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TÔLE [tol]
n. f.

Rem.

Variante graphique : (à époque ancienne) taule.

I
1

(Dans le voc. de l’architecture). Tôle à la canadienne : revêtement traditionnel utilisé pour le recouvrement des toitures en pente selon une technique ancienne qui consiste à faire chevaucher de petites feuilles de tôle que l’on pose obliquement par rapport au bord du toit. 

2022, TLFQ, Tôle à la canadienne [photo].

 Tôle à baguette(s), posée selon une autre technique ancienne qui consiste à disposer à intervalles réguliers des feuilles de métal dont les joints sont assemblés sur de longues baguettes fixées perpendiculairement au bord du toit.

2022, TLFQ, Tôle à baguette(s) [photo].

La tôle à la canadienne apparaît comme une réalité du paysage architectural du Québec dès la fin du XVIIIe siècle. Des plaques de fer blanc ou de zinc de petit format seront agrafées en diagonale (à 45 degrés). Cette façon de poser le matériau s’explique en bonne part en fonction de l’écoulement positif et de l’imperméabilisation des toits. 1972, M. Lessard et H. Marquis, Encyclopédie de la maison québécoise, p. 176.

La « tôle à baguettes » est un type de couverture métallique qui fut couramment utilisé au XIXe siècle. On la retrouve fréquemment dans les quartiers anciens de Québec où elle a servi à couvrir tout aussi bien les bâtiments importants que les simples maisons. 1988, L. Martin, Les couvertures en « tôle à baguettes », p. 3.

Cette maison en pierre est particulièrement représentative du modèle traditionnel d’inspiration québécoise [...]. Détail inusité, le versant avant du toit possède un recouvrement de tôle à la canadienne tandis que le versant arrière est revêtu de tôle à baguettes. 1991, D. Archambault, dans Les chemins de la mémoire, t. 2, p. 360.

L’église est dotée d’une charpente en pierre, avec toiture en bois recouverte de tôle à baguettes peinte en rouge, ce qui lui vaut son sobriquet de « petite église au toit rouge ». 1991, La Presse, Montréal, 1er septembre, p. B8.

Le déroulement de ce projet a cependant été périlleux. Il aura fallu deux sondages auprès de la population pour choisir le matériau de la toiture [de l’église]. On a finalement opté pour de la tôle à la canadienne. On profite également de l’occasion pour repeindre deux des trois clochers. 1993, Le Soleil, Québec, 12 octobre, p. B1.

NOTICE ENCYCLOPÉDIQUE

Les couvertures de tôle à la canadienne, typiques notamment des quartiers anciens de la ville de Québec, donnent l’image de surfaces qu’on aurait recouvertes d’écailles. Cette technique de revêtement des toits, qui a connu une grande popularité du milieu du XVIIIe s. jusqu’au milieu du XIXe, n’est pour ainsi dire pratiquée de nos jours que dans les travaux d’entretien et de restauration. Celle de la tôle à baguettes, qui serait originaire d’Europe, est connue au Québec depuis le début du XIXe s. et a supplanté la précédente à partir de 1850, connaissant une grande vogue jusque vers 1900; le fer-blanc, qu’on utilisait à l’origine, a peu à peu été remplacé par la tôle galvanisée, parfois par le cuivre. 

Sources : L. Martin, ouvr. c.; id., Les couvertures en « tôle à la canadienne », 1988; id., Les toitures en pente, 1988.

2

Tôle gaufrée : tôle ondulée, ou matériau semblable dont les ondulations sont remplacées par des reliefs carrés.

La Toiture « Economie Cinq » a tous les avantages de la tôle gaufrée, et en plus, elle possède une apparence plaisante, et couvre 32" sur la largeur ou deux pouces de plus que la tôle gaufrée qui ne couvre que 30". 1930, Almanach du peuple Beauchemin, p. 384d (illustr.).

Ces garages sont de fabrication en tôle gaufrée d’aluminium sur charpente de bois [...]. Nous avons aussi de la tole gaufrée à couverture galvanisée ou en aluminium en feuilles jusqu’à 15 pieds de longueur. 1950, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 2 octobre, p. 6 (annonce).

[...] le climat est plus chaleureux et plus humain à Émile-Legault. Est-ce parce que la commission scolaire est plus petite ou plus éclairée? Est-ce parce que l’école est perdue dans les champs, comme si c’était, avec son béton et sa tôle gaufrée, un des ateliers de Canadair, la voisine du boulevard Thimens? 1990, La Presse, Montréal, 19 septembre, p. B1.

À cause de son prix compétitif, le bardeau d’asphalte est plus utilisé que les autres matériaux de recouvrement tels la tôle gaufrée, le bardeau de cèdre et les tuiles de fibrociment ondulé, sans compter l’ardoise et les tuiles en terre cuite. 1991, La Presse, Montréal, 18 mai, p. L5.

