POURCIL ou
POURCIE [puʀsi]
n. f. ou m.
1. Parfois prononcé [puʁsij]. 2. Variantes graphiques : (anciennement) poursil, pour-sille, etc.
Vieilliou région.Nom donné au marsouin commun (Phocœna phocœna, fam. des phocœnidés), mammifère marin ressemblant à un petit dauphin, à dos noir et ventre blanc, abondant près des côtes.
La chasse aux pourcils. Huile de pourcil.
Rem.Principalement en usage chez les pêcheurs de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent pour qui marsouin sert plutôt à désigner le béluga.
Ceux qui approchent des terres sont les marsoüins de deux especes, les plus grands sont tous blancs, de grosseur à peu prés d’une vache [...]. L’autre marsoüin est celuy que l’on nomme poursille, ceux là vont toûjours en grande bande, & il s’en trouve par toute la mer, ils vont aussi proche de terre suivant la boitte [« les poissons dont ils se nourrissent »], ils sont bons à manger [...]. 1672, N. Denys, Description geographique et historique des costes de l’Amerique septentrionale, t. 2, p. 258-259.
Quelques pourcils ou cochons-marins étoient venus se montrer autour de notre goélette, prenant, ce semble, plaisir à nous régaler de la vûe de leurs culbutes. C’est ainsi qu’ils honorent tous les vaisseaux qu’ils rencontrent. 1811 env., ASQ, J.-O. Plessis, fonds Viger-Verreau, série 086, 3 juin (journal).
Nous recommandons à la considération attentive des connaisseurs [...] l’huile de pourcie [...], qui jouit exclusivement de la propriété de résister à la congellation [sic], même par un froid de 34o centigrades qui ne lui enlève que sa transparence [...]. 1855, J.-Ch. Taché, Catalogue raisonné des produits canadiens exposés à Paris en 1855, p. 172.
Mon frère, élevé à la campagne, ne savait pas encore nager, et aurait voulu jouir aussi de la fraîcheur de l’eau, où je me jouais comme une pourcil. 1863, Ph. Aubert de Gaspé, Les anciens Canadiens, p. 377.
(Acadie). « J’pense, reprend Antoine, que le fond de la seine a été défoncé par des gros poissons qui ont voulu prendre notre hareng. » Antoine avait vu juste. En arrivant sur les lieux, ils virent plusieurs pourcis disparaître par un trou qu’ils avaient percé dans le fond de la seine, avec les derniers harengs dans la gueule. 1976, A. Harvey, Contes et légendes des Îles-de-la-Madeleine 2, p. 49.
Péjor.Personne très grasse.
Une grosse pourcil.
Histoire
Depuis 1672, poursille, chez Denys; pourcil, depuis 1811. Héritage de France. Le mot a eu cours en français sous la forme poursille (d’abord porcille) depuis le XIVe s. jusqu’à la fin du XIXe s.; il est également attesté dans le parler saintongeais (v. FEW pŏrcĕllus 9, 187a, RollFaune 1, p. 173; v. aussi Mass no 491 qui signale la forme plurielle poursis dans un traité de pêche français de 1782). Poursille figure dans la plupart des dictionnaires du XIXe s. qui le relèvent tantôt au féminin (v. AcCompl 1836 et Besch 1847), tantôt au masculin (v. Littré et Larousse 1866).