POÊLE [pwɛːl] ou [pwɑl]
n. m.
1. La prononciation [pwɑl] domine dans la langue soignée. 2. Aussi écrit poële (dernier quart du XVIIIe s. jusqu’au milieu du XXe s.), parfois poèle. À une époque plus ancienne (surtout XVIIe et début XVIIIe s.), souvent écrit poile, poille, poisle, poesle, poelle (voir Histoire).
Appareil dédié à la fonction de chauffage.
Appareil de chauffage clos, en métal, constitué d’un foyer dans lequel on fait brûler un combustible (général. du bois).
chaufferette; fournaise; tortue; truie.
(Locutions usuelles). Poêle de fonte, de fer, de tôle. Poêle à bois (citations ci-dessous), poêle à charbon, à l’huile, à gaz. Poêle Franklin, inventé par l’Américain Benjamin Franklin en 1742. Poêle à combustion lente. Poêle à granules, alimenté par des résidus de bois sec compressés. Poêle de masse, à restitution lente de chaleur. Allumer, fam.partir le poêle. Chauffer le poêle. Miner le poêle, le polir avec de la mine de plomb.
Clé de poêle : plaque mobile à l’intérieur du tuyau de sortie du poêle fixée à une tige traversant celui-ci, permettant de régler le tirage.
(Ancienn.). Poêle à chauffer. (D’après l’origine du poêle). Poêle de France, poêle français, poêle d’Allemagne, d’Écosse. Poêle du pays, construit au Canada. Poêle des Forges (Saint-Maurice), construit dans la région de Trois-Rivières, poêle de Québec. (D’après la fonction du poêle). Poêle de cabinet. Poêle de chambre, de passage, de salle (citations ci-dessous). Achaler le poêle. Fumer une pipe devant le poêle. Charbon de poêle. Casserole* du poêle.
Un moyen poisle de fer a la Samaritaine avec ses quenoüilles et ecroüs, une seinture de haut en bas et son tuyau d’environ cinq pieds de fer de tolle estimé avec son trepied cent vingt livres. 1703, Québec, BAnQQ, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Québec), greffe L. Chambalon (CN301, S58), 27 janvier, p. 27.
[…] ils mettent quelques racines [de ginseng] tremper dans de leau quon a soin de tenir tiede ou chaude sur un poile, et ils en boivent avec du vin a leurs repas […]. 1733, Sr M‑A. Duplessis de Sainte-Hélène, Nova Francia, vol. 4, no 1, 1929, p. 120.
Un poil a chauffer des forges avec sa porte soixante livres. 1784, Québec, BAnQQ, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Québec), greffe A. Dumas (CN301, S92), 11 juin.
On secoue la neige des habits, la maîtresse aide la commère à enlever son grand châle de dessus. Déjà l’enfant est en partie développé et fait entendre ses cris, du fond du cabinet où les jeunes filles l’ont emporté pour en prendre soin. – Ma femme, dit le maître, le poêle chauffe-t-il dans la chambre de compagnie? – Oui. – Eh! bien, fais entrer Madeleine et prépare lui un bon sangris. 1863, J.‑Ch. Taché, Forestiers et voyageurs, Les Soirées canadiennes, vol. 3, p. 68.
28 [février] Beau[.] Il y a fait beau tout le mois de février[,] nous na von [= n’avons] pas chaufé le peti poel de chambre du tou de puis le 15 janvier[.] 1877, Pointe-Lévis, BAnQQ, fonds Léon Samson (P308), 28 février.
Un grand poele, à bois ou à charbon, réunit toutes les conditions voulues, mais je recommande fortement l’usage d’un appentis en tôle au dessus du poêle, pour répartir la chaleur, et empêcher le feu d’être trop violent sur la partie du séchoir qui se trouve immédiatement au dessus. Un séchoir tel que celui que j’ai mentionné devrait sécher deux fois sa charge de houblon en vingt-quatre heures […]. 1883, Le Journal d’agriculture illustré, vol. 6, no 11, p. 174.
Pour maintenir une température égale et avoir un bon feu, un poêle à charbon est préférable à un poêle à bois. Le poêle doit être entouré d’une tôle arrangée de façon à distribuer la chaleur également dans tout l’appartement. Les fromages voisins du poêle ne doivent pas recevoir plus de chaleur que ceux qui en sont éloignés. 1898, Le Journal d’agriculture et d’horticulture, vol. 2 no 5, p 100.
Il allume le petit poêle dans le bureau du garage car les nuits sont froides déjà. Il se blottit tout près. Que ferait-il d’autre, là-bas? La neige est venue, une neige qui n’est pas de la vraie neige, blanche et ferme et sèche, mais une neige qui est presque de la pluie, une neige qui sitôt touché terre n’est plus bientôt que flaques d’eau boueuse où se délaye une pâte grise. C’est donc cela, les États, les États dont le mirage a fasciné tant et tant de fils de paysans! 1938, Ringuet, Trente arpents, p. 289‑290.
Il y a eu aussi de petits poêles pour réchauffer la salle ou une chambre à coucher. Les premiers ressemblent aux poêles de cuisine. C’étaient des poêles à un pont, pour ainsi dire – et qui pouvaient tenir de grosses bûches. Ils ont été remplacés par les poêles « tortue » connus partout sous le nom de « poêles de Québec ». C’étaient des poêles Bélanger ou Montmagny de l’Islet; Finlay, d’Ontario, ou Carrier, de Lévis. 1960, N. Dawson, La vie traditionnelle à Saint-Pierre (Île d’Orléans), p. 47.
À cette période de l’année où les températures froides s’installent à demeure pour quelques mois, on pense inévitablement à s’installer un poêle à bois. La plupart du temps, on pense à un chauffage d’appoint. Ce n’est pas tant que le chauffage au bois soit économique. C’est plutôt, pour une majorité de gens, une question d’ambiance. Quoi de plus agréable que d’entendre le crépitement des bûches, que d’admirer et de se chauffer près d’un bon feu bien chaud. 2000, Cl. Savary, La Presse, Montréal, 15 janvier, p. K7.
Cette habitation a toutes les commodités : poêle à combustion lente, relié au système de chauffage à air chaud, chauffage radiant dans les planchers. « C’est le confort total avec des sources d’énergie assez écologiques », précise [l’entrepreneur]. 2017, Le Soleil, Québec, 6 mai, p. M4.
Le poêle de masse, ou foyer de masse, possède de nombreux avantages, dont une grande efficacité énergétique qui produit beaucoup moins de pollution que d’autres types de chauffages au bois. En plus d’être esthétique et multifonctionnel, il procure une douce chaleur radiante et confortable aux occupants de l’habitat. Le poêle à bois de masse – appelé poêle à accumulation en France – est un appareil de chauffage au bois qui comporte deux éléments qui se doivent d’être d’une haute efficacité : une boîte à feu et un système d’accumulation de chaleur. 2020, Solution ERA, Solutionera.com (site Web), habitat écologique (articles et vidéos), 21 janvier.
(Appellation usuelle). Poêle à bois.
Une quantité de poêles à bois et à charbon, de diverses formes et quelques poêles américains parfaitement clos, qui combinent les avantages de la grande économie de combustible, de grands fourneaux, d’arrangements commodes et ont des plaques beaucoup plus épaisses que les poêles américains ne le sont ordinairement. 1848, Le Canadien, Québec, 9 octobre, p. 3.
Je pense qu’il ne serait pas bon, au point de vue hygiénique, de se servir d’un poêle à charbon anthracite dans une salle de caserne renfermée, où plusieurs hommes dorment, à cause de la quantité de gaz sulfurique et d’oxide carbonique qui s’en dégage. On a appris, tout dernièrement, que quelques matelots avaient été asphyxiés par la fumée d’un poêle à charbon anthracite dans une cabine […]. Il y a un poêle à charbon anthracite dans nos quartiers; et après un an d’expérience, je serais heureux de pouvoir le remplacer par un poêle à bois. 1874, Remarques du commandant de la batterie « B » sur le rapport du conseil, Documents de la session du Parlement du Canada, vol. 7, no 5, p. 79.
Dans nos écoles de campagne, on n’a pratiquement recours qu’à un seul système de chauffage : le chauffage central par le poêle à bois. Ce poêle sera placé de telle sorte qu’il puisse distribuer sa chaleur dans toutes les parties de la classe. 1914, L’enseignement primaire, vol. 36, no 2, p. 87.
L’incendie qui a coûté la vie au jeune [homme] le 1er mars dans le rang Sainte-Croix à Saint-Raymond a été causé par un accélérant versé par son compagnon dans le poêle à bois d’un camp de fortune, pour attiser les flammes. Le gaz s’est répandu sur le plancher de bois et le feu a couru si vite que la victime, réveillée par des cris, est restée prisonnière au premier étage. 1989, Le Soleil, Québec, 21 avril, p. A10.
Je crois avoir pris conscience de la splendeur de la vie dans les bois lorsque j’avais treize ans, lors de mon premier camping d’hiver sous la tente, en tant que jeune scout. J’ai été capable de survivre par moins vingt-cinq dans une tente chauffée avec un simple poêle à bois, en compagnie d’amis. J’ai pour ainsi dire amadoué l’hiver et ses forces, tout fier d’avoir appris des techniques anciennes, mais si utiles, au sein d’une nature qui m’apparaissait plus majestueuse encore qu’en été. 2017, J. Désy et I. Duval, La route sacrée, p. 71.
(Ancienn.). (Appellations descriptives).
Vieilli Poêle de brique(s), ou plus rareà brique(s) : construction rectangulaire de briques (parfois de pierres) tenant lieu de foyer, de dimensions variables, comprenant une porte à l’avant pour l’alimentation en combustible et surmontée d’une épaisse plaque de fonte ou de fer et d’un tuyau par lequel s’évacue la fumée.
Rem.1. Ce type de poêle n’était pas encore totalement disparu dans Charlevoix au début du XXe siècle (voir M. Moussette, Le chauffage domestique au Canada, 1983, p. 134). 2. On trouve aussi, mais plus rarement, fournaise à brique(s), de brique(s).
Aucunes personnes de cette ville ne pourront faire élever chez eux aucun poële soit de fer ou de brique, si ce n’est dans des cheminées, ou qu’il n’en soit fait de capables, pour les y mettre. 1676, Règlements généraux du conseil souverain pour la police, P.‑G. Roy (éd.), Ordonnances, commissions, etc., etc., des gouverneurs et intendants de la Nouvelle-France, 1639‑1706, 1924, vol. 1, p. 193‑194.
[…] au bout de ladicte maison est une allonge de quatorse pieds sur la largeur de ladicte maison ladicte allonge estant presque neufve et dans laquelle il y a un poelle de brique[.] 1690, Québec, BAnQQ, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Québec), greffe Ét. Jacob (CN301, S143), 12 avril.
Un poesle de brique avec une plaque de fer dessus[,] fendüe et une autre petite plaque de fer a un bout et la porte aussy de fer, et son tuyau de taule en cinq pieces […]. 1709, Québec, BAnQQ, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Québec), greffe P. Rivet (CN301, S240), 6 février.
Suplie tres humblement la Veuve du Sieur Picard, disant quelle auroit loué, l’année derniere au nommé La Jennesse et sa femme un poesle de brique avec une plaque de fer La porte et les tuyau pour la somme de huit livres acompte dequoy elle a receu trois livres dix sols, que la supliante vient d’etre tres surprise d’apprendre que le frere Cure avoit fait saisir tout ce qui appartenoit au dit la Jeunesse et sa femme et que le dit poesle a été aussi compris dans la ditte saisie, pourquoy elle a recour a vous Monsieur […]. 1731, Requêtes de la veuve Picard et de Jean Maillou (Mailloux) concernant la saisie d’un poêle de brique loué (ms.), Québec, BAnQQ, collection Pièces judiciaires et notariales (TL5, D3709), 7 juin, fo 1‑2.
Un poèle de brique avec sa plaque, son ceintre et sa porte. Un tuyau de quatre feuilles de tôle. […] Trois plaques pour poèle de brique. Une porte de tôle. Un ceintre. Trois bouts de tuyaux. Deux portes battantes couvertes de toile. 1745 env., [Inventaire des biens de Michel Sarrazin], M.‑J. et G. Ahern, Notes pour servir à l’histoire de la médecine dans le Bas-Canada, 1923, p. 506 et 508.
Q. Quelle est l’épaisseur de la muraille de ce poële de briques? – La muraille est de l’épaisseur d’une brique; ce poële a sur le côté et le devant une ouverture fermée par une plaque en fonte, quelquefois une feuille de tôle, quand on ne peut pas se procurer quelque chose de meilleur. Le matin ils font cuire quelques aliments, quand le poële est chaud, et pour préparer le dîner, ils ont dehors une place avec une petite grille, où ils font un peu de feu, et où ils font cuire ce qu’il faut pour le dîner. 1877, Rapport du comité permanent sur l’immigration et la colonisation, Appendice au onzième volume des Journaux de la Chambre des communes du Canada, 3e parlement, 4e session, vol. 11, appendice no 6, p. 116.
Au cours de l’année 1763, les Forges mirent sur le marché cent poêles d’un modèle nouveau arborant les armes britanniques. Les anciens modèles fleurdelysés étaient cotés à $18.33; les nouveaux furent offerts à $20 et $21.66. Les distances étaient gardées! Cette même année 1763, on coula également 90 plaques de poêles à briques pour les foyers incapables de se payer le luxe d’un poêle en fonte. 1949, A. Tessier, Les Anglais prennent les Forges au sérieux, Les Cahiers des Dix, no 14, p. 169‑170.
DisparuPoêle simple, général. de forme rectangulaire, qui ne comporte que le foyer (par opposition à poêle double, voir sens II, ci-dessous), servant pour le chauffage de la maison.
Deux grands Poêles, dont l’un sera un Poêle double, pour y faire la Cuisine, et pour le mettre à la place d’un grand Poêle simple qui est maintenant dans la Chambre du Geolier, et pour fixer les Poêles simples dans le mur, entre deux chambres de la Prison, y compris les Tuyaux. […] Deux Poêles simples de trois pieds de long pour les Bureaux, Cent Feuilles de Tuyaux, y compris la façon, les poser, le fret, les frais, &c. 1821, Journaux de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada, p. 230‑231.
Il vous est donc par le présent commandé, au nom de Sa Majesté de prélever des biens, meubles et effets du dit C. D. ([…] excepté dans tous les cas son lit et couverture et ceux de sa famille, les hardes et linge nécessaires qui servent à le vêtir ainsi que sa famille; et une vache, trois moutons, un poêle simple, et une corde de bois de chauffage) la somme susdite et dépens avec pour les frais de cette exécution […]. 1834, Acte pour la décision sommaire des petites causes, p. 20‑21.
