PET-DE-SOEUR [pɛtdəsœʀ]
n. m.
Aussi écrit sans trait d’union.
Pâtisserie faite d’une abaisse de pâte à tarte recouverte de beurre et de cassonade qu’on roule et qu’on coupe en rondelles avant de faire cuire au four.
Des pets-de-sœur. Des pets-de-sœur saupoudrés de cannelle, un pet-de-sœur à l’érable.
Rem.Dans certaines régions du Québec, cette pâtisserie est aussi appelée nombril ou nombril-de-sœur (voir PPQ 234; Lavoie 2222).
– Mathilda : Voyons donc qu’est-ce que vous faites là, Génie? – Génie : Des pets de sœur, madame. – Mathilda : Seigneur! d’abord on dit des pets de nonnes… et puis vous croyez que ce sera digne de Mme des Troishangars? Cette pâtisserie vulgaire? – Génie : […] D’abord que vous voulez pas, je vas jeter la pâte. 1958, Ov. Légaré, Zézette, 4 octobre, p. 3 (radio).
(Acadie). Car un bazar de paroisse, c’est avant tout… du fricot à la poule, du homard, des poutines à trou, des pets-de-sœur et de la musique! 1984, A. Maillet, Crache à pic, p. 95.
Les pets-de-sœurs sont une petite pâtisserie anodine que nos mères, économes, réalisaient avec les restants de pâte à tarte afin de ne rien gaspiller. L’une d’elle [sic], qui sait laquelle et où, fonctionnait rondement dans sa cuisine et eut l’idée de dessiner des cercles… Elle a donc travaillé son amas de pâte feuilletée, en a fait une abaisse rectangulaire et a roulé le tout sur lui-même, comme pour une bûche de Noël. Non sans tartiner le tout des premières choses qui lui sont tombées sous la main, soit un peu de beurre et de cassonade. Le pet-de-sœur était né. 1998, P. Jury, Le Droit, Ottawa-Hull, 12 juin, p. 38.
Donc, j’étais dans cette cabane, retiré dans un coin sur l’heure du dîner quand arriva un autobus de Français. […] Ils entrèrent et s’installèrent avec empressement autour d’une longue table. D’où j’étais, je pouvais très bien entendre et savourer les commentaires de ces personnes, pour la première fois, goûtant aux œufs dans le sirop, aux oreilles de « crisse », au jambon, aux « beans » et aux pets de sœur. C’était succulent d’entendre les commentaires qui relevaient de la haute gastronomie […]. 2002, M. Leboeuf, La Tribune, Sherbrooke, 30 mars, p. G2.
Lorsqu’il pénétra dans la cuisine, le premier soir, l’œil aux aguets et la lanterne en veilleuse pour ne pas se faire repérer, Spunky, on n’a pas besoin de le souligner, se dirigea tout droit vers la huche à pain. Ce qu’il y trouva le déçut d’abord un peu. Si le pain semblait frais, aucun pet-de-sœur n’exhalait sa bonne odeur de cannelle et de beurre caramélisé alors qu’il ressentait un pressant besoin de sucre […]. 2010, M. Tremblay, La diaspora des Desrosiers, t. 4, p. 71.
Tandis que le pet-de-nonne ou soupir-de-nonne, tel que dégusté en France, est plutôt un beignet soufflé, le pet-de-sœur est ici un dessert confectionné avec le surplus de pâte brisée utilisée pour les tartes et tourtières. Pour ce faire, après avoir abaissé les retailles, on les enduit de beurre puis on les saupoudre de cassonade ou, mieux, de sucre d’érable avec un soupçon de cannelle. 2014, A. Fortin, Ainsi cuisinaient les belles-sœurs dans l’œuvre de Michel Tremblay, p. 120.
(Acadie). Ce genre de biscuits se fait un peu partout en Acadie et depuis fort longtemps. Même si on l’appelle le plus souvent Pet de sœur, on le désigne aussi, dans certaines régions, par les noms de Rosettes, Rondelles, Hirondelles, Bourriques de vieilles, Bourriques de sœurs ou encore Bourriques de viarges. Il s’agit en fait d’un biscuit enroulé et parfumé au sucre et à la cannelle. 2022, Le Moniteur acadien, Shediac (Nouveau-Brunswick), 10 août, cahier Fête de l’Acadie, p. 16.
(Variante). Vieilli, rarePet‑de‑nonne n. m. (voir attestation de 1958 plus haut).
Rem.1. Aussi écrit sans trait d’union. 2. En France, ce mot désigne une sorte de beignet soufflé (voir sens secondaire ci-dessous et Histoire).
Avant le mois de septembre de l’année 1892, j’entendais parler de bien des genres de commerce assez singuliers, comme ceux des crottes de chocolat, des croquignoles […] et même des pets de nonne […]. 1932, Vieux Doc, Quarante ans sur le bout du banc, p. 135.
(Hapax). Beignet soufflé confectionné avec de la pâte à choux.
SYN. pet-de-nonne.
Je viens vous parler, chères lectrices, de l’origine d’une friandise […]. Il s’agit du pet de sœur ou pour être plus poétique du pet de nonne. […] sa main tremblante laisse tomber dans la graisse bouillante la boule de pâte fine qu’elle tenait dans sa cuiller. Ô miracle! la pâte aussitôt crépite, se gonfle, se dore, s’arrondit. On dirait un globe d’or. On s’approche, on s’étonne, on goûte! quel gâteau! quelle merveille! Le pet de nonne était trouvé. 1919, J. Pinson, Le Quartier latin, Montréal, 29 mai, p. 3.
Histoire
Depuis 1958. Formé sur le modèle de pet-de-nonne, mot attesté en français depuis le milieu du XVIIIe s. pour désigner une « sorte de beignet enflé » (v. FEW pēdĭtum 8, 131b; v. aussi TLF, s.v. pet(-)de(-)nonne et Robert (en ligne) 2023‑08) et qui a supplanté pet, relevé avec un sens similaire dès le début du même siècle : « On appelle pets, Une sorte de baignets fort enflez » (Académie 1718, s.v. pet). Une variante plus ancienne, pets d’Espaigne, est attestée dès la fin du XIVe s. (v. TLF, s.v. pet(-)de(-)nonne). Cet emploi de pet-de-nonne a été relevé à quelques reprises au Québec à la fin du XIXe s. et au début du XXe s. (v. p. ex. La Patrie, Montréal, 2 février 1895, p. 1 : […] ce gâteau qui, commercialement, a le nom de beignet, en famille, dans l’intimité, lorsqu’il vient directement et tout chaud de la poêle dans la salle à manger, on l’appelle […] un pet de nonne). Pet-de-sœur est également attesté de manière marginale au Québec en ce sens (une seule attestation datée de 1919). Comme nom de la pâtisserie québécoise faite d’une abaisse de pâte à tarte recouverte de beurre et de cassonade, la variante pet-de-nonne est attestée depuis 1932, mais elle a été supplantée par pet-de-sœur dans la seconde moitié du XXe s. en raison du fait que nonne est peu usité au Québec.