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SLOCHER ou  SLUSHER [slɔʃe]
v.

Rem.

Variantes graphiques : (d’après une variante de prononciation) slotcherslutcher.

  

v. intr. Fam.Passer à l’état de sloche (sens 1).

 bouetter (s.v. bouette1).

La neige du printemps fond, mouille, slotche, revole, splache, avec des bruits liquides. 1982, M. LaRue, Les faux fuyants, p. 32.

En principe, au mois de mars, c’est le début du printemps. Je dis bien « en principe », car en mars, ça fond, ça reneige, ça slotche, ça dégèle, c’est plein de bouette et de caca de chien accumulés pendant tout l’hiver. Bref[,] mars, c’est sale et ça pue. 1992, Croc, mars, p. 58.

(Acadie). Par chance, l’hiver n’a pas été très rude cette année. Ça neige, ça fond, ça gèle, ça glisse, ça fond, ça sloche, et ça recommence. Agaçant, oui, mais pas catastrophique. 2018, Blogue de la Fédération des étudiantes et étudiants du Campus universitaire de Moncton (site Web), 20 mars.

v. tr. Fam.Arroser, salir, recouvrir de sloche (sens 1).

Se faire slocher.

Il faudrait emprunter le leitmotiv du maire […], « Le citoyen d’abord », l’adapter en « Le piéton d’abord » et l’imposer aux automobilistes qui se verraient ainsi obligés d’arrêter de « petucher et slocher » les pauvres piétons! 2004, Le Quotidien, Saguenay, 26 novembre, p. 12.

Le conseil de quartier a demandé aussi que le promoteur prenne en compte l’élargissement du trottoir pour éviter que les piétons se fassent « slocher » par les voitures quand les conditions météo sont mauvaises. Un abribus sera aussi intégré dans la nouvelle architecture. 2014, Monmontcalm (site Web), Québec, 5 décembre.

v. pron. Région.(Saguenay–Lac-Saint-Jean et Côte‑Nord). Se slocher, se slusher : s’enfoncer dans la sloche (sens 1).

– On s’est engagés sur la baie Nickerson. Mais je ne me suis pas douté des grandes marées. Y avait de la sloche partout sous la neige. On s’est enlisés. […] – Ta femme doit mourir de froid? Pourquoi tu l’as pas amenée avec toi? – Elle ne se sentait pas bien. On a travaillé tout l’après-midi, dans l’eau jusqu’à la ceinture. Mais il y avait trop de sloche. Vers quatre heures, le temps s’est refroidi. La motoneige s’est changée en bloc de glace. Impossible à bouger. C’est à ce moment‑là que Jacinthe a commencé à avoir mal au ventre. […] J’ai tellement peur qu’elle perde notre bébé. – Quoi? Tu t’es sloché à la baie Nickerson avec une femme enceinte! 1992, J. Désy, Baie Victor, p. 103‑104.

L’hiver les lacs gèlent quand il n’y a pas de neige. Dès les premières précipitations, la neige fait caler la glace pour faire remonter l'eau en surface qui s’installe sournoisement sous la neige. Cette eau ne gèle pas car la neige sert d’isolant. Quand les motoneigistes glissent dans ces endroits, la motoneige risque donc de se « slutcher » en se retrouvant sur une surface mêlée de neige et de glace […]. 1997, Progrès-dimanche, Chicoutimi, 28 décembre, p. A62.

Le dernier jour, sur le retour, ç’a encore une fois été assez difficile, merci! Mon inexpérience m’a encore une fois joué de vilains tous. En passant sur un lac, j’ai réussi à me « slusher », comme on dit. Ça m’a pris une heure et quart pour me sortir. Heureusement, mon ami était là pour venir à mon secours, sinon je pense que je serais encore sur le lac […]. 2020, Le Quotidien (site Web), Saguenay, 24 février.

 Fam.Sloché, slochée ou slushé, slushée adj.

En bas des escaliers, la rue Mont‑Royal était ouache-ouache et tout [sic] slushée comme d’habitude en hiver, même si c’était le premier jour du printemps... 1989, P. Foglia, La Presse, Montréal, 23 mars, p. A5.

En effet, ce dimanche‑là, il a neigé. Ce n’était pas une autre « tempête du siècle » mais ce fut suffisant pour influer sur la consommation. La route était d’abord mouillée, puis « slochée », puis enneigée. 2013, La Presse (site Web), Montréal, 10 janvier. 

 Rare, Fam.Slocheuse ou slusheuse n. f. Machine produisant de la chaleur servant à fondre de la neige ramassée sur la voie publique.

Rem.1. On l’appelle fondeuse à neige dans la langue soignée. 2. Pour économiser du combustible, l’eau obtenue de la fonte de la neige peut être utilisée pour faire fondre d’autres quantités de neige, lesquelles passent ainsi à l’état semi‑liquide caractéristique de la gadoue, ou sloche (sens 1). 

La fondeuse à neige que va bientôt acquérir la ville de Montréal sera identique à celle dont dispose déjà la ville de Westmount. L’administration a confié à [une] compagnie canadienne […] le contrat de construction de cette fondeuse à neige (ce qu’à l’hôtel de ville on désigne familièrement « slusheuse » ou « slocheuse ») d’une capacité de 560 tonnes à l’heure […]. 1963, La Presse, Montréal, 7 septembre, p. 3.

Voici une fondeuse à neige en opération. Nos Canadiens l’appellent la « slocheuse ». Mais c’est à ce titre qu’elle est le plus économique, soutiennent les autorités du service de la Voie publique de Montréal. 1970, La Presse, Montréal, 26 décembre, p. G5.

Histoire

Depuis 1972 (LavSag 12). De sloche et slush (sens 1) et de la désinence ‑er. Les formes slotcher et slutcher sont construites à partir de slotch et slutch, variantes de sloche et slush qui découlent de l’anglais slutch, de sens similaire à slush, d’usage régional en Grande-Bretagne (v. OED (en ligne) 2021‑12, s.v. slutch). Slocheuse et slusheuse, depuis 1963. Le part. adj. sloché a été relevé dès 1955 dans le français de Windsor, en Ontario (v. HullWinds 375), soit un peu tôt que les premières attestations en français québécois.

Nouvelle entrée de la deuxième édition

Dernière révision : octobre 2022
Trésor de la langue française au Québec. (2022). Slocher ou slusher. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 7 novembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/slocher-ou-slusher