VISOU [vizu]
n. m.
Fam.Habileté à viser juste, adresse à tirer droit sur une cible.
Avoir du visou, un bon visou. Manquer de visou. Ça demande du visou.
Xavier, monsieur, a tout un visou... Y’ est ben rare que la perdrix y’ échappe... Moé itou, j’ai été bon chasseur... Naturellement, aujourd’hui j’ai l’œil moins bon, mais j’ donne pas ma place d’vant l’gibier... 1952, A. Brie, Le père Tobie, 20 octobre, p. 4 (radio).
Le pauvre cerf avait tout contre lui : une neige qui brouillait la visibilité et qui étouffait le bruit, [...] et, surtout, un père Vaugeois au visou redoutable. [...] Le douze du père Vaugeois se révéla d’une précision implacable. Un coup sec et le chevreuil se cabra, agitant violemment la tête. [...] – Une seule cartouche, en plein poitrail, dit Ti-Coune. Pour du visou, c’est du visou. [/] Le père Vaugeois se rengorgea. – J’ai fait le métier de trappeur dans ma jeunesse, dit-il. J’ai l’œil. 1981, J. Pellerin, Au pays de Pépé Moustache, p. 195-196.
[...] des milliers de personnes se rendront marcher sur les terrains de l’Exposition, visiter les expositions, jouer à la roue de fortune, vivre des sensations fortes dans les manèges ou visiter la maison hantée. L’Expo, c’est aussi l’occasion de vérifier son « visou ». De viser juste, trop haut, trop bas. De viser moins haut, de mirer plus bas pour atteindre le cochonnet qui fait déclencher la sonnette. 1988, Le Journal des trois rivières, Cap-de-la-Madeleine, 31 juillet, p. 6.
Fam.Perspicacité, flair.
La police a du visou. Elle cherchait un gars ou deux sula [= sur la] Main. Moé, j’aurais zyeuter [sic] dans l’ouest. 1973, J.-J. Richard, Centre-ville, p. 218.
Histoire
Depuis 1950 (d’après LavChic 98 : elle a du visou dans le bras). Mot dérivé de viser, sans doute hérité des parlers de France; cp. visou « coup d’œil » en languedocien (v. FEW vīsare 14, 521a), et « portée de la vue, vision » en provençal (v. MistrProv3, s.v. visoun); cp. aussi visou adj. « se dit de qqn qui vise bien, qui est adroit à viser » en franc-comtois (v. BoillDoubs 70 et 299).