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VOLONTAIRE [vɔlɔ̃tɛʀ]
n. m.

Rem.

Variante graphique : (dans les textes anciens) vollontaire.

  

Hist.Immigrant venu en Nouvelle-France sans être lié par un contrat d’engagement et qui était libre de s’établir au pays ou de retourner en France.

Les engagés et les volontaires du pays. Venir au Canada comme volontaire.

 Par ext. Travailleur libre et sans qualification particulière, pouvant être né au pays, qui louait ses services pour remplir des tâches diverses; novice en apprentissage d’un métier sous la supervision d’un maître.

Compagnon volontaire, garçon volontaire. Travaillant volontaire, volontaire travaillant.

 (Spécial.). Péjor.Désœuvré, vagabond vivant en marge de la société et qui, souvent, s’adonnait à la contrebande des pelleteries avec les Autochtones.

 coureur de bois (sens 1).

L’arrest donné sur les mariages a esté enregistré, et faisant estendre l’intention du Roy j’ay fait ordonner que les volontaires (qu’a mon retour j’ay trouvé en assez grand nombre faisans le veritable mestier de bandis) seroient privez de la traitte et de la chasse, outre que par l’arrest ils le soit des honneurs de l’Esglize et des communautez si quinze jours apres l’arrivée des vaisseaux de France ils ne se marioient [...]. 1670, J. Talon, BAnQQ, Archives des colonies, Correspondance générale (Canada), vol. 3, fo 100.

Pour les layques, il faut bien permettre le trafic aux personnes establis dans le pais, et qui ont certains nombre d’arpans de terres deffrichées avec une maison ou qui y sont mariées, mais au contraire le deffendre a plusieurs volontaires qui n’estant engages au service de personne, ny a aucune habitation courent continuelement dans les bois avec les Sauvages pour attraper plutost leurs fourreures et leurs peaux d’elan, car ils empechent ainsi les sauvages de les venir porter aux habitans du pais, et dy recevoir en mesme temps la religion. 1671, un missionnaire, BAnQQ, Archives des colonies, Correspondance générale (Canada), vol. 3, fo 203.

Il a l’honneur [...] de luy marquer qu’il estime qu’il faut un ordre du Roy qui desfende la chasse aux volontaires dud[it] païs qui peuvent estre au nombre de trois a quatre cens. Ces volontaires sont gens vagabons, qui ne se marient pas, qui ne travaillent jamais au defrichement des terres, qui doit estre la principale application d’un bon colon, et qui commettent une infinité de désordres par leur vie licentieuse et libertine. 1672, le sieur Patoulet, BAnQQ, Archives des colonies, Correspondance générale (Canada), vol. 3, fo 274.

Pardevant le Notaire Royal de la juridiction royalle de Montreal resident au bourg de la pointe aux trembles soussigné [...] fut present Jean B[aptis]te Savarie fils de Pierre Savarie, garcon vollontaire natif de la pointe aux trembles de Quebec agé de dix sept ans [...], lequel a reconnue et confessé c’estre mis en apprantissage et service a commencér du cinq[uiem]e jour du mois de novembre prochain [...] au S[ieur] Jean B[aptis]te Couturier, metre menusier [...]. 1741, Montréal, AnqM, gr. Fr. Comparet, 18 octobre

En plus des noms, prénoms et âges, on leur demande de déclarer s’ils sont « habitants », c’est-à-dire fixés au pays, ou s’ils sont des engagés, liés par un contrat d’immigration, ou encore s’ils ne sont que des volontaires débarqués au Canada pour le temps qu’il leur plaira [...]. 1995, M. Trudel, La population du Canada en 1666, p. 56.

Par ext.

On appelle volontaire dans les campagnes ceux qui n’ont ni feu, ni lieu. 1866, Ph. Aubert de Gaspé, Mémoires, p. 429, n. 1.

Histoire

Depuis 1661 (ANQ-MBF, gr. Cl. Herlin, 8 juin : Louis La flotte, volontaire). Cet emploi découle du sens de « celui qui sert dans une armée sans y être obligé », relevé en français depuis Nicot 1606 (v. FEW voluntarius 14, 614a; ce sens est attesté en 1648 dans un document relatif à la Nouvelle-France, v. BAnQQ, Archives des colonies, Correspondance générale (Canada), vol. 1, fo 246 : Compagnie de volontaires). En parlant d’un travailleur libre, attesté depuis 1667 dans compagnon volontaire (BAnQQ, gr. R. Becquet, 3 décembre); garçon volontaire (beaucoup plus fréquent), de 1681 à 1765 (surtout après 1740); travaillant volontaire et volontaire travaillant, depuis 1668, usités surtout au XVIIe s., sporadiques au XVIIIe s.; en France, un emploi analogue est décrit dans Académie 1718 : « Des galopins, de petits garçons, qui sans avoir d’employ ni Maistre, servent ceux qui veulent les employer » (texte repris dans Fur 1727). L’emploi péjoratif, qui n’est attesté clairement que de 1670 à 1675, doit être mis en rapport avec des emplois français analogues : « libertin » (v. par ex. Richelet 1680) et « se dit aussi d’un opiniastre, d’un faineant, qui ne veut rien valoir, qui ne veut que ce qu’il veut » (v. par ex. Fur 1690); volontaire a été rapidement supplanté par coureur de bois en parlant des hors-la-loi de la traite des fourrures, mais la valeur péjorative du mot paraît s’être maintenue jusqu’au XIXe s. (v. l’emploi signalé par Aubert de Gaspé en 1866).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Volontaire. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 9 décembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/volontaire