RANG [ʀɑ̃]
n. m.
Portion du territoire d’une municipalité rurale (à l’origine, d’une seigneurie, puis d’un canton), subdivisée en une série de lots rectangulaires formant une ligne d’habitat, qui aboutissent à une voie de communication (le fleuve Saint-Laurent, un de ses affluents ou un chemin).
L’école du rang (cp. école de rang, ci-dessous, sens II.3). Le chemin du rang.
Le bas du rang : la partie qui, par rapport au cours d’eau, se trouve en aval (par oppos. à haut du rang). Les rangs du bas, les premiers à avoir été développés dans un lieu donné. Les rangs du haut, qui ont été ouverts en dernier. Rang double, formé de deux séries de lots disposés de chaque côté d’un même chemin, les habitations se faisant face (par oppos. à rang, non qualifié, ou, dans la langue spécialisée, à rang simple).
Rem.1. Depuis le XVIIe s., on désigne le rang le plus souvent par un numéro qui rend compte du développement progressif du territoire : le troisième rang, le rang 7. On nomme aussi le rang de diverses autres manières. Il peut porter le nom du saint sous la protection duquel on l’a placé, par ex. rang Saint-François, rang Sainte-Anne (parfois de Saint-François, de Sainte-Anne), celui du premier colon qui s’y est installé ou d’une famille importante qui y a vécu, p. ex. rang Thivierge, rang des Perron; le nom d’un rang peut également faire référence à son environnement, p. ex. rang du Bord-de-l’Eau, rang de l’Église, ou encore à sa forme, p. ex. rang Croche. 2. Cet emploi de rang est bien attesté dans la toponymie québécoise, sauf sur l’île de Montréal où l’on trouve côte. 3. Rang a fait l’objet d’un avis de recommandation de l’OQLF (voir OLF-Avis4, no 1274).
Nous avons réglé, arresté, ordonné de leur commun consentement ce qui suit, sçavoir qu’il n’y aura que les propriétaires des habitations du premier rang sur la greve qui auront droit de mettre leurs bestiaux dans la commune concédée par led[it] s[ieu]r Boucher le huit juillet 1680; sans que les habitans du second rang y ayent aucun droit [...]. 1698, ordonnance de M. Bochart Champigny, dans P.-G. Roy (éd.), Ordonnances, commissions, etc., etc., des gouverneurs et intendants de la Nouvelle-France, 1639-1706, vol. 2, 1924, p. 179.
[...] une terre ou habita[ti]on sçize et sçituée en la seigneurie de Demaure paroisse de Saint Augustin au quatrieme rang nommé la coste d’Eguillons contenant trois arpent de front sur trente de profondeur tenant d’un bout pardevant au bout de la profondeur des terres du troisieme rang encore non concedées [...]. 1735, Québec, BAnQQ, gr. Chr.-H. DuLaurent, Pjn 1053, p. 1.
Le vingt-sixième jour de juin mil huit cent soixante deux, après avoir relevé la ligne formant la limite nord-ouest du premier rang nord-est du township Chicoutimi, j’ai levé sur cette ligne une perpendiculaire que j’ai prolongé [sic] [...] jusqu’au piquet planté lors de l’arpentage primitif entre le soixante et onzième et le soixante et douzième lot. 1862, Chicoutimi, BAnQQ, Cour d’appel, cause no 14 (1915), case conjoint, p. 10 (procès-verbal de bornage).
Les groupes formés devant l’église se dispersaient peu à peu. [...] Ceux qui venaient des « rangs », ces longs alignements de concessions à la lisière de la forêt, détachaient l’un après l’autre les chevaux rangés et amenaient leurs traîneaux au bas des marches de l’église pour y faire monter femmes et enfants. 1916, L. Hémon, Maria Chapdelaine, p. 9.
