SOURIQUOIS, SOURIQUOISE [suʀikwɑ, suʀikwɑz]
n. et adj.
Hist.n. Nom que l’on a d’abord donné aux Micmacs* au XVIIe s.
Le pays des Souriquois.
Rem.D’abord appliqué aux Micmacs de la Nouvelle-Écosse actuelle.
adj.
Un chef souriquois. La langue, la nation souriquoise.
Du costé de l’Est est une isle qui s’appelle sainct Laurens, où est le cap Breton, & où une nation de Sauvages appellez les Souricois [sic] hivernent. 1603, S. de Champlain, Des Sauvages, p. [30].
Et cependant que nous voguions par le milieu du Port, voici que Membertou le plus grand Sagamos [« chef »] des Souriquois (ainsi s’appellent les peuples chez lesquels nous estions) vient au Fort François [...]. 1609, M. Lescarbot, Histoire de la Nouvelle France, p. 581-582.
L’Acadie, fréquentée par les traitants, passait pour le plus beau pays de la Nouvelle-France. [...] Les Micmacs, ou Souriquois, qui habitaient cette contrée, étaient très-braves et avaient en même temps des mœurs fort douces; ils accueillaient toujours les Français avec une bienveillance qui ne s’est jamais démentie. 1859, Fr.-X. Garneau, Histoire du Canada, 3e éd., t. 1, p. 43.
La famille souriquoise vivait constamment sous la tente. Celle-ci était faite parfois de peaux cousues ensemble, le plus souvent d’écorces de bouleau. 1967, L. Campeau (éd.), Monumenta Novæ Franciæ, t. 1, p. 134 (introduction).
n. m. Hist.Langue autochtone propre aux Souriquois.
[...] dans l’Acadie péninsulaire et l’Acadie des îles, on parle le souriquois ou micmac [...]. 1968, M. Trudel, Initiation à la Nouvelle-France, p. 37.
adj.
[...] plusieurs mots adoptés par les colons laurentiens sont souriquois plutôt que montagnais : caribou, mocassin. 1979, L. Campeau, ouvr. c., t. 2, p. 75, n. 20; introduction.
Histoire
Depuis 1603 (Souricois, Champlain; Souriquois, depuis 1609, Lescarbot). D’origine obscure, peut-être autochtone. Sans doute apparenté à l’ancien toponyme Souricoua que Champlain mentionne également dans sa relation de 1603 et, au même paragraphe, comme nom d’une rivière située en territoire micmac (au Nouveau-Brunswick); mais ce toponyme est lui-même d’origine obscure (v. Ch.-H. Laverdière (éd.), Œuvres de Champlain, 1973, t. 2, p. 114, n. 5; v. aussi I. Marshall, dans Ch. A. Martijn (dir.), Les Micmacs et la mer, 1986, p. 250, n. 8). A aussi été rapproché du toponyme micmac Soulégadi ou Soulékadi, attesté dans la région du cap Breton (Nouvelle-Écosse) (v. L. Campeau, ouvr. c., t. 1, p. 123-124; introduction). Ne semble pas avoir de lien avec l’adjectif souriquois « qui appartient aux souris (et aux rats) », attesté en français depuis la seconde moitié du XVIIe s., d’abord chez La Fontaine puis dans le style burlesque; ne devrait donc pas être rattaché à la famille de souris comme c’est le cas dans FEW (sōrīx 12, 111b) et RobHist (s.v. souris). Comme terme de relation, souriquois figure dans un certain nombre de dictionnaires français (depuis Trévoux 1721).