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VASIÈRE [vɑzjɛʀ]
n. f.

1

VieilliLieu (p. ex. un chemin) boueux, plein de vase.

Rem.En France, le mot désigne non seulement un endroit, un trou ou un fond vaseux, mais aussi une étendue côtière ou sous-marine couverte de vase, d’un marais. Ces emplois, aussi connus au Québec, sont considérés en France comme d’usage régional ou technique (voir Robert (en ligne) 2022‑10).

Notre cours est une vasiere (pleine de boue). 1750, P. Potier, dans W. Halford, Le français des Canadiens à la veille de la Conquête, 1994, p. 125.

Le cortège [funèbre] avait embouqué le grand chemin; il houla sur la bosse du pont, Alexis en tête, menant à la bride, lentement, pour parer les gattes et les longues vasières. 1937, F.‑A. Savard, Menaud, maître-draveur, p. 93.

Le Fargo possède un avantage marqué sur les autres camions de la catégorie des plus bas prix en ce qui concerne la puissance V‑8 une puissance qui vous est infiniment précieuse lorsque vous montez une pente raide avec une charge maximum ou que vous tentez de vous dépêtrer d’une vasière. 1957, Le Droit, Ottawa, 29 mai, p. 18 (annonce).

Nous avions des provisions en masse : un beau rôti de lard, des patates, un chaudron de beans et du lard. Nous étions seuls, jamais les gens auraient entrepris des recherches avant le samedi. Et jamais on nous aurait retrouvés dans la vasière. Qu’est-ce qui serait advenu du cheval? 1981, J.‑P. Michaud, Kamouraska, de mémoire…, p. 122.

Plusieurs chemins ont été littéralement transformés en vasières et, à cause des averses de pluie régulières et soutenues des dernières semaines, sont rendus inaccessibles aux automobiles de promenade qu’utilisent la majorité des personnes fréquentant la réserve pour la pêche à la ligne et la villégiature estivale en famille. 1994, Le Soleil, Québec, 8 juillet, p. S7.

L’hiver, l’accumulation de neige bouche le chemin à la moindre brise, ce dernier étant plus bas ou à la même hauteur des terres agricoles qu’il longe. Le printemps, lors du dégel et de la fonte des neiges, le chemin se transforme en vasière, un phénomène qui se répète également l’été, lors d’orage. 2016, Le Placoteux, Saint-Pascal, 28 septembre, p. 3.

Fig.

En période de crise, les systèmes habituels de gestion deviennent encore plus complexes, et parfois non opérationnels. À l’intérieur des grandes organisations, il y a des fuites de tous les côtés. Cela donne une grande vasière dans laquelle l’intelligence n’a plus prise. 1983, Québec science, août, p. 42.

2

(Spécial.). Marais, étang ou mare dont la richesse en sels minéraux attire les animaux, particulièrement les cervidés, dont l’orignal.

Vasière à orignal. Faire une vasière.

Rem.1. Les vasières sont d’origine naturelle ou artificielle. 2. Dans le Règlement sur les habitats fauniques, vasière est défini ainsi : « site d’un marais, d’une source ou d’une étendue d’eau et la bande de terrain d’une largeur de 100 mètres qui l’entoure, fréquenté par l’orignal et dans lequel se trouvent des sels minéraux dont la concentration est de plus de trois parties par million en potassium et de plus de 75 parties par million en sodium » (Gazette officielle du Québec, 14 juillet 1993, partie 2, p. 4579).

Quant à savoir pourquoi les orignaux sont attirés sur le boulevard Talbot, [un agent] du service de la faune, croit, de même que les biologistes, que les orignaux seraient attirés par les vasières, ces petits étangs que l’on rencontre le long de la route. Ces mares d’eau, selon [cet agent], contiennent des sels minéraux dont est particulièrement friand le grand élan du Canada. 1966, Le Devoir, Montréal, 26 août, p. 3.

