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ACHALER [aʃale]
v. tr. et pron.

Rem.

Variante graphique : achaller.

I
1

 v. tr. VieilliAttiser (un feu).

Achaler le feu dans le poêle.

 Par méton. Achaler le poêle.

La truie ronronnait comme un gros chat bien repu… il y avait de quoi! Emilien T., un vieil habitué de la forêt, l’avait achalée… Il avait si bien bourré et attisé la truie que ses flancs en étaient tout rouges. Inutile de te dire qu’il faisait chaud dans l’office. 1943, L’Action populaire, Joliette, 25 mars, p. [6].

v. pron. AcadieS’achaler : chauffer mieux (en parlant d’un poêle). (P. Poirier, « Glossaire acadien », Le Moniteur acadien, 19 mars 1925, p. 1).

 (Dérivé). Acadie(Îles de la Madeleine). VieilliAchale n. f. Quantité de bois servant à attiser le feu.

J’ai mis une grosse achale dans la fournaise. 1938, P. Hubert, La langue française aux Îles-Madeleine, Deuxième congrès de la langue française au Canada, t. 1, p. 62.

2

v. tr. et pron. Fig., vieuxTromper, leurrer (qqn).

Rem.Dans ce sens, l’emploi transitif était encore bien documenté au Québec au début du XXe s. (d’après FSPFC).

Tu ne voulais pas me croire quand je te disais que ce gouvernement que t’aime [sic] tant et qui ne te rend pas la pareille ne fesait [sic] rien pour le pauvre peuple, depuis que Papineau ne se mêlait plus de l’asticotter [sic] sur le chapitre des respectables et honorables employés officiers publics comme nous. Tu voulai-t-être loyau [sic] à plein parce que tu croyais que le gouverneur voulait le bien de ce pays; je ne t’en veux pas pour ça; permis à tout le monde d’être imbécile sur c’t’article‑là; mais si t’avais t’eu comme moi un brin de comprenure t’aurait [sic] ben vu que tout ça n’était que de l’humbug pour achaler le canadien. 1841, Le Fantasque, Québec, 13 septembre, p. 467.

Masson : La question la plus importante qui doit nous occuper aujourd’hui, c’est celle de la protection. On a fait nos élections avec ça et il s’agit maintenant de ne pas blaguer le public. Johnny : Tiens, la protection, je ne l’ai pas sur moi! Où diable, l’ai‑je mise? Baby : Ne venez donc pas nous achaler, vous l’avez dans votre poche. 1878, Le Canard, Montréal, 14 décembre, p. [2].

Cet homme s’est fait achaler dans cette affaire. 1909, N.‑E. Dionne, Le parler populaire des Canadiens français, p. 7.

Viens donc pas m’achaler = n’essaie pas de me tromper. 1930, La Société du parler français au Canada, Glossaire du parler français au Canada, p. 12.

Je me suis achalé [= me suis trompé] dans cette affaire‑là. 1930, La Société du parler français au Canada, Glossaire du parler français au Canada, p. 12.

II
1

v. tr. (Sujet inanimé). Fam.Incommoder (qqn); contrarier, tracasser (qqn).

La chaleur, le froid m’achale. Il y a quelque chose qui m’achale dans toute cette histoire. (Avec le pronom ça neutre comme sujet, souvent dans des tournures négatives). Ça l’achale de magasiner. Ça m’achale pas. C’est pas ça qui m’achale.

Rem.Encore usuel dans le français régional du Nord‑Ouest de la France (voir DRF).

  bâdrer.

– Coudonc, dit Sirop en rapetissant ses yeux pour mieux lire, les contestations [des élections] sont faites! [...] – Quoi c’est, ça? demanda à son tour Flannellette. – C’est une façon de dire aux gagnants : « Pas vrai, t’as pas gagné, j’veux pas crier onqueul [= angl. uncle] ». – Oui, mais ça les empêche pas d’être des gagnants pareil, ajouta Popeline. – Non, mais ça les achalle. 1931, Le Goglu, Montréal, 9 octobre, p. 7.

La société nous met toute sous les yeux; toute ce qu’y a de beau sous les yeux. Mais allez pas croire qu’a fait rien que nous le mettre sous les yeux. Ah! non. A nous conseille d’acheter aussi. On dirait qu’a peur qu’on soye pas assez tentés. Ça fait donc qu’a nous achale pour qu’on achète ses bebelles. Ouvrez le radio un petit brin; et qu’est-ce que vous entendez? 1945, G. Roy, Bonheur d’occasion, p. 75.

