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RAGOÛTANT, RAGOÛTANTE [ʀaɡutɑ̃, ʀaɡutɑ̃t]
adj.

1

VieilliQui excite l’appétit.

Rem.Le mot ne s’emploie plus guère en France qu’en tournure négative ou par antiphrase (voir Histoire), ce qui correspond à son emploi le plus usuel de nos jours au Québec.

Briquettes de Crème Glacée (crème à la glace) Montréal Dairy. Elles sont ragoûtantes et rafraîchissantes. 1920, Le Devoir, Montréal, 25 août, p. 2 (annonce).

– Oscar : Regarde la belle viande rouge... si c’est pas ragoûtant... qu’est-ce que tu veux de plus? – Fulgence : Il faut savoir ce qu’il faisait ce cheval-là... sans ça tu pourras pas en vendre, ça sert à rien... 1951, O. Légaré, Nazaire et Barnabé, 30 novembre, p. 5 (radio).

Après s’être assuré que personne n’y était, il pénètre à l’intérieur du p’tit château et regarde partout... personne n’y était, excepté cette belle table fort ragoûtante. 1971, Notre-Dame-du-Laus (Labelle), dans R. Lalonde, Contes de la Lièvre, 1974, p. 182.

2

Fig., fam.(En parlant d’une personne, de nos jours surtout d’un bébé, ou de son apparence, d’une partie de son corps). Qui est attirant, qui séduit, que l’on a envie d’étreindre, général. en raison de ses formes rondes, de son aspect dodu.

Un bébé ragoûtant.

Il imaginait les moyens de posséder, bientôt, tout à l’heure, dans le foin de la grange, cette ragoûtante paysanne aux lèvres charnues et rouges, à l’œil vif où paraissaient courir des lueurs de convoitises et d’abandon. 1933, Cl.-H. Grignon, Un homme et son péché, p. 70.

C’est beau un être humain, hein, François? Tu dois être content d’avoir enfin contemplé de près un visage. C’est ragoûtant, n’est-ce pas? 1950, A. Hébert, Le torrent, p. 18.

Quand cette petite cérémonie fut terminée et que tous furent retournés à la cuisine où leur dîner était servi, ils s’accordèrent à trouver que « Mademoiselle » avait encore embelli et que son Monsieur le Marquis était un bien beau gars. La cuisinière [...] résuma l’impression des femmes en déclarant que le nouveau Monsieur « était ben ragoûtant ». 1960, R. de Roquebrune, La seigneuresse, p. 135.

Mais Louise avait quand même un petit côté grassette pas mal ragoûtant1964, J. Renaud, Le cassé, p. 26.

[...] c’était toujours lui, le petit dernier, le préféré, qui était servi en premier, à table, qui recevait les plus belles portions de dessert sans jamais avoir à dire merci; c’était toujours lui que leur mère caressait affectueusement, lui mordant parfois même les joues au sang tant elle les trouvait ragoûtantes [...]. 1982, M. Tremblay, La duchesse et le roturier, p. 152-153.

Histoire

1Depuis 1920. Emploi qui a eu cours en français de France du XVIIe s. jusqu’au milieu du XXe (attesté depuis 1673 (Boileau, d’après GLLF) et relevé dans les dictionnaires depuis Fur 1690). Depuis Larousse 1960, les dictionnaires signalent que cet emploi est limité aux tournures négatives ou restrictives (v. aussi PRobert 1967, Larousse 1982). 2Depuis 1933. Attesté en français de France depuis 1676 (v. GLLF), mais considéré de nos jours comme vieilli ou vieux (depuis Quillet 1937; v. aussi TLF, GLLF et Robert 1985; Besch 1892 relève encore, avec la mention « très fam. », une figure ragoûtante, une femme bien ragoûtante).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Ragoûtant, ragoûtante. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 20 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/ragoutant-ragoutante