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TOAST [tost]
n. f.

Rem.

Variantes graphiques tôssetausse.

I

(Emplois critiqués).

1

Syn. cour. de rôtie.

2022, TLFQ, Toasts [photo].

Faire, se faire des toasts. Faire brûler ses toasts. Faire des toasts sur le poêle. Beurrer ses toasts. Des œufs, des toasts et du café.

Rem.Certains recommandent de dire plutôt rôtie, qui est le terme auquel on recourt dans la langue soignée; d’autres considèrent le mot comme recevable, mais avec le genre masculin comme en France (voir Histoire).

Le pain roti [sic] ou toast comme on l’appelle générallement [sic], est, dans le pays, la nourriture favorite des malades et des convalescents; pour un grand nombre manger des toasts est synonime [sic] d’être malade. 1885, Le Journal des Trois-Rivières, 24 décembre, p. [2].

– Jolicœur : Est-ce que je pourrais avoir une autre toast? – Mme Jolicœur : Attends une minute : je peux pas aller plus vite que le toaster. 1946, L. Pelland, La famille Jolicœur, 14 janvier, p. 5 (radio).

Tout à coup, Alexandre repoussa ses toasts. Il ne pouvait tout de même pas manger au moment où Gandhi venait de mourir. 1954, G. Roy, Alexandre Chenevert, p. 279.

Il y avait sur la table des cretons, du miel, du fromage, des pots de marmelade et de confiture, et une pile de toasts. 1974, J. Poulin, Faites de beaux rêves, p. 40.

Albertine couvrit sa toast d’une généreuse couche de beurre, l’œil brillant de convoitise, puis elle mastiqua lentement, sérieusement, humectant chaque bouchée d’une petite gorgée de ce thé qu’elle buvait tellement bouillant qu’on s’attendait toujours à la voir hurler de douleur chaque fois qu’elle portait sa tasse à ses lèvres. 1980, M. Tremblay, Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges, p. 137.

Le café d’Élisabeth stoppe soudain, en plein milieu de sa trajectoire. Elle fronce les sourcils. […] Élisabeth repousse son assiette avec sa toast à moitié grugée. 1992, M. Laberge, Quelques adieux, p. 113.

Tout le monde en ville les avait de travers quelque part ces enfants de nanane. Défendus par un bataillon de criminalistes payés par l’aide juridique, ils allaient jouer les innocents, se plaindre d’avoir été enfermés deux par cellule, de n’avoir mangé que des toasts à la centrale de police depuis leur arrestation. Je suis allée au Palais en belette, pour voir la bette de ces 44 casseurs (une seule fille dans le lot) assez nonos pour se faire prendre pendant que des dizaines d’autres détalaient. 1996, Gh. Rheault, Le Soleil, Québec, 27 juin, p. A5.

Il faudrait qu’il fasse la vaisselle. Sauf que ça commence à s’empiler, dans l’évier. Sur le comptoir plein de graines de toast, aussi, et même sur le dessus du poêle encrassé de beurre rance (après le steak de samedi passé). Plus il y en a, tu comprends, moins c’est facile de s’y mettre. Alors il ne fait rien. 2006, M. E. Bathory, Les chattes, CEULa, L’Écrit primal, vol. 35, p. 27.

On se marie parce qu’on a envie de coucher, on couche, puis après on se rend compte que la demi-heure passée, il reste vingt-trois heures et demie à vivre avec une pure étrangère qui beurre pas ses toasts comme toi, qui revisse pas le tube de pâte à dents après s’en être servi, qui élève les enfants à sa manière, qui est pas ta manière, qui voit pas la vie comme toi… 2007, J. Bertrand, Le bien des miens, p. 107.

[…] le domaine de l’interprétation n’est pas toujours très lucratif. Vaut donc mieux se diversifier et faire un peu dans le marketing pour éviter de manger des toasts au beurre d’arachide pour souper. 2013, Le Collectif, vol. 36, no 14, p. 16.

