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SAFE [sef]
adj. et adv.

Rem.

Variante graphique séfe.

I

adj. Pop.

1

Qui est en sécurité, en sûreté, à l’abri, qui n’a rien à craindre, ne risque rien.

– La fréquentation des auberges rend-elle un officier passible de destitution? – [...] La fréquentation des auberges rend un policeman passible de destitution, s’il passe par la porte de devant; mais s’il entre par la porte de côté (side door or family entrance) il est safe. 1902, Les Débats, Montréal, 4 mai, p. 2.

En tout temps, n’exposez que le côté droit de l’auto aux dangers d’accidents, car mieux vaut que la carcasse des autres soit endommagée et que la vôtre soit séfe. 1930, Le Goglu, Montréal, 24 janvier, p. 4.

– Dolbrac : [...] il va falloir fermer ton restaurant « Palace »... au moins pour quelque temps. [...] D’après ce que je sais, tu n’es plus en sécurité. – Clouet : Je ne suis pas « safe »? – Dolbrac : Non. La police tourne trop autour du « Palace ». Alors vaut mieux fermer avant d’être pris, n’est-ce pas? 1955, R. O. Boivin, Un docteur de chez nous, 19 avril, p. 2 (radio).

– La Grosse... c’est tout un numéro, la Grosse... [/] Il l’imite, d’une voix autoritaire, un peu nasillarde : – « Tu prendras garde au feu, là, Tit-Cul! [...] Oublie pas de mettre le matou dehors non plus, là. Si fallait qu’i’ pisse sus mes tapis, c’est ben simple j’t’étripe! » – Le matou y est safe, lui. I’ peut se laisser aller sus le chesterfield, pas de danger! On sait ben que ça va être de ma faute, pis que c’est moé qui vas manger le pinage. Maudit matou! 1982, B. B. Leblanc, Tit-Cul Lavoie, p. 26-27.

2

(En parlant d’un joueur de baseball ou de balle-molle qui cherche à parcourir le circuit des buts après avoir frappé la balle). Qui a droit au but qu’il tentait d’atteindre, par décision de l’arbitre.

Rem.On dit aussi sauf.

Hoffman frappe un coup simple et se rend au deuxième sur le sacrifice de Collins. Courtney marche, sur quatre balles. Hoffman est déclaré « safe » au troisième but, qu’il vient de voler. Décision très discutable. 1910, Le Devoir, Montréal, 20 mai, p. 3.

On avait formé au village une équipe de base-ball où tous les termes employés étaient naturellement anglais; et tous les dimanches après-midi on entendait l’arbitre, incapable par ailleurs de dire bonjour en anglais, hurler des « strike two », des « ball one » et des « safe » d’une voix glorieuse. 1938, Ringuet, Trente arpents, p. 221.

3

(En parlant de qqch.). Qui est sûr, qui offre toutes les garanties de sécurité nécessaires, qui ne présente aucun danger, aucun risque.

 Qui est assuré, certain.

– Q. : De quelle façon vous y preniez-vous pour accoupler les chars sur cette side-line-là [« voie d’évitement-là »]? [...] Sur une voie d’évitement comme celle dont vous venez de parler, est-ce que le travail est plus ou moins dangereux que sur une autre voie? – R. : Sur une voie droite, c’est safe. Sur une voie courbe, c’est toujours plus dangereux. 1915, Québec, BAnQQ, Cour d’appel (Québec), cause no 46, factum de l’intimé, p. 40-41.

Pas besoin de te dire que le métier de troubadour, dans ce temps-là, n’était pas aussi « safe » qu’une job du gouvernement, et la preuve c’est que les almanachs et les directories de l’ancien temps prétendent que plusieurs ont mal tourné. 1937, A. Bourgeois, Voyage autour du monde de Joson et Josette, 21 novembre, p. 1-2 (radio).

– Zézette : [...] J’ai assez hâte de te voir marcher avec ces grandes affaires-là moi! – Désiré : Non, sais-tu, j’ai changé d’idée. Je vas prendre mon char, puis on va mettre les deux pancartes chaque bord, puis je vas sonner mon klaxon dans toutes les rues [plutôt que de me promener monté sur des échasses]. – Mathilda : Ça sera pas aussi original. – Désiré : Non, mais ça va être plus safe! 1958, O. Légaré, Zézette, 9 août, p. 14-15 (radio).

J’attends pas ça, les chèques; ça c’est pas fiable. J’aime mieux du cash que du chèque; c’est plus safe. 1971, Montréal, Corpus Sankoff-Cedergren 105-273.

 (En parlant de qqn). Qui inspire confiance, qui est digne de confiance.

II

adv. Pop.Jouer safe : jouer serré (dans une compétition sportive p. ex.).

 Fig. Agir avec prudence, circonspection, ne pas prendre de risque inutile.

Avec l’argent de ma défunte mère, j’ai joué « safe ». Mais maintenant, je songe à vendre mes deux petites maisons [...]. Avec le « motton », je ferais construire une rallonge en haut, là où il y a le balcon. 1975, Cl. Jasmin, La Petite Patrie, 11 avril, p. 41 (télév.).

« Au début, on a voulu jouer trop ‘safe’, et cela n’a pas été bon... » Monsieur Dumas fait, ici, allusion à l’abondante musique de style James Last et des nombreuses chansonnettes françaises qui étaient le lot de la programmation musicale initiale... 1980, Le Journal de Québec, 27 septembre, p. 4A (suppl.).

On a joué au pool jusqu’à quatre heures et demie [...]. [...] Et puis les Italiens essaient rarement de rentrer une boule; ils cherchent plutôt à se les rapprocher patiemment du trou ou à te forcer à jouer safe ou à te placer le long d’une bande. Ça fait des parties longues... longues... 1990, La Presse, Montréal, 30 juin, p. C1.

Histoire

I1Depuis 1902; emprunt de l’anglais (v. OED et Webster 1986). 2Depuis 1910; de l’anglais américain (v. Mathews et WebsterW 1988). 3Depuis 1915; de l’anglais (v. OED et Webster 1986).

IIDepuis 1957 (Bélisle1; peut-être déjà en 1937, v. AnBann 9); d’après l’anglais to play safe (v. OED-Suppl 1982, s.v. play).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Safe2. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 2 décembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/safe-0