Ce camp, bien humble, mais bien chaud, comme tous les autres, n’avait qu’une porte et une fenêtre. Son ameublement se composait d’une table à tréteau sans peinture; d’un poêle simple, de quelques bancs d’un style pittoresque et varié, selon le goût de l’ouvrier et la forme de l’arbre; d’une armoire sans portes, et de lits de branches de sapin superposés le long des pièces de pruche taillées en charpente à têtes. 1877, P. LeMay, Le pèlerin de Sainte Anne, p. 108.
VieilliPoêle à un pont, ne comportant que la boîte du foyer, sans four.
Il y a quarante ans, d’après [un citoyen], originaire de Kamouraska, les crêpes se cuisaient directement sur le dessus de ces poêles à « un pont » qui étaient aussi communs que ceux à « deux ponts ». 1921, E.‑Z. Massicotte, Jours gras – Mardi gras – Mercredi des cendres : Mœurs et coutumes d’autrefois, Bulletin des recherches historiques, vol. 27, no 3, p. 90.
Suspendu au mur nord, juste à côté d’une porte qui donne sur un appentis, un support de bois d’environ deux mètres de largeur sert à accrocher les fers à cheval de différentes grosseurs. À proximité de ce support se trouvent encore un petit poêle à un pont utilisé pour chauffer la boutique pendant l’hiver, le pupitre des comptes, et juste au-dessus du pupitre, une petite armoire fixée aux murs du coin nord-est. 1978, B. Genest, Arthur Tremblay, forgeron de village, p. 39.
Leur premier voyage Gentilly-Somerset s’accomplit dans des conditions fort modestes et difficiles : Transport à pied et portant bagages sur le dos. Dès leur arrivée à Somerset, Damase retourna à Gentilly pour y quérir son poêle à un pont et le transporta sur son dos. 1980, Famille Damase Beauchesne (1839), La Feuille d’érable, Plessisville, 6 août, p. A15.
Rare, disparu Poêle à un étage : syn. du précédent.
Un poël à un étage avec la gamelle et le tuyau. 1827, Boucherville, BAnQM, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Montréal), greffe L. Lacoste (CN601, S225), no 1921, 26 septembre.
Un poële à un étage, avec son tuyeau et tisonnier […]. 1859, Saint-Ours, BAnQM, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Richelieu), greffe J.‑B. Maranda (CN603, S60), 18 avril.
(Ancienn.). (Appellations relatives au lieu d’utilisation de l’appareil).
VieuxPoêle de chambre (à coucher).
Rem.Appellation relevée dans RoullVoc 197.
Seront vendus, en un lot, les articles sous mentionnés […] : Une Horloge de Huit jours, Un Poile double avec Tuyau, Un Sopha, deux Poêles de Chambre […], 5 Tables, 2 Couchettes avec garniture […]. 1824, Le Spectateur canadien, Montréal, 13 mars, p. 3 (annonce).
Charbon et bois [/] Poèles de cuisine! Poèles de passages! Poèles sourds! Poèles doubles! Poèles de chambre à coucher […] Nos poèles sont d’un fini parfait, simples d’opération, économisent le combustible et se vendent bon marché. 1880, Le Canada, Ottawa et Hull, 29 septembre, p. 4.
DisparuPoêle de passage.
Par ces moyens on espère obtenir une meilleure chaleur et moins intense; on économiserait le combustible, et on préviendrait beaucoup mieux les accidents du feu. Après avoir essayé de ce nouveau genre de poële, il est très-probable [sic] que l’on s’en servira généralement pour chauffer les grands édifices et qu’il est aussi possible qu’il vienne en vogue comme poêle de passage. 1852, Rapport du Dr. Wolfred Nelson, un des inspecteurs du pénitentiaire provincial, sur la condition, la discipline, l’administration et l’entretien des prisons de district et autres prisons, du Bas-Canada, Appendice du onzième volume des journaux de l’assemblée législative de la Province du Canada, Appendice (H. H.), p. 126.
Poêle de cuisine à charbon …10 00 [/] Poêle de cuisine à bois …8 00 [/] Poêle de cuisine et à chauffer pour maison d’ouvrier …8 00 [/] Poêle de passage à charbon …6 00 [/] Poêle de passage à bois …6 00 [/] Poêle de charbon à grille …6 00 [/] Grile à charbon avec ustensils 6 00 [/] Poêle à bois à un et deux fournaux …8 00. 1871, La Semaine agricole, vol. 4, no 7, p. 95 (annonce).
Les effets comprennent un bon Piano droit de Williams, tapis de Bruxelles […] ameublements de chambres à coucher en chêne, sommiers élastiques et matelas, poterie de chambre, garde-robe en chêne, bureau en acajou, glacière, 7 tonnes de charbon, 1 baril de farine, bon poêle de passage, poêle de cuisine […] et ustensiles de cuisine. 1894, La Presse, Montréal, 27 octobre, p. 3 (annonce).
VieuxPoêle de salle (à manger, à dîner).
Grande vente […] Meubles de Cuisine, Ustensiles de Cuisine, Tuyaux pour Poêles de Salles. 1869, L’Événement, Québec, 28 avril, p. [2] (annonce).
Chef-du-Jour : bonne maison, couverte en bardeaux; poêle de salle; trois couchettes; chaise à bascule et autres chaises; cuisine attenante. A une horloge, des lampes, des gravures; un petit jardin planté en pommes de terre; des piles de bois de chauffage, bien arrangées. Il y a quelques autres nouveaux établissements et maisons à cet endroit. 1896, Partie I du Rapport annuel du département des affaires indiennes, Documents de la session, vol. 29, no 10, p. 283.
Je vendrai sans réserve tout le ménage que j’ai dans ma maison, rue Labelle, et comprenant : Ustensile de cuisine, Poèle de cuisine neuf, Poèle de salle et autres, Ameublement de salon, de chambre, de salle à manger, Sideboard, Bibliothèque, Armoire à argenterie, Tapis, et une foule d’autres choses trop longues à énumérer ici. 1906, L’Avenir du Nord, Saint-Jérôme, 5 avril, p. [3] (annonce).
(Ancienn.). (Appellation figurée).
VieuxPoêle sourd : boîte de tôle, carrée ou cylindrique, ou baril de fer, vide, où ne brûlait aucun feu, mais qui irradiait la chaleur qui lui était transmise par le tuyau d’un poêle situé dans une autre pièce.
Un poêle sourd et ses tuyaux.
Rem.Appellation relevée dans Dionne et GPFC.
[…] un poêle sourd prisé a trois livres […]. 1849, Saint-Laurent (Montréal), BAnQM, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Montréal), greffe A.‑C. Decelles‑Duclos (CN601, S114), 6 novembre, [p. 7].
Tous les végétaux doivent être séchés aussi vite que possible. […] Quand on ne peut se procurer un séchoir sous le comble, il faut se contenter d’une chambre bien sèche et assez grande, que l’on chauffe au moyen d’un fourneau ou d’un poêle sourd. La température peut varier depuis 70 ° à 100 ° de Fahrenheit. 1869, Traité élémentaire de matière médicale, p. 54‑55.
Les catalognes dans la salle étaient rapiécées, et la bourrure sortait du sofa. Elle épargnait sur le chauffage; elle avait fait poser une potence sur un poêle sourd qui communiquait avec le tuyau de la cuisine. 1881, Le Vrai Canard, Montréal, 26 mars, p. [2].
Établissement de ferblantier. Poêles sourds améliorés et patentés. Le soussigné tout en adressant ses plus sincères remerciements au public, en reconnaissance de son généreux patronage, a l’honneur de l’informer qu’il a obtenu de nombreux certificats qui, tous, recommandent hautement l’efficacité de ses célèbres poêles sourds. 1883, L’Événement, Québec, 6 octobre, p. 8 (annonce).
Des calorifères distribuent partout une chaleur uniforme, plus bienveillante que le vieux poèle sourd – c’est bien le mot puisqu’il n’entendait pas nos plaintes – qui rôtissait ses voisins et maintenaient [sic] les malheureuses reléguées au fond dans une température sibérienne. 1907, L’Avenir du Nord, Saint-Jérome (Terrebonne), 26 juillet, p. [1].
NOTICE ENCYCLOPÉDIQUE
Jusqu’au dernier quart du XVIIe siècle, les colons de la Nouvelle-France chauffaient leurs maisons, comme cela se faisait en France, à l’aide de la grande cheminée en hotte qui leur servait également à faire cuire les aliments. Les nouveaux arrivants se rendirent toutefois compte de l’inefficacité de ce moyen de chauffage au regard des rigueurs du climat canadien et ils en vinrent à utiliser le poêle pour remédier à cette situation. Les premiers de ces appareils furent importés d’Europe. Ils étaient, pour la plupart, formés de six lourdes plaques de fonte formant une boîte, retenues par une ceinture de fer et, aux quatre coins, par des quenouilles fixées avec boulons et écrous. Ils étaient souvent décorés de dessins coulés à même le métal qui servaient à les identifier, d’où les appellations poêle de Cana et poêle à la Samaritaine, évoquant des scènes bibliques, poêle Palmier ou à la Palme, poêle aux Lyons, etc., appellations bien attestées dans la documentation au XVIIIe siècle, jusqu’à la fin du Régime français. Ils étaient d’un prix élevé et leur transport à partir de l’Europe exigeait, en plus, de grandes dépenses. C’est pourquoi ce furent les plus riches – notamment les communautés religieuses et les hauts personnages du temps – qui purent les premiers en apprécier les bienfaits. Les colons, pour leur part, eurent d’abord recours au poêle de brique, relativement peu coûteux, qu’ils pouvaient démonter à la fin de l’hiver. Ce poêle avait environ deux pieds et demi de longueur, un pied et demi de largeur et un pied et demi de hauteur. Les moins fortunés pouvaient faire la location d’un poêle (de fonte ou autre matériau), de l’automne au printemps, auprès de certains marchands, qui les importaient eux-mêmes d’outre-mer. Les premiers poêles de fonte fabriqués au pays ne le furent qu’après 1740, aux Forges de la rivière Saint-Maurice, près de Trois-Rivières; on les appelait poêles du pays ou poêles des Forges, pour les différencier des poêles venus d’Europe, surtout de France, souvent appelés poêles français. Vers 1750, l’utilisation du poêle était pratiquement généralisée en Nouvelle-France, ce qui n’était pas le cas dans la mère patrie. On relève à ce sujet, dans les dictionnaires anciens, des passages qui ne laissent subsister aucun doute, par exemple chez Richelet 1680 et 1732 : « On ne se sert guere en France de poêles pour échaufer une chambre l’hiver, mais c’est en Alemagne, en Suede & autres païs septentrionnaux où les poêles sont fort communs […] » (voir aussi, à la même époque, Fur 1690 et 1727, s.v. poesle, et Enc). La situation était la même encore au XIXe siècle, selon Dupiney 1857, s.v. chauffage, p. 545, col. 2 : « C’est surtout dans le Nord, où l’on est obligé de lutter contre un froid rigoureux que l’usage des poêles est répandu : en France, on leur préfère encore les foyers découverts. » Les premiers poêles servaient essentiellement au chauffage – on les nommait d’ailleurs poêle à chauffer –, mais on s’en servait naturellement pour faire bouillir de l’eau, comme l’atteste sœur Duplessis (voir la citation de 1733 plus haut), et pour des cuissons simples. Mais ce n’est pas avant le Régime anglais que le poêle en vint à cumuler les deux fonctions, celle de chauffer la maison et celle de cuire les aliments (voir sens 2, sous Notice encyclopédique.).
Sources : M. Barbeau (1942), Maîtres artisans de chez-nous, p. 107‑111; P. Deffontaines (1957), L’homme et l’hiver au Canada, p. 71‑83; G. Gauthier-Larouche (1974), Évolution de la maison rurale traditionnelle dans la région de Québec, p. 142‑152; N. Genêt, L. Vermette et L. Décarie-Audet (1974), Les objets familiers de nos ancêtres, p. 195‑199; P. Kalm (1880), Voyage de Kalm en Amérique (vol. 2), p. 120; M. Lessard, et H. Marquis (1971), Encyclopédie des antiquités du Québec, p. 334‑339; M. Moussette (1983), Le chauffage domestique au Canada (présente plusieurs illustrations et photos des types de poêles ayant été utilisés au Canada depuis la fin du XVIIe siècle); R.‑L. Séguin (1968), Le poêle en Nouvelle-France, Les Cahiers des Dix, no 33, p. 157‑170.
loc. La ligue du vieux poêle : association amicale de personnes partageant une histoire commune pour avoir étudié au même endroit, pratiqué un même sport, exercé une même profession ou pour s’être engagées dans une même cause, qui se réunit régulièrement pour entretenir les liens en faisant des activités.
La ligue du vieux poêle du Canadien de Montréal. La ligue du vieux poêle des anciens militants.
loc. Rentrer dans la ligue du vieux poêle : prendre sa retraite, devenir vieux.
Rem.1. S’emploie le plus souvent dans le contexte du hockey sur glace. 2. Le terme équivalent en France est amicale. Ce mot figure également dans un grand nombre d’associations au Québec (l’Amicale des Sommeliers de Québec, l’Amicale du Pensionnat de Sorel, l’Amicale des anciens parlementaires du Québec, etc.). Il est plus neutre que la ligue du vieux poêle qui, en revanche, est plus expressif.
[Un] annonceur et commentateur sportif à CKVL [est] un des experts de la Ligue du Vieux Poêle qui animent les périodes de repos, durant l’irradiation du hockey, le samedi soir. 1947, Radiomonde, Montréal, 15 février, p. 9 (illustration).
À Montréal, de la musique fut jouée entre les périodes [de hockey] jusqu’en 1946, alors qu’on décida de suivre l’exemple [d'un journaliste sportif anglophone] et de lancer une version française de la Hot Stove League. Le maître de cérémonie – le maître de céans, devrait-on dire – à ces réunions de La Ligue du vieux poêle, […] exerce ses fonctions depuis 15 ou 16 ans. […] Les membres de La Ligue, durant les deux premières années de son existence, furent [un commentateur sportif, un journaliste sportif et un] ancien joueur du Canadien. 1951, La Feuille d’érable, Plessisville, 1er novembre, p. 7.
C’est toute une partie que [le joueur de hockey] a joué [sic] à sa première présence de la saison au Forum… [Un autre joueur de hockey] était au nombre des spectateurs samedi et il a été l’invité […] à la ligue du vieux poêle à la radio. [Il] a répété que les « petits hommes » pouvaient se signaler dans la ligue Nationale et il a donné [un autre joueur de hockey] comme exemple. 1958, Montréal‑Matin, 20 octobre, p. 36.
Invité à participer à la session de la « Ligue du Vieux Poèle » du hockey télévisé Detroit-Canadiens, samedi soir, nous nous sommes rendu dans la métropole à la fin de l’après-midi de samedi, après avoir été témoin des premières joutes du tournoi pee-wee. Les responsables nous avaient invité à aller discuter du pee‑wee et des As de Québec. 1964, R. Sabourin, L’Événement, Québec, 3 février, p. 11.