Elle [ma grand-mère] disait adorer le ménage, mais détester la cuisine. Elle se mettait donc une pression folle, car elle nous cuisinait assez souvent de bons plats typiquement sécurisants d’une grand-mère aimante. Tous se régalaient pendant qu’elle trouvait le tour de critiquer le repas. C’était fade, ça manquait de sel. Ou elle n’avait pas faim, des crampes à l’estomac. Elle finissait donc par se faire griller des toasts au beurre de pinotte… 2021, Ch. Leblanc-Haentjens, Le Journal Les 2 Vallées, Gatineau, 22 décembre, p. 35.

 VieuxToastier ou tossier n. m. Syn. de toaster2.

Un poêle électrique cuit tout à la perfection de plus vous pouvez faire nombre de mets succulents sur votre table de salle à manger, sans même vous déranger, grâce aux percolateurs, grils, poêlettes et toastiers électriques. 1926, Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 13 août, p. [2] (annonce).

2

Toast dorée : tranche de pain trempée dans un mélange d’œufs et de lait, que l’on fait rôtir dans une poêle.

2022, TLFQ, Toasts dorées ou pains dorés [photo].

SYN. pain doré.

 amariné, amarinée (sens 2).

La prochaine fois que vous ferez des crêpes, toasts dorés [sic] ou pâtisseries essayez donc un paquet de Poudre d’œufs « Populaire’s » 10 sous seulement […]. 1917, Le Devoir, Montréal, 12 novembre, p. 5 (annonce).

Je suis comme un enfant […]… Dans la cuisine, sur la table, les toasts dorées que je mange gloutonnement… Et cette main sur mon épaule et maman me disant des mots gentils que je n’ai pas besoin de retenir car elle les répète tous les soirs. 1973, V.‑L. Beaulieu, Oh Miami, Miami, Miami, p. 64‑65.

Sa formule [celle du restaurant] est simple : des bonnes crêpes comme savaient en faire nos mères et nos grands-mères. Ni ces pankakes [sic] américaines trop épaisses, ni des crêpes bretonnes trop minces, mais des crêpes québécoises normales, avec du sirop d’érable. Des crêpes donc, des fruits frais en quantité gargantuesque, des œufs de toutes les sortes, des cretons maison, des toasts dorées, belles et épaisses; des fèves au lard pour tous les goûts, du baloney, et des combinaisons étranges comme le grill cheese [sic] avec pain aux raisins […]. 1999, Le Soleil, Québec, 20 février, p. H8.

Quand je vais au resto et que je commande des crêpes, des gaufres, des toasts dorées, on me les sert avec un liquide ambré foncé, sucré, épais, qui laisse un arrière-goût désagréable dans la bouche. On ose appeler ça du sirop d’érable. Je m’y connais un peu en la matière. 2005, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 3 juin, p. 6.

Les galettes de sarrasin sont aussi populaires et les toasts dorées. Ce qui a fait notre succès, c’est l’aspect familial de l’ambiance et de la nourriture. Ce sont des recettes maison, c’est toujours gagnant. 2017, La Voix du Sud.com, Lac-Etchemin, 6 décembre, p. 3.

Mots d’enfants [titre] « Maman fais-moi une toast qui brille! » (Une toast dorée) – Louis, 4 ans. 2019, Le Soleil, Québec, 2 novembre, p. M56.

3

Toast melba (ou Melba) : sorte de biscotte très mince.

2023, TLFQ, Toasts melba [photo].

Des toasts melba.

Jeudi – Petit déjeuner : Pomme cuite farcie, toast Melba. Déjeuner : betterave au beurre et laitue. Dîner : Steak grillé aux champignons et fèves en gousse; salade aux légumes (céleri, concombre, pois), et compote aux pommes. 1929, La Presse, Montréal, 16 novembre, p. 32.

Pour le dîner du roastbeef, […] ou du veau ou du poulet, des légumes à l’eau : choux, carottes, navets, deux toasts Melba, et pour dessert, deux biscuits secs, de la salade de fruit, du jello ou de la cossetarde au lait écrémé complètent ce repas principal. 1970, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 17 février, p. 9.

