LUETTE [lyɛt]
n. f.
VieilliSe mouiller, se rincer, s’arroser la luette : prendre un verre, boire.
Rem.1. Dans ces expressions, luette est parfois remplacé par les variantes aluette et alouette (voir Histoire). 2. L’expression équivalente de nos jours est se rincer le dalot (fam.).
M. le curé se mit à rire. Nous allons, dit-il, goûter à la bière du sieur Talon. Et ce disant il nous invita à nous rafraîchir... avec modération! – Vous avez assez parlé, je crois, pour ne pas vous refuser de vous mouiller la luette! 1891, J. Amusart, Causons du pays et de la colonisation, p. 87.
Mais à peine étions-nous sortis de la neige que voilà Baptiste qui commence à sacrer comme un possédé et qui déclare qu’avant de repartir pour la Gatineau, il veut descendre en ville prendre un verre. J’essayai de raisonner avec lui, mais allez donc faire entendre raison à un ivrogne qui veut se mouiller la luette. 1900, H. Beaugrand, La chasse-galerie, p. 30.
Tout le monde se mouille la luette [...] mais à la fin de la belle veillée, y en a qui l’ont bien que trop mouillée. 1970, East-Angus (Compton), AFEUL G. Bernier 100 (chanson) (âge de l’informateur : n. d.).
Histoire
Depuis 1891. Emploi qui n’est pas inconnu en France, mais qui ne figure que dans TLF (avec la mention « rare » et illustré seulement par un exemple du XIXe s.). La variante aluette, qui résulte de l’agglutination du a de la dans la luette, a été relevée en français des XVIe et XVIIe s. ainsi que dans les parlers tourangeau et lyonnais (v. FEW ūva 14, 90a); la variante alouette, relevée en français du XVIIe s. (dans alouette de la gorge) ainsi que dans les parlers du Nord et du Centre (ibid.), est peut-être due à un calembour d’après le nom de l’oiseau.