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AD LIB [adlib]
adj. invar., adv. et n. m.

Rem.

Variantes graphiques : ad-lib, ad lib. (avec un point).

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adj. inv. Qui est exprimé, interprété avec une bonne part d’improvisation, au gré d’une certaine forme de fantaisie, de spontanéité.

Comédie, théâtre ad lib.

 adv.

Jouer, répéter ad lib.

Il s’est passé une chose bien curieuse [dans un studio où était produit un radioroman], ma p’tite dame! Germaine, la jeune garde-malade amoureuse tançait d’importance la cruelle amie du malade : tout à coup, le drame devient noir au point qu’on ne voit plus rien dans le studio. Horreur, épouvantable horreur! Germaine, au micro, vaillamment tient le coup! Elle continue à morigéner sa rivale… ad lib! 1947, Radiomonde, Montréal, 16 août, p. 11.

Plusieurs faux-intellectuels [sic] avaient regimbé à l’annonce qu’Olivier Guimond paraîtrait à la TV dans un sketch ad‑lib. Ils doivent avoir aujourd’hui la mine bien basse. Car jamais un sketch télévisé n’a fait autant rire que celui d’Olivier Guimond dimanche soir. 1956, Radiomonde et télémonde, Montréal, 19 mai, p. 20.

Un soir, il [Jean Duceppe] vint nous voir jouer au National et, dans les coulisses, il s’empressa de nous féliciter, à peu près en ces termes : « Votre public est la classe ouvrière, le plus beau, le plus sincère, le plus spontané de tous et vous jouez ‛ad lib’ (sans textes), durant des heures, avec un timing que n’auront jamais les plus grands comédiens qui ne pourront jamais accomplir un tel exploit ». 1963, Télé‑radiomonde, Montréal, 23 février, p. 13.

– Le vaudeville c’est la même chose que la comédia del arte [sic]. En fait, ce sont des canevas. Tu sais quand tu rentres mais tu ne sais pas quand tu sors. T’as une idée de base, un sketch. Après c’est du théâtre ad lib. – Pour la télé il doit y avoir tout de même plus de préparations et moins d’improvisations? – Il y a à peine de différences. On connait les grandes lignes mais c’est surtout du texte ad lib. 1969, La Presse, Montréal, 26 juin, p. 10.

Les drames étaient tous appris. La comédie, elle, demeurait ad lib. Il y avait l’idée initiale et le « punch » de la fin. Le reste était improvisé. 1978, Ph. Laframboise, La Poune, p. 96.

Le « comic », qui était en quelque sorte « toujours en évidence puisque c’est lui qui avait les rires, la publicité, la popularité et l’argent », avait cependant besoin, pour jouer pleinement son rôle dans le sketch et la comédie burlesque, d’un partenaire : le « straight » ou faire-valoir. Ensemble, ils formaient un couple qui pouvait s’apparenter à celui constitué au cirque par les clowns rouge et blanc. L’interdépendance de ces personnages clefs, sur qui reposait l’armature de la comédie ad lib., [...] fonctionnait selon un très élémentaire principe d’opposition [...]. 1981, Ch. Hébert, Le burlesque au Québec, p. 124.

[Le] directeur de la télévision, présentait hier son équipe et la nouvelle formule de bulletins de nouvelles. [...] Dans un nouveau décor, on adoptera un ton « ad lib », beaucoup plus décontracté, annonçait-il. 1989, Le Soleil, Québec, 1er septembre, p. C1.

« Ce rôle me permet de jouer ad lib et aussi, d’adapter le jeu selon les réactions de la salle », ajoute-t-il [le comédien Claude Michaud]. 1991, La Tribune, Sherbrooke, 8 octobre, p. A8.

Une présentation vivante en lectures, commentaires et réflexions sera suivie de discussions ad lib. 2019, Accès : le Journal des Pays‑d’en‑Haut, Saint‑Sauveur, 23 octobre, p. 3.

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n. m. Forme d’interprétation caractéristique du théâtre burlesque qui repose essentiellement sur l’improvisation, qui laisse beaucoup de place à la fantaisie, à la spontanéité des acteurs; par ext. forme d’animation ou de présentation reposant pour une large part sur l’improvisation.