Dans toute la province, l’exode était quotidien. Des familles vendaient leurs meubles à l’encan, fermaient leurs maisons, et s’en allaient. [...] Des voisins suivaient cet exemple, puis d’autres : c’était comme une contagion, comme une épidémie. Dans les paroisses, des rangs entiers se dégarnissaient ainsi, et toutes les maisons étaient closes, et toutes les terres étaient à louer, à vendre, ou simplement abandonnées. 1958, R. Rumilly, Histoire des Franco-Américains, p. 40-41.
notice ENCYCLopédique
1. Sous le Régime français. Après l’échec relatif des premières tentatives de colonisation en Nouvelle-France, le système du rang est introduit dans les seigneuries comme moyen de s’approprier le territoire en le mettant en valeur et en l’occupant. Les premiers colons s’établissent le long des rives du Saint-Laurent (puis de ses affluents), sur d’étroites bandes de terres perpendiculaires au fleuve qui leur ont été concédées (on les appelait au départ côtes, voir Histoire de ce mot). Rapidement, chacun des lots est délimité par une clôture et adopte une structure semblable : on trouve d’abord l’habitation, face au fleuve, puis, selon les progrès du défrichement, les champs cultivés, les pâturages et, enfin, une partie laissée en forêt qui servira à l’approvisionnement en bois de chauffage et de construction. La population augmentant, il faut ouvrir un second rang derrière le premier. À la différence de celui-ci, qui épouse les courbes du rivage, le nouveau rang adopte en principe une structure rectiligne. La création de ce deuxième rang est très importante dans le développement de la seigneurie. Elle nécessite d’abord que soit précisée la longueur des lots du premier rang. En effet, on ne s’était d’abord soucié que de leur largeur, les colons payant le cens par arpent de front. La largeur d’un lot classique varie entre 3 et 4 arpents et sa longueur, entre 30 et 40 arpents. De plus, il devient nécessaire de construire un réseau routier qui, en raison de la proximité du cours d’eau, était pour ainsi dire inexistant jusqu’alors. Le second rang ne prend donc plus son point d’appui sur le cours d’eau de départ, mais sur un chemin auquel on donne les noms de chemin de front ou de chemin de rang. À mesure que croît le nombre d’habitants, les rangs se multiplient à l’intérieur des terres. En théorie, on ne s’installe pas dans un nouveau rang avant que tous les lots du précédent n’aient été concédés, mais il arrive qu’on déroge à cette règle pour éviter les accidents de terrain ou pour profiter des cours d’eau intérieurs. Certains rangs possèdent même une orientation tout à fait différente des premiers.
2. Instauration du rang double. Les maisons des rangs initiaux étaient construites d’un seul côté du chemin. Mais, pour favoriser le voisinage et pour réduire les coûts en limitant le nombre de chemins, on instaure la formule du rang double selon laquelle les maisons se font face. Il arrive même qu’on transforme un rang simple en rang double en déplaçant toutes les maisons à l’autre extrémité des lots.
3. Après la Conquête. Dans les terres non encore concédées, les Anglais introduisent un nouveau mode de propriété qui coexistera avec le système des seigneuries dont ils ne veulent pas. Les nouvelles zones de colonisation, appelées townships ou cantons, sont toujours subdivisées en rangées de lots rectangulaires et adoptent généralement la structure du rang double, mais elles ne s’appuient plus sur les cours d’eau : la majorité des rivages ont déjà été concédés en seigneuries. Les Anglais sont d’abord les seuls à s’installer sur ces nouveaux territoires. Mais le surpeuplement des seigneuries oblige les Canadiens français, à partir du deuxième quart du XIXe s., à pénétrer progressivement dans les cantons (notam. dans les Cantons-de-l’Est, les Bois-Francs et, plus tard, en Abitibi-Témiscamingue).
4. L’obsession de la géométrie. Trait caractéristique de l’organisation agraire canadienne, le rang, et tout particulièrement le rang de canton, témoigne d’une véritable obsession de la géométrie. Seigneuries et cantons peuvent compter jusqu’à une vingtaine de rangs successifs, reliés entre eux par des routes perpendiculaires aux chemins de rang. Lorsque ces routes séparent deux orientations de rangs, deux cantons, deux seigneuries ou deux paroisses, elles portent le nom de chemins de ligne ou de grandes lignes. Mais, si les arpenteurs ont parcouru l’ensemble du territoire québécois pour le découper en lots réguliers, on aurait tort de croire que ceux-ci ont été automatiquement peuplés et colonisés.