Elle s’est mise à leur parler d’elle, à brûle-pourpoint, de son enfance anémique dans le bas du fleuve, d’une chèvre qu’elle a gardée dans son appartement pendant plus d’un an, en la nourrissant exclusivement de laitue romaine et de toasts Melba, et même de sa liaison houleuse avec Momo, le propriétaire du bar, qui est hélas plus porté vers l’épiderme que vers les sentiments. 1983, M. Proulx, Sans cœur et sans reproche, p. 232.

[…] le four à brie s’utilise facilement. Il s’agit de répandre sur une petite meule de brie une préparation au choix (soit un mélange liquoreux de canneberges séchées et d’amandes, un sachet de trempette aux tomates séchées dilué dans une portion d’huile d’olive, les possibilités sont nombreuses comme vous l’imaginez!), de placer le tout dans le contenant à découvert et de cuire au four pour une quinzaine de minutes. […] Entourée de tranches de baguette rôtie, de toasts melba, de pommes, de poires ou autres, cette préparation fera un malheur en amuse-bouche, en entrée ou en collation. 2008, M.‑J. Roy, Le Soleil, Québec, 21 décembre, p. 49.

Plusieurs produits sont excellents pour les dents. C’est le cas, notamment, du lait et du babeurre, des fruits et des légumes crus, du yaourt ordinaire, du fromage ordinaire ou cottage, des œufs cuits durs ou à la diable, des noix, des graines de tournesol ou de citrouille, des toasts Melba et des salades. 2015, Le Droit, Ottawa-Gatineau, 1er avril, p. 23.

II

Fig., fam.

1

Passer les toasts à qqn, passer qqn aux toasts : dire son fait à qqn, le réprimander sévèrement.

Se faire passer les toasts.

 beigne (sens II).

Vas-y, Goglu, passe-leur les toasts. Ton journal est mieux gobé par le peuple que toutes leurs feuilles de choux. 1929, Le Goglu, Montréal, 11 octobre, p. 2.

Ça y prend ben du temps à ton électricien à le réparer [le poste de radio]? […] Ben, tâche de y dire de se mouver, parce que moi, je vas y passer les toasts, à ton électricien. 1963, J. Daigle, Margot, 12 décembre, p. 1 (radio).

On branche le fil électrique dans le mur électrique, on baisse la manette à électrochocs et la tranche de pain « passe aux toasts » comme on dit. Cet appareil est en quelque sorte un petit salon de bronzage intensif pour pain tranché, qui a l’avantage d’être portatif et peu coûteux. 1986, Croc, no 87, p. 70.

2

Y aller aux toasts ou, plus rarement, aller aux toasts : faire, accomplir qqch. avec empressement, avec exagération. (En tournure impers., pour souligner que qqch. est mené rondement). Ça y va aux toasts!

– Messager : Télégramme pour Fridolin… – Fridolin : Merci. (Ouvre le télégramme.) « Duplessis fini déjeuner à 11 hrs. Mis six morceaux de sucre dans café »… Hon souffrance! Voyez-vous ça hein? – Caro : Il ne les ménage pas? – Fridolin : Oui… il va aux toasts… On dirait qu’il se croit obligé de tout manger ce qu’il y a de bon dans la Province. 1938, Gr. Gélinas, Le carrousel de la gaieté, 4 mars, p. 10 (radio).

Il [le meneur de jeu] vous fait passer le roi, la reine, le valet dans une machine qui ressemble à une guillotine, et il en sort une carte gagnante. C’est Rod Tremblay qui assure la partie musicale. Ça y va, aux toasts! 1962, La Presse, Montréal, 8 août, p. 38.

Je t’ai vu poser ton « pitch » de goudron sur la couverture. Tu y allais aux toasts. 1974, Cl. Jasmin, La Petite Patrie, 10 novembre, p. 4 (télév.).

Une fois convaincu, par exemple, y’a été ben correct. Même qu’y nous a aidé [sic] : on a fait une chaîne du char au magasin pis du magasin au bois, pis là ça y’a été aux toasts! 1980, Croc, no 10, p. 24.

Dans une allocution, le maire de Saint-Cyprien, […] dont le village est cité en exemple au Québec pour sa vitalité, a exhorté les divers partenaires du développement économique à faire preuve de respect entre eux. « Si tout le monde met son potentiel à contribution et dans une même direction, ça va y aller aux toasts! ». 1996, Le Soleil, Québec, 30 septembre, p. A3.

