POUDROIEMENT [pudʀwamɑ̃]
n. m.
Litt.Mouvement incessant de la neige, de la poussière, ou de gouttelettes d’eau s’élevant en tourbillons sous l’effet du vent.
Le poudroiement de la neige.
Rem.Comme en France, poudroiement peut également se dire de l’effet de scintillement que produit la neige ou une matière poudreuse en suspension lorsqu’elles sont éclairées par une vive lumière (voir Larousse 1982‑1987; TLF), p. ex. : « Je m’ennuie du poudroiement de la lumière sur la crête des vagues, des éclats de soleil de midi à sa surface, de la lumière tamisée des brumes matinales […]. » (R. Tremblay, Le Soleil, Québec, 11 novembre 2002, p. B5).
Je viens d’écrire un peu plus haut le mot poudrerie, c’est encore un terme, non-seulement fort juste, mais de plus très-pittoresque. On connait peu, en effet, en France, le tourbillonnement, ou plutôt le poudroiement de la neige, tel que nous l’avons ici, et que les Anglais appellent drifting. Ce sont donc les circonstances locales qui nous ont imposé ce mot, et nous disons avec beaucoup de raison : Il y a de la poudrerie, il poudre. 1884, N. Legendre, La langue française et la province de Québec, Nouvelles Soirées canadiennes, vol. 3, juin, p. 275.
Le peloton de parade [militaire] déboucha [dans une rue du quartier Saint-Henri] à la hauteur du Quinze‑Cents. Florentine se pencha pour le voir passer avec un intérêt presque enfantin, avide et étonné. Les soldats défilaient, des gars costauds, bien plantés dans le solide manteau khaki, les bras également raidis dans un poudroiement de neige. 1945, G. Roy, Bonheur d’occasion, p. 25.
Hiver et été, printemps et automne, il n’y en a pas de plus beau que le lac Doré, dans lequel le grand lac Chibougamau vient se précipiter avec un mugissement et un poudroiement irisé d’écume en faisant un saut de douze pieds. 1959, L. Hart, Le premier couple marié à Chibougamau, Saguenayensia, vol. 1, no 1, p. 12.
Gigi écoutait distraitement la radio, tout en regardant entre les lattes du store vénitien l’espèce de poudroiement de la neige qui s’était mise à tomber lentement, et elle pensait : On va en avoir encore, c’est loin d’êt’ fini… 1974, A. Major, L’épouvantail, p. 54.
Par anal. du sens d’« effet de scintillement… », voir Rem. ci-dessus.
Elle collectionne donc les « débris de joie », goûte chaque seconde de la vie, se gorge d’éphémère, qu’il s’agisse de l’odeur des draps fraîchement lavés ou du poudroiement d’une comète qui descend, majestueuse, dans la nuit. 1998, L. Lachance, Le Soleil, Québec, 19 juillet, p. B10.
Par métaph. Effet de crépitement créé par la combinaison harmonieuse des sons d’une pièce musicale.
L’œuvre de Denis Dion est une tentative réussie d’association de matériaux acoustique et électronique, créant de jolis effets de poudroiement sonore. 2005, Chr. Huss, Le Devoir, Montréal, 17 novembre, p. B7.
Histoire
Depuis 1884. De poudroyer. Découle, par analogie, de poudroiement au sens voisin de « soulèvement de la poussière des routes, de la neige, etc. », attesté en français depuis 1863, mais qui ne paraît pas avoir été enregistré dans les dictionnaires (v. FEW pǔlvis 9, 562b : ne figure pas dans Littré, DG, GLLF, Robert (en ligne) 2021‑01 ni TLF). Larousse 1897 donne comme exemple Le poudroiement de la neige balayée par le vent pour illustrer l’emploi du mot, mais sa définition (« caractère de ce qui poudroie, de ce qui prend l’aspect d’une fine poussière ») montre qu’il fait référence à l’effet que produit la neige balayée par le vent, comme dans le français de référence, et non à son mouvement, comme en français québécois. L’emploi métaphorique correspond à un emploi semblable concernant la peinture, dans un journal français (S. Gignoux, La Croix, Paris, 17 mars 2015, p. 18 : Car c’est un éblouissement devant la beauté des femmes que cette peinture célèbre, avec des poudroiements de pastels).