5. Origines du rang. Les spécialistes ne s’entendent pas sur l’origine du rang. Certains y voient une importation d’un modèle de peuplement aligné (mais pas nécessairement riverain) répandu en Normandie et dans d’autres zones forestières du nord-ouest de l’Europe, qu’on retrouve d’ailleurs dans plusieurs colonies françaises, par exemple en Louisiane. Pour d’autres, cette formule se serait tout naturellement imposée dans un pays inconnu où n’existait pour ainsi dire aucun repère pour l’établissement des colons.
6. Avantages et inconvénients du rang. Le système du rang comportait certains inconvénients liés notamment à l’étendue des terres, laquelle limitait l’accès aux champs, mais il présentait aussi l’immense avantage de relier chaque habitant à une voie de communication efficace (au départ, le fleuve). Le succès du rang s’explique également par le fait qu’il conservait l’autonomie de chacun sur son domaine respectif tout en favorisant les relations de voisinage, si importantes dans un pays où les colons étaient exposés à de nombreux dangers : hostilité de certains groupes autochtones, incendies, hivers rigoureux, maladie, famine. Plus qu’un simple mode d’organisation du territoire, le rang est devenu une véritable institution sociale. Chacun possède son école, sa croix de chemin et ses diverses associations. Mais, s’il existe une égalité sociale exceptionnelle entre les gens du même rang, la population des rangs plus anciens inspire davantage de respect que celle des concessions récentes, considérée avec un certain mépris. Même s’il assurait lui aussi la protection des colons, le système du bourg, pourtant encouragé par Talon, n’a pas connu de succès en Nouvelle-France : érigé par les jésuites, Charlesbourg est un des seuls villages en rayons de roue à y avoir été créés. C’est que, contrairement au rang, le bourg ne facilitait pas l’accès au fleuve et ne satisfaisait pas le sentiment de propriété des habitants. Le régime seigneurial a été aboli en 1854 et, depuis la deuxième moitié du XXe s., on ne crée plus de rangs de canton. Mais le paysage des municipalités rurales du Québec, de l’Acadie et de toute la diaspora francophone d’Amérique rappelle encore l’aménagement original du territoire.
Sources : H. Provost, « En parlant de colonisation seigneuriale », dans La Revue de l’Université Laval, vol. 3, no 8, 1949, p. 672-678; P. Deffontaines, Le rang, type de peuplement rural du Canada français, 1953; M. Trudel, Les débuts du régime seigneurial au Canada, 1974, p. 169-174; S. Courville, L’habitant canadien et le système seigneurial, 1979, p. 36-57; id., « Contribution à l’étude de l’origine du rang au Québec : la politique spatiale des Cent-Associés », dans Cahiers de géographie du Québec, no 65, 1981, p. 197-236; L.-E. Hamelin, Le rang d’habitat, 1993.
Par méton.
Chemin sur lequel s’appuie le rang et qui le dessert.
Rang double, qui relie deux séries de lots se faisant face. (Dans des appellations reprenant le nom de la portion de territoire desservie, voir sens I, Rem. 1).
Le neuvième rang, le rang Saint-Joseph, le rang Croche.
Rem.Rang a fait l’objet d’un avis de normalisation de l’OQLF dans cet emploi (voir OLF-Avis4, no 1275).
Il y a d’abord le vrai mendiant, le mendiant classique, le quêteux traditionnel et proprement dit. [...] Chaque année, la belle saison le ramène. Car on ne le voit qu’une fois l’an. Et son itinéraire est tracé tellement que c’est presque à jour fixe qu’il frappe à telle porte dans le premier rang; à telle autre dans le deuxième... [...] Le vieux prend le premier, par exemple, à Gentilly, le grand rang qui traverse le village; il le suit jusqu’au Saint-François; puis il monte la route et revient vers Québec par le deux; et ainsi de suite. 1914, A. Rivard, Chez nous, p. 74-75.
Là-dessus, Alexis prit son chapeau et sortit. On l’entendit qui criait : « Cendrée », et tout de suite le bruit de la voiture qui faisait sauter les cailloux, et qui filait à grande allure dans le rang croche. 1933, Cl.-H. Grignon, Un homme et son péché, p. 114.
