ROTEUX, ROTEUSE [ʀɔtø, ʀɔtøz]
adj. et n.
adj. et n. Pop. (Personne) qui rote.
Un zouigne t’invite au restaurant, examine pis note comment qu’y mange [...] le douillet au régime, le maigrichon qui fume comme une pompe, le roteux, le pisse-minute qui s’excuse pis s’lève trente fois, le dédaigneux gêné, le malamain qui crache sus toute, l’indécis qui s’endort sus le menu pendant que toi, tu meurs de faim [...]. 1973, J.-M. Poupart, Chère Touffe, c’est plein plein de fautes dans ta lettre d’amour, p. 193-194.
Pop. (Personne) qui fait des manières, qui critique; qui est avare, parcimonieux.
(Mot de la même famille). Pop. Rotage n. m. Action de roter.
À la fin du repas, au moment du thé vert et du rotage [...]. 1975, J.-P. Filion, Saint-André Avellin... le premier côté du monde, p. 95.
n. m. Pop. et plais. Syn. de hot-dog.
2022, TLFQ, Roteux [photo].Manger un bon roteux avec un coke.
[...] on monte dans la loge du bootlegger manger un bon hot-dog. Avec une p’tite Bleue [nom d’une bière] pour faire passer le roteux. 1989, Le Soleil, Québec, 3 septembre, p. B6 (courrier du lecteur).
Histoire
De roter.
1Depuis 1909 (Dionne); cp. roteur, euse, de même sens, en français de France (v. TLF, s.v. roter). Le sens de « qui fait des manières; qui est avare » (depuis 1972, d’après PPQ 2282) est probablement un héritage de France; cp., dans un parler du Centre de la France, roteux, faire son roteux « se dit de qqn qui est fier, orgueilleux, qui veut paraître un être supérieur en toute chose au milieu de ses compatriotes » (v. DiotBriard) et, en français de Belgique, roteur « râleur » (v. MassBelg). 2Depuis 1980 (enq., CELM); s’explique par le fait que les hot-dogs sont reconnus pour être indigestes. Innovation sémantique qui rappelle un emploi du français argotique : cp. roteuse « bouteille de champagne » et roteux « champagne » (depuis 1954, v. Robert 1985, et TLF s.v. roter).