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POUDRETTE [pudʀɛt]
n. f.

1

RareNeige fine et sèche.

 Bourrasque de cette neige.

Rem.1. Relevé au sens de « tempête subite de neige » à Havre-aux-Maisons (îles de-la-Madeleine) (voir PPQ 1210) ( poudre, sens II). 2. Comme en France, poudrette est également attesté au Québec au sens d’« engrais résultant du traitement d'excréments humains » (surtout du XIXe s. au début du XXe s.) et au sens de « déchet de caoutchouc broyé en vue de la régénération » (TLFi)

 poudre (sens II).

(En appos.) Dimanche 3 [février] – Temps sombre le matin, un peu de neige, 10 ̊ C. À une heure de l’après-midi, bourrasque de neige poudrette poussée par un vent violent. Le soir, beau temps. 1861, Cl.A. Ternet, Journal : Pointe-aux-Esquimaux (Havre-Saint-Pierre), p. 53.

La vaste plage blanche s’allonge vers le réservoir Choinière et en arrière-plan, les flancs sombres du mont Shefford épousent la grisaille de l’hiver. […] « Une bonne bordée ne ferait pas de tort », remarque le garde-parc Alain Mochon en nous entraînant dans le sentier réservé à la pratique de la raquette. Malgré une poudrette de surface, le fond est solide. 2003, R. Chartier, La Presse, Montréal, 2 février, p. E6.

2

VieilliPetite boîte contenant ce qui sert au poudrage du visage (poudre, houppette, miroir); par méton. Houppette.

Nous avons reçu cette semaine de la Maison Murat, de Paris, une superbe collection de bijoux en argent, comprenant : bourses, poudrettes, flacons à parfum, étuis à cigarettes, nécessaires de couture, etc., etc. Plusieurs marchands de Montréal déclarent que c’est la collection la plus artistique et variée qui ait été exposée à Montréal. 1913, Le Devoir, Montréal, 27 décembre, p. 10 (annonce).

[…] plus loin, à l’écart, gardant contre les éclaboussures de l’eau leur fraîche toilette, les sténographes, curieuses mais prudentes, serrant convulsivement, à cause des tire-laine toujours à craindre dans les foules, leurs bourses à mailles où l’on voit au fond un mouchoir minuscule, une poudrette[,] quelques pièces blanches et l’accordéon des billets de tram. 1919 env., L. Dupire, Le petit monde : recueil de billets du soir, p. 47.

Et l’on voit [à Londres], dit-on, installées dans leurs taxis disposés en rangs, des femmes-chauffeurs portant l’uniforme, naturellement, et possédant les pièces de rechange nécessaires en cas de défectuosité dans le mécanisme de l’auto qui leur est confié [sic]. Elles ont le même salaire que les hommes. Mais, à part de l’uniforme et des parties de rechange, n’allez pas croire qu’elles oublient leur poudrette : la dépêche mentionne le contraire; car, même sous le costume masculin et remplissant des fonctions masculines, la femme demeure coquette et ne peut pas s’empêcher de rester femme. 1930, Le Devoir, Montréal, 5 février, p. 5.

Garrick trouva Jacqueline en train de se poudrer devant le miroir. – Voilà bien les femmes! Elles seraient à deux cent milles dans le bois, qu’elles trouveraient encore le tour d’être coquettes! – Qu’est-ce qui vous empêche de croire que ce n’est pas pour vous autres, les hommes, que les femmes dépensent tant d’heures à leur toilette? – Vous voulez dire que c’est pour moi ce déploiement de poudrettes? 1941, Ch.H. Beaupray, Les beaux jours viendront..., p. 115116.

(Acadie) Pis là, elle le déshabille, elle le met flambant nu! Pis, elle le lave avec une éponge. Il en frissonnait, quand elle lui passait la moppe là, à des places […]. Il se tordait sur tous les bords imaginables. Elle le lavait, par exemple, elle l’avait mis bien blanc. […] Quand elle a passé la poudrette, là, sur le fourty-five, il avait les oreilles dans le crin! 1954, Grande-Anse (Gloucester, Nouveau-Brunswick), AFEUL, L. Lacourcière 1902 (âge de l’informateur : 72 ans).

Si l’on me prend à traîner la rue trop tard, j’aurai l’accueil des cellules de la sûreté. Moi, flâneuse, n’ayant même pas de sac à main. Où est-ce que je le mets mon fric? Dans le corsage? Et la poudrette, le rouge à lèvres? 1971, J.‑J. Richard, Journal d’un hobo, p. 225.

Prend-on les femmes pour des idiotes naïves s’imaginant effacer vingt ans par un coup de poudrette? S’imaginer redevenir des modèles de peau lisse et de cheveux opulents, ou devenir ce que peut-être elles n’ont jamais été? 2006, A. Rainville, Le Quotidien, Saguenay, 21 octobre, p. 14.

Histoire

1Depuis 1861. Découle d’une extension sémantique du même mot attesté en français au sens de « poussière fine » du XIIe au XVIIe siècle et qui s’est maintenu dans plusieurs régions dont étaient originaires les colons de la Nouvelle-France (v. FEW pǔlvis 9, 561b). Il s’est dit du temps qu’il fait au XVIe siècle (temps de poudrette « temps sec », ibid.). Poudrette a connu la même évolution que le mot poudre, qui a d’abord servi à désigner la poussière, puis la neige. 2Depuis 1900 (La Presse, Montréal, 27 décembre, p. 10 : Poudrettes en duvet, de 20 cents… pour 10 c). Un emploi similaire a été relevé dans les îles anglo-normandes de Jersey et de Guernesey (LeMJers, « pompon à poudre »; GarGuern3, s.v. poudraette, « powder puff »). Il pourrait s’agir d’un développement parallèle.

Nouvelle entrée de la deuxième édition

Dernière révision : janvier 2021
Trésor de la langue française au Québec. (2021). Poudrette. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 19 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/poudrette