C’est au début d’octobre que l’agent […] des services de protection de la faune, faisait la découverte d’un sentier s’enfonçant au cœur de la réserve. Les recherches devaient éventuellement mener à la découverte de plus de 45 collets dispersés dans les vasières entourant un camp de chasse désaffecté près du ruisseau Halloway. 1979, Le Soleil, Québec, 8 novembre, p. A11.

Je chasserai l’orignal cette année […] dans la région de Causapscal selon une méthode bien particulière, du haut d’échafauds. C’est ainsi que l’on appelle là‑bas de petites tours que l’on élève à proximité de vasières où viennent boire ou se vautrer les orignaux. Ce sera du nouveau dans notre expérience de chasseur et nous vous dirons à notre retour comment tout s’est passé. 1982, La Tribune, Sherbrooke, 12 octobre, p. D3.

Pour attirer régulièrement l’orignal ou le chevreuil dans votre territoire de chasse, vous avez peut-être établi une « saline » près d’un sentier habituellement fréquenté par le gros gibier. Après avoir construit votre « cache » dans les arbres, près de ce sentier traversant un endroit dégagé, vous avez mis le sol à nu, dans le but d’y épandre périodiquement une bonne quantité de gros sel à marinades : la pluie, en faisant fondre le sel, crée une « vasière », que les gros gibiers fréquentent avec assiduité. Les cervidés vont y boire l’eau « minéralisée » dont ils raffolent et dont ils ont besoin pour la croissance de leurs bois ou « panache ». 1992, Le Soleil, Québec, 13 août, p. S7.

La réserve [faunique de Rimouski] compte aussi quelques vasières à orignal, mais il arrive que les indications soient insuffisantes pour les découvrir. Le territoire offre aussi des possibilités de chasse au chevreuil (ils sont plutôt rares), à l’orignal et au petit gibier. 1997, La Presse, Montréal, 23 août, p. F5.

Attention! Chasseurs! C’est le temps de faire les vasières et les salines pour chevreuils et orignaux. Nous avons en magasin tous les produits : sel, souffre [sic], vasières plus chevreuil et vasières plus orignal. 2002, La Voix de l’Est, Granby, 6 avril, p. 70 (annonce).

On apprend ainsi que la réserve [faunique de Matane] est l’un des rares endroits où l’on trouve des vasières naturelles. Or l’orignal se délecte des riches sels minéraux que recèlent ces salines. 2003, Le Quotidien, Saguenay, 26 juillet, p. 28‑29.

Cette année, un accès spécial est offert par la Réserve faunique de Matane le samedi 11 août, dans le cadre de son 50e anniversaire. Cinquante quads peuvent participer à cette activité lors de laquelle un guide de la Réserve les mènera dans des endroits habituellement interdits : vasière, observatoire d’ours noirs et d’orignaux et autres activités surprises. 2012, La Voix de la Matanie, Matane, 1er août, p. 21.

Histoire

De vase.

1Depuis 1750. Le mot vasière est attesté en français depuis 1755 seulement, en parlant du premier réservoir d’un marais salant recevant l’eau de mer; cet emploi a cependant été relevé dès le XVe s. dans un parler de la Bretagne (v. FEW ancien bas‑francique *waso 17, 545a). De même, le sens d’« endroit vaseux » (en contexte maritime) n’est signalé en français de France que depuis 1861 (v. TLF); mais le sens québécois du mot, qui se rattache directement à ce dernier emploi en l’élargissant à un contexte terrestre, montre que cette évolution sémantique est plus ancienne et s’est sans doute produite en France même, dans les parlers régionaux. 2Depuis 1966, par spécialisation du sens 1.

 s’envaservasevaservaseux, vaseuse.

Dernière révision : janvier 2023
Pour poursuivre votre exploration du mot vasière, consultez notre rubrique En vedette sur le site Web du Trésor de la langue française au Québec
Trésor de la langue française au Québec. (2023). Vasière. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 2 décembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/vasiere