Le chef du gouvernement provincial, pour se débarrasser le plus tôt possible d’une question qui l’achallait, s’est empressé de dire que s’il était capable d’envoyer la Commission des Liqueurs au pôle sud qu’il le ferait avec plaisir. 1952, Cl.‑H. Grignon, Le journal de Claude‑Henri Grignon, 3 février, p. 4 (radio).

Pis, en fin de semaine, il y avait des touristes qu’on appelait, les gens qui travaillaient et qui venaient donner un coup de main la fin de semaine. Ils venaient plutôt nuire, parce qu’ils savaient pas planter un clou, pis ça, ça m’enrageait. Encore aujourd’hui, quelqu’un qui vient planter un clou croche devant mon nez, si je bâtis un écart, ça m’achale, alors c’était la même chose dans ce temps-là. 1964 env., Montréal, AFEUL, P. Perrault 1224 (âge de l’informateur : n. d.).

Greffier, lisant plus vite : ... les projets de changements de destination ou d’usage d’un immeuble [...]. Pinkerton, s’approchant : Would you please translate? [...] Olivier, moqueur : M. Ouellette, vous êtes fort en anglais... Ouellette : ... projects for changes of the destination or use of an immovable [...]. Citoyen II : Pense pas qui est pas bon, not’ Ouellette! Citoyen I : L’anglais lui, ça l’achalle pas! 1970, Fr. Loranger, Medium saignant, p. 43.

Quand je suis dans une relation où la fille est en amour et pas moi, ce qui m’achale là‑dedans, c’est que cette sorte de relation me renvoie des images de moi que je n’aime pas : le fait d’avoir créé une dépendance, quelque chose que je n’assume plus. 1979, Châtelaine, mars, p. 124.

« [...] Vous allez me décrire en vingt-cinq lignes les raisons du départ de sœur Sainte-Catherine. Inventez des histoires, faites aller votre petit cerveau [...]! » Les fillettes avaient commencé par se regarder avec un air de doute puis l’idée [...] avait fait son chemin et même Diane Beausoleil avait fini par trouver un certain plaisir à sonder ce mystère qui les achalait toutes. 1980, M. Tremblay, Thérèse et Pierrette à l’école des Saints‑Anges, p. 125‑126.

Honoré : Vous êtes sûre que çà vous achale pas que j’resse? Après c’que j’ai dit, j’comprendrais, rapport à vot’réputation... Marianna : Tu-tut-tut Honoré, pas question qu’vous partiez! 1981, M. Laberge, C’était avant la guerre à l’Anse à Gilles, p. 94.

On venait de franchir une étape importante du cauchemar d’être sobre dans un party de bureau. C’est lorsque les autres s’aperçoivent qu’un des leurs les voit devenir épais et qu’il ne le devient pas lui‑même. Ça les achale. Ils ne veulent pas que quelqu’un soit capable de se souvenir de tout ce qui s’est passé. Alors ils essaient de le saouler. 2000, S. Laporte, La Presse, Montréal, 3 décembre, p. A5.

J’ai l’air climatisé et une piscine à la maison alors je ne me fais pas achaler par la chaleur. 2002, La Seigneurie, Boucherville, 27 juillet, p. 6.

Ça aussi, ça m’achale. Tu es bronzée, toi. Un splendide brun doré qui s’harmonise avec ton beau maillot à la mode que tout le monde veut, mais que personne ne sait où acheter. Tu es bronzée comme une saucisse à hot dog qu’on a laissée sur la braise juste assez longtemps, avant qu’elle commence à croûter. 2018, R. Bonenfant, La fois où j’ai écrit un livre, p. 102.

Dans le milieu littéraire, ce qui m’achale, en ce moment, c’est que les petites librairies sont en danger, je trouve. Les grandes surfaces […] vendent les livres moins chers; ça nuit aux librairies et à ceux qui veulent vivre du livre. Le livre est fragile. Il n’y a plus autant de gens [qu’avant] qui achètent des livres. 2021, Le Droit, Ottawa-Gatineau, 7 août, p. M5.

Fig.

[...] Vous connaissez toutes les roueries du jour et des nuits d’été : si le temps est bas, si les chats bâillent, si les mouches collent, si les poules s’épluchent, si les canards s’épivardent, si les hirondelles frôlent les rigoles, si le vent est las, si la lune achale les nuages, si les étoiles boudent, si le ciel s’emprisonne dans le noir, il mouillera longtemps. 1981, B. Lacroix, Quelque part en Bellechasse, p. 32. 

(Employé absol.). Rare

Cette décision a été l’aboutissement d’une longue réflexion, raconte‑t-elle. […] Le climat politique actuel et la crise de confiance à l’endroit des politiciens n’a pas pesé dans la balance […]. « Ça achale, ça finit par taper sur les nerfs, mais ça n’influence pas ma décision. » 2013, Le Soleil, Québec, 17 janvier, actualités, p. 4.

v. pron. VieuxS’achaler : avoir honte. (FSPFC, GPFC; repris dans Bergeron).

 (Dérivés). (Hapax). Plais.Achalation n. f. (voir achalement).

Dans cette même chaleur, les médecins ont eu à se prononcer sur un drôle de cas. Un vénérable vieillard a perdu subitement connaissance, vite chercher un médecin, qui déclare que c’était le choléra du village; mais il […] envoie chercher un deuxième qui dit que c’était un cas d’insolation. […] Les deux médecins se consultent et décident d’envoyer chercher un troisième qui arrive nu‑pieds, nu‑tête et déclare que c’était un cas d’achalation, dû à son collet et à son pantalon. De suite de faire partir le collet et de fendre la culotte du bonhomme, par derrière, ce qui lui a permis de respirer plus à l’aise, et il a vite repris connaissance […]. 1897, Le Canard, Montréal, 14 août, p. 7.

 VieilliAchalement n. m. Malaise, fatigue causé (à qqn), surtout par une chaleur excessive.

Rem.Relevé dans plusieurs régions du Québec au cours d’enquêtes menées au début du XXe s. (FSPFC); ne figure que dans des glossaires et des études sur le français canadien.

 VieilliAchalerie n. f. Ennui, embarras.

Rem.Relevé dans quelques régions du Québec au cours d’enquêtes menées au début du XXe s. (FSPFC); figure essentiellement dans des glossaires.

2

v. tr. (Sujet animé). Fam.Déranger, ennuyer, importuner (qqn).

Achaler qqn avec ses problèmes. Achaler qqn pour avoir qqch. Achaler sa sœur, son frère, ses parents. Se faire achaler par des vendeurs. Viens (donc) pas m’achaler! Arrête (donc) de m’achaler. Commence pas à m’achaler. Achale‑moi pas!

SYN. tanner.

Rem.Encore usuel dans le français régional du Nord‑Ouest de la France (voir DRF).

   bâdrer.

Je descendis donc le village, pour voir le prisonnier en question [...]. Il était alors dans un waggon, devant la porte du Dr. Nelson. Le Dr. Nelson empêchait le monde d’entrer, en disant: « n’entrez pas ici pour l’achaler. » 1839, Procès politique : la Reine vs Jalbert, accusé du meurtre du lieutenant Weir, p. 6 (Corpus Dulong).

Joly : La grande question aujourd’hui c’est de ne plus se laisser achaler par les bleus. Ce qu’il nous faut c’est du « cash » pour les élections. Il me semble qu’il y [a] assez longtemps qu’on est au pouvoir et qu’on doit être assez fin pour trouver un fonds électoral. Voyons Langelier, dans ton département n’aurais‑tu pas quelques limites à vendre dans les concessions du Nord[?] Langelier : Mes prédécesseurs ont vendu toutes les terres en bois debout, il faut attendre que les arbres repoussent. 1878, Le Canard, Montréal, 27 avril, p. [2].

S’il croit que je vais me faire achaler tous les jours par son monsieur Galt, il se trompe joliment. 1880, Le Vrai Canard, Montréal, 4 septembre, p. 2.

[...] comme j’peux rien faire pour lui, j’vas prier la sainte Vierge ben fort pour qu’à l’aide. A va être obligée de l’aider, j’vas te l’achaller assez! A peut pas lâcher un p’tit gars comme lui! Non, a peut pas. 1948, A. Giroux, Au delà des visages, p. 58.

« Hé! C’est la grève de la construction, descends de là », ont crié les grévistes au peintre. « Achalez‑moi pas ou bien je vais vous vider ma chaudière de peinture sur la tête », a répondu le peintre toujours occupé à frotter son pinceau contre la maison. 1970, Le Nouvelliste, Trois‑Rivières, 29 juillet, p. 3.

On va la prendre d’assaut, la Toune. [...] On va s’imposer, plus d’affaire de s’offrir au bout d’une perche longue. On va déranger, ennuyer, solliciter. On va l’achaler jusqu’à tant qu’elle abandonne et s’abandonne. On va l’user. On va la suivre partout, occuper tout le temps toute la place à côté d’elle; on va jouir d’elle malgré elle. 1973, R. Ducharme, L’hiver de force, p. 171.

