendu être lui-même composé d’un élément man- exprimant l’idée générale de « mal », et de achigan (v. Baraga s.v. mânashigan et mân, CuoqAlg s.v. acigan, manacigan et man-, Lemoine s.v. achigan; v. aussi ChambAlg 669); cette interprétation étymologique explique que le malachigan ait parfois été considéré, mais à tort, comme une variété d’achigan mal conformé ou au dos mal formé (v. Clapin 358 et DQA 1993). Pour la variante ancienne maratchigan, cp. miarachigan « grosse brème », relevé vers le XVIIIe s. dans la langue folle-avoine, langue algonquienne de la région des Grands Lacs (d’après FarNF 827). La variante mâle(-)achigan est probablement due à une réinterprétation de mâlachigan d’après le français mâle, par étymologie populaire (v. notam. CuoqAlg 12, ChambEtym 102 et Clapin 359). Le mot malachigan est passé à l’anglais canadien (dès 1793), mais il y paraît inusité de nos jours (v. DictCan).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Malachigan. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 1 novembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/malachigan