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PUNAISE [pynɛz]
n. f.

1

RareSentir la punaise : sentir mauvais.

Tu sens toujours la punaise rien qu’à force de croupir. Le jour tu dors sur ta chaise et le soir tu vas courir. 1966, Saint-Séverin (Beauce), AFEUL, P. Jacob et M. Thibault 153 (chanson) (âge de l’informateur : n. d.).

Avant même de se rendre compte que la maîtresse le menait comme on mène un cochon à l’abattoir, il [l’écolier] se retrouva à genoux à côté de la chaudière, la tête plongée dans l’eau souillée de poudre de craie et d’urine. Émilie la lui retira aussitôt, la main agrippée à sa chevelure, attrapa la guenille de l’autre main et la lui lança au visage. « Tiens, prends ça pour t’essuyer. Comme ça toi aussi tu vas sentir la punaise. » 1985, A. Cousture, Les filles de Caleb, t. 1, p. 35.

2

Fam.Faire, se faire du sang de punaise : se faire du mauvais sang.

Rem.On dit aussi, dans le même sens, faire du sang de cochon, de crapaud, etc.

Si je n’avais pas fait cette marche dans une journée, j’aurais manqué un bateau et il m’eût fallu attendre huit jours en faisant du sang de punaise, à raison de dix piastres par jour, pour prendre passage sur un autre bateau. 1936, F. Bélanger, Mémoires d’un cultivateur, p. 111.

Pour l’instant, c’est du sang de punaise pour Pierre que je me fais. Les demi-vérités de Gilles m’ont révoltée. Il faut en parler à Pierre au plus tôt. Je ne peux tout de même pas le laisser à Chicoutimi servir de caution financière à Goldman sans intervenir! 1986, R. Tremblay, Lance et compte, p. 343.

Histoire

1Depuis 1966 (Saint-Séverin, Beauce, AFEUL P. Jacob et M. Thibault 153 : tu sens toujours la punaise); dès 1913 dans un journal franco-américain (v. La Tribune, Woonsocket, Rhode Island, 9 janvier, p. 3). Par référence à l’odeur infecte que dégage la punaise quand on l’écrase. Cp. l’expression sentir le punais « id. », relevée dans des parlers de l’Ouest de la France (ALO 462 et GachPoit), où punais correspond à l’emploi substantival d’un adjectif signifiant « puant, fétide » qui est attesté en français depuis le XIIe s. (vieilli de nos jours), d’où découle également le mot punaise par substantivation de la forme féminine (v. FEW *pūtĭnasius 9, 637b-638a, RobHist, TLF s.v. punais). 2Depuis 1909 (Dionne). D’après l’expression courante se faire du mauvais sang, qui est attestée en français depuis le XVIIIe s., mais selon un modèle assez productif en français québécois où l’adjectif mauvais est remplacé par un complément de nom au sémantisme équivalent (v. Rem.; v. aussi FEW sanguis 11, 176a); cp., en français de France, se faire un sang d’encre « id. » (v. TLF s.v. sang).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Punaise. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 28 mars 2024.
https://www.dhfq.org/article/punaise