Une chance que j’ai finalement trouvé mon bureau de scrutin. Sinon, je n’aurais pas voté et conséquemment, comme le soutiennent sans cesse des penseurs patentés, n’aurais pas pu chialer contre le gouvernement. Maintenant, attendez voir, ça va y aller aux toasts. 2008, J. Dion, Le Devoir, Montréal, 15 octobre, p. B12.

Comme dans bien des secteurs d’activité, les relations publiques ont investi l’industrie culturelle, et la diminution du nombre de journalistes ne réussit pas à faire le contrepoids […]. La nature ayant horreur du vide, les opinions se déversent, mais dans de nouveaux canaux. « Sur les réseaux sociaux, ça y va aux toasts, comme on dit. Tout le monde est devenu un critique. La parole critique élevée sur un piédestal est très chambranlante. ». 2021, Société Radio-Canada, ICI Radio-Canada (site Web), ICI Estrie (société; culture), 29 octobre.

Histoire

I1Depuis 1833 (BAnQQ, greffe R.‑G. Belleau (CN301, S18), 13 mai : Une fourchette à toast). De l’anglais (v. OED et Webster 1986). L’emprunt est d’usage courant depuis le XIXe s. (Clapin : Mot anglais, devenu d’un usage général, pour rôtie de pain). Toast a pénétré également en français de France (attesté depuis la fin du XVIIIe s.), mais avec le genre masculin (v. RobHist), ce qui indique que le mot a été emprunté de façon indépendante des deux côtés de l’Atlantique. Toastier, depuis 1839 (BAnQM, greffe C. Germain (CN601, S173), 23 novembre : deux grils, un taustier [sic]). 2Depuis 1917. Sans doute formé sur le modèle de pain doré, bien attesté dans le même sens en français moderne (v. TLF, Robert (en ligne) 2023‑09 et GLLF, s.v. pain). 3Depuis 1929. De l’anglais melba (ou Melba) toast, attesté en anglais depuis 1913 (v. OED (en ligne) 2023‑09 et Webster 1986).

II1Depuis 1929. Pourrait avoir été formé sur le modèle de passer les beignes à qqn (v. beigne, sens II). 2Depuis 1938. L’expression reprend la construction y aller + adv. ou loc. circonstancielle « entreprendre une action d’une certaine manière », productive en français (ne pas y aller par quatre chemins, ne pas y aller avec le dos de la cuiller, y aller à tour de bras, y aller fort, etc.) (v. TLF, s.v. aller), mais la valeur sémantique de la loc. aux toasts au sein de celle-ci n’est pas claire. Elle pourrait résulter d’une métaphore reposant sur l’image de la préparation et la consommation rapides de nombreuses tranches de pain grillées lors d’un repas (v. par exemple ce témoignage d’un travailleur de chantier forestier dans les années 1950 : […] j’avais pris de la pesanteur avec ce travail au bon air et de la nourriture de chantier qui est servie en grande quantité; cest-à-dire que tu travailles fort, alors tu manges pour te tenir en forme. Je me souviens encore de la grosse madame qui faisait les « toasts » le matin pour déjeuner avec du pain de ménage, des piles et des piles de « toasts ». (R. Côté, Suite de la biographie de monsieur Richard Côté, La Plume généalogique, no 2, 2017, p. 9). En français du XVIIIe s., on trouve l’expression aller aux rôties : On dit, au jeu, qu’un homme va aux rôties, lorsqu’il a perdu, qu’il quitte le jeu, comme s’il alloit vers le feu faire des rôties (LerCom 1735, s.v. rôtie). Bien que rôtie soit un équivalent de toast dans certains contextes, il ne semble pas y avoir de lien entre cette expression ancienne et l’expression y aller aux toasts.

Dernière révision : mars 2024
Pour poursuivre votre exploration du mot toast, consultez notre rubrique La langue par la bande.
Trésor de la langue française au Québec. (2024). Toast. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 17 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/toast