Et vive [un certain critique littéraire] qui ose au moins étaler en toute franchise et liberté tout ce qui lui passe par la tête. Pour le « plaisir du texte ». Le sien tout d’abord. Et pourquoi non? Cela fait déjà du bien de ne pas se sentir en plein pensum. Or les pages des arts de nos quotidiens semblent comme autant de travaux forcés. À quand la Ligue du Vieux Poêle des amateurs de poésie? 1975, M. Bosco, Le Devoir, Montréal, 17 mai, p. 24.
– Hérode : D’une façon! Mais si jl’avais mariée, j’aurais jamais pu oublier après que jl’avais eue avant! – Grospidon : Pis spour ça qu’t’as accroché tes patins pis quté rentré dans a ligue du vieux poêle! 1979, J.‑Cl. Germain, Mamours et conjugat : scènes de la vie amoureuse québécoise, p. 103.
[L’homme politique] confesse avoir évidemment joué aux cartes « 2-3 fois », sourire en coin. Il revoit certains de la ligue du vieux poêle et d’ex-collègues politiques […] et compte, maintenant que sa tournée d’auteur à succès est complétée, renouer davantage avec des gens comme [d’autres politiciens]. 1987, J.‑J. Samson, Le Soleil, Québec, 14 mars, p. B‑5.
« Nous ne voulons surtout pas filmer la ligue du vieux poêle des anciens militants », dit [l’ex-membre du FLQ], précisant que le documentaire sera centré sur la pensée actuelle [d’autres ex-felquistes]. 1992, L’Actualité, vol. 17, no 9, p. 12.
Bouchette – Les membres de la Ligue du Vieux Poêle, comme c’est le cas depuis quelques années, ont convié les jeunes de l’école de Bouchette à un dîner-spaghetti qui aura lieu le vendredi 16 avril prochain. La Ligue du Vieux Poële, par la tenue de son tournoi de pêche blanche annuel, vient en aide à la jeunesse de Bouchette. 2010, La Gatineau, Maniwaki, 1er avril, p. 30.
Le samedi 11 octobre 1952, à 21 h, la télévision de Radio-Canada a diffusé pour la première fois un match de hockey. En direct du Forum de Montréal, [l’animateur sportif] commentait une rencontre où s’affrontaient le Canadien et les Red Wings de Détroit. […] À l’entracte se tenait La Ligue du vieux poêle animée par […], l’un des duos les plus célèbres du petit écran. Les animateurs et leurs invités échangeaient, autour d’un vieux poêle à bois, sur différents aspects du match. 2017, Société Radio-Canada, ICI Radio-Canada (site Web), sports (hockey), 11 octobre.
Bien sûr, la jeunesse est de plus en plus à l’honneur dans la LNH, alors que chaque saison apporte son lot de recrues qui impressionnent. N’empêche qu’il y a encore un bon nombre de vétérans qui ne sont pas prêts à laisser leur place, pas encore du moins. Évidemment, quand on pense aux joueurs qui trouvent encore le moyen de nous impressionner même s’ils sont déjà assez vieux pour avoir leur carte de membre de la ligue du vieux poêle, on pense tout de suite à [un certain joueur de hockey]. À 45 ans, il se débrouille encore pas mal comme en fait foi sa production d’un but et cinq passes en 14 matchs avec les Flames de Calgary, avec un différentiel de plus-4. 2017, M. Tougas, LNH (site Web), nouvelles, 27 novembre.
Il faut les voir aller sur la glace. Si l’âge a quelque peu ralenti leur coup de patin et si le style est moins flamboyant que dans leur jeunesse, les joueurs de la ligue de hockey Les Gérard y mettent toujours tout leur cœur. […] Les Gérard sont tissés serrés. Une véritable famille de 22 joueurs, la plupart dans la cinquantaine avancée et la soixantaine, quelques autres ayant même franchi le cap des 70 ans. Comme [un joueur] qui est le doyen du groupe à 76 ans. Il joue dans cette ligue du vieux poêle depuis longtemps. 2023, D. Hudon, Le Nouvelles Hebdo (site Web), Dolbeau-Mistassini, actualités, 8 mars.
Appareil à double fonction (chauffage et cuisine).
VieilliAppareil de chauffage clos, en métal (fonte, fer), monté sur quatre pieds, fonctionnant au bois, au charbon ou au mazout, servant en même temps de fourneau de cuisine et pouvant comporter un réservoir à eau chaude (traditionnellement appelé boiler).
Palette ou bavette du poêle : tablette de fonte à l’avant du foyer, destinée à protéger le plancher des étincelles et de la cendre.
Ronds de poêle : rondelles concentriques, de diamètres différents, qui s’ajustent dans des trous de la plaque du poêle et qu’on enlève quand on veut exposer une casserole, un chaudron au feu direct (aussi appelés plaques de poêle).
Clé de poêle : poignée servant à enlever ou à replacer les ronds de poêle (a aussi le sens de « registre du tirage de la cheminée », comme sous le sens I.1).
Poêle à bois, à charbon, à l’huile, à gaz.
Rem.Ces appellations, qui ont trait au combustible, ne permettent pas de distinguer le poêle servant à la cuisine de celui qui ne sert qu’à chauffer puisqu’elles peuvent se dire dans les deux cas. À partir du moment où le poêle à double fonction est apparu, il a remplacé peu à peu le poêle à chauffer dans la cuisine, de sorte que, dans le contexte de la vie quotidienne, le mot poêle, sans plus de précision, désignait dorénavant plutôt ce nouvel appareil. Il n’en reste pas moins que le mot pouvait prêter à confusion, par exemple dans les annonces de journaux, parce que l’ancien poêle était encore utilisé pour chauffer les chambres et autres pièces éloignées de la cuisine. C’est sans doute là une des raisons qui peuvent expliquer le grand nombre d’appellations spécifiques auxquelles le mot poêle a donné lieu, au sens I.1 et au sens II.
La conduite avaricieuse de Madame Dumoulin […] m’a engagé de la quitter, et les jours que je ne dine pas en ville je cuis quelque chose moi même sur mon poël, pour cela j’ay acheté un bon saussepan de fonte étamée dans lequel je cuis sans m’incommoder ou un bon Irish Stew ou du beuf pour avoir de la souppe […]. 1809, W. Berczy à sa femme, Rapport de l’Archiviste de la province de Québec 1940‑1941, p. 69.
Le bonhomme Ladébauche secoua alors la cendre de son bougon sur la palette du poèle de la cuisine, serra la pipe dans la poche de sa veste et alla dormir un somme en attendant des visiteurs. 1895, Le Canard, Montréal, 25 mai, p. [2].
Sybarites des salons, enfants pâles des villes, qui vous croyez heureux de vivre douillettement dans vos logis chauffés par d’invisibles calorifères, par la vapeur et le gaz, par le feu sombre du coke et du charbon, ou bien encore par quelque boîte à feu : chouberskis et salamandres; qui grignotez du bout des lèvres quelques délicates friandises, ne riez pas des bons réveillons d’habitant, devant le gros poële, où se consument de bonnes grosses bûches de bois franc, au milieu d’un grabat de charbonnailles ardentes, cependant que l’on entend le boudin, la saucisse et l’oie grasse grésiller dans les fourneaux… 1908, D. Potvin, Restons chez nous!, p. 82.
Enfin, les voix se taisent. Tout repose. Seul, le poêle murmure encore; la lueur de son œil demi-clos éclaire vaguement les choses et se joue sur la muraille; au-dessus du toit, la fumée monte, blanche et droite, au clair des étoiles. Le poêle veille sur la maison qui dort. 1910, A. Rivard, Le poêle, Bulletin du parler français au Canada, vol. 8, no 9, p. 338.
De toute son âme il écoutait parler sa maison, son foyer, la voix de ses vieux meubles qui semblaient craquer d’aise dans la chaleur grandissante de ses murs, des marches de son escalier où tant des siens étaient passés; de son seuil; de son vieux poêle de Trois-Rivières dans lequel sa grand’mère avait fait son pain; que sa mère avait utilisé, que sa femme utilisait encore[.] 1917, Le petit Monsieur, La Corvée, p. 39‑40.
À vendre [/] Un poêle Bélanger combiné à l’huile et au gaz, pouvant s’installer pour le bois et gaz. Très propre et en parfaite condition. Presque neuf. 1962, L’Écho de Louiseville, 12 avril, p. 12 (annonce).
Le poêle électrique nous enlève même le goût de faire à manger, tandis que le poêle à bois, lui on l’astiquait avec tendresse une fois par semaine et on lui parlait. « Chauffe, chauffe! » disait ma mère en mettant d’autres rondins, et le poêle repartait gaiement à chauffer. Des fois ma mère disait : « Veux-tu bien me dire qu’est-ce que t’as aujourd’hui, mon ami, pour chauffer si mal? » Alors elle prenait le tisonnier pour lui faire peur et ajoutait des copeaux et tout de suite le feu repartait en s’esclaffant. 1979, L. Nacké, Le passé oublié, p. 102.
Avant de chauffer le poêle, on ouvrait la fenêtre d’intérieur et on levait le clapet, pour laisser passer l’air froid de l’extérieur. Pour compléter la manœuvre, on ouvrait un rond de poêle et, de cette façon, l’humidité et le froid figés dans le tuyau au-dessus du poêle libéraient le passage et s’enfuyaient par la cheminée. Il suffisait alors de déposer le bois dans le poêle, avec un peu de papier, et d’embraser le tout, avec une cheminée en état de faire sortir la fumée à l’extérieur. 1998, P. Bellemare, La Presse, Montréal, 14 novembre, p. K9.
Dénominations du poêle à double fonction (chauffage et cuisson).
(Appellations explicites).
VieilliPoêle de (à) cuisine : appellation usuelle du poêle qu’on utilisait quotidiennement pour cuisiner, ayant deux étages ou plus.
Rem.1. Relevé dans Rinfret 164, RoullVoc 196‑197, Dionne, Bélisle1‑3. 2. On trouve un composé semblable avec le mot fournaise : fournaise de cuisine.
Sa Pétition demandant le Droit exclusif de couler et vendre un Poêle de Cuisine de nouvelle invention […]. Elle est référée à un Comité Spécial […]. 1821, Appendice du XXXe volume des journaux de la Chambre d’assemblée de la province du Bas-Canada [index, sous Cushing, Noah].
Un poele de cuisine de fonte, des forges St Maurice, complet, plats de ferblanc à son usage. 1840, Sainte-Foy, BAnQQ, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Québec), greffe R.‑G. Belleau, 17 août.
On vient de recevoir 300 Poèles. Le public peut maintenant se procurer nos modèles bien connus de Poèles de Cuisine, Salon, Salle à Dîner. Tous nos Poèles de Cuisine sont faits de manière à admettre un tirant d’air froid à travers le Poèle, pour empêcher les plaques intérieures de brûler, et ventiler efficacement le Four. – Aussi – Poèles Doubles et Simples à Navires. Tuyaux recourbés, Poèles sourds, Tuyaux, Zinc, etc. 1857, Le Pays, Montréal, 3 octobre, p. [3] (annonce).
G. Y. a maintenant en mains un assortiment très-considérable [sic] de Poëles de cuisine pour bois et charbon, de toutes les grandeurs, depuis No. 6 jusqu’à No. 10; il y en a pour tous les goûts et à la portée de toutes les bourses. 1873, L’Opinion publique, Montréal, 24 juillet, p. 362 (annonce).
Toujours en stock le plus bel assortiment de poèles de cuisine depuis le poèle simple, double, à trois ponts, jusqu’aux ranges en acier de toutes dimensions, chauffant au charbon ou au bois à volonté, et rassurant la plus parfaite satisfaction au point de vue du chauffage et de la cuisson, car ces poèles sont vendus avec garantie. Prix défiant toute rivalité. 1895, La Semaine commerciale, Québec, 13 septembre, p. 7 (annonce).
Sur un stock de $15,000 à $20,000 que nous tenons régulièrement, il y a les trois quarts de fonds de faillite, ce qui nous permet de vendre de 25 à 30 % meilleur marché que les prix ordinaires. Exemples : Poêle de cuisine garanti pour bien cuire, valant $32.00, pour $20.00. 1907, L’Ami du colon, Nominingue, 31 mai, p. [3] (annonce).
Le Fourneau « Crown Perfection » représente nos derniers et meilleurs efforts pour la construction des fourneaux en métal fondu. Sa construction implique de nombreuses et nouvelles particularités concernant l’économie réelle, la durabilité et l’efficacité. Ce Fourneau est muni de tous les perfectionnements modernes, précieux pour un poêle de cuisine, parmi lesquels nous citerons les garnitures mobiles, plaquées nickel, qui peuvent être soulevées sans enlever un boulon. Si notre ligne vous intéresse, nous vous enverrons avec plaisir de plus amples informations, sur demande. 1912, Le Prix courant, Montréal, 31 mai, p. 12 (annonce).
Elle le regarda fumer sa cigarette par petites bouffées, assis tranquillement auprès du poêle de cuisine, le journal de la veille déplié sur ses genoux, et elle éprouva de l’amertume. 1945, G. Roy, Bonheur d’occasion, p. 79.
Les frères étaient assis sur des berceuses basses à fond de babiche, disposées de part et d’autre du gros poêle de cuisine que le maître des lieux n’avait pas jugé opportun d’allumer en dépit du temps froid de ce jour. 2015, L. Caron, Le temps des bâtisseurs, t. 1, p. 87.
VieuxPoêle de (à) cookery (ou couquerie).
Rem.Relevé dans Clapin, s.v. couquerie, et Blanch1‑7, s.v. cookery.
Ustensiles de Cuisine, Poeles à Couquerie, Moulin à Goudriolle, Coupe-Paille, Peinture, Huile, Etc., Etc., Etc. 1861, Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 13 septembre, p. [3] (annonce).
En parcourant les comptes publics de la province de Québec je vois que tu as dépensé la somme [de] $3,800 pour l’installation d’un appareil à chauffage à Spencer Wood. Mon Dieu! quelle folie! Si tu m’avais parlé de cela auparavant j’aurais pu te vendre à bonne composition, le magnifique poêle à cookery que j’ai gagné au Bazar d’Ottawa. Je te l’aurai [sic] laissé pour $30. 1882, Le Grognard, Montréal, 24 mars, p. [2].
Les catalogues français d’articles de ménage donnent le nom de cuisinière à notre poêle à cookery. 1915, É. Blanchard, 1000 mots illustrés ou gravures et mots, p. 41.
Cook. – Le cook est parti faire la cookery, poêle à cookery. Le cuisinier, le Maître coq est parti faire la cuisine, l’ordinaire, poêle à cuisine. 1937, Le Guide, Sainte-Marie-de-Beauce, 20 octobre, p. [8].
Poêle-cuisinière.
Rem.1. Le mot est attesté au Québec en 1893, mais dans un texte rédigé par un Français. On en trouve également une attestation isolée en 1907 dans un feuilleton qui a peut-être été écrit par un Québécois. Mais c’est à partir de la fin des années 1920 qu’il a commencé à figurer dans les journaux (voir Histoire), notamment dans les petites annonces, où il fait figure de terme correct. On ne l’entend toutefois pas à l’oral. 2. On trouve un composé semblable avec le mot fournaise : fournaise-cuisinière.
Et il fit entrer l’enfant dans une cuisine assez vaste, où un poêle-cuisinière, brillant de propreté, répandait une bonne chaleur. 1907, La Presse, Montréal, 4 avril, p. 2.
Nous vendrons à l’enchère une quantité de meubles et d’articles de ménage, tels que ameublements de salon, chambres à coucher, […] cabinet de cuisine, poêle-cuisinière avec tablette et bouilloire, pupitre de dame, […] et une foule d’autres articles trop longs à énumérer. 1927, Le Soleil, Québec, 5 octobre, p. 10 (annonce).
Poêles-cuisinières pouvant chauffer un petit logement […] C’est le poêle illustré ci-contre, à 6 ronds, que vous apprécierez tout l’hiver et durant plusieurs années. Façade semi-émaillée, foyer avec sassage à rouleaux. Chauffage au bois et au charbon. 1939, La Presse, Montréal, 7 novembre, p. 26 (annonce).
Poêles cuisinières électriques avec ou sans réchaud. 1949, Le Soleil, Québec, 26 avril, p. 21 (annonce).
Avant l’apparition des fourneaux de cuisine modernes […] des poêles ont servi à la cuisson des aliments autant qu’au chauffage. De là vient la difficulté qu’éprouvent un certain nombre de Canadiens à employer le mot cuisinière pour désigner le « fourneau de cuisine ». Ils continuent de dire poêle, ce en quoi ils commettent un barbarisme, ce nom ne s’appliquant plus qu’à des appareils clos qui servent seulement au chauffage. On fabrique encore, cependant, des appareils servant à chauffer d’une part et à cuire de l’autre; ce sont des poêles-cuisinières. 1967, G. Dagenais, Dictionnaire des difficultés de la langue française au Canada, p. 492‑493.
Les poêles-cuisinières alimentés au bois sont utiles pour la cuisson des aliments et peuvent fournir de la chaleur supplémentaire. Bien que les poêles-cuisinières ne soient pas conçus pour assurer le chauffage d’une maison entière, plusieurs personnes les considèrent comme étant une bonne source secondaire de chauffage. 1999, La Voix de l’Est, Granby, 4 novembre, cahier publi-reportage : autonomie et économie d’énergie, p. 8A.
Si un poêle à bois ou un poêle cuisinière à installer dans l’âtre est encastré dans un foyer, il doit être calfeutré afin d’empêcher l’infiltration de l’air ambiant dans le ou les vides de la cheminée. 2016, Sécurité incendie de Sept-Îles, Installation d’un poêle à bois, p. 6.
(Variante plus ancienne). Rare, disparu Poêle cuisinier.
Un poële cuisinier avec sa garniture de vaisseaux et le tuyeau[, estimé à] six livres cy. 1831, Montréal, BAnQM, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Montréal), greffe Th. Bedouin (CN601, S28), vol. 42, 21 mars.
Trois caisses jouxjoux [/] 2 dito grains de colliers, bracelets, &c, [/] 1 dito pipes allemandes [/] 6 boites champaigne [/] 10 poêles cuisiniers à patente [/] 10 d[it]o doubles [/] 3 ballots toile à voile anglaise […]. 1832, La Gazette de Québec, 26 juillet, p. [2] (annonce).
Poêles cuisiniers, et autres […]. Cinquante poêles cuisiniers à patente [/] 20 dito poêles doubles de 3 pieds […]. 1832, La Gazette de Québec, 25 septembre, p. [2] (annonce).
(Appellations désignant le poêle à double fonction par une de ses caractéristiques).
VieilliPoêle à fourneau(x).
Rem.Relevé dans GPFC.
[…] un poele a fourneau avec Son Tuyau prisé Cent Soixante huit Chelins […]. 1784, Montréal, Inventaire Lacorne, 6 décembre, Rapport de l’Archiviste de la province de Québec 1947‑1948, p. 39.
Les bambins, poussés par le sommeil, se laissaient les uns après les autres, rouler sur les robes de buffle qui avaient été étendues autour de l’immense poële à fourneau de la cuisine. 1875, [H. Beaugrand], Le fantôme de l’avare, L’Écho du Canada, Boston (Massachussetts), 2 janvier, p. [1].
Ils étaient 22 à bord, le capt. Ethier avait le commandement. Des échelles de construction primitive menaient du pont à la cale. Au pied de la première échelle un poêle à fourneaux servait aux besoins culinaires des compagnies. 1886, Ch. R. Daoust, Cent-vingt jours de service actif, p. 208.
Au nord de Sainte-Adèle, au bord du lac, se trouve le « bungalow » appartenant à Sylvain. Il s’y rendait souvent pour une partie de chasse ou de pêche et lui apportait une amélioration nouvelle à chacun de ses séjours dans les Laurentides. […] La cheminée refaite à neuf et le gros poêle à fourneaux dont le foyer peut recevoir des bûches de trois à quatre pieds de longueur, dégageant une douce chaleur et sentant bon la résine. 1977, P. Viger-Bélanger, Longueuil me sourit, p. 78.
Poêle à (un, deux, etc.) ronds, offrant autant de possibilités de mettre le chaudron ou la casserole en contact direct avec le feu, selon sa taille.
Grande vente de Poële à Cuisine [/] Ces fameux poëles de renom connu [sic] sous le nom de Poële McClary & Co. « Cariboo » un joli poële à quatre ronds pour $7.75. 1899, Le Spectateur, Hull, 20 avril, p. [1] (annonce).
Un vol a été commis dans un camp de la Baie de l’Orignal. On s’est emparé de deux coffres remplis d’effets. Ces coffres sont verts et de forme-angulaire [sic]. […] On a aussi volé un poêle à deux ronds, en tole [sic] à chaudière, ainsi que deux douzaines de canards en bois, et autres effets. 1909, Le Canada, Montréal, 23 juillet, p. 2.
Q. – J’ai reçu pour les Rois une dinde de 29 livres, mais je n’ai qu’un poêle à deux ronds. Que faire? R. – Débitez la dinde et faites-la cuire morceau par morceau. 1931, Le Goglu, Montréal, 9 janvier, p. 7.
Rappelons qu’au petit matin du 11 décembre 1991 […] un pensionnaire de l’établissement en question, avait déclenché – comme il l’a admis hier – un incendie en voulant faire bouillir de l’eau sur un petit poêle à deux ronds qu’il gardait dans sa chambre en contravention avec les règlements de la pension. Résultat : 5 morts et quatre blessés. 1992, Le Soleil, Québec, 11 juin, p. B‑10.
« Mets-toi ça sur le dos sinon tu vas attraper la grippe. Je vais faire du thé, ça va te réchauffer. » Sur le rond de son poêle-à-un-rond, pépère fait chauffer l’eau. Je me change. 1983, G. Dupuis, La déconfiture du docteur Croche, p. 25.
La légende veut que Lionel Viger, le jour où son destin bascula, ait mangé sa dernière boîte de 150 millilitres de pâte de tomates Hunt’s, qu’il délayait dans l’eau, réchauffait sur le poêle à deux ronds de sa chambre louée et étendait telle quelle sur des spaghettis égouttés à la diable et bouffés à même la casserole. 2016, L. Hamelin, Autour d’Éva, p. 120.
(Appellations relatives à la structure du poêle).
DisparuPoêle double, composé de deux boîtes rectangulaires superposées, celle du bas étant le foyer et celle du haut, le four.
Poëles de Carron doubles et simples, et un assortiment de Clincaillerie [quincaillerie]. 1778, La Gazette de Québec, 2 juillet, p. [3] (annonce).
Une quantité de Poëles doubles et simples, Chaudières à Potasse, Chaudières à Sucre, Bassins, Marmites, Chaudrons de diverses sortes, Poëlons, Poëles, Lèchefrites, Grilles à régistre et autres, Dessous de poëles, Vaisseaux à cendres, Bouilloires, Boites de roues, &c. &c., – Manufacturés aux Forges de St. Maurice et des Trois-Rivières. 1829, La Minerve, Montréal, 5 octobre, p. [4] (annonce).
Monsieur le Rédacteur, Comme vous, j’ai été bien surpris de voir que personne ne s’était rendu à votre invitation, en donnant, dans la Gazette des Campagnes, la manière de préparer le thé du Canada. […] J’ai attendu bien longtemps avant de commencer à préparer celui que je voulais conserver pour mon propre usage […] Mais voyant mon attente trompée, je l’ai préparé à la manière chinoise, excepté qu’au lieu de plaques de fer je me suis servi de tole [sic], placée sur un trépied, dans le fourneau d’un poèle double, et je suis satisfait de mon essai. 1864, Gazette des campagnes, Sainte-Anne-de-la-Pocatière, 15 septembre, p. 173.
La maison était basse, assez grande, et bâtie en pièces équarries, le tout blanchi à la chaux. On entrait dans une salle, au milieu de laquelle se trouvait un grand poêle double en fonte. Auprès du poêle, deux hommes, en capots d’étoffe du pays, fumaient leurs pipes; six à sept autres dormaient sur des robes de buffle. 1874, G. Boucher de Boucherville, Une de perdue, deux de trouvées, t. 2, p. 295.
VieilliPoêle à deux ponts.
Rem.Abondamment attesté, relevé notamment dans des glossaires descriptifs et dans des publications en ethnologie.
Cette pièce, celle où l’on se tient tout le jour, et où a lieu la veillée, est bien simple. […] Le mobilier est encore celui de l’ancien temps : un poêle à deux ponts aux flancs incrustés d’arabesques qui représentent quelque dragon terrible, quelque géant fantastique; une table faite de bel érable […] des chaises foncées en lanières de peau de cheval ou en paille; une berçante près du poêle pour l’aïeule[.] 1916, M.‑L. Beaulieu, La veillée d’hiver à la campagne, dans Collège de Lévis, Compositions littéraires, 1917, p. 92.
Il poussa la porte du camp. Un grand rectangle de soleil s’étendit sur le plancher. Rose y posa les pieds, leva les yeux. Quelques chaises. Un coffre ouvert, rempli de bois. Au milieu de la pièce, un poêle de fonte à deux ponts, pansu, travaillé de guirlandes. Sur sa bavette, naïvement moulé, un nom : le bijou. 1966, M. Ferron, La fin des loups-garous, p. 48‑49.
L’hiver, l’habitant de la vallée du Saint-Laurent met son poêle à deux ponts à rude épreuve et surchauffe sa maison. La femme du gouverneur du Canada […] écrit en 1831 que la chaleur dans les maisons atteint « un degré supportable par peu d’Européens ». L’arpenteur […] ajoute que la température peut s’élever jusqu’à 90 °F (32 °C). Vingt ans plus tard, on répète que les maisons sont gardées très chaudes et très fermées en hiver. 1980, J. Provencher et J. Blanchet, C’était le printemps, p. 65 et 68.
Le vieux camp de chasse a été transformé en petit chalet avec pièce principale, chambre à coucher et salle de bain. Grâce à un poêle à deux ponts et aux arbres qu’il coupe aux alentours, Leclerc peut tranquillement passer l’hiver. 2017, Ér. Plamondon, Taqawan, p. 51.
VieilliPoêle à trois ponts, composé de trois boîtes superposées dont les deux supérieures servent de fours.
Rem.Relevé notamment dans GPFC.
On comprendra facilement que le poële à trois ponts a une plus grande surface que ceux à deux ponts et qu’il doit nécessairements [sic] projeter une plus grande quantité de chaleur que ces derniers. 1859, Le Pays, Montréal, 24 septembre, p. [2].
Le grand poêle à trois ponts occupait le milieu de la maison; un tuyau de tôle en sortait, qui après une montée verticale de quelques pieds décrivait un angle droit et se prolongeait horizontalement jusqu’à l’extérieur, afin que rien de la précieuse chaleur ne se perdît. 1916, L. Hémon, Maria Chapdelaine, p. 27.
Le poêle à trois ponts, bourré d’érable, chauffait comme un damné. Un trépied installé dans le fourneau d’en bas s’apprêtait à recevoir les « tourquières » qui toutespâles [sic] et alignées sur la grande table, attendaient leur tour de cuisson, tandis que dans le petit fourneau, le bœuf à la mode, déjà apprêté, mijotait à petit feu, dans son noir chaudron de fonte, remplissant toute la cuisine de son fumet savoureux. 1925, J.‑E.‑L. Cloutier (J. Du Cap), Pourquoi les tourtes s’en sont allées?, Le Terroir, vol. VI, nos 2 et 3, p. 36.
Souvent, le soir, quand ils étaient seuls, Alexis Maltais et sa femme causaient, assis, l’été, sur le perron, ayant en face d’eux la baie qui brillait sous la lune et les étoiles, l’hiver, dans la cuisine, près du poêle à trois ponts dont le foyer pétillait sous de lourdes bûches de sapin, dans le halo de la lampe à pétrole. 1934, D. Potvin, La Rivière-à-Mars, p. 74.
Il dut déposer cinquante dollars bien comptés sur le coin d’une table pour mettre la main sur un poêle à trois ponts fabriqué aux Forges Saint-Maurice. Par contre, les armoires s’obtenaient encore à des prix ridicules. 1981, Y. Beauchemin, Le matou, p. 430.
La jeune fille fut vite conquise par le reflet doré des parquets, les poutres chanfreinées qui traversaient le plafond du salon et se prolongeaient dans la grande cuisine où trônait un poêle à trois ponts, brillant comme un sou neuf. 1996, P. Gill, Le château retrouvé, p. 54.
Rare, vieilli Poêle à quatre ponts. (Voir SoltSor 41).
L’hiver, la neige s’amoncelait jusqu’à la couverture, et on entretenait à l’intérieur une chaleur à peine suffisante au moyen de poêles à quatre ponts dévorant des billes de quatre pieds de longueur! 1956, Gouvernement du Québec, Popular Technique / Technique pour tous, vol. XXXI, no 6, p. 45.
L’histoire de la tante Maryse est cent fois mieux que la vraie école, pense Myriam. Comparés aux compétences incommensurables d’Aurélie, les gadgets pédagogiques de la Maususse sont ridicules. Ce n’est pas elle qui aurait le courage de porter des robes roses gonflées et de chauffer un poêle à quatre ponts! Elle peut aller se rhabiller! 1987, F. Noël, Myriam première, p. 383.
VieuxPoêle à deux étages.
[…] un poël d’Ecosse à deux etages avec cinq feuilles de tuyaux et son casseau […]. 1791, Québec, BAnQQ, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Québec), greffe J.‑N. Pinguet (CN301, S224), 25 octobre (cité aussi dans N. Genêt, L. Vermette et L. Décarie-Audet, Les objets familiers de nos ancêtres, p. 198‑199).
Si le combustible était à bon marché dans le bon vieux temps, les poêles étaient beaucoup plus chers qu’aujourd’hui. Il n’y avait pas de fonderie dans le bas Canada [sic] et les poêles s’importaient d’Angleterre. Un poêle à deux étages, un poêle à fourneau, coûtait de $40 à $50 et on n’en voyait que chez les riches. Le poêle ordinaire était en tôle. 1884, [H. Berthelot], La Patrie, Montréal, 7 novembre, p. [4].
Un mot de la cuisine d’abord. Dans tout notre canton, il n’y avait que chez M. Patton où l’on se servît de fourneau; et encore ce fourneau avait-il été importé d’Angleterre. Ailleurs, chez les gens à l’aise – en hiver – la cuisine se faisait dans le compartiment supérieur de ces poêles à deux étages qui servaient en même temps de calorifère pour chauffer les maisons. Chez les autres, qui n’avaient que des poêles simples, on cuisait le pot-au-feu sur la plaque nue tout simplement, en ayant soin de couvrir de braise et de cendre chaude le couvercle des chaudrons, quand le besoin s’en faisait sentir. 1900 env., L. Fréchette, Mémoires intimes, 1961, p. 85‑86.
Le lendemain, nous nous sommes réveillés, il était bien dix heures; le soleil brillait et la neige scintillait comme pour agrémenter le jour de Noël. Rébecca nous a servi le pain grillé sur le gros poêle à deux étages puis le café d’orge et des tranches de gros lard. 2003, Eug. Saint-Pierre, Les compagnons de la forêt, p. 29.
DisparuPoêle à trois étages.
Cuisine – Poële à trois étages, Poële double, Poële simple et une grande quantité d’Ustensiles de Cuisine. 1873, L’Événement, Québec, 19 août, p. [2] (annonce).
Par encan sera vendu demain le 9 juin […] une quantité de meubles et ménage, consistant en canapé, chaises en canne et en bois, table de centre, tapis en laine […] armoire, lits de plumes, matelas, moulin à coudre, poëles à trois étages et tuyau, ustensiles de cuisine, vaisselle, verrerie, et une quantité d’autres effets. 1881, Le Petit Journal, Québec, 8 juin, p. [3] (annonce).
L’inconnu prononça deux ou trois mots et la porte fut entrebâillée. Alfred et lui passèrent dans une petite salle, entourée de bancs grossiers et chauffée par un poêle à trois étages, enfoui dans une embrasure, afin, sans doute, de distribuer une partie de son calorique dans quelque pièce adjacente. Un homme, enveloppé jusqu’aux yeux dans une peau de buffle se tenait près du poêle. 1889, H. Ém. Chevalier, La Huronne, p. 71.
L’autre soir, notre collaborateur était en manche de chemise, assis devant le poèle à trois étages dans lequel brûlaient trois quartiers de bois franc. Il tirait de longues touches de son bougon de pipe chargée de tabac quesnel et lisait à haute voix, pour sa femme, les nouvelles politiques du jour dans un des journaux du soir. 1895, Le Canard, Montréal, 23 mars, p. [2].
VieilliPoêle à deux corps.
[…] sous la condition expresse que si la vente des dits effets saisis a lieu et que le dit Sr Noel ne paie pas dans l’intervalle de quinze jours[,] lui le dit Sr Noel promet et s’oblige faire vendre un poële à deux corps de trois pieds de long. 1843, Québec, BAnQQ, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Québec), greffe A. Bélanger (CN301, S15), 21 novembre.
Regardez bien. Quelques chaises de bois, solidement bâties repeintes couleur voyante; une table à manger, même genre d’architecture, même ton; la huche, je dis bien, la huche, où l’on a pétri de la galette de sarrasin et d’orge, du pain de seigle, d’avoine, de blé aussi; la grand’chaudronne de fer qui tant de fois s’est remplie de bonne soupe au pois; le vieux poêle à deux corps dont les flancs généreux au cours des longs hivers se sont rougis fièrement sous l’attisée pétillante des bonnes bûches d’épinette et qui, si souvent, à sa devanture, a vu grand’papa « allumer et fumer une bonne pipe » en essuyant, du revers de la main, la goutte de salive palpitant à son menton […]. 1917, L’Action catholique, Québec, 22 septembre, p. 8.
On était au 24 décembre. Bien avant l’aube, qui se fait tardif à cette saison de l’année, Paul était sur pieds. Déjà le père Célestin avait eu le temps d’allumer un bon feu de grosses bûches d’érable sec dans le poêle à « deux corps » de la cuisine. Tandis que le vieux poêle de fer rougissait et gémissait sous la braise ardente, le vieux Célestin, qui était le premier à l’ouvrage malgré son âge, s’en était allé commencer son train. 1947, Placide, Noël sur la glace, Le Progrès du Saguenay, Chicoutimi, 18 décembre, p. 3.
Malgré la forêt qui fermait l’horizon de partout, je ne ressentais aucune solitude. Je savais que chaque maison était vivante, qu’un poêle à deux corps mettait de la chaleur partout. 1974, A. Thério, La colère du père, p. 70.
VieilliPoêle combiné : appareil construit de manière à fonctionner avec divers combustibles, y compris l’électricité; appareil composé d’une section réservée à la cuisson des aliments et d’une autre destinée au chauffage, chacune pouvant fonctionner indépendamment, à l’aide de combustibles différents.
Magnifiques meubles, tapis Bruxelles, poêle combiné Aladin, fusil de chasse ayant coûté $120, etc., etc., visibles lundi de 2 à 5 heures p.m. Vente à 2 heures p.m. 1889, L’Électeur, Québec, 22 avril, p. [4] (annonce).
Si vous avez besoin d’un bon poêle de cuisine combiné au charbon et au bois, allez chez H. & J. Young, rue du Pont. 1896, L’Événement, Québec, 13 avril, p. [4] (annonce).
« Triplex Jewel » [/] Poêle combiné [/] Le poêle qui a été l’objet de tant d’éloges à la convention des quincailliers tenue à Hamilton le mois dernier. Le poêle combiné le plus nouveau et le plus moderne sur le marché; toutes les améliorations nouvelles sont comprises dans sa construction. En une seconde, par une légère poussée sur le levier placé à droite du fourneau, le range, d’un poêle à charbon et à bois devient un poêle à gaz : tous les registres et les ventilateurs étant automatiquement placés dans la bonne position. Le fait de tirer ce levier change le poêle à gaz en un poêle à charbon et à bois, déplaçant en même temps les brûleurs et remettant en place tous les registres. 1919, Le Prix courant, Montréal, 2 mai, p. 77 (annonce).
Poêle Combiné Électricité, Bois, Charbon …$95.00 [/] Poêle à gaz, 2 fourneaux, émaillé …$75.00 [/] Poêle-Tortue avec fourneau, réservoir …$23.75 [/] Poêle électrique « Gurney », cabinet …$19.75 [/] Poêle électrique à 4 brûleurs …$5.00 […]. 1933, Le Soleil, Québec, 2 mars, p. 8 (annonce).
– Hé! Adèle! Que ça fait de la bonne nourriture, ce poêle-là! […] Adèle leva les yeux au ciel. Si elle n’avait pas entendu cette remarque au moins cent fois depuis que, l’année précédente, son père avait offert à sa mère ce poêle combiné au gaz et au bois, elle ne l’avait pas entendue une seule fois. 2012, L. Lacoursière, La Saline, t. 1, p. 118.
VieilliPoêle mixte, combinant dans un même appareil deux foyers distincts, l’un pour la cuisson des aliments et l’autre pour le chauffage.
Rem.Cette appellation paraît être la plus récente pour parler du poêle-cuisinière; elle est bien attestée depuis les années 1930.
Un poêle mixte Regent assumera toutes vos tâches culinaires – simplifiera pour vous le travail de la cuisine – éliminera toute corvée dans l’apprêt des repas – bref avec un Regent mixte vous serez toujours sûre de préparer des plats délicieux toujours cuits à point. Il vous procurera en outre tous les avantages du chauffage et de la cuisson au charbon. 1931, La Presse, Montréal, 25 mars, p. 13 (annonce).
L’ensemble mixte remplace deux poêles [/] Les merveilleux poêles mixtes (combinés) Enterprise présentent tous les avantages dont rêve la maîtresse de maison – cuisson à température contrôlée avec un poêle des plus modernes et en plus chaleur et confort d’une puissante fournaise – dans un ensemble aux lignes élégantes et au fonctionnement parfait. […] Les poêles mixtes Enterprise comprennent une fournaise de construction solide et de fonctionnement parfait, aux lignes élégantes et modernes. Pour vous assurer une cuisson facile sur un poêle qui vous assure en même temps le chauffage de votre cuisine, adressez-vous à Enterprise. 1959, Le Progrès du Saguenay, Chicoutimi, 25 septembre, p. 7 (annonce).
Les poêles mixtes de Vermont Castings [/] Caractéristiques : Notre tout dernier né, Le Défiant Encore, est sans aucun doute le plus efficace et le meilleur des poêle [sic] que l’on puisse acheter. Rendement calorifique : 47 000 B.T.U./h [/] Chargement par le dessus ou l’avant. Fonte émaillé [sic] en option. 1990, La Revue, Terrebonne, 13 mars, p. 12 (annonce).
VieuxPoêle cabinet, formant un ensemble compact pratique pour l’utilisateur, pouvant comprendre des tablettes, des tiroirs.
Poèle cabinet $18.00 [/] Ces poèles, pour tout ce qui concerne la cuisine de famille, cuire, rôtir, bouillir, griller, etc. sont sans rivaux. La supériorité de la cuisine au gaz est prouvée tous les jours par la demande et augmentation dans le nombre des poèles fournis par la compagnie. 1892, L’Électeur, Québec, 4 juillet, p. [4] (annonce).
Le cabinet « Good Cheer » [/] Le Poêle à Four Élevé Pour Charbon et Bois [/] Le tout-en-blanc [/] Le tout-en-vue [/] Dans sa nouvelle robe émaillée blanc [sic], le fini de perfection a été ajouté au Poêle Cabinet, ce qui en fait sans contredit l’article de cuisine le plus commode qui soit offert. […] C’est le poêle qui convient à toute ménagère. Songez qu’on peut cuire dans son four de 30 x 18 pouces, une pleine fournée de pain, sans être obligé de tourner un seul poêlon. […] En outre, le four étant à une hauteur appropriée, il n’est pas besoin de se baisser et la cuisson est toujours visible par les portes en verre à l’épreuve du feu. 1919, Le Prix courant, Montréal, 11 avril, p. 15 (annonce).
La Cuisine Moderne doit être resplendissante de propreté. Dans ce but, nous avons acquis, comme pièce principale de cette chambre, le fameux poêle cabinet tout porcelaine Préférence : il est facile à nettoyer, à cause de l’absence apparente de vis ou boulons, et de l’arrondissement des coins. Ce poêle possède un grand fourneau, un petit fourneau-tiroir, un tiroir pour ustensiles, et les fameux brûleurs « Even-Heat ». 1930, Le Devoir, Montréal, 18 janvier, p. 15 (annonce).
VieilliPoêle-fournaise.
Rem.Appellation peu claire. Gérard Dagenais a vu ce mot composé dans une publicité de la maison Eaton et il a pu vérifier qu’il désignait un poêle-cuisinière (voir Réflexions sur nos façons de parler, 1959, p. 368). Poêle réfère probablement dans ce mot composé à la fonction cuisine.
Un poêle fournaise. – Répondant hier à une invitation de M. Ovide Picard, plombier, de la rue St-Jean, nous nous sommes rendu à ses ateliers afin de voir un poêle-fournaise dont il est l’inventeur. Grâce à cette invention, chacun pourra chauffer une maison à deux, trois ou quatre étages, à l’eau chaude, sans être tenu de donner de $200 à $1 000 pour une fournaise, qui à elle seule dépense plus de bois et de charbon que le poêle de cuisine qu’il faut chauffer en sus pour les besoins culinaires de la maison. Avec un seul poêle, à l’avenir, votre maison sera chauffée à l’eau chaude et vous ferez cuire vos aliments dans le poêle-fournaise qui réchauffera l’eau des radiateurs. C’est un poêle ordinaire. À l’intérieur et tout autour de la fournaise circulent une multitude de petits tuyaux remplis d’eau. C’est là que s’alimente la chaleur de la maison. Ce poêle, actuellement et à titre d’essai, réchauffe très bien six radiateurs donnant une longueur de 1100 pieds de tube. Ce même foyer réchauffe aussi le premier « pont » du poêle sur lequel on peut faire cuire les aliments de la maison. […] La dépense de charbon ou de bois est diminuée de moitié, puisque le poêle et la fournaise sont réunis en seul compartiment. 1884, Le Courrier du Canada, Québec, 2 mai, p. [2].
Le seul poêle-fournaise dont la grille à bois et la grille à charbon sont interchangeables, c’est-à-dire, que vous pouvez les placer dans le foyer, l’une ou l’autre, sans enlever un seul boulon. 1927, Le Soleil, Québec, 29 septembre, p. 9 (annonce).
Poêles-fournaises, commode, bureau, fournaise de passage, poêle de camp et meubles de toutes sortes. Achetons à domicile, poêles, meubles, etc. 1933, Le Soleil, Québec, 30 décembre, p. 12 (annonce).
[…] la marchandise du magasin Landry a été incendié [sic] mardi soir durant la soirée; on ne connait pas au juste l’origine du feu que l’on attribue aux fils électriques ou au poële fournaise. Tout est fermé en attendant les ajusteurs d’assurance. 1939, Mont-Joli (Rimouski), Correspondance de Madame Coulombe, lettre du 2 mars, p. [7].
Lanoraie, petite maison ancienne 150 ans environ, dans le village, poutres authentiques au plafond, à rénover selon vos goûts, terrain 90 x 45, 5 pièces, poêle-fournaise combinés [sic] fourni, 35 milles de Montréal, $19,500 […]. 1979, La Presse, Montréal, 22 septembre, p. E5 (annonce).
Il existe au moins un poêle-fournaise multi-combustible homologué et fabriqué ici au Québec qui peut brûler des bûches de bois en cas de panne. Il nécessite une cheminée et coûte entre 2600 à 2900 $. 1998, La Presse, Montréal, 21 mars, p. K4.
Rem.À l’époque des enquêtes dialectologiques (PPQ et Lavoie, 1960‑1980), le vocabulaire du poêle traditionnel était sur son déclin, mais il était encore largement connu des gens âgés. Les appellations explicites du poêle-cuisinière les mieux conservées étaient (selon le nombre d’attestations dans PPQ 175 et 1283x, et Lavoie 2014) : poêle à deux ponts, poêle à trois ponts, poêle à (de) cookery, poêle à fourneau, poêle de (à) cuisine. Certaines sont attestées dans les journaux jusque dans les années 1970 et quelques-unes continuent d’y figurer parce que les appareils en question sont encore fabriqués (poêle de cuisine, poêle-cuisinière, poêle de camp, poêle combiné).
Autres sortes de poêles.
(Dans le vocabulaire de l’acériculture).
Rem.Les appellations regroupées dans cette section sont attestées surtout dans les journaux des Cantons-de-l’Est et de l’Estrie, où l’acériculture est une activité de première importance, mais on en a relevé aussi dans la région de Rivière-du-Loup et dans l’Outaouais. Elles sont en recul dans l’usage.
VieilliPoêle à (de, pour) sucrerie : évaporateur d’eau d’érable; (spécial.) appareil de chauffe complémentaire dont on se sert pour terminer la réduction de l’eau d’érable.
Grand magasin, fixtures, miroir, comptoirs, four, poêle pour sucrerie, marbre à refroidir sucrerie, etc. 1916, La Presse, Montréal, 9 décembre, p. 20 (annonce).
Vente à l’encan […] herses à disques et à ressorts; charrue à mancherons; voiture express; voiture fine sur pneus; grippe-roches; cultivateur; sleigh mocassin double neuve; 2 sleigh fines; sleigh à 2 sièges; traîne à roches; chaudron de fer; poêle de sucrerie; rouleau de fer; faucheuse neuve[.] 1948, La Tribune, Sherbrooke, 10 avril, p. 14 (annonce).
Attention cultivateurs et fabricants de produits de l’érable [/] C’est le temps de la réparation de vos poêles à sucrerie. Nous avons en inventaire des grils simples ou doubles de toutes les longueurs. 1961, Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 2 février, p. 10 (annonce).
Poêle à sirop : évaporateur d’eau d’érable.
(Souvent dans petit poêle à sirop). Appareil généralement de plus petite taille que l’évaporateur normal, chauffé par un brûleur à mazout, permettant d’atteindre plus rapidement le degré de chaleur nécessaire pour produire le sirop d’érable.
Équipement de sucrerie : Agrès de sucrerie Dominion 4 x 16; poêle à sirop 4 x 12; poêle à sirop 2 x 8[,] réservoirs à eau d’érable[,] 2 gallons en aluminium, 25 bols à vaches, 4 barils à gaz avec boyau, balance capacité 2,000 livres, étau, tombereau 2 roues, sleigh fin comme neuf, calèche à poney, 4 voitures à poney, 3 sets de cloches à chevaux 1878, 4 attelages fins. 1971, La Voix de l’Est, Granby, 27 mai, p. 15 (annonce).
[…] 300 piquets pour clôture électrique; 6 rouleaux de broche carreautée[;] 5 rouleaux de broche piquante; 1 feu de forge; 2 réservoirs, capacité 200 gallons; 1 évaporateur à sirop Roxton 3/10; petit poêle à sirop; 1 réservoir à ramasser 125 gallons; bac à eau d’érable 500 gallons; 800 chaudières de 2 gallons aluminium et galvanisées; 800 couvercles et 800 chalumeaux; 20 cordes de bois de cabane; d’autres articles trop longs à énumérer. 1976, La Voix de l’Est, 25 octobre, p. 11 (annonce).
Chaudières d’eau d’érable 1 ½ ga[llons] avec chalumeaux, 2 $ ch.[;] couverts .50ch.[;] Petit poêle à sirop avec pan 18 x 14 x 20 [:] 200 $. 2004, Le Courrier Sud, Nicolet, 7 mars, p. 18 (annonce).
Puis, beaucoup plus tôt que prévu, Claudie était venue le rejoindre. À peine quelques soirées à bavarder avec Jérôme au coin du gros poêle à sirop, dans la cabane à sucre, et l’invitation était lancée. 2001, L. Tremblay-D’Essiambre, Les années du silence, t. 5, p. 13.
Poêle à sucre : petit évaporateur autour duquel on se rassemblait pour tremper la palette dans le sirop et qui servait, grâce à des brûleurs au mazout, à accélérer le processus de passage du sirop au sucre d’érable.
Là vous trouverez la ligne d’Appareils de Sucrerie la plus complète et la plus nouvelle. Chaudières à sucre, Bidons à siroy [sic], Chalumeaux, Poêles à sucre, Réservoirs pour eau d’èrable [sic], etc. Évaporateurs et fourneaux en acier de toute grandeur. 1920, Le Journal de Waterloo, 19 février, p. 8 (annonce).
Encan […] accessoires de sucrerie complets dont 1 poêle à sucre de 4 x 12, 1 assortiment de pannes usagées, 1 assortiment de pannes neuves (une saison d’usage seulement), grandeur 4 x 12, fabriquées par Small Bros., 1 petit poêle avec panne pour finir le sirop, 1 grand réservoir à eau d’érable, 1400 bonnes chaudières à eau d’érable, 1400 chalumeaux, 400 couverts de chaudières, et plusieurs autres articles qui serait [sic] trop longs à énumérer. 1943, Le Journal de Waterloo, 4 juin, p. 8 (annonce).
Poêle à sucre […] Le petit poêle est une nécessité dans une cabane à sucre. Il sert à de nombreux usages comme par exemple finir le sirop ou le transformer en tire ou en sucre; on y fait encore chauffer l’eau nécessaire au lavage avant, pendant et après les sucres. [1952], J. R. Méthot et N. Rompré, L’érable à sucre du Québec, p. 22.
La première fois que je suis entrée dans la cabane à sucre, je n’ai rien vu car j’ai été aussitôt aveuglée par la vapeur de l’eau d’érable en ébullition. La deuxième fois, je ne l’oublierai jamais car mon chien dénicha un siffleux qui gîtait sous la cabane. Il m’entraîna dans une course échevelée qui nous fit côtoyer dangereusement l’évaporateur tout brûlant, le réservoir plein d’eau d’érable, le petit poêle à sucre et un tas de vieilles chaises à cannage de babiche. 1976, M. Tanobe, Québec je t’aime : i love you, p. [42].
Encan […] environ 400 chaudières à sucre en aluminium; sirotier; 6 barils à sirop dont 2 neufs; casserole de finition à sirop; poêle à sucre Dominion; quelques autres articles de sucrerie […]. 2014, Infodimanche, Rivière-du-Loup, 5 novembre, p. 62 (annonce).
Poêle de finition : syn. de poêle à sucre* (voir la sous-entrée précédente).
À vendre [/] Équipement de sucrerie de marque « Small » grandeur 3 ½ x 12. Aussi poêle à sirop (finition). Réservoir pour ramasser l’eau d’érable. 1968, La Voix de l’Est, Granby, 24 février, p. 10 (annonce).
Érablière à vendre […] Superficie : Environ 4.5 arpents par 15 arpents (environ 67.5 arpents) [/] Bâtisses : 1 cabane à sucre de 20’ par 40’, 1 cabane pour extraction de sève approx. 8’ par 12’ [/] Équipement : Évaporateur « Dominion Green » (5’ par 15’), 1 poêle de finition, 1 réservoir 800 gallons et deux (2) réservoirs de 500 gallons, 1 certisseuse manuelle, 1 extracteur de sève « Lapierre », 1 compresseur et environ 2,000 entailles reliées par tubulure avec possibilité de 500 entailles additionnelles. 1984, Le Courrier Sud, Nicolet, 6 mars, p. 15 (annonce).
Luc a deux bouilloires d’évaporation : un poêle à bois de 16 pi de long sur 52 po de large et un poêle de finition de 8 pi sur 2 pi équipé d’un thermomètre dans lequel se joue la partie finale : lorsque l’eau devenue sirop atteint la température précise de 219 ºF, c’est prêt. Un degré avant, le sirop est trop liquide et risque de ne pas se conserver, un degré trop tard, il est trop cuit et risque de cristalliser. 2006, Le Saint-Armand, février, p. 3.
Dans d’autres domaines.
Rem.Toutes les appellations réunies dans cette section sont encore en usage.
VieilliPoêle de camp : petit appareil léger de conception variée, général. de tôle, utilisé dans les campements en forêt, dans les chantiers, pour se réchauffer ou faire cuire des aliments.
tortue.
Le lieutenant et adjudant French, de l’Artillerie Royale, casernée à Kingston, a inventé un poêle de camp portatif tout à fait ingénieux. Ce poêle est fait de grosse tôle, et arrangé de manière que le sommet, les extrémités et les côtés s’abaissent sur la plaque de dessous et forment ainsi un paquet compact. Outre plusieurs autres commodités ce poêle possède un four en arrière où l’on peut faire cuire le pain et la viande. Il ne pèse pas plus de 100 livres. 1866, Le Journal des Trois-Rivières, 24 août, p. [3].
The Coleman Camp Stove [/] Se plie et se porte comme une valise. Voici le poèle de camp le plus attrayant, le plus compact et le plus utile qui ait encore été offert. Construit pour rencontrer les besoins soigneusement étudiés du campeur et de l’automobiliste touriste. Il a un réservoir de grande capacité avec une pompe construite à même : bouchon de remplissage maniable à la main : capsules de brûleurs en cuivre qui ne brûlent ni ne se corrodent. 1923, L’Automobile au Canada, vol. 4, no 1, p. 30 (annonce).
Mais la nuit tombait et c’est à l’aide d’une lanterne que nous étendîmes les poissons sur la berge où ils seraient vite congelés. Cette journée mémorable se termina à la lueur d’une lampe à pétrole, autour du poêle de camp où pétillait un bon feu. 1982, B. de Trémaudan, Au Nord du 53e, p. 71.
Poêle de camping : réchaud de camping.
On a remis, de plus à chaque concurrent des prix en espèces, offerts par des amis du Radisson, fervents du canotage : armes à feu, coutelas, poèles de camping, couvertures, pull-overs, photographies, etc. 1939, Le Bien public, Trois-Rivières, 3 août, p. 15.
Équipement au propane [/] Ensemble 3 dans 1 Coleman. L’ensemble comprend : poêle de camping à 2 réchauds – chaufferette – lanterne; chacun avec une bouteille de propane de 16.4 oz […]. 1973, La Presse, Montréal, 18 avril, p. C3 (annonce).
Tous les appareils qui brûlent un combustible comme l’essence, le diesel, le propane, le gaz naturel, le mazout, le naphte, le kérosène, le charbon ou le bois émettent du monoxyde de carbone. Les risques d’intoxication sont élevés lorsqu’ils fonctionnement [sic] dans un endroit mal ventilé […]. Les principaux dispositifs qui dégagent du monoxyde de carbone sont : Les véhicules motorisés (automobile, motoneige, VTT, etc.) [...] Les petits appareils de cuisson (barbecue, poêle de camping, etc.) [...]. 2016, Gouvernement du Québec (Direction de la sécurité incendie), Lignes directrices pour l’intervention lors d’incidents impliquant du monoxyde de carbone, p. 4.
Poêle à patates (frites) : friteuse (dans un restaurant).
Incendie dans un poêle à patates frites […] L’explosion d’un petit poêle à faire des « frites » dans une petite boutique du parc de l’exposition hier après-midi a causé quelque émoi dans la foule qui se pressait sur les terrains, mais n’a fait que très peu de dégâts. 1922, La Patrie, Montréal, 11 juillet, p. 2.
Poêle à patates frites Moffat presque neuf. Poêle à Hot Dog. Aussi poêle Moffat à 2 ronds, en très bonne condition. 1950, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 29 avril, p. 46 (annonce).
Un incendie qui aurait pris naissance vers 1.45 samedi matin derrière un poêle à « patates frites » [dans un restaurant] de Lac-Mégantic a causé pour environ un quart de million de dollars de dommages en détruisant complètement et le restaurant en question et [un hôtel] […]. 1975, La Tribune, Sherbrooke, 21 juillet, p. 1.
Avant de partir de Québec, j’ai trouvé un poêle à patates frites et un autre pour faire des hot-dogs. 2005, M. David, La poussière du temps, t. 2, p. 460.
Poêle à (pour) hot-dog(s) : petit appareil de type gaufrier servant à faire cuire les hot-dogs, les grilled-cheese, les hamburgers.
Pour automobile, joli restaurant sur plage avec cabine, costumes de bain, chaloupes, poêle pour hot dogs, glacière à liqueurs et autres garnitures. 1933, La Presse, Montréal, 29 avril, p. 49 (annonce).
Glacière à [boissons gazeuses] de 5 pieds, poêle à hot-dogs électrique. 1935, La Presse, Montréal, 6 juillet, p. 47 (annonce).
[…] réfrigérateur (17 p[ie]ds cubes), fontaine, comptoir, cabines, miroirs, poêle à patates frites et hot-dogs, show case, etc. $6,000 d’équipement à sacrifier en bloc ou en partie. 1950, Le Soleil, Québec, 13 janvier, p. 3 (annonce).
Une résidence du rang 6 à Saint-Zacharie a été dévalisée au cours de la journée du 11 avril dernier. Un réfrigérateur, une cuisinière de marque Frigidaire, une laveuse et une sécheuse de marque Inglis, une horloge grand-père, des bancs de comptoir en bois, de la vaisselle, un poêle à hot-dog, un réservoir propane et un sofa de marque El-Ran ont été dérobés, pour une valeur totale de 4 660 $. 2010, La Voix du Sud, Lac-Etchemin, 21 avril. P. 6.
NOTICE ENCYCLOPÉDIQUE
1. La double fonction du poêle. Ce n’est que dans le dernier quart du XVIIIe siècle qu’un nouveau type de poêle, conçu à la fois pour le chauffage et pour la cuisson, fait son apparition au Canada : le poêle à deux ponts, appelé d’abord poêle double, qui sera suivi, un siècle plus tard, du poêle à trois ponts. Les premiers poêles à deux ponts furent fabriqués aux Forges du Saint-Maurice, ou importés de Grande-Bretagne comme en témoignent les appellations poêle de Carron, poêle de Bath et poêle d’Écosse (bien attestées dans la documentation à la fin du XVIIIe s.). De la boîte de fer qu’il était à ses débuts, le poêle est devenu un meuble de prix, savamment décoré, aux formes de plus en plus stylisées et aux dimensions de plus en plus impressionnantes. Après les années 1830, on assiste à une véritable prolifération de modèles de poêles. Plusieurs manufactures voient le jour, notamment en 1867, année de la création de la fonderie de Montmagny où étaient fabriqués les célèbres poêles Bélanger. Le poêle, qui occupait déjà la place centrale de la maison, devint l’âme de celle-ci (voir p. ex. la citation de Rivard, plus haut). Dans l’imaginaire des gens, ce n’était plus un objet inerte. On disait qu’il ronronnait, crachotait, bourdonnait, chantait; il était nourri, poli, frotté, on le voulait beau et brillant. De simple appareil de chauffage alimenté au bois, le poêle en est venu à fonctionner à l’aide d’autres combustibles (charbon, mazout, gaz), puis à l’électricité. On l’a modifié, on l’a amélioré sans cesse; on y a ajouté diverses parties, surtout destinées à la cuisson des aliments (un four, un réservoir à eau chaude, un réchaud, des tiroirs, etc.). Dans les années 1860, poêle est attesté avec le même sens en France (voir ci-dessous, Histoire.). Il y avait alors près d’un siècle qu’il se disait au Canada d’un appareil servant à la fois pour le chauffage des maisons et pour la cuisson des aliments.
2. Une critique modérée. Poêle, désignant un appareil de chauffage qui sert en même temps de fourneau de cuisine, a été relevé comme particularité du français québécois par de nombreux observateurs du langage depuis Raoul Rinfret, mais n’a pas suscité beaucoup de critiques. Si l’on fait exception du jugement de R. Rinfret, qui demandait de remplacer poêle par fourneau, en parlant de l’appareil qui servait à la fois pour le chauffage et la cuisine, et de Henri Roullaud, qui militait pour cuisinière, le mot poêle appliqué à l’appareil à double fonction n’a pas fait l’objet de grands débats. Étienne Blanchard, en 1914, en traite incidemment sous le mot cookery (poêle de cookery), mais c’est le déterminant anglais qui lui fait problème puisque poêle ne figure pas en entrée. Avant lui, Sylva Clapin l’avait relevé lui aussi sous l’entrée couquerie, signe que le mot poêle n’attirait pas trop l’attention. Encore en 1930, la Société du parler français au Canada ne l’excluait pas, estimant qu’il pouvait être accepté « si son principal usage est le chauffage de la pièce ou de l’appartement où il se trouve ». La tolérance dont le mot avait bénéficié s’expliquait en partie par le fait qu’on le trouvait avec le même sens dans quelques dictionnaires de France (voir Histoire) et aussi, il faut bien le dire, parce que le passage du sens de simple « appareil de chauffage » à celui de « fourneau », comme on disait en France, paraissait tout naturel puisque le poêle conçu pour le chauffage rendait déjà un minimum de services pour des repas simples. Il semble que ce soit Gérard Dagenais, au tournant des années 1960, qui a déclenché une véritable campagne pour remplacer poêle par cuisinière, quand il est question de l’appareil conçu seulement pour la cuisine (voir sens III).
Sources : Ét. Blanchard (1914), Dictionnaire de bon langage; S. Clapin (1894), Dictionnaire canadien-français; R. Rinfret (1896), Dictionnaire de nos fautes contre la langue française; H. Roullaud (1908), Rectification du vocabulaire, p. 195‑197; Société du parler français au Canada (1930), Corrigeons-nous, no 11, p. [3], dans Le Canada français, 18(4).
Appareil dédié à la fonction de cuisiner.
Mod.Appareil servant exclusivement à la cuisson des aliments; cuisinière.
Poêle à gaz. Poêle électrique. Poêle autonettoyant.
Rem.1. On dit aussi cuisinière, comme en France, dans le commerce, dans les publicités et dans la langue soignée. 2. Poêle électrique est relevé dans GPFC et Bélisle1‑3.
Il faut un grand effort d’imagination pour se reporter du poêle électrique qui cuit les aliments sans feu, sans suie, sans cendres ni sans chaleur inutile, au feu de camp en plein air et aux pots en terre de nos ancêtres. 1910, Le Prix courant, 15 juillet, Montréal, p. 45.
Rien de mieux qu’un poêle à l’électricité. En effet, rien de plus propre, puisqu’on n’a pas même besoin d’allumer une allumette; rien qui cuise mieux ni qui garantisse une chaleur plus égale. Que le poêle électrique que vous achèterez – c’est entendu – soit de fabrique canadienne. […] À l’aurore de la vie conjugale, la maman était moins bien renseignée qu’elle ne l’est aujourd’hui sur le fonctionnement des poêles et les secrets de la cuisine! Toutefois, elle aimait à apprendre. […] Ses voisines lui ont transmis leurs recettes, qu’elle a échangées contre les siennes. Présentement encore elle suit la même excellente méthode. En effet, cette prudente maman songe qu’il lui faudra bientôt un poêle électrique, de même qu’une machine à laver actionnée par l’électricité. 1925, H. MacMurchy, La cuisine canadienne, p. 9, 11 et 15.
(Acadie) Convertissez votre vieux poêle en un poêle électrique moderne avec le nouvel « Electro Hot-Lid ». Enlevez simplement une roulette d’arrière et placez le « Hot-Lid » que vous rattachez à n’importe quel commutateur (socket) et, Presto! vous avez tous les avantages d’un poêle électrique des hauts prix pour seulement $6.50. 1931, Le Madawaska, Edmunston (Nouveau-Brunswick), 2 juillet, p. 8.
Oui, une ferme électrifiée contribuera à garder votre famille auprès de vous. Nous ne vous connaissons pas personnellement, mais nous pouvons deviner que vous-même ou votre voisin, avez un fils qui songe peut-être à quitter la ferme. S’il y songe parce qu’il veut une vie plus moderne, qu’il envie le citadin, la meilleure réponse à lui apporter, c’est d’électrifier votre foyer. La même chose s’applique à votre fille qui, elle aussi, désire tout autant que votre fils, goûter à la façon moderne de vivre. La plomberie et l’éclairage électrique, un poêle et un réfrigérateur électriques, une cuisine moderne où travailler au frais, un aspirateur, une laveuse, une repasseuse, un grille-pain, l’eau courante, chaude et froide, en toute saison… n’est-ce pas que c’est là un but à atteindre? 1945 env., Office de l’électrification rurale, L’électricité sur la ferme, p. [6].
Poêle électrique 220, laveuse et sécheuse, télévision couleur et noir et blanc, machines à coudre électriques, fauteuils berçants en cuir, antiques : gramophone, sets de salons, lampes à l’huile, tables, lit en bois, barratte [sic] à beurre; aussi terre de 63 arpents avec bâtisses. 1975, L’Écho de Louiseville, 5 février, p. 38 (annonce).
On finit par s’installer, on enterre ça de neige, on rentre nos provisions… Bien installés, le lendemain on a continué à modifier notre tentement, et puis on était très, très, très bien. On avait du gaz propane en masse, on avait des bons poêles à gaz Master, et puis on avait des skidoos, on avait du gaz, on avait de l’huile, on avait une scie mécanique, on avait des haches […]. 1980, Saint-Élie-de-Caxton (Saint-Maurice), AFEUL, S. Fournier 180 (âge de l’informateur : n. d.).
Je n’ai pas l’impression de manger l’éternelle soupe à base de tomates qui frémit à cœur d’année sur le rond du fond du poêle à gaz et que ma mère allonge au fil des jours en y rajoutant légumes ou pâtes, mais d’y évoluer! La salle à manger au complet est un bol de soupe! Mon front est en sueur, j’ai détaché mon col de chemise après ma première cuillerée de soupe trop chaude, l’eau me coule dans le dos… 1992, M. Tremblay, Douze coups de théâtre, p. 72.
Autrefois, tous les travaux se faisaient à la main et prenaient beaucoup de temps. Aujourd’hui, les appareils électroménagers rendent beaucoup de services : laveuse et sécheuse à linge, poêle électrique auto-nettoyant et réfrigérateur, fours à micro-ondes, balayeuse qui circule toute seule, etc. Voilà de quoi économiser bien du temps! 2022, Le Citoyen, Rouyn-Noranda, 16 février, p. 30.
NOTICE ENCYCLOPÉDIQUE
Un mot contesté. Que le mot poêle se soit imposé au Canada pour désigner un appareil destiné exclusivement à la cuisson des aliments résulte d’une évolution naturelle (voir Histoire). En France, on disait fourneau au XIXe siècle et cet emploi n’était pas inconnu au Québec. C’est d’ailleurs ce mot que les puristes québécois ont recommandé au départ pour remplacer poêle qu’on voulait éliminer parce que ce n’était pas le mot de Paris; voir p. ex. Rinfret (s.v. poêle) : « Au lieu de poêle de cuisine, dites fourneau de cuisine, fourneau domestique, ou simplement fourneau ». Plus tard, on a cherché à faire adopter cuisinière pour se conformer encore à l’usage de France, qui avait évolué. Le mot poêle a alors été analysé comme étant une impropriété. Jacques Rousseau écrit à ce sujet : « Que le mot cuisinière passe en France d’une rôtisserie à un petit appareil de cuisine à gaz, la sémantique le justifie; par contre lorsque le canadien poêle à bois, – désignant un objet anglo-américain, peu connu en France, – engendre poêle à gaz et poêle de cuisine, admis par d’excellents dictionnaires, la sémantique ne peut le condamner non plus. » Poêle n’avait d’ailleurs pas suscité de réaction négative avant l’intervention de Raoul Rinfret. Oscar Dunn (1880) l’avait utilisé spontanément dans son explication de bombe : « À Québec on dit Bombe, à Montréal Canard, pour désigner la Bouilloire de nos poèles de cuisine ordinaires. » Depuis les années 1960, dans les manuels normatifs, on a invoqué divers arguments, qui se sont révélés sans fondement, pour décourager l’emploi de poêle en parlant de l’appareil destiné exclusivement à la cuisson des aliments : ce serait un emprunt à l’anglais, il ne serait employé que par les gens âgés et ceux de la campagne, ce serait une impropriété, etc. La vraie raison de son rejet avait cependant été fournie dès le XIXe siècle et est énoncée clairement par un linguiste en 1966 : « Nous sommes les seuls à dire poêle là où tous les autres disent cuisinière. » Il a fallu attendre le XXIe siècle avant que le principe de la légitimité d’une norme québécoise soit assumé par une majorité de Québécois. Le véritable statut de poêle en français québécois pouvait dès lors être reconnu : dans le GDT (s.v. cuisinière, avis de 2009), les linguistes de l’OQLF écrivent à juste titre que « le terme cuisinière appartient au vocabulaire spécialisé du domaine de l’équipement ménager, poêle appartient plutôt à la langue courante ». Se situant dans une perspective culturelle, l’ethnologue Marcel Moussette écrit que « [l’]utilisation de plus en plus grande du poêle dans la Nouvelle-France du XVIIIe siècle semble bien être un trait original de la culture matérielle des Français établis dans ces régions froides de l’Amérique du Nord. » Ce jugement se voit confirmé par la place centrale qu’occupe le poêle dans de nombreux romans des XIXe et XXe siècles.
Sources : J.‑Cl. Corbeil (1966), Poêle et cuisinière, Vie et langage, no 170, p. 254‑257; O. Dunn (1880), Glossaire franco-canadien; M. Moussette (1983), Le chauffage domestique au Canada, p. 77; OQLF, Grand dictionnaire terminologique (en ligne) 2024‑01; R. Rinfret (1896), Dictionnaire de nos fautes contre la langue française; J. Rousseau (1969), Le parler canadien et le français universel, Les Cahiers des Dix, no 34, p. 229. Voir aussi les références de la section Notice encyclopédique sous le sens I.
(Dans des comparaisons).
Fam.Noir comme le poêle : très noir; très sale, crasseux.
Des cheveux, des yeux noirs comme le poêle. Avoir les mains noires comme le poêle.
Faire noir comme le poêle : faire nuit noire.
Fig. Mettre qqn noir comme le poêle : médire de qqn.
(En parlant d’une personne). Fam.Large comme le poêle : très gros.
Arrête de manger, tu vas devenir large comme le poêle!
Rem.Signalé dans BeauchQuéb, p. 13.
Q. – Vous avez eu connaissance que le prisonnier a mis sa femme noire comme le poële? R. – Oui, après l’avoir battue il m’a demandé d’aller chercher de l’eau et elle n’était plus capable d’avaler. 1886, La Justice, Québec, 20 octobre, p. [2].
Un diablotin, noir comme le poêle, apporta un jeu de cartes et le tendit respectueusement au Roi des enfers. Les deux joueurs s’assirent, battirent les cartes. Le fustié eut la donne. Lucifer coupa. Et ils entamèrent la partie. 1889, Le Samedi, Montréal, 21 septembre, p. 11.
Elle n’a pas manqué un seul jour de sa vie d’Ursuline de réciter l’office de l’Immaculée Conception. Elle portait ce petit livre dans sa poche. Il était, sur les dernières années de sa vie, noir comme le poêle. La bonne Sœur garda cette pratique pendant les trente années qu’elle fut cuisinière. 1911, Sœur Marguerite-Marie, Les Ursulines des Trois-Rivières depuis leur établissement jusqu’à nos jours, t. 4, p. 382.
Son frère […] avait une jambe sur une chaise et la jambe noire comme le poêle [= en raison de la gangrène]. […] Elle dit : « Qu’est-ce que vous avez donc, monsieur, à cette jambe-là ? » Il dit : « C’est une épine qui m’a été posée, il y a bien longtemps et ça m’a coûté bien cher [= pour la faire soigner] ». 1916, Les Éboulements (Charlevoix-Ouest), Archives de folklore, Ch.-M. Barbeau, ms. 34, p. 7 (conte).
J’enfile un chandail de laine noire, et de rouge que j’étais, me voilà devenu noir comme le diable, ou comme le charbon ou comme le poêle, selon l’image que votre mère évoquait pour fustiger votre saleté d’enfant coureur de ruelle. 1968, A. Major, Le vent du diable, p. 139.
Une torvisse de belle femme, entends-tu? Grande, la tête noire comme le poêle, ronde ousqu’y faut pis la peau rose comme du nanane; pis à part de d’ça, tiens-toé ben : habillée juste avec une jaquette en dentelle pis un châle. Aie! Oublie pas que dans ce temps-là un gars se dérangeait pour voir une cuisse!… 1979, R. Levesque, Le vieux du Bas-du-Fleuve, p. 89.
(Fig.). Il est loin de se douter de l’Éden noir qui l’attend. Au Nord, la seule chose qu’on trouve en abondance, c’est la misère noire comme le poêle. Dans ces contrées nordiques, Isidore y rencontrera le diable, côtoiera les loups-garous et devra faire face à une étrange nature sauvage. 2018, La Concorde, Saint-Eustache, 10 octobre, p. 17.
Variante. (Hapax). Noir comme le poêle à deux ponts.
Le charbonnier est bien content de l’échange, lui qui a toujours travaillé en guenilles. Change pour change! Voilà Prince-Joseph en charbonnier, avec des haillons qui ont bien cinquante ans et noirs comme le poêle à deux ponts. 1950, M. Barbeau, Les contes du grand-père sept-heures, t. 4, p. 17.
Histoire
Les différentes orthographes de poêle sont toutes attestées dans l’histoire du français (v. notam. TLF, s.v. poêle2) : poële (Académie 1694 et 1718), poile (Académie 1694‑1718, LaCurne; Littré et Larousse 1866 ‘poêle ou poile’), poisle (GreimMFr), poesle (GreimMFr, Fur 1690 et 1727), poelle (Huguet, Ménage 1750; v. aussi CatOrth, s.v. poêle2). Le sens I.1 correspond au sens du mot dans le français de référence (v. PRobert (en ligne) 2024‑01 : « appareil de chauffage clos, où brûle un combustible. Poêle à charbon, à bois, à mazout »). Le sens II résulte d’une évolution locale qui s’est produite aussi, de façon parallèle, en France, et le sens III représente le dernier état du processus sémantique qui a fait de poêle l’équivalent au Québec de cuisinière en France. On a souvent imputé à l’anglais cette évolution. L’étude de la documentation québécoise et l’éclairage des dictionnaires de France invite à nuancer les jugements à cet égard.
I1Depuis 1667 (Déclaration faite au papier terrier de la Compagnie des Indes occidentales par le sieur Peuvret, sieur de Mesnu (Demesnu), 5 octobre : à l’exception de celle [la chambre] d’audience (…) y a poêle; d’après la transcription dans BAnQ, le document étant en grande partie illisible). Emploi attesté en français depuis le XVe s. (par allusion à une réalité allemande, v. TLF et RobHist; v. aussi FEW pēnsĭlis 8, 201b). L’utilisation plus grande qu’en France du poêle au Québec a suscité la création de plusieurs appellations caractéristiques qu’on rencontre dans les documents dès les années 1660. Poêle de brique, depuis 1676; poêle à chauffer, depuis 1703 (Québec, BAnQQ, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Québec), gr. Fl. de La Cetière (CN301, S146), 15 février, p. 4 : un poille a choffer couppé avec ses cintures et son tuyau estimé a cent livres); poêle de cabinet, depuis 1717 (Québec, BAnQQ, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Québec), gr. P. Rivet dit Cavelier (CN301, S240), 8 mai : Un petit poêle de Cabinet avec Son trepier); poêle de France, depuis 1733; poêle du pays, depuis 1748 (attesté encore dans les premières décennies du XXe siècle, p. ex dans Le Progrès du Saguenay, Chicoutimi, 20 mars 1902, p. 4); poêle français, depuis 1802. Poêle à bois n’est attesté que depuis 1848, peut-être parce qu’on n’avait pas senti le besoin jusque-là de préciser la nature du combustible utilisé, le bois ayant été pour ainsi dire le seul employé jusque vers le milieu du XIXe siècle (v. Marcel Moussette, ouvr. cité, p. 115). Poêle à bois est par la suite devenu une locution figée usuelle au Québec, alors qu’en France les dictionnaires l’ont mentionné assez peu (il figure tout de même dans PRobert (en ligne) 2024‑01 et Robert 1953‑1985). En plus de ces appellations issues du français, le mot poêle, au sens d’« appareil dédié au chauffage », a donné lieu à d’autres noms composés dont plusieurs sont le résultat de l’influence de l’anglais. Poêle à l’huile, depuis 1865 (La Minerve, Montréal, 2 octobre, p. 2 : Poêle à l’huile de charbon avec lampes amélioré), calque de l’anglais oil stove « a stove that burns oil (as kerosine) » (Webster 1986, s.v. oilstove; v. aussi OED, s.v. oil, Funk 1909, s.v. stove); poêle simple, depuis 1778 (la citation figure sous le sens II, à propos de poêle double), d’après l’anglais single stove, qui figure dans la version anglaise de cet extrait; poêle à un pont, depuis 1921 (v. poêle à deux ponts, sous II); poêle à un étage, depuis 1827 (v. l’explication ci-dessous, sous II). Quand on ne trouve pas l’appellation équivalente en anglais, on ne peut pas être sûr qu’il s’agit d’une innovation québécoise du fait que les dictionnaires anglais n’ont répertorié qu’une partie de ce vocabulaire qu’on découvre dans les catalogues et journaux de l’époque. On ne peut donc se prononcer pour poêle de chambre, depuis 1819 (Montréal, BAnQM, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Montréal), gr. Th. Bedouin (CN601, S28), 12 juillet : Un poële de chambre et son tuyau), pour poêle de passage, depuis 1842 (Montréal, BAnQM, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Montréal), gr. L.‑A. Moreau (CN601, S299), 12 avril : un poile de passage avec son tuyau), ni pour poêle de salle (à manger), depuis 1838 (La Gazette de Québec, 27 septembre, p. 2 : Quelques poêles de salle et quelques uns [sic] de cuisine avec leurs chaudières et plats). Pour poêle sourd, depuis 1835 (dans L’Ami du peuple, de l’ordre et des lois, Montréal, 21 janvier, p. 3: J. W. a inventé un nouveau poele sourd – qui est très supérieur aux anciens), on peut reconnaître l’influence de l’anglais même si le terme anglais et le terme français ne signifient pas la même chose, « muet » dans un cas, « sourd » dans l’autre; cette appellation doit en effet être mise en relation avec l’anglais nord-américain dumb stove (littéral. « poêle muet »), qui paraît être une variante de drum stove, poêle fait d’un baril d’acier : « [p]ossibly so called by folk etymology since the ‘stove’ had no fire in it, being simply an expansion in a stovepipe » (DictCan, s.v. dumb stove et drum stove; v. aussi Mathews, s.v. drum). 2La Ligue du vieux poêle, depuis 1947, est une traduction de l’anglais The Hot Stove League désignant un groupe de commentateurs, créé en 1939, qui échangeaient à la radio anglaise de Radio-Canada, autour d’un poêle, sur le match de hockey en cours pour conserver l’intérêt des auditeurs pendant l’entracte. Cette pratique a commencé en 1947 à la radio française (v. les citations; v. aussi le texte La soirée du hockey au petit écran, sur le site Web de Radio-Canada, 11 octobre 2017, section sports). L’appellation, au départ limitée au monde du hockey, s’est élargie à d’autres domaines au cours des années 1970.
IIDepuis 1809 (poêle sans déterminant), mais dès 1778 dans l’appellation poêle double, calque de l’anglais double stove. Résultat d’un glissement sémantique qui a accompagné la modification de l’appareil. Le passage du sens I.1 au sens II s’est produit aussi en France (v. ci-dessous). Le nouveau sens de poêle ne s’y est cependant pas maintenu; les Français ont opté plutôt pour fourneau, puis cuisinière. L’évolution sémantique du mot au Québec s’explique facilement. À l’appareil servant à chauffer la maison, qui était formé d’une boîte métallique rectangulaire dans laquelle brûlait le bois, on a ajouté une seconde boîte qui devenait un four au contact de la première et pouvait ainsi servir à faire cuire les aliments. Pour les Canadiens de l’époque, c’était toujours le même appareil, mais amélioré. C’est pourquoi le besoin de créer un autre nom ne s’est pas manifesté. Que cette évolution ait eu comme conséquence de mettre en présence le mot français poêle et le mot anglais stove , qui est un générique pouvant se dire de différents appareils de chauffage, ne fait pas de poêle un anglicisme. En revanche, dans les appellations composées, qui servaient à préciser la fonction du poêle, l’anglais a eu une influence qu’il était impossible d’éviter puisque la presque totalité des appareils qui entraient sur le marché au XIXe siècle provenaient des États-Unis et avaient déjà reçu un nom. J. Darbelnet écrit à ce sujet : « Les Canadiens continuent à appeler poêle aussi bien l’appareil qui sert à faire cuire les aliments que celui qui sert à chauffer. Ce faisant, leur langue reflète une vieille tradition de l’habitat rural où les deux fonctions de chauffage et de cuisine étaient remplies par le même appareil. En France, en ville tout au moins, le terme poêle n’évoque que le chauffage. Il se trouve qu’en anglais nord-américain, le mot stove continue à s’appliquer au poêle et au fourneau de cuisine. Étant donné l’importance au Canada de la fabrication américaine dans tout ce qui concerne la vie quotidienne, il est normal que l’anglais ait contribué à ce que poêle garde l’extension sémantique qu’il avait autrefois en France et qu’il a encore au Canada » (DarbCan 1171). L’évolution du sens d’« appareil de chauffage » vers celui d’« appareil de chauffage et de cuisine » a donc eu lieu également en France, de façon parallèle, bien que le poêle y ait été peu utilisé; elle est attestée dans des dictionnaires de la fin du XIXe s. et du début du XXe. Ces ouvrages indiquent clairement que le mot poêle pouvait à cette époque se dire en parlant d’un appareil servant à faire la cuisine, voir p. ex. Larousse 1866 : « [Les poêles en fonte] se composent essentiellement d’un foyer […], d’un four […] et, enfin, de trous garnis de rondelles concentriques, mais de diamètres différents et sur lesquels il est possible de faire la cuisine. […] Quelques-uns de ces poêles […] possèdent à un de leurs angles et loin du foyer des réservoirs d’eau qui permettent d’avoir constamment de l’eau chaude » (v. également Larousse 1928 et GrEnc). Cp. en outre poêle-fourneau « poêle en briques et en fonte, à double usage, c’est-à-dire servant d’appareil de chauffage et de fourneau pour la cuisson des aliments » (GuérinS, s.v. poêle; v. aussi Larousse 1928, id.). Que cet emploi du mot poêle résulte d’une évolution sémantique qui s’est produite dans le français du Québec n’empêche pas que de nombreuses appellations composées qu’on rencontre après 1760 aient été créées à partir de l’anglais. C’est sans doute le cas de poêle de cuisine (depuis 1821) qui rappelle les locutions anglaises kitchen stove et cooking stove (v. OED, s.v. kitchen, OED‑Suppl 1976, s.v. kitchen stove, Funk 1909, s.v. stove); poêle à cookerie, depuis 1861, d’après l’anglais britannique cookery stove (v. Random 1983). Poêle-cuisinière, une attestation isolée en 1907, puis depuis 1927, est un mot créé en France; il figure auparavant dans un récit publié dans le journal L’Électeur (Québec) le 9 mai 1893 (p. 2 : M. Perrin pensa que l’argent ou les valeurs des époux Dardelet pourraient bien se trouver dans le poêle-cuisinière), mais le texte a été écrit par un Français. Poêle à fourneau, depuis 1784. Poêle à (un, deux, etc.) ronds, depuis 1899. Poêle à deux ponts, depuis 1808 (Québec, BAnQQ, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Québec), gr. J. Bélanger (CN301, S16), 16 novembre, p. 4 : un poèle à deux ponts & tuyau), poêle à trois ponts, depuis 1859 et poêle à quatre ponts, depuis 1956, de même que poêle à un pont (v. sous I.1) sont à mettre en relation avec l’anglais decker qui se disait d’un poêle semblable (v. OED, s.v. decker n2 1.b., « applied to a kind of oven », notam. dans ces passages datant de 1884 : Mason’s Patent Hot-Air Continuous Baking Two Decker Oven; Patent continuous-baking ‘decker’ ovens – i.e., ovens piled upon each other, which are heated by one furnace); cp. en outre two-decker « having two decks, levels, layers, or classifications » (Webster 1986; v. aussi Funk 1909, s.v. two) et le substantif three-decker « a structure, as a house or a piece of furniture, having three levels : used also attributively » (Funk 1909, s.v. three). Decker désigne à l’origine le pont d’un bateau. Cette image de provenance maritime convenait bien dans un pays dont la langue avait été nourrie en grande partie par le vocabulaire des marins. Les appellations poêle à deux ponts et poêle à trois ponts sont sans doute, avec poêle de cuisine, celles qui ont connu la plus grande popularité. La notion de superposition qu’elles véhiculent se retrouve également dans poêle à un étage (v. ci-dessus, sous I.1), poêle à deux étages (depuis 1791) et poêle à trois étages (depuis 1863 : Les meilleurs poêles doubles et à trois étages, dans Gazette des campagnes, Sainte-Anne-de-la-Pocatière, 2 novembre, p. 10), qui étaient eux aussi répandus. Poêle à deux corps, depuis 1807 (L’Islet, BAnQQ, Fonds Cour supérieure (district judiciaire de Montmagny), gr. S. Fraser (CN302, S12), 4 août, p. 13 : 1 poële à deux corps & son grément), est construit avec un mot qui ne doit rien à l’anglais; en effet le mot corps s’est dit autrefois de la « partie d’un poêle, comprise entre le socle et la corniche » (v. Littré, sous le sens 10, et TLF, sous III, A,b). Poêle combiné, depuis 1889, d’après l’anglais : cp. Combined Cook Stove and Heater (Eaton’s Catalogue, fall-winter, 1924‑1925, p. 416), pour désigner un appareil servant à la cuisine et au chauffage; ou Combination Gas and Electric Range (The Gazette, Montréal, 12 octobre 1920, p. 4) pour parler d’appareils pouvant fonctionner avec des combustibles différents. Ce calque de l’anglais avait été précédé par différentes formulations comme ce poêle combine plusieurs avantages (La Minerve, Montréal, 3 octobre 1866, p. 1), ou Tablette, Chaufferette et Clé de Poêle Combinées (The Canadian Patent Office Record, vol. 14, no 2, février 1886, p. 51). Poêle mixte, depuis 1931. Poêle cabinet, depuis 1892, calque de l’anglais cabinet range, non attesté comme tel dans les dictionnaires (v. cependant Eaton’s Catalogue, Spring and Summer, 1929, p. 418 : Cabinet Gas Range; id., 1930, p. 331 : Cabinet Oil Range). Poêle-fournaise, depuis 1884. Poêle à (de, pour) sucrerie, depuis 1916. Poêle à sirop, depuis 1945 (Almanach du peuple Beauchemin, p. 331 : 6 grandeurs de poêles à sirop et à sucre). Poêle à sucre, depuis 1920. Poêle de finition, depuis 1968, qui se dit en parlant d’un petit évaporateur ou d’un petit poêle, a d’abord été désigné par une péripĥrase, p. ex. poêle pour finir le sirop et le sucre (v. notamment Journal de Waterloo, 27 mars 1931, p. 2). Poêle de camp, depuis 1866, calque de l’anglais nord-américain camp stove « a small stove used in camping or in shanties and cabins in the bush » (DictCan, s.v. camp stove; Mathews, s.v. camp). Poêle de camping, depuis 1939. Poêle à patates frites, depuis 1922; poêle à hot-dog, depuis 1933.
IIIPoêle électrique, depuis 1897 (Catalogue du cabinet de physique, Annuaire de l’Université Laval pour 1897‑98, Québec, p. 117).
IVL’expression noir comme le poêle, depuis 1886, a sans doute été créée à partir d’expressions connues dans les parlers de France dans lesquelles, cependant, le mot poêle fait référence à la poêle à frire : dans l’Ouest de la France, on trouve en effet nègre coume le thiu d’la pèle (noir comme le fond de la poêle), dans des comparaisons relatives à la couleur et à l’éclat des objets (v. DoussPays2 64); pour le sens de « très sale, crasseux », cp. en lyonnais noir comme le cul de la poêle (v. DupGrCôte2, s.v. noir).