SOIR [swɑʀ]
n. m.
Variantes graphiques : (d’après la prononciation populaire) souèr, souère.
Fam.À soir : ce soir.
À soir, je vais au cinéma. Qu’est-ce qu’on mange à soir? C’est à soir que ça se décide. On se couchera pas tard à soir. C’est assez pour à soir; on finira demain. Avant à soir, on n’avait jamais eu de problème.
J’ai envoyé deux de mes hommes à matin au premier rang pour chercher des provitions [sic] et [ils] ne sont revenu [sic] qu’à soir ce qui a laissé un petit retard. 1842, Dorchester, BAnQQ, fonds Chaussegros de Léry (famille), no 29, ms. « Journal d’arpentage », 16 juin.
M’as-tu apporté un cadeau, au moins? Autrement, je t’avertis : pas de place pour toi dans la maison! Tu couches dehors à soir, morsac! 1950, Gr. Gélinas, Tit-Coq, p. 42.
Pensez-y, les affaires sont les affaires. Vous me donnerez une réponse à soir, parce que demain matin, faut que je retourne au village. 1982, R. Lemelin, Le crime d’Ovide Plouffe, p. 157.
Les filles le reluquent au passage. Leurs corsages clairs. Leurs regards malicieux. Leurs bouches désirables et désirantes. – Avec qui tu couches, à soir, mon beau? 1988, A. Hébert, Le premier jardin, p. 44.
Pop.Hier à soir : hier soir, hier au soir.
Sans reproche, vous êtes rev’nus pas mal tard hier à soir. 1953, L. de Montigny, L’épi rouge, p. 101.
VieilliLes bons soirs : les soirs de la semaine (général. les mardi, jeudi, samedi et dimanche soir) où les jeunes gens avaient la permission de se fréquenter, où une jeune fille pouvait recevoir la visite de son prétendant (par oppos. à les mauvais soirs).
Aller voir sa blonde, aller veiller les bons soirs.
Rem.On disait aussi parfois les soirs de (bonne) veillée.
Alors les jeunesses tournèrent les yeux en en-bas, vers les champs beiges dont les rectangles semblaient se raidir contre l’envahissement des bois... vers les vieilles maisons grises où l’on danse, les bons soirs, avec les filles. 1937, F.-A. Savard, Menaud, maître-draveur, p. 27.
– Séraphin : A va t’y se marier? – Donalda : Ça m’a l’air. [...] Florent est rendu là tous les soirs. – Séraphin : Dis-moi pas qui [= qu’il] va veiller les mauvais soirs. – Donalda : Les mauvais soirs comme les bons. I en manque pas un. – Séraphin : Si Florent en est rendu là, i frise le mariage. 1944, Cl.-H. Grignon, Un homme et son péché, 26 avril, p. 2 (radio).
Histoire
1Depuis 1842. Héritage de France; relevé dans la langue du XVIIe s. (v. BrunotHLF 3, p. 353, qui signale que cet emploi a été condamné par Oudin) ainsi que dans les parlers régionaux, notamment dans ceux du Nord-Ouest, de l’Ouest et du Centre (v. FEW sērō 11, 517a; v. aussi JaubCentre2, LeMJers, s.v. sé, et MussSaint, s.v. a). Cp. en outre la locution a soir et a matin « sans cesse, constamment » en ancien français (v. FEW 11, 516b, et RobHist). Hier à soir (depuis 1925, P. Poirier, « Glossaire acadien », dans Le Moniteur acadien, 22 janvier, p. 1, s.v. a) a été relevé dans les parlers du Nord-Ouest (v. ALF 696). 2Depuis 1937.