Mais est toujours comme ça, madame Brouillette. A commence toujours à nous conter des affaires, pis à les finit jamais. Est pas capable, on dirait. A nous en dit jamais assez pour qu’on soye capables de la consoler. « Excusez-moé, j’voulais pas vous achaler avec ça... » « Ben voyons donc, madame Brouillette, vous nous achalez pas pantoute. » 1973, M. Tremblay, C’t’à ton tour, Laura Cadieux, p. 48.

La première cuite de pain que j’ai faite, oui, il m’est arrivé une maudite affaire! J’étais après cuire du pain, et puis, je manque ma cuite. Il était onze heures du soir. Et puis, c’était la première cuite que je faisais. Et puis, ça levait pas pantoute. Je coupais ça, moi, puis je charriais ça à la brassée, et puis je rencontre le boss, face à face, avec une brassée de pâte. Il dit : « Qu’est-ce que tu fais là? » J’ai dit : « Je vais jeter ça [...], baptême, je l’ai manquée! Puis, j’ai dit : « si t’es pas content de moi, j’ai rien qu’à saprer mon camp », puis j’ai dit : « achale-moi pas parce que ça sera pas drôle! » 1975, Québec, AFEUL, J. Dufresne 3 (âge de linformateur : n. d.).

Il gardait ses rancœurs pour lui et n’en disait rien à Mathilde. « J’ai pas d’affaire à l’achaler avec mes affaires de famille. » 1992, B. Renaud, Un homme comme tant d’autres, t. 1, p. 178.

Je n’ai rien contre les squeegees. Même que je les trouve plutôt sympathiques. La première fois que j’en ai vu un, j’étais presque excité. Je trouvais ça cool. Branché. Ça faisait New York. Mais là, ça ne m’excite plus. Ça fait Brossard. Bref, je suis comme tous les automobilistes, je n’ai rien contre les squeegees, en autant qu’ils ne viennent pas m’achaler, moi. Qu’ils achalent les autres automobilistes, c’est parfait. Mais pas moi. J’ai pas le goût. J’ai pas le temps. 1999, S. Laporte, La Presse, Montréal, 26 septembre, p. A5.

Honnêtement, je n’ai pas été intimidée à l’école. Mais, il est arrivé une fois qu’une fille au primaire me dise que je parle comme un robot. Après, c’est certain que j’ai pleuré. Quand je suis arrivée à la maison, j’ai dit à mes parents ce qu’elle m’avait dit et je leur ai demandé ce que je devrais faire. Mes parents m’ont dit : « Tu vas la revoir demain et tu lui expliques ta surdité pour qu’elle comprenne ton incapacité et qu’elle sache ce que tu vis. Et tu lui dis que tu aimes mieux être sourde que d’entendre ses niaiseries ». C’est ce que j’ai fait et après, elle ne m’a plus achalé[e] avec ça (rires)! 2021, Express‑O, Drummondville, vol. 15, no 3, p. 3.

 (Variante). RareEnchaler (PPQ 2275; pour l’Acadie, Mass no 1780).

 (Dérivé). Rachaler v. tr. Achaler de nouveau.

– [...] j’voulais te d’mander... Frank, i t’laisse‑tu tout l’temps tranquille au restaurant? – Oui. D’pus qu’tu y as parlé, i m’a pus jamais r’achalée1974, R. Plante, La débarque, p. 74.

Histoire

Achaler est un dérivé dialectal de chaler, variante de l’ancien verbe chaloir « chauffer » qui est attestée dans les parlers du Nord‑Ouest et de l’Ouest de la France (v. FEW calēre 2, 82b); chaloir est lui‑même issu du latin classique calēre « être chaud, avoir chaud » et, au figuré, « s’échauffer pour qqch. » (BW5, s.v. chaland). Certains patois galloromans attestent par ailleurs des formations avec le préfixe en‑ à la place de a‑ (cp. antchali en Suisse et enchalé dans le Poitou, v. FEW 2, 83a); les variantes morphologiques avec en‑ sont rares en français québécois et n’ont jamais concurrencé sérieusement les formes en a‑.

