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POUDRÉ, POUDRÉE [pudʀe]
adj. et n.

1

n. f. Péjor.fam.Femme, fille aguichante arborant un maquillage excessif et un habillement de mauvais goût perçus comme vulgaires ou superficiels.

Une petite poudrée. Une vieille poudrée.

Les poudrées d’Hollywood : surnom donné aux actrices américaines qui se parent et se maquillent de façon provocante.

 beurré, beurrée (sens 2).

 n. f. Péjor.fam.Femme légère, prostituée. (Comme terme d’insulte).

Maudite poudrée!

Avec les serveuses, je perds mon temps. […] Avec elles, il faut sortir, aller danser quelque part, aller chez des amis, et, surtout, être sur roues. […] Je ne suis qu’un gamin inoffensif et ridicule pour ces dames, ces vulves, ces poudrées […]. Je les trouve vulgaires et abruties, mais ma réaction n’est pas de les mépriser. 1967, R. Ducharme, Le nez qui voque, p. 237238.

« Où tu vas comme ça ma belle? » Elle ne bouge pas. Elle n’entre ni dans le jeu ni dans la réalité. La lumière change au vert et la blonde appuie sur l’accélérateur, au moment où, d’impatience, klaxonne la voiture qui se trouve derrière celle de Robert. Ce dernier appuie également sur l’accélérateur. « On s’laissera pas dépasser par c’te poudréelà. » 1971, G. Lescarbeault, À ras de terre, p. 140.

« [Salvador] Dali aimait être entouré, en particulier de jeunes, jolies et brillantes filles. Mais il aimait aussi les vieilles poudrées, comme Mae West et Zsa Zsa Gabor. Il avait une imagination sexuelle très spéciale. Il ne fumait pas, ne buvait rien d’autre que du Perrier et aimait le miel, qu’il collectionnait. […]. » 1989, J. Lepage, La Presse, Montréal, 24 janvier, p. A2.

Un parfum trop intense et trop capiteux détonnera au restaurant, où l’on préfère humer les plats plutôt que de renifler l’odeur de la poudrée de la table voisine. C’est comme dans n’importe quel domaine : la mesure a meilleur goût... et est de meilleur goût! 2000, L. Gagnon, La Presse, Montréal, 2 mai, p. B3.

(Dans un surnom). J’avais presque oublié de vous parler de la Poudrée. Elle s’était mérité ce nom grâce à l’abondante couche de fard qui recouvrait son visage. Sa seule occupation était de se bercer toute la journée en tricotant et en refaisant son affreux maquillage toutes les heures. 2000, P. E. Jean, En face de la boulangerie, p. 88.

Par plaisant. ou comme terme d’affection. Fam.Amie de cœur.

Ma poudrée

Les femmes se poudraient afin d’avoir les pommettes rosies. De là l’expression « je vais voir ma poudrée ». 1967, Beaumont (Bellechasse), AFEUL, Y. Bourget, ms. « Enquête personnelle », 1re partie, p. 54 (âge de l’informateur : n. d.).

La poudrée, titre d’une estampe de Lucie Lambert, 1972 (BAnQN).

2

adj. et n. Argot.(Personne) qui renifle de la drogue en poudre (cocaïne, héroïne, etc.). 

 (Personne) qui est sous l’influence de ce type de drogue.

Voix de Simone : Avec tous les écus que j’ai volés à notre mécène adoré, je compte bien m’acheter une robe-cigarette pour mon cul bien roulé. Pour tout de suite, c’est la reniflette. Tu en veux? […] Voix d’Aubée : Non merci, je suis déjà en dents de scie. Edmond : À ce que je vois, vous n’avez pas changé. Voix de Simone : Dommage, tu aurais été la plus belle des poudrées. Maintenant, ma poupée, cesse de parler et je vais t’habiller. 2006, A. Tremblay, Nous irons mourir par un soir de spectacle, mémoire de maîtrise, Université Laval, p. 2021.

L’infirmière, qui venait d’arriver à l’hôpital pour son quart de travail, n’était pas dans son état normal. Elle avait une « drôle d’odeur », elle faisait les cent pas, elle parlait fort, avait les yeux vitreux et reniflait sans cesse. Lorsque sa supérieure lui a demandé si elle avait consommé, [elle] a nié. On ne l’a pas crue. Elle a été renvoyée chez elle. Ses collègues ne lui faisaient pas confiance pour s’occuper des patients. La rumeur qu’il y avait une « poudrée » au septième étage a fait le tour de l’hôpital. Devant le comité de discipline, elle a admis avoir prisé deux lignes de cocaïne avant de travailler. 2014, G. Duchaine, La Presse+, Montréal, 4 mai, actualités, écran 2.

Avant, me disait mon père, les producteurs, le showbiz achetaient même la drogue aux artistes. Pour qu’ils « performent ». Pour qu’ils s’amusent. Pour qu’ils continuent. Ça allait tellement avec. De toute façon, être une vedette excusait tout. Le mal-être de l’artiste, alcoolo, poudré ou juste excité par son pouvoir, lui donnait naturellement un passe-droit sur la psyché, l’esprit et le corps des autres. 2020, L. Stréliski, Mordre en toute impunité, L’Actualité (site Web), 31 juillet.

Avoir le nez poudré « être sous l’effet de la drogue ».

[...] la partie peu loquace d’un savoureux duo de truands bas de gamme […] qui aime bien avoir le nez poudré. 2020, E. Plante, Le Journal de Montréal, 5 septembre, p. 10.

Histoire

1Depuis 1967. Substantivation de l’adjectif poudrée « maquillée avec excès » (voir s.v. poudrer, sens I). 2Depuis 2006. Découle de l’expression se poudrer le nez « renifler de la drogue en poudre » qui a cours en France (relevée dans des journaux, des revues), bien qu’elle ne figure pas dans les dictionnaires (attestée depuis 1987, dans Le Monde, Paris, 16 mai, p. 15 : Elle emmène sa fille Grace, une donzelle exquise qui se poudre le nez à la cocaïne et n’est pas bien farouche); cette expression est relevée au Québec depuis 1990 (Y. Poulin, Le Soleil, Québec, 6 octobre, p. Z34 : Le rude Bob Probert ne devrait plus se « poudrer » le nez).

Nouvelle entrée de la deuxième édition

Dernière révision : janvier 2021
Trésor de la langue française au Québec. (2021). Poudré, poudrée. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 29 mars 2024.
https://www.dhfq.org/article/poudre-poudree