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TÔLER [tole]
v. tr.

  

Couvrir (qqch.) de tôle pour rendre étanche, protéger.

Tôler le toit d’une maison.

 part. adj. Couvert de tôle, protégé par une tôle. Région.Bac (ou chaloupe, etc.) tôlé(e) : embarcation recouverte en partie de tôle.

– Q. : C’est un pignon en bois que vous avez à votre maison? – R : Non monsieur, c’est du bois tôlé. – Q. C’est du bois couvert de tôle? – R. : Oui. 1914, Québec, BAnQQ, Cour supérieure (Québec), cause no 2411, preuve du défendeur (37-42), p. 4 du témoignage de Fr. Fortin.

Le lendemain l’eau monta sur la glace et Venant voulut chasser le rat musqué tout de suite, sans tendre des pièges, sans amener Z’Yeux-ronds et sans prendre conseil de personne. Il prépara le petit bac tôlé, y installa le fusil [...] et il partit, tantôt à pied sur la glace, tantôt dans l’embarcation. 1945, G. Guèvremont, Le Survenant, p. 157.

[...] le poêle était « tôlé », c’est-à-dire que l’on fixait sur la cloison à la hauteur de celui-ci, de la tôle galvanisée pour empêcher le feu de prendre. 1979, J. Dorion, Les écoles de rang au Québec, p. 208.

Autour des îles de Sorel, la faible largeur des chenaux n’a pas nécessité l’usage d’embarcations aussi solides. Le « bac tôlé » est représentatif de cette région. C’est une petite embarcation à fond plat et à rames, traditionnellement construite en pin et recouverte de tôle sur le fond et les parois. 1984, C. Ouellet et Y. Chouinard, Autour des îles du Saint-Laurent, p. 34.

Fig.

– Vous me jurez, demanda un vieux de Maska, qu’il rentre rien de ce qui porte plume, dans ce plat-là? [...] C’est contraire à mon estomac. [...] – Ah! ben, misère à poil! Ils m’avaient toujours dit que les gros casques de Maska avaient l’estomac tôlé. – Pour boire, mon jeune : à Maska, plus on boit, moins on est chaud. Mais pas pour manger! 1947, G. Guèvremont, Marie-Didace, p. 110-111.

Histoire

Depuis 1832 (BAnQQ, L. Galarneau, livre des dépenses 1830-1833, p. 29 : payé à F. Pichez, charpentier, pour avoir tolet [sic] le angar du moulin). Héritage de France. Cp. en effet ce passage d’un document parisien de 1718 où tôlé a le sens de « doublé de tôle » : coffre-fort de bois de chesne ferré et tolé par dedans (cité dans Havard 1, p. 875, et repris dans TLF, s.v. tôle1). L’adjectif tôlé ne figure cependant dans les dictionnaires français que depuis Larousse 1928, et dans un sens technique, en parlant de la carrosserie d’un véhicule automobile (v. aussi Robert 1985 et TLF). Par ailleurs, on relève dans un parler bourguignon, à la fin du XIXe s., le v. tôler au sens de « couvrir de tôle » ainsi qu’un emploi figuré du participe adjectif qui correspond à celui qu’on trouve chez Guèvremont : « S’emploie plaisamment au figuré, et l’on entend dire, en parlant d’un qui boirait du feu : ‘Ol a l’palais tôlé’ » (v. FertVerd 468).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Tôler. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 1 novembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/toler