On dit que les comédiens de l’Arcade se sont payés [sic] la tête des gens, l’autre semaine. On dit qu’ils ne savaient pas leur rôle, même le jeudi soir. On dit qu’ils se sont permis du « ad lib » intempestif. On dit que… mais on dit tant de choses, n’est-ce pas?... 1945, Radiomonde, Montréal, 16 juin, p. 7.

Les sketches sont enfantins pas drôle du tout et les comédiens ne font que du « ad‑lib », ça se sent. Ça fait genre « séance de salle paroissiale ». Ce temps est révolu. Qu’on nous donne de la qualité. 1966, Télé‑radiomonde, Montréal, 1er octobre, p. 14.

Il semble que les gags de Jean-Pierre Coallier à « Métro-Matin » ne sont pas appréciés de tous. On veut lui conseiller de ne plus faire de « ad lib ». 1967. Télé‑radiomonde, Montréal, 11 février, p. 14.

Il n’était pas question de donner une réplique exacte; les comédiens avaient la liberté de donner libre cours à leur imagination en développant chez eux le sens du ad lib. 1973, J. Grimaldi, Jean Grimaldi présente, p. 65.

De sa voix grave, étonnamment puissante, elle [Rose Ouellette, dite « La Poune »] s’exprime en phrases lapidaires, savamment rythmées pour porter leur effet. Un style impossible à rendre par écrit. Comme le vaudeville d’ailleurs, un art fait d’improvisation et de sens du timing. « L’ad lib., dit-elle, c’est ça mon fort. » On vous donne votre rôle, une idée du « punch » final et allez, foncez sur la scène et faites-les rire. 1989, Châtelaine, août, p. 98.

Se voir confier la barre de Wizz était un cadeau rêvé pour [un jeune animateur], lui qui regardait les quiz télévisés en compagnie de sa grand-mère quand il était petit. « Ça me fascinait, même si je me rends compte maintenant du défi d’animer ce genre d’émission. Il y a beaucoup d’ad lib. Un artiste sait comment ça marche et joue le jeu, alors qu’un concurrent nerveux et compétitif peut te décontenancer. […] » 2002, La Tribune, Sherbrooke, 5 octobre, p. G3.

Histoire sans paroles mais qui peut donner lieu à tout un spectacle entre parent improvisateur et enfant complice […]. Surtout dans les dernières pages d’un bouquin où l’humour est à fleur de cases. Bien sûr, absence de paroles oblige, à moins d’avoir un « lecteur » autonome, ce livre muet demandera à l’adulte d’avoir le ad lib facile. Et l’acteur, pas trop loin sous la peau. 2006, La Presse, Montréal, 30 juillet, arts et spectacles, p. 2.

Pour chaque prestation hebdomadaire, on se sent obligé de préparer un PowerPoint, que les étudiants voudront par la suite obtenir à tout prix, en plus des notes de cours. Celui-ci doit donc être bien fait, esthétique, sans erreur. On doit le pratiquer également : un PowerPoint ne permet pas autant de flexibilité que le ad lib d’antan. 2017, D. Bélisle, « Cinq cours, c’est trop! », Bulletin de la FQPPU, Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université, vol. 2, no 2, p. 3.

Histoire

D’abord limité au domaine du spectacle, en partic. celui du théâtre burlesque, l’usage de ad lib s’est étendu à d’autres domaines, dont celui de l’animation radiophonique et télévisuelle. Sans lien direct avec l’emploi de ad lib. en français, qui a cours surtout dans le vocabulaire de la musique (« (adv.) au gré de l’exécutant, selon sa fantaisie; (n.) passage dont l’exécution est libre », v. TLF).

1Depuis 1938 (dans les indications scéniques d’un radioroman : v. É. Baudry, Rue Principale, 3 février, p. 4). De l’anglais américain (v. OED-Suppl 1972; AHD 1981, aussi s.v. extemporaneous; v. également CollinsR 1987, qui précise que le mot est employé dans le domaine du théâtre). 2Depuis 1945; de même origine (ibid.).

Dernière révision : septembre 2021
Trésor de la langue française au Québec. (2021). Ad lib. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 26 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/ad-lib