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PISSOU [pisu]
n. et adj.

Rem.

Au singulier, parfois aussi écrit pissoux et pissous; au pluriel, le plus souvent pissous, mais parfois aussi pissoux. Dans la documentation, pissou est employé tant au masculin qu’au féminin. La forme féminine pissouse est cependant attestée, notamment dans certains glossaires (p. ex. DulCanad2); on trouve aussi pissoue (rare) et pissousse (voir Y. Villemaire, La vie en prose, 1980, p. 43), qui est un hapax.

1

Vieilli (Personne, général. un enfant ou une personne âgée) qui mouille souvent son lit, qui urine dans ses vêtements; (personne) qui urine souvent.

 pisseux (sens I.1).

C’t’enfant‑là yé toujours pissou. Je passe tout mon temps à le changer. 1949, Saint-Cœur-de-Marie (Lac-Saint-Jean-Est), V. Tremblay, Vocabulaire saguenéen, p. [47] (enq.).

Vous faites pipi [/] Et moi aussi. [/] Mais moi, [/] Pipi au lit. [/] J’ai vingt-cinq ans [/] Et la demie [/] Mais moi, j’fais pipi au lit. [.../] Un jour un psychiatre m’a dit, [/] Que j’aimais ma maladie, [/] Que j’avais peur de la vie, [/] Que j’voulais rester petit! [/] J’étais pissou et pisseux, [/] Un mouillé et un mouilleux. 1975, J. Barrette, Dis‑moi qu’y fait beau, Méo!, p. 93.

Comme elle insistait maladroitement, le secouant de haut en bas, il mit un terme à ces batifolages ennuyeux en lui pissant sur les genoux. […] – […] Inutile de continuer à faire toute une histoire. Un enfant ça s’oublie, des fois, puis quand vous étiez petite, ça vous est arrivé comme à tout le monde. On ne se propose pas pour garder un enfant quand on n’est pas capable. […] – Ben, remontez chez vous, d’abord, puis arrêtez de m’achaler avec ce petit pissou. 1976, M. Cabay-Marin, Les Berger, p. 193‑194.

Elle tire mon corps […] hors du lit, je l’aide, elle fait un tas de mes draps […] qu’elle emporte et jette au pied de la machine à laver […]. Tes pensées les plus affreuses, Mère Mailloux, traversent l’espace et tombent en phrases dans l’esprit de tous ceux qui dans le monde savent entendre le grincement matinal et criard de ta corde à linge alors que sont suspendus les draps maculés de ton fils pissou. 2002, H. Bouchard, Mailloux : histoires de novembre et de juin, p. 83‑84.

– […] il y a un petit garçon de mon âge qui fait encore pipi au lit. […] Elle [la surveillante] l’a obligé à se tenir debout dans le réfectoire avec son pyjama mouillé; il a dû rester là tout le temps du déjeuner. Il tremblait de froid et de honte et il pleurait. J’ai voulu aller le consoler, mais elle m’a dit de me rasseoir, que ce pissou n’avait que ce qu’il méritait et que ce serait ainsi chaque fois qu’il ferait pipi au lit. 2016, C. Bergeron, Les amants maudits de Spirit Lake, p. 124.

Rare  (Couleur) qui évoque, rappelle l’urine.

Cette coiffure avait déjà servi à trois générations de d’Artagnan et il va sans dire qu’elle était mitée en maint et maint endroit[.] Quant à sa couleur, disons que c’était un jaune pissou tirant sur le brun, son formât exagéré écrasait la tête de notre héros et la palette en cuir à patente gercée et craquelée se rabattait sur l’extrêmité de son nez busqué. 1893, Le Canard, Montréal, 16 décembre, p. [1].

[…] on me répondit lorsque je demandai quelle avait été la couleur de la robe de la mariée : – C’était une couleur qui tirait sur le pissous, le roussard et le basané. 1930, La Patrie, Montréal, 4 décembre, p. 6.

(Emplois méton.). n. m. Pop. et rare Pénis, (en partic.) pénis d’enfant; par ext. organe reproducteur de certains animaux, tels qu’un chien, un cheval, un taureau ou un porc (voir PPQ 402, 475, 651; Lavoie 1374, 2382; LapMam 60, DulCanad2).

 pissette (sens 1).

En dessous de sa soutane, Votre prêtre a pas de pissou à ce qu’il paraît; il se peut bien que la religieuse ait pas de djos [= seins]. 1988, R. Carrier, Prières d’un enfant très très sage, p. 47.

– Maman... le monsieur, il m’a montré son pissou... – Quoi? […] Ma maudite gang de sales, vous autres, sacrez votre camp de c’te maison‑là... 1993, A. Mathieu, La tourterelle triste : une histoire vécue, p. 317.

n. m. Vieux Alèse piquée protégeant le matelas (voir V.‑P. Jutras, « La maison », dans BPFC 10/8, 1912, p. 303; GPFC; aussi relevé à Tête-à-la-Baleine (Saguenay), 1971, dans PPQ 141A).

(Autre emploi). n. m. Vieilli Nom donné à certains passereaux, en particulier au sizerin flammé (Acanthis flammea), « espèce généralement présente l’hiver dans le sud du Québec, dont le plumage du mâle est largement teinté de rose sur la poitrine et le croupion » (Usito, s.v. sizerin).

Rem.Relevé une dizaine de fois sur le territoire du Québec au tournant des années 1970; son synonyme pisseux a été noté un peu plus souvent (voir PPQ 1539).

Le Dr. nous apprend aussi que la Piéride de la rave, Pieris rapæ, n’a fait son apparition à St. Roch de l’Achigan qu’en 1869, mais en telle quantité, qu’après l’essai de maints remèdes, il pensait ne pouvoir soustraire une seule tête de chou à leurs ravages, lorsqu’une troupe de petits oiseaux que les gens appellent pissous ayant remarqué l’abondante curée qui leur était offerte dans la chenille dévastatrice, s’abattirent sur son jardin et purgèrent ses choux de leurs ennemis, en quelques jours seulement. 1871, L. Provancher, Le Naturaliste canadien, vol. 3, no 3, p. 93‑94.

Ce petit oiseau [le Sizerin à tête rouge] habite la partie nord de l’hémisphère boréal, et, en Amérique, il émigre à l’automne jusque dans les États-Unis du centre. Chez nous il se montre parfois très abondant durant ses migrations, cependant M. Couper dit qu’il niche au Labrador. On donne à cet oiseau le nom vulgaire de Petit pissou. 1889, C.‑E. Dionne, Catalogue des oiseaux de la province de Québec, p. 79.

Le Sizerin à tête rouge […] dans la région de Québec et peut-être ailleurs aussi est nommé le Pissou ou Pisseux, P’tit pisseux et même Poussin. Il semble qu’il ait une relation entre ces noms et leur habitude de se nourrir dans le crottin et l’urine des chevaux en hiver. 1969, R. Cayouette, Les noms vernaculaires de nos oiseaux, Les Carnets de zoologie, vol. 29, no 2, p. [26].

 (Variante). Vieilli Pissoute n. m. Enfant qui mouille son lit. (LavChic 282; relevé à Saint‑Hilarion (Charlevoix-Ouest), 1973, Lavoie 2715).

 n. f. Pénis d’enfant.

Cache ta pissoute. (GPFC, Lorent).

 Organe de l’étalon. (Relevé à Sainte-Anne-de-la-Pérade (Champlain), 1972, PPQ 402).

2

Fig., péjor. et fam. (Personne) qui est peureuse, lâche, craintive, qui manque de courage.

Être (bien) trop pissou pour faire qqch. Traiter qqn de pissou, se faire traiter de pissou. Passer pour une pissou. Être rien qu’un maudit pissou. Une vraie pissou. Une gang, une bande de pissous.

Rem.1. Relevé en Acadie (Poirier). 2. Pissou est le titre et le thème d’une chanson de Jean‑Pierre Ferland (publiée dans Mes années d’école, 1993, p. 253‑255).

 chicken (sens 2); pea soup (sens 2); pisseux (sens I.2).

J’en ai appris de belles sur ton compte. Tu vas passer pour un fameux pissoux. Tous les ministres sont nommés et les honorables se sont faits à la pochetée. Le petit Pâquet est honorable; Flynn aussi. Toi, aujourd’hui tu n’as rien, tu restes grosjean comme devant. Voilà ce que tu as gagné à frayer avec les rouges [les gens du parti libéral]. 1879, Le Vrai Canard, Montréal, 8 novembre, p. [2].