Ce merveilleux cheval noir que vous avez, docteur Nelson. Ses longues jambes si fines. De loin on dirait des allumettes supportant une étrange chimère, à la crinière flottante. Lancée dans la campagne, sous la pluie. [...] Voici que, monté sur votre cheval, vous parcourez tous les rangs et les plus petites routes, ravinées comme des lits de torrents. Pas une maison où vous ne faites votre apparition. Par la cuisine de préférence. Vous demandez : « Avez-vous des malades, des estropiés, des affligés, des persécutés? » 1970, A. Hébert, Kamouraska, p. 154.
Quand venait le temps d’asphalter un rang dans un petit village de sa circonscription, les partisans libéraux étaient bien identifiés. On asphaltait donc le rang, sauf le bout du rang qui passait devant la résidence des militants libéraux et qui devaient « manger » de la poussière durant un autre quatre ans. 1989, Le Soleil, Québec, 16 juin, p. A4.
Vieilli(Souvent dans tout le rang). Ensemble des habitants, la population du rang.
Nous avions autrefois nos fêtes de paroisse, qui ne différaient de la Saint-Jean que par les nombreuses visites que se faisaient les campagnes entre elles. C’était un branle-bas général. La « côte » entière s’en mêlait. Plusieurs « rangs » s’agitaient à la fois. On festoyait à bouche que veux-tu. De vraies saturnales, en plus d’un cas. 1882, B. Sulte, Histoire des Canadiens-français, 1608-1880, t. 3, p. 134.
Du cadre de la porte, les petits écornifleurs disparurent à toutes jambes, allant porter à tout le bas du rang la nouvelle de l’arrivée d’un petit monsieur de la ville pour cultiver le renchaussage au père Norbert! 1919, Frère Marie-Victorin, Récits laurentiens, p. 75.
Vers le soir, tout le rang de Mainsal vit sortir des arbres et descendre vers les terres faites un étrange convoi. Ce n’était plus le torrent accoutumé quand il dévalait de la montagne après les draves, avec des cris de charretiers, des rires secoués par les saccades du tapecu [sic], et toute la file des hommes se précipitant dans le chemin des maisons, avec des ailes aux bras, joyeux comme des canards qui prennent l’eau... 1937, F.-A. Savard, Menaud, maître-draveur, p. 92.
La grippe se mit à sauter d’une personne à l’autre, sans qu’il y eût contact. Elle prenait plaisir à espacer ses coups, frappant le haut du troisième rang, reculant dans la Hêtrière, s’arrêtant au village, couchant d’un coup tout le rang des Chutes. 1946, M. Trudel, Vézine, p. 239.
(Par oppos. à village, avec parfois une connotation méprisante). Les rangs : la campagne.
Avoir grandi, avoir été élevé dans, sur les rangs. Venir des rangs. Un gars des rangs.
École, petite école de rang (par opposition à école de paroisse ou du village) : école de campagne où était dispensé l’enseignement primaire aux élèves du rang réunis dans une seule classe.
Au moment où la brise soufflait le plus fort, le feu se déclara dans les broussailles près du village qui fut dans un instant rempli de fumée. On craignait beaucoup mais, grâce au travail de la population, encouragée par le révérend M. Marchand, on parvint à maîtriser l’élément destructeur. Le dessus de la tour de l’Église anglicane céda à la force du vent, et dans les rangs, on n’entend parler que de clôtures renversées, etc. 1884, La Gazette de Joliette, 16 mai, p. [3].
Paf!... Le bully n’avait pas entendu [sic] d’être au dehors; déjà son poing de forgeron, poing velu et musclé, s’était abattu sur le nez de son adversaire. [...] La buvette se vida, et le « bully » transformé en agneau s’esquiva avec ses amis en se vantant d’avoir au moins donné le compte à un gars des rangs. 1908, La Presse, Montréal, 19 septembre, p. 16 (d’après une entrevue avec Louis Cyr).
L’hérésie rurale fit un tel mal, même dans les cerveaux, que nos éducateurs oublient encore, à l’heure présente, de mettre dans les manuels d’enseignement rural des leçons sur la petite industrie. [...] Ils font acheter le pain, quand il faut le cuire; [...] ils vont même jusqu’à conseiller de rester au village, quand, au Canada, pour être rural, il faut rester dans les « rangs », car le village est le vestibule de la cité. 1933, G.-M. Bilodeau, « Notre question rurale », dans Le Canada français, vol. 20, p. 608.
– Monsieur le curé... qu’est-ce que vous diriez, si on remettait à l’honneur une coutume qui s’est pas pratiquée à Saint-Vivien depuis longtemps : la vieille coutume de la guignolée? [...] Accompagné de trois ou quatre volontaires, c’est en carriole que je passerai de porte en porte. – Vous-même personnellement, docteur? [...] – Mais voyons! C’est pas tout d’avoir l’idée! Je veux travailler, aussi! Je dis pas que je me rendrai personnellement jusque dans les rangs, mais au moins dans le village, une partie du village. 1952, R. Choquette, Le curé de village, 31 décembre, p. 5-6 (radio).
– On a-tu fait partie de la Croix de tempérance, nous autres? Je penserais pas, hein? – Non. Bien il en était mention, seulement que nous autres, je vais dire comme on dit des fois, on restait dans les rangs, ici dans le village, mais il en a dû rentrer là-dedans, mais nous autres, ça a passé inaperçu, ça. 1973, Asbestos (Richmond), AFEUL, G. Laperrière 22 (âge des informatrices : n. d.).
Les enfants qui fréquentaient l’école de rang passaient la journée dans des conditions assez pénibles, surtout l’hiver. À la fin de 1944, une institutrice rurale [...] suscite une controverse qui durera quelques mois. Elle écrit à Paysana pour parler de son découragement. Pas d’eau courante dans son école. [...] Pour rencontrer les parents une fois par mois, il faudrait un local éclairé le soir. Mais l’électricité n’est pas rendue à l’école. Le poêle à deux ponts est magnifique, mais il faut faire une rotation entre les enfants qui rôtissent auprès du poêle et ceux qui gèlent dans les coins éloignés. 1992, J. Desrochers, Françoise Gaudet-Smet, p. 74-75.
Histoire
IDepuis 1698 (soit plus d’un demi-siècle après son synonyme côte). Par spécialisation du sens de « suite de personnes, de choses disposées sur une même ligne, en largeur », attesté en français depuis le XIIe s. (d’abord sous la forme renc, v. FEW a. bas-frq. hring 16, 240, et TLF). Déjà en 1664, la locution de rang « sur une ligne, l’un derrière l’autre » (locution en usage avec ce sens en français du XVIe au XVIIIe s., v. FEW id., 241a) s’emploie au Canada pour décrire la forme du peuplement : [...] et l’on voit a present deux ou trois belles colonies françoises d’une lieuë de long disposées de rang a dos l’une de l’autre et paralelle a celle du bord du grand fleuve St Laurens [...] (document intitulé Exposé touchant le soing et la diligence que les peres Jesuites ont eu de faire habiter et deffricher les terres qu’ils possedent en la Nouvelle France, ASQ, fonds Viger-Verreau 13, no 6, p. 4, passage cité également dans M. Trudel, Les débuts du régime seigneurial au Canada, 1974, p. 172). Par ailleurs, le fait qu’il soit question, dans le même document, de rangs d’habitations montre que le mot rang ne suffit pas encore à rendre à lui seul l’idée de « suite de lots » : [...] jusqu’a trois rangs d’habitations sur leurs terres au lieu que les autres seigneurs n’en ont faict encor q’un jusqu’a present sur les leurs [...] (ASQ, id., p. 8). On comprend cependant de ce texte que le sens spécialisé qu’a pris le mot rang au Canada français découle naturellement de son sens général. Rang double, depuis 1867 (L’Événement, Québec, 23 mai, p. [2]). C’est dans le premier quart du XXe s. qu’on voit apparaître les principales autres collocations usuelles, par exemple le haut, le bas du rang, depuis 1915 (A. Saint-Pierre, dans Le Petit Canadien, Montréal, septembre, p. 133).
II1Depuis 1880 (Dunn, qui ne relève que ce sens). 2Depuis 1882. 3Depuis 1884, où les rangs s’oppose déjà à village. École de rang, depuis 1929 (Le Progrès du Golfe, Rimouski, 21 juin, p. 1).