Le conteneur (cette boîte en tôle gaufrée de 20 ou 40 pieds x 8 x 8) a bouleversé les habitudes de travail dans le port de Montréal, comme dans tous les ports du monde d’ailleurs. 1993, Le Devoir, Montréal, 5-6 juin, p. B5.

II

VieilliTôle (à pain, à gâteau) : moule à pain, à gâteau.

 Cour.Tôle ou tôle à biscuits : plaque de tôle rectangulaire à faible rebord qui sert notam. à la cuisson de biscuits, de galettes.

Beurrer, graisser une tôle à biscuits.

SYN. tôle (ou plaque) à pâtisserie.

Tamisez ensemble la poudre à pâte, le sel et le reste de la farine et incorporez dans le mélange défait en crème. [...] Faites cuire dans une grande tôle à gâteau beurrée, dans un four à feu lent (325 degrés F.) pendant 1½ à deux heures. 1939, Le Devoir, Montréal, 20 janvier, p. 5.

Galettes de grand-maman. [...] Ceci donne une pâte légère. Graisser une tôle à biscuits; déposer la pâte à la cuiller. Cuire au four [...]. 1973, Madame Ch. Gagné, Recettes typiques de la Gaspésie et des îles de la Madeleine, p. 175.

Dans le four, on place les moitiés de citrouilles, la pelure toujours tournée vers le haut, sur une tôle à biscuits munie d’un petit rebord, légèrement huilée. On laisse ensuite cuire pendant environ deux heures, à 160o C (325o F). 1990, La Presse, Montréal, 31 octobre, p. C1.

Abaisser cette pâte sur une table légèrement farinée et couper des biscuits de toutes les formes à l’aide d’un emporte-pièce. Beurrer une tôle à biscuit [sic] et cuire immédiatement. 1993, Le Droit, Ottawa-Hull, 24 novembre, p. 32.

(Dans le voc. de l’acériculture). Tôle : récipient métallique de grande dimension dans lequel on fait bouillir l’eau d’érable.

 Tôle à tire : récipient de plus petite dimension qui sert à la préparation de la tire et du sucre mou.

La tire est prête lorsque la sève bouillie a dépassé le point d’ébullition du sirop, et qu’elle atteint une bonne consistance. Le sucrier trempe une boule de neige bien durcie dans la tôle à tire et l’en retire; si le liquide se fige et ne s’infiltre pas dans la neige, la tire est bonne à étendre sur la neige pour la déguster. 1975, J.-Cl. Dupont, Le sucre du pays, p. 66.

Région.Tôle (à cendre) : cendrier d’un poêle à bois. (PPQ 83).

Histoire

I1Tôle à la canadienne, depuis 1972; tôle à baguette, aussi depuis 1972 (M. Lessard et H. Marquis, ouvr. c., p. 174 : Toiture de maison de ville en tôle à baguette, illustr.). 2Depuis 1930. Par extension du sens de gaufré qui se dit en parlant d’un papier, d’un carton, d’un tissu présentant des motifs en creux et en relief (v. Robert 1985; v. aussi TLF qui relève le mot au XIXe s. dans des textes relatifs à l’architecture : clochers gaufrés, frises de stucs gaufrés).

IIDepuis 1855 (AnQM, gr. P.-Ch. Valois, Montréal, 23 juillet, p. [12] : douze taules à pain). Pour le sens de « moule », cp. l’emploi du mot tôle (sous une prononciation locale) au sens de « plat en tôle pour faire cuire le gâteau » dans un parler de la Franche-Comté (v. JurSaône 143). Quant à l’emploi de tôle au sens de « plaque de tôle » en France, il n’est pas dégagé dans les dictionnaires généraux, mais on le trouve dans les ouvrages de cuisine français (v. par ex. LarGastr, s.v. tôle, et à la p. 471 : Beurrer une tôle à pâtisserie). L’appellation tôle à biscuits (depuis 1919, dans Manuel de cuisine raisonnée, p. 33) pourrait avoir été construite d’après l’anglais cookie sheet ou biscuit sheet qui désignent le même ustensile de cuisine (v. Webster 1986, s.v. cookie sheet, et WebsterW 1988, s.v. sheet; v. aussi DTV 1992, p. 245, qui donne cookie sheet et biscuit sheet, le second comme britannique). En parlant du récipient dans lequel on fait bouillir l’eau d’érable, tôle est attesté depuis 1970 (PPQ 976). Tôle à cendre, depuis 1969 (PPQ 83).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Tôle1. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 29 mars 2024.
https://www.dhfq.org/article/tole