La veille, M. Langevin avait invité quelques députés et autres petits pissous ministériels à diner au St‑Lawrence Hall, à Montréal. Il aurait déclaré à ses convives que la question d’une dissolution immédiate serait considérée au conseil des ministres, le lendemain. On s’attend aux élections sans délai. 1887, Le Progrès de l’Est, Sherbrooke, 11 janvier, p. [2].

Narcisse, ai‑je déjà dit, n’était pas d’une bravoure à toute épreuve. Mais ce jour‑là, il se trouvait une valeur à assommer, d’un coup de poing, trois paires de taureaux furieux. – Ah! murmurait-il en se rendant à la grange, suivi de près par Zéphirin, tu m’prends pour un pissou; c’est ce qu’on va voir. J’men vas te les frotter, moé, les oreilles! 1904, R. Girard, Marie Calumet, p. 198‑199.

Me prends-tu pour un millionnaire? Si t’es trop pissou dis-le tout de suite, des gars qui ont peur de leur ombrage on en veut pas! Prends le temps d’y penser si tu veux… mais watch toi! Si tu recules pis que t’avais le malheur de parler, t’es ben rien que mort. 1958, J. Desprez, Docteur Claudine, 5 août, p. 6 (radio).

Richard se leva aussitôt, murmurant un « j’ai compris » bien soumis qui sembla soulager son frère et sa cousine. Il s’éloigna sans rien ajouter, ne se retournant pas, les épaules basses, mais pas trop : il attendrait d’être bien seul pour se laisser aller à haïr sa faiblesse, à mépriser son manque de courage […]. « C’est vrai que chus-t’un maudit pissous! » 1978, M. Tremblay, La grosse femme d’à côté est enceinte, p. 119.

Les « pissouses » [titre] Le train du oui, filant à toute vitesse vers un avenir incertain, me rappelle un vieux film de James Dean. Au volant de leurs bolides respectifs, des gars jouaient à savoir qui freinerait le premier avant la collision fatale. Celui‑là, évidemment, serait le « chicken », le « peureux », le « pissou ». Un jeu de gars, ultra-macho. […] Je crois que c’est à cela qu’il faut retourner pour comprendre pourquoi les femmes, dans toutes les couches d’âge, sont plus réticentes à embarquer dans le train du oui. 1995, L. Gagnon, La Presse, Montréal, 17 octobre, p. A1.

Un serrement nauséeux à la gorge, elle ouvrit son sac à main, qu’elle avait déposé tout exprès sur le comptoir de la cuisine, et s’empara d’un calepin où elle avait noté le numéro de téléphone de Justin Périgord que lui avait fourni le notaire Michaud. À la vue du numéro, le souffle lui manqua et elle dut s’asseoir un moment. – Idiote! se morigéna-t-elle à voix basse, ressaisis-toi! Tu n’iras pas loin comme ça, espèce de pissoue. Il faut être forte. 2011, Y. Beauchemin, La serveuse du Café Cherrier, p. 395.

Depuis qu’une fille y est tombée [dans un boisé] sur un maniaque en train de s’astiquer le machin, on comprendra que c’est un raccourci que j’évite de prendre. Je ne suis quand même pas assez cinglée pour aller me jeter dans la gueule du loup. Tant pis si Elliot me traite de peureuse. – J’aime mieux passer pour une pissou que de finir mes jours déculottée dans les bosquets, tu sauras. 2016, D. Bertrand, Le cœur gros, p. 120.

Et lui arrivait-il de se battre [question adressée à un célèbre boxeur québécois]? [/] « Sincèrement, non. Plus jeune, j’étais pissou, se confie-t-il. J’avais peur de manger une volée, malgré que je boxais. La bagarre ne m’intéressait pas. J’étais plus pacifique. Mais si on me cherchait, on me trouvait facilement. » 2018, Courrier Laval, 11 juillet, p. 16.

J’ai joué avec Jean avant même son premier album […]. À partir du moment où il est allé dans les ligues majeures, Jean m’a pris par la main et m’a dit : viens avec moi. J’ai été pissou, j’avais une job et ça ne m’intéressait pas d’être « juste » bassiste. J’ai été un peu loser. J’ai eu peur d’y aller. Il m’a un peu engueulé au téléphone. J’ai manqué de guts! 2020, R. Gendron-Martin, Le Journal de Montréal (site Web), weekend, 21 novembre.