I1Depuis 1855 (DictBarb; mais dès 1746 sous la forme adjectivale achalé, v. ce mot, sens I.1). Cet emploi est un héritage des parlers du Nord‑Ouest et de l’Ouest de la France : cp. le sens de « causer, développer de la chaleur; chauffer », relevé dans des parlers poitevin et saintongeais (v. Mass no 85, ÉvSaint et MussSaint), de même que achaler un four « y faire la première fournée, le réchauffer », dans un parler poitevin (v. BeauchPoit). En outre, l’emploi acadien s’achaler « s’animer (en parlant d’un feu) » (depuis 1925) a été signalé en poitevin (v. LalPoit, s.v. achalai, et RoussPoit2). Le dérivé acadien achale, depuis 1938 (HubÎM 62; v. aussi NaudÎM 1999 : « Ce mot n’est pratiquement plus utilisé aux Îles »). 2Depuis 1841. Cet emploi paraît être une innovation québécoise (v. cependant LaFCan 119, où l’on affirme qu’il serait d’origine saintongeaise). Il pourrait s’agir soit d’une extension du sens d’« attiser (un feu) » (I.1), soit d’une spécialisation de celui de « déranger, importuner (qqn) » (II.2). Cp. néanmoins achalandai « flagorner qqn, avec l’intention de le tromper », relevé en poitevin (v. FEW 2, 83b; ce mot se rattache à achalander « fournir des clients à », attesté en français depuis 1549, mais vieilli aujourd’hui, v. TLF).

II1Depuis 1902 (BPFC 1/3, p. 48). Cet emploi découle du sens d’« accabler, incommoder (en parlant de la chaleur) », lequel a été recueilli dans des parlers de l’Ouest et du Nord‑Ouest de la France (Anjou, Poitou, Touraine) de même qu’en Acadie et en Louisiane (v. CormMauges, LalPoit, s.v. achalai, MinVienne1, et DavTour; v. Mass no 85, DitchyLouis, DLF, HickmJeff, de même que HurstStCh, qui relève achalé « accablé de chaleur »); l’acception particulière de ces parlers est du reste incluse dans l’usage québécois, qui est plus large. S’achaler est attesté dans certains parlers de France, mais dans des sens différents de celui qui a été relevé en français québécois : cp. le sens de « s’échauffer », en Bretagne et dans le Poitou, celui d’« être accablé de chaleur », en Vendée, et celui de « se laisser aller à la mollesse, à l’inaction sous l’effet d’une douce tiédeur ou d’une chaleur accablante », en Touraine (v. FEW 2, 83a, Mass no 85, DagRéfl 107, DavTour). Le dérivé achalement, depuis 1905 (d’après FSPFC). Le dérivé achalerie, depuis 1881 (Manseau). 2Depuis 1839. Cet emploi vient des parlers du Nord‑Ouest, de l’Ouest et du Centre de la France, où il a été largement répandu (v. DuPAng, VivNant, MontMaine3, DudPerch, VerrAnj, LalPoit s.v. achalai, MinVienne1, DavTour, LepBNorm; v. aussi FEW 2, 82b, où devrait figurer également achaler « ennuyer qqn », classé par erreur, avec quelques autres mots de la même famille, sous l’ancien francique *skala, v. FEW 17, 82b); il est aussi relevé en Acadie (v. CormAcad) et en Louisiane (v. DLF). Il découle du sens d’« échauffer », bien attesté dans les parlers du Nord‑Ouest et de l’Ouest de la France (v. FEW 2, 82b‑83a). Bien qu’il figure dans certains dictionnaires généraux au XIXe s. (v. Laveaux 1820 « Ce mot n’est pas ou n’est plus français », Boiste 1834, AcCompl 1836, Raymond 1835 « vieux », Landais 1853 « vieux t[erme] encore usité dans l’ouest »), ce dialectalisme n’a jamais appartenu à la langue commune; il ne s’agit donc pas vraiment d’un archaïsme comme on l’a suggéré dans certains ouvrages québécois (v. SylvLitt 212, ChantProbl 52, BélHomme1 72). La variante enchaler, depuis 1971 (PPQ 2275; dès 1946, en Acadie, Mass no 1780), est aussi relevée en Louisiane (v. DLF). Le dérivé rachaler, depuis 1971 (enq., FTLFQ).

   achalageachalant, achalanteachalanterieachalé, achalée.

Nouvelle entrée de la deuxième édition

Dernière révision : octobre 2022
Pour poursuivre votre exploration du mot achaler, consultez notre rubrique Saviez-vous que et visionnez notre capsule vidéo Dis-moi pas!? sur le site Web du Trésor de la langue française au Québec
Trésor de la langue française au Québec. (2022). Achaler. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 3 octobre 2024.
https://www.dhfq.org/article/achaler