PEANUT ou
PINOTTE [pinɔt]
n. f.
Variante graphique : (notamment dans les glossaires) pea-nut.
Fam.
Syn. de arachide.
2017, Anonyme, Arachides (« peanuts ») en écales [photo], CC0, Pxhere. https://pxhere.com/fr/photo/793748Peanuts salées. Peanuts en écales. Sac, paquet de peanuts. Manger des peanuts. S’acheter des peanuts. Donner des peanuts à (qqn, un animal).
Sur la côte du Honduras, des pluies diluviennes ont fait déborder les rivières et ruiné une multitude de plantations. Les récoltes de coton, de riz, de coco, de maïs et de peanuts sont perdues. 1865, L’Union nationale, Montréal, 30 novembre, p. [3].
Au coin de la 107me rue [à New York] il avise un éventaire de marchand de peanuts et se paie la fantaisie d’un cornet de cette friandise aussi indigeste que yankee. 1879, La Patrie, Montréal, 27 février, p. [2].
Un brave citoyen, de passage au Jardin Zoologique, s’était approché de la cage des ours blancs; les croyant inoffensifs, il s’amusait à leur offrir des « peanuts », en passant son bras à travers les barreaux de la cage en fer solide. 1945, L. Alain, Le guide du trappeur et la vie du coureur des bois, 5e éd., p. 61.
Petit jeu de pinottes. On prend deux petits plats, un rempli d’arachides disons, pis un autre placé disons à vingt pas, vide. On prend un couteau, pis on prend une peanut, une arachide, ça fait pareil, pis on essaye de la rendre dans le petit plat vide, pis jusqu'au moment si on l'échappe on ramasse la peanut pis on continue jusque dans le petit plat jusqu'à temps qu'on les ait toutes ramassées. 1968, Rimouski, AFEUL, Y. Rhéaume 606 (âge de l’informatrice : n. d.).
Le samedi saint, à midi tapant, le bedeau va sonner ses cloches et ce sera la délivrance. Nous crierons, chanterons, danserons en nous bourrant de pinottes, de bonbons mélangés, de gomme balloune et de liqueurs. 1975, J.‑P. Filion, Saint-André Avellin… le premier côté du monde, p. 139.
Puis il [le patron du bar] vient nettoyer la table en grognant sourdement. Patrick renverse tout, les peanuts salées, les verres mal vidés. 1976, Cl. Jasmin, Revoir Éthel, p. 90.
Comme elle était toujours assise et que son lit était haut, elle avait une très belle vue sur les premiers arbres et même sur l’allée qui longeait la rue Sherbrooke avec ses bancs de bois peints en vert où venaient s’asseoir toute la journée des enfants gigoteux ou des vieux trop calmes qui passaient des heures immobiles à manger des pinottes en écales. 1980, M. Tremblay, Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges, p. 315.
Passer la nuit chez monsieur M., pour ma sœur et moi, n’était pas chose trop pénible. Car il y avait là trois garçons et une fille, nos compagnons d’école, de même qu’un autre jeune plus âgé qu’eux qui trouvait fort amusant de jouer aux cartes avec nous tout en nous faisant manger des « peanuts » écalés [sic] par ses bons soins. 1997, Fl. Biron, Rang 7, Ouest, p. 87.
Heureusement, il n’y avait pas de cacahouètes. Malheureusement, il y avait des pinottes que c’est pratiquement comme des cacahouètes, d’après Madame Lévesque qui ne se mêle pas de ses maudites affaires. 2008, J.‑P. April, Mon père a tué la Terre, p. 37.
Elle glisse un dollar dans la machine à pinottes au barbecue. Montréal -40 °C commence à jouer; Simone en avale sa cacahouète de travers. 2014, M. H. Poitras, Rock & rose, p. 130.
J’avais embrassé un gars à ma première année du secondaire. En fait, c’est lui qui m’avait embrassée. Je n’en gardais pas un bon souvenir parce que ça avait été subi et que je n’en avais pas vraiment envie. Il salivait beaucoup trop et il goûtait les peanuts barbecue. J’ai horreur des peanuts. 2017, M. Pagé, Charlie-Rock, t. 1, p. 117.
Halloween, puits sans fond de désaccords profonds à commencer par la date opposant les « orthodoxes du 31 » aux « oui, mais ça adonne pas en semaine! ». On se dispute sur le choix des bonbons pour éviter les allergies aux peanuts ou on débat sur la pertinence de s’habiller en arpenteur-géomètre sexy. 2022, Chr. Vanasse, Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 13 octobre, p. 4.
Arg.(Au pluriel). Comprimés, barbituriques utilisés pour se droguer.
Être sur les peanuts (Colpron2 141).
Les « mangeux de pinottes » ne sont guère plus populaires auprès des détenus; ils n’ont jamais été reconnus pour leur stabilité. Leur comportement erratique leur vaut une surveillance plus serrée, sans parler de mesures disciplinaires taillées sur mesure. 1978, L’Actualité, vol. 3, no 8, p. 18.
« Il y a de bons athlètes ici, notait Gilles, pendant que les détenus accéléraient le jeu, mais le problème c’est les peanuts (drogues). Y a rien à faire quand ils sont trop high. Y en a ici des peanuts et probablement du bien meilleur qu’en dehors… ». 1982, La Presse, Montréal, 18 mars, cahier Sports, p. 19.
« Je ne me souviens de rien. J’étais sur les peanuts », a répété inlassablement le témoin, qui purge actuellement une peine de deux années de pénitencier pour ce […] vol. 1993, Le Droit, Ottawa-Hull, 20 novembre, p. 8.
Au Québec, on reste d’irréductibles potteux. Des fumeurs de cannabis. On en cultive, on en fait des résines, on en fume. Même si on prend de l’alcool et d’autres substances illicites, même si on prend des « peanuts » à l’occasion, le pot reste un grand dénominateur commun. Il est toujours là. 2005, J.‑M. Beaudoin, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 10 novembre, p. 5.
Leblanc n’a pas écouté les conseils de son avocate et a accusé son père de le maltraiter et de lui faire la vie dure. « Il a arrêté de boire depuis quelques mois et c’est difficile. Il s’en prend à moi parce que je consomme quelques joints et que je prends des peanuts (métamphétamines) à l’occasion. Mais je n’aurais jamais piqué mon père. Je ne lui ferais pas de mal. ». 2017, Le Quotidien (site Web), Saguenay, justice et faits divers, 23 août.
Les trafiquants utilisaient des noms de code pour identifier leurs produits : du « mou » pour la cocaïne, du « dur » pour le crack et des « pinottes » pour les comprimés de méthamphétamine. 2019, Le Journal de Montréal (site Web), Montréal, actualités (justice et faits divers), 10 avril.
[L’accusée] avait affirmé prendre des « peanuts » pour se tenir éveillée lorsqu’elle travaille le soir, faisant référence aux « wake up » vendus en pharmacie. Le policier, lui, avait associé cette consommation à la méthamphétamine, une drogue illégale que les consommateurs appellent aussi « peanuts ». 2022, La Voix de l’Est (site Web), Granby, actualités (justice et faits divers), 20 décembre.
Beurre de peanut(s) : syn. de beurre d’arachide(s).
Une sandwich, une toast au beurre de peanut. Une beurrée de beurre de peanut. Des biscuits au beurre de peanut. Pot de beurre de peanut.
On vient de mettre en opération à Kokomo dans l’Indiana une manufacture de beurre d’arachides (pea-nuts). MM. Lane Brothers, de cette place, après plusieurs années d’expérimentation ont trouvé un procédé de fabrication de beurre de pea-nuts qui fait concurrence au beurre de ferme et se vend 15c la livre. 1898, Le Prix courant, Montréal, 23 décembre, p. 1698.
D. […] Pourriez-vous me donner la recette du beurre de peanuts. R. […] Je demande pour vous cette recette. 1910, La Presse, Montréal, 4 juin, p. 7.
Il n’y a pas besoin de biscuits de son particuliers si nous nous attachons à manger du pain complet qui a beaucoup de goût et si nous prenons quelquefois, avec ce pain, du beurre de peanuts. 1918, L’Almanach du peuple de la librairie Beauchemin, p. 240.
Gwendolyne arriva en retard, selon sa coutume, au moment où on faisait circuler les ice-cream à la framboise, l’orangeade et le ginger-ale, les sandwichs au beurre de pea-nut les amandes salées et les noix du Brésil […]. 1947, M. Le Franc, Ô Canada!, p. 165.
Guy Rouleau finit d’étendre une épaisse couche de beurre de pinottes sur sa toast avant de mordre dedans. Murielle glisse une tasse de Sanka devant lui. Tout en mâchant, il peut y mettre du sucre à son goût, y ajouter trois gouttes de lait, le brasser un peu et prendre vitement une gorgée. Le beurre de pinottes lui colle partout dans la bouche. Il aurait dû le mélanger avec des confitures ou de la mélasse. 1974, R. Plante, La débarque, p. 51.
En mangeant mes toasts au beurre de pinottes le matin j’ai pris douloureusement conscience du vide de ma vie puis j’ai fini mon déjeuner et pris un autre café pour en être bien sûr. 1975, M. Bolduc, Les images de la mer, p. 123.
Par contre ils savent que dans les huit derniers mois, il s’est consommé 575 millions de livres de beurre de peanut aux États-Unis […]. 1989, La Presse, Montréal, 23 juin, p. A5.
Un vrai lunch de mariage! Il y avait des sandwiches de toutes les sortes, aux œufs, au jambon haché, au beurre de pinottes, au fromage – ça, par exemple, ils auraient pu laisser faire parce que ça pogne dans les dents –, au poulet, rien que du blanc, pas de brun, et toutes sortes de viandes mélangées que tu ne connais pas, mais ça goûte bon, et de la salade aux patates, de la coleslaw, des radis, des olives farcies, du céleri, tout ce que tu voulais était là. 2001, J.‑P. Boucher, Les vieux ne courent pas les rues, p. 95.
Il faut dire que nous n’étions pas riches : il s’agissait de ne pas tomber en panne. Nous avons suivi un régime à base de beaucoup de beurre de peanuts et de bananes et on a guetté les spéciaux chez McDonald’s tout au long du chemin, mais ça reste l’un des plus beaux voyages de ma vie. 2017, M. Barrette, Histoires vraies de chars, d’avions, de motos, de sièges bananes et de meurtres, p. 61.
Chaque matin, tu te lèves. Rasage. Douche. chemise, cravate, pantalon et souliers agencés. Café, toasts au beurre de pinotes [sic] et marmelade. Manteau. Me fais la bise. Me dis que tu m’aimes. Pis tu pars pour le bureau. 2021, D.‑M. Chabot, Mon assiette est pleine, Le Passeur, no 47, p. 27.
Par anal., VieilliTesticule.
Petit pénis; (en partic.) pénis d’enfant.
Cache-pinotte : coquille protectrice pour les parties génitales masculines; cache-sexe.
Le Canada, vous le saviez sûrement, est un pays trilingue. On y parle couramment l’anglais, le français et… le sportif. […] A : Assist, Annuler avec… B : Batter, Boum-Boum, Bull-pen… C : Cache-peanut, Catcher, Casser-la-Yeule… 1954, L’Autorité, Montréal, 9 janvier, p. 1.
Sommes-nous à deux pas du Désordre? Non, car il se produit un miracle topologique. Si on imagine le monde en tant que cercle, avec un centre, rien qu’UN, ce centre royal régit et ordonne tout le reste. Soleil, Roi, Père, Un, Zizi, Pinotte Bandée. Acte deux : la castration, on enlève l’imposteur. 1976, Mainmise, no 57, p. 38.
À coups de pieds, l’homme hors de lui, lui écrasait le visage. Grandpré eut l’impression que sa tête éclatait. […] Face de Gorille se déchaînait tandis que ses deux acolytes essayaient de le contