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SAGAMITÉ [saɡamite]
n. f.

Rem.

1. Souvent prononcé [sakamite] (voir Histoire). 2. Parfois au masculin.

  

Hist.Potage ou bouillie à base de farine de maïs, qui pouvait contenir de la graisse animale, de la viande, du poisson, des fruits, et qui était un mets important dans l’alimentation de plusieurs nations amérindiennes, notam. les Iroquoiens*.

Sagamité de blé d’Inde. Un plat, une chaudière de sagamité.

 Par ext.VieilliBouillie à base de farine de blé et de maïs.

 soupane.

Pour la Sagamité ordinaire, qu’ils appellent Ottet, c’est du Maiz cru, mis en farine, sans en separer ny la fleur ny les pois, qu’ils font boüillir assez clair, avec un peu de viande ou poisson, s’ils en ont, & y meslent aussi par fois des citroüilles decouppees par morceaux, s’il en est la saison, & assez souvent rien du tout [...]; c’est le potage, la viande & le mets quotidien [...]. 1632, G. Sagard, Le grand voyage du pays des Hurons, p. 140 (nombreux ex. dans cette source).

Je diray icy que les Sauvageais aimt fort la sagamité, le mot de Sagamiteou en leur langue signifie proprement de l’eau, ou du brouët chaud : maintenant ils estendent sa signification à toute sorte de potage, de bouillie, & choses semblables. La sagamité qu’ils aiment beaucoup, est faite de farine de bled d’Inde : au defaut de cette farine nous leur en avo[n]s quelquefois donné de la nostre de France, laquelle estant bouillie avec de l’eau, ne fait que de la colle. 1633, dans RJ 5, p. 96.

Ils [les Sauvages] tiennent que l’ame n’abandonne pas le corps aussi tost après la mort, c’est pourquoy on enterre avec le corps, arc, fleche, bled d’Inde, viande & Sagamite pour la nourrir en attendant. 1691, Chr. Le Clercq, Etablissement de la foy dans la Nouvelle France, t. 1, p. 273.

On fait avec la farine de blé-d’inde d’excellente bouillie mêlée avec du lait. On lessive la graine et on fait de la sagamité avec du lait [...]. 1831, Le Canadien, Québec, 21 mai, p. 2.

Il se fit, selon les circonstances, trappeur, chasseur, pêcheur, négociant, matelot, soldat, bûcheron. [...] Il connut l’hospitalité indienne, partagea avec des chefs la molle sagamité servie dans des écuelles d’écorce, fuma le pétun au moyen de longs bambous qui passaient de bouche en bouche [...] et oublia le goût du sel et du pain. 1933, A. Granbois, Né à Québec..., p. 17.

Hist.Repas festif, à la mode amérindienne, dont le menu principal était la sagamité.

Car il y a de ces écornifleurs, qui ne manquent point de venir à cette heure là, pour participer à nostre Sagamité1635, dans RJ 8, 1635, p. 112.

[...] quand ils estoient dans la necessité, le catechisme estoit suivy d’un petit festin ou sagamité pour soulager leur faim. 1642-1643, dans RJ 23, p. 312.

Histoire

Depuis 1632; mot d’origine montagnaise. La prononciation [sakamite] est attestée également dans le français de la Louisiane (v. ReadLouis, s.v. sacamité). On a souvent repris l’explication de Cuoq selon laquelle cet emploi résulterait d’une mauvaise interprétation de mots algonquiens signifiant « eau chaude » ou « eau bouillie » et qu’on a pris pour le nom du mets (v. p. ex. Clapin; v. aussi CuoqAlg 156 et Lemoine, s.v. eau). Le passage de 1633 tiré de RJ (ci-dessus) et les relevés anciens de Silvy (s.v. kikagamite8) et de Fabvre (s.v. kichagamite8 et Sagamite8) montrent cependant que le mot avait déjà le sens de « potage » en montagnais. Sagamité est attesté comme terme de relation dans les dictionnaires français depuis Fur 1727 (qui le relève chez Lahontan; v. aussi Littré et Robert 1985). Le mot a pénétré en anglais vers le milieu du XVIIIe s. sous diverses variantes, mais l’orthographe française s’y est peu à peu imposée (v. DictCan, Mathews, Webster 1986 et OED).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Sagamité. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 9 décembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/sagamite