ACOUSTIQUE [akustik]
n. et adj.
n. m. ou f. (Emploi critiqué). Partie d’un appareil téléphonique filaire qu’on applique sur l’oreille pour écouter; la partie mobile réunissant l’écouteur et le microphone.
2022, TLFQ, Acoustique d'un téléphone public [photo].Accrocher, décrocher, raccrocher l’acoustique. Prendre, tenir l’acoustique.
SYN. (Surtout dans la langue soignée) récepteur, combiné; vieillicornet.
« Charles, appela M. Gélinas, de sa voix blanche, à travers la porte entre-baillée [sic] de son cabinet vitré, viens donc au téléphone ». Un peu interloqué et agacé, Charles, dont l’humeur farouche est proverbiale parmi ses camarades, se porte à l’assaut, se demandant furtivement qui venait ainsi l’attaquer en plein midi… Craintif, comme les timides de son espèce, il saisit l’acoustique et de son ton le plus brave, répond : – « Hello! » 1913, Jaqueline, La Brodeuse de Dragons, La Bonne Parole, août, p. 7.
Lundi, le 13 avril courant, la Compagnie de Téléphone Bell fera l’inauguration d’un nouveau système de service de longue distance, entre St-Hyacinthe et Montréal seulement. […/] Jusqu’à présent, lorsque vous désirez parler à Montréal, vous commencez, n’est-ce-pas [sic], par décrocher l’acoustique et vous demandez à l’opératrice de vous donner « Longue-Distance ». Longue-Distance prend votre ordre et vous rappelle […] pour vous dire que la personne est prête et que vous pouvez parler. 1925, Le Clairon, Saint‑Hyacinthe, 10 avril, p. 4.
Ah! dit le chef Sherlock Lemire en raccrochant l’acoustique [...], voilà un autre meurtre incompréhensible qu’il va falloir classer. 1929, Le Goglu, Montréal, 18 octobre, p. 3.
Tout le monde sait que c’est pour elle le moyen rêvé de mieux « écornifler » dans la vie d’autrui. Elle connaît par cœur la signalisation de chacun des quatorze appareils du village. « Trois longs, un court, c’est le maire! » Et elle se précipite sur l’acoustique où elle colle avidement l’oreille. 1978, B. B. Leblanc, Les trottoirs de bois, p. 108.
Plusieurs fois donc, j’ai dû passer par le poste des infirmières, parce que mon interlocuteur au bout du fil était un patient pas trop lucide, qui me mentait, m’avait raccroché au nez, avait entamé une conversation sans queue ni tête ou avait simplement laissé l’acoustique se balancer entre ciel et terre... 2003, S. Bergeron, La Tribune, Sherbrooke, 21 juin, p. A3.
(Variante par aphérèse). Coustique n. f. (voir p. ex. Lavoie 1740).
adj. (Emploi critiqué). Tuile acoustique : carreau insonorisant, à surface perforée, dont on recouvre le plafond, les murs d’une pièce, d’un local.
Rem.On a suggéré de dire plutôt carreau d’insonorisation, carreau ou panneau insonorisant.
Dans les provinces de Québec et d’Ontario, où il n’y a pas de charbon, il ne fait pas de doute qu’un pareil produit [la laine minérale] serait en grande demande, vu ses propriétés comme matériel d’isolement contre le chaud et le froid. Il peut s’utiliser sous toutes les formes, libre, lié, travaillé, – pour des fins nombreuses […] et comme principal ingrédient dans la composition de la tuile acoustique employée dans les bureaux, les cinés et les auditoria [sic]. 1931, La Presse, Montréal, 20 août, p. 24.
Tuiles acoustiques « Random » [/] Perforations à motif irrégulier – Bord uni ou embouveté. Préfinies, prêtes à poser. 1960, La Presse, Montréal, 28 octobre, p. 25 (annonce).
Travail demandé [titre] Artisan, peinture, tapisserie, décapage et réparation de meubles, posage de tuiles accoustiques [sic], liège, prélart, panneaux de contre-plaqué, lavage de murs, plafonds, tapis. 1985, Le Journal de Québec, 14 avril, p. 17 (annonce).
Les inspecteurs […] qui ont inspecté la cafétéria, la cuisine et la laverie du bâtiment au cours des tout derniers mois tirent des constats peu ragoûtants : « taches jaunâtres sur plusieurs tuiles acoustiques du plafond de la cafétéria », pièges à insectes garnis de cadavres et empoussiérés, ainsi que pattes de comptoirs « encrassées » étaient au menu, entre autres. 2016, P. Teisceira-Lessard, Le Nouvelliste, Trois‑Rivières, 29 juillet, p. 16.
Cette plante [le chanvre], aux multiples fonctions, sert pour fabriquer des cordages, des voiles, des tuiles acoustiques, des huiles, des produits de construction et de la litière. 2018, J.‑P. Fabien, Le Sentier : journal communautaire de Saint‑Hippolyte, novembre, p. 23.
Histoire
1Depuis 1895 (FréchCorr‑79). Résulte de la substantivation de l’adjectif acoustique « qui concerne la perception des sons (en parlant de divers appareils, p. ex. un cornet) », relevé en français depuis Trévoux 1752 (v. TLF; v. aussi FEW grec Akoustikos 24, 277b) et attesté dans le domaine de la téléphonie dès 1878 dans le composé cornet acoustique, dont l’emploi québécois acoustique pourrait découler, par ellipse : Nous avons déjà dit que le téléphone consistait, pour le transmetteur, en un cornet acoustique en avant duquel était une mince lame de fer, maintenue seulement par un de ses bords, et vibrant sous l’action de la voix humaine (Journal de l’instruction publique, vol. XXII, no 4‑5, p. 76). À mettre en parallèle avec d’autres emplois semblables attestés en français moderne, p. ex. acoustique n. m. « long tuyau en caoutchouc, terminé à chaque extrémité par un embout muni d’un sifflet avertisseur, et qui sert à porter le son à distance » (par ellipse de tube ou tuyau acoustique, v. Larousse 1928 et FEW id.), et « instrument qui sert à augmenter le son, que l’on utilise pour corriger la dureté de l’ouïe » (v. TLF). 2Depuis 1931; calque de l’anglais acoustic tile (v. Webster 1986). Cp. néanmoins panneau acoustique « matériau plat préfabriqué, de faible densité et de faible conductibilité acoustique » en français moderne (dans le vocabulaire de la construction; v. Larousse 1982 et TLF, s.v. panneau).