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SOUPER [supe]
v. intr. et n. m.

1

v. intr. Prendre le repas du soir, le troisième repas de la journée.

Souper devant la télévision. Aller souper au restaurant. Souper en famille. Inviter qqn à souper.

SYN. dîner (dans la langue soignée).

Tu veux que je te dise comme nous nous portons. Toujours bien, grâce au Seigneur, jusqu’à présan et vivons tous comme en Canada. Quoique l’on nous presche de soupé à 8 h[eure]s, nous soupons à 7 et couchez à 9 et demie à l’ordinaire. Je me lève à 6 h et dîne à midy. 1750, É. Bégon, dans RAPQ 1934-1935, p. 235.

Ma mère, ayant succombé dans le combat, me cria par le carré de fenêtre vierge de sa vitre : – Tu rentreras, tu te coucheras sans souper, et je le dirai à ton père. [/...] Tu te coucheras sans souper : punition très-grave, je l’avoue, pour un enfant d’un appétit vorace, et que l’on appelait en conséquence le chancre, dans la famille. 1866, Ph. Aubert de Gaspé, Mémoires, p. 69-70.

Il était maintenant sept heures du soir et la désolation régnait dans la cuisine des Plouffe, prostrés dans un accablement silencieux. La table était mise, mais on n’avait pas encore soupé. Une rumeur bruyante arrivait du terrain de jeu, car dans quelques minutes, la partie contre le Canadien allait commencer. 1948, R. Lemelin, Les Plouffe, p. 129.

L’hospitalité s’exprime souvent ainsi, au Québec, dans le saisissement, le brouhaha, une mainmise complète et exubérante sur l’arrivant. Avant qu’Alexandre eût eu le temps de se retourner, on lui avait proposé une berceuse, on lui offrait à boire, et il était retenu pour souper. 1954, G. Roy, Alexandre Chenevert, p. 231.

Je n’oserais pas mettre mon nez dans votre journée de Noël, mais pourquoi ne viendriez-vous pas souper avec moi dans un bon petit restaurant tranquille, lundi ou mardi, vers les cinq heures, cinq heures et demie? 1989, Y. Beauchemin, Juliette Pomerleau, p. 342.

 Fig.Voir la citation d’É. Nelligan sous déjeuner (sens 1).

2

n. m. Repas du soir, troisième repas de la journée; mets composant ce repas.

Préparer le souper. Prendre un bon souper. Sur l’heure, à l’heure du souper. Au souper. Après, avant (le) souper. Un souper de famille, en famille. Un souper aux chandelles. Un souper de gala.

Souper communautaire, auquel chaque convive participe en apportant sa contribution. Souper canadien, où l’on offre des spécialités traditionnelles. Souper dansant, pendant lequel on danse. Souper-théâtre : pièce de théâtre ou spectacle combiné avec un souper, que l’on offre comme forfait sortie.

Plusieurs théâtres d’été offrent des forfaits souper-théâtre.

SYN. dîner (dans la langue soignée).

Le soir, on dut laisser les voitures sur la glace, gravir un banc de neige très élevé, afin de faire du feu dans le bois, préparer le souper, puis se reposer autour de l’âtre pétillant, n’ayant pour tout abri que les branches dénudées des arbres et la voute [sic] étoilée. 1871, J. Tassé, Philemon Wright ou Colonisation et commerce de bois, p. 10-11.

On se remet à table à la chute du jour, pour le souper où figurent de la viande de porc, des légumes, des œufs et du fromage, le tout arrosé ordinairement d’une infusion de thé ou de café. 1885, S. Clapin, La France transatlantique : le Canada, p. 160.

L’après-midi s’achevait et il avait été convenu que le retour s’effectuerait pendant qu’il ferait encore jour. On appela donc tout le monde pour le souper. Cette fois, les convives n’étaient plus aussi allègres et les fatigues de toute la journée avaient un peu diminué l’entrain. 1913, A. Mousseau, Mirage, p. 9.

Sans une parole, le visage dur, Jean a passé devant son père et se hâte vers la maison. Celui-ci, après avoir contemplé les champs où dorment les sillons couchés les uns contre les autres, revient à son tour vers la cuisine. Le souper est prêt. La mère s’empresse autour du poêle où pétille une omelette au lard pendant que les filles achèvent de passer le lait dans le séparateur. Jean a déjà fini sa toilette. – Le souper est prêt, crie Lucille, de la galerie. 1945, Jean-Pierre, Le feu dans les roseaux, p. 19-20.

Tadoussac, dîner à Saint-Siméon, quatre piastres trente, quatre piastres soixante-quinze le repas […]. Souper à Forestville, cinq soixante et quinze, motel, Danube bleu, coucher neuf et cinquante à Forestville. Déjeuner à Forestville, dîner à Port-Cartier, deux et soixante et quinze. Sept-Îles, souper à Sept-Îles, trois et cinquante, le soir, cinquante sous zéro, le soir. 1980, Saint-Élie-de-Caxton (Saint-Maurice), AFEUL, S. Fournier 180 (âge de l’informateur : n. d.).  

Ah! au fait... J’ai oublié de vous dire... Jeanne et moi on a décidé de faire un réveillon pour Noël... C’est-à-dire... pas un vrai réveillon, là, mais un souper... un souper assez tôt pour que Sébastien puisse y assister... 1986, M. Tremblay, Le cœur découvert, p. 284-285.

 RareSoupeur, soupeuse n. Personne qui soupe en compagnie d’autres personnes.

« Il en fut assez pour que ma tête [...] rencontrât le bord de la longue table chargée de vaisselle et encadrée de soupeurs et soupeuses. » (V.-E. Dick, « Un héritage perdu ou La main malheureuse », dans L’Opinion publique, Montréal, 23 mars 1876, p. 141).

 (Variante). VieilliSoupeux, soupeuse n.

Histoire

1Depuis 1538 environ (J. Cartier, dans M. Bideaux (éd.), Relations, 1986, p. 150 : Puis [le capitaine] se retira à bort desdites barques pour soupper et passer la nuyct). Maintien d’un emploi attesté depuis l’ancien français, v. ci-dessous. 2Depuis 1634 (RJ 7, p. 80 : pour nostre souper, & pour nostre disner tout ensemble). L’emploi de souper en parlant du repas du soir, attesté en français depuis le Moyen Âge (v. FEW germ. *sǔppa 17, 287a), se maintient partout dans les communautés francophones, sauf à Paris et dans quelques grandes villes françaises (d’après DSR) où souper désigne un repas pris très tard en fin de soirée, après le spectacle, et dîner le repas du soir (v. déjeuner et dîner). Soupeur, depuis 1876; soupeux, depuis 1918 (LavChic 219).

 souper-causerie.

Version du DHFQ 1998
Pour poursuivre votre exploration du mot souper, consultez notre rubrique Saviez-vous que sur le site Web du Trésor de la langue française au Québec
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Souper. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 9 décembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/souper