Le premier ministre du Québec a écrit hier, sur Facebook, qu’il n’est pas impressionné par les gens « qui se cachent derrière un écran pour agresser les autres », qualifiant même ces « courageux » d’être en en fait « des personnes lâches ». « Quand j’étais petit, ceux qui se cachaient pour lancer des roches et qui se sauvaient, on les appelait les ‘pissous’. Là, on a des ‘pissous virtuels’ », a-t-il écrit. 2021, Le Journal de Montréal, 28 mars, p. 9.

(En fonction adv.). Jouer pissou : agir de façon prudente, sans prendre de risque.

Mais personnellement… si vous voulez tout savoir… je ne me sens aucunement gêné de vous avouer qu’être dans les culottes de Jacques Tillier, je ne fanfaronnerais pas. Je ne provoquerais certes pas Mesrine. Comme aurait dit mon oncle : « Je jouerais pissou ». Ça ne ferait pas de moi un journaliste mondialement célèbre, mais ça ferait de moi un journaliste vivant… 1979, Le Journal de Québec, 14 septembre, p. C9.

 (Variante). Pissoute.

Rem.Employé tant au masculin qu’au féminin : un, une pissoute.

Qu’avons-nous à gagner dans la guerre actuelle avec un pisseux[?] L’honorable [...] est un peureux [...]. Cet homme n’est pas à sa place. Les Canadiens-Français [l’]appellent [...] une « Pissoute » et c’est tout ce qu’il est. 1951, Le Guide, Sainte-Marie-de-Beauce, 25 janvier, p. 4.

Elle [une boxeuse] a perdu 60 livres et s’est fait cadeau d’un corps à son goût. « Et moi qui étais pissoute (en saguenéen, peureuse), je me suis débarrassée de toutes mes peurs », dit‑elle. 2000, La Presse, Montréal, 16 décembre, p. G3.

Je fis venir les 5 enfants et les questionnai à savoir qui avait joué avec le téléphone. Ils se regardèrent tous avant de me répondre. Finalement, on finit par trouver les coupables. Catherina avait appelé le soudeur du village en lui demandant de lui venir en aide car elle avait un téton de décollé. Victoria avait appelé le curé en prenant une voix forte […] et Mélissa pour ne pas être en reste avait fait semblant d’appeler pour ne pas passer pour une pissoute, mais il n’y avait personne au bout de la ligne et elle conversait tout seule. 2001, J. Nadeau, La nuit s’achève, p. 143.

Le ministre de l’Agriculture l’avoue, il est « pissoute » [titre] La conseillère en placements du ministre de l’Agriculture […] a fait pire que la Caisse de dépôt l’an passé : « Mon portefeuille a fondu de 38 %! […] Pourtant, je suis un peu pissoute dans mes placements. […] La bulle immobilière, moi mes placements étaient un petit peu là‑dedans. Quand t’es un peu pissoute, tu t’en vas là‑dedans parce que tu te dis ça là, c’est solide. » 2009, A. Robitaille, Le Devoir (site Web), Montréal, opinion, 26 février.

 Je l’embrasse pas, ça pourrait la réveiller.  As‑tu peur?  Pantoute!  Embrasse‑la, d’abord! C’est pas dur, regarde-moé. [/] Tom Higgins se pencha sur le cercueil et déposa un baiser sur le front cendreux de la vieille […].  On dirait du Jell‑O, commenta le nécrophile. À ton tour.  On n’a pas le temps.  Tu serais pas un peu pissoute? 2014, P. Breton, Sous le radar, p. 147‑148 (dialogue entre deux personnages masculins).

Histoire

De pisser. Les emplois décrits ci‑dessus sont tous des héritages de France.

1Depuis 1894 (Clapin). Relevé comme nom ou adjectif (le féminin pissouse est fréquent), en parlant d’un enfant ou d’un vieillard, en Bretagne romane, dans le Maine, en Touraine, dans le Poitou et la Saintonge, de même qu’en Bourgogne et dans le Lyonnais (v. FEW pissiare 8, 589b‑590a; VivNant, s.v. pissoux; OrBret, s.v. pissou; DavTour, pissou; DubPoit, s.v. pissous; SvensVend 198, s.v. [pisū]; et MussSaint, s.v. pissoû). Pissou « enfant qui pisse au lit » est même enregistré dans certains dictionnaires français, soit Quillet 1937 (avec la mention ‘trivial’) et Quillet 1974 (‘terme d’injure’), ce qui témoigne de sa vitalité et de son extension dans les français régionaux. Le mot est attesté également avec le même sens sous la variante pichou en Wallonie, en Picardie et en Bourgogne (v. FEW id., 589b). Au sens de « pénis d’enfant », pissou est attesté depuis 1970 au Québec (dans PPQ) et a aussi été relevé en poitevin et en dauphinois; au sens d’« organe reproducteur d’animaux », il a été signalé en Bourgogne (v. DubPoit et FEW id., 589a et b). Cet emploi est possiblement à rattacher au mot pissot « membre viril », qui a eu cours en moyen français (v. FEW id.). Au sens d’« alèse piquée », pissou est attesté depuis 1912 au Québec (dans BPFC); cet emploi a également été relevé dans le Centre (« pièce d’étoffe dont on garnit le berceau d’un enfant pour protéger la literie », v. GarnCosne, s.v. pissou) et dans le Maine (« alaise », v. GodSarth, s.v. pissoux), ainsi qu’en Louisiane (v. DLF). On signale en outre des emplois voisins (p. ex. « lange qu’on met entre les jambes d’un bébé ») dans le Centre, dans le Poitou et en Saintonge (FEW id., 589b; MinVienne, DubPoit et MussSaint). La forme pissou pour désigner un oiseau (depuis 1748 dans PotierH 122 : « petit oiseau gris-brun ») semble aussi venir de France; pissou est en effet signalé en Aunis au sens d’« oiseau de passage » (v. MeyAun 88 et MussSaint ‘aussi appelé pipi’). Si c’est bien le cas, l’hypothèse de R. Cayouette (v. citation de 1969 ci-dessus), à savoir que le surnom de cet oiseau lui aurait été donné en raison de son habitude à se nourrir dans le crottin et l’urine des chevaux, demeure peut-être valable pour la France. Cependant, il se peut que pissou désigne de nos jours un oiseau différent de celui qu’a remarqué le père Potier. D’ailleurs, au fil du temps, le mot a été associé à des oiseaux distincts selon les sources qui l’enregistrent : le GPFC, dans une définition un peu confuse (reprise par Béliste1‑3), affirme que le mot se dit d’un « petit oiseau gris-brun à tête et gorge rouges, pinson (ou) bec‑croisé », alors que pour Dionne et Cayouette (cité ci‑dessus), notamment, pissou se dit du sizerin à tête rouge (aujourd’hui nommé sizerin flammé). La variante pissoute est attestée depuis 1930 au Québec (dans GPFC) dans le sens de « pénis d’enfant », emploi qui est peut-être à mettre en relation avec pissot, de même sens, mentionné ci‑dessus. 2Depuis 1879 (dans un passage où le sens du mot n’est toutefois pas évident). Cet emploi est probablement un héritage des parlers régionaux de France; relevé sous la variante pichou et défini par « pusillanime; poltron; lâche » dans un parler normanno-picard (v. BouchPic); on trouve aussi pissieux avec le même sens (v. pisseux, sens I.2, sous Hist.). Certains auteurs (v. p. ex. BarbRam 114, DenAngl 110, Colpron1 132 et LaurQuéb 143) ont répandu l’idée que cet emploi du mot serait à rattacher à pea soup « peureux » (v. ce mot, sens 2 et Hist.). En fait, l’analyse de la documentation démontre que ce lien est accidentel et purement formel (v. PoirAngl 64). C’est plutôt pea soup qui a été influencé par pissou, ce dernier existant d’ailleurs depuis plus longtemps en français québécois. En effet, il n’y a aucun indice dans la documentation qui permettrait de croire que pissou « peureux » pourrait découler de pea soup, alors que le rattachement au verbe pisser (v. ce mot, sens 2 et 3) explique les notions de « avoir peur », de « reculer ». La variante pissoute au sens de « (personne) qui est peureuse, lâche », depuis 1951.

 pea soup; pisser; pissette; pisseux.

Nouvelle entrée de la deuxième édition

Dernière révision : septembre 2023
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Trésor de la langue française au Québec. (2023). Pissou. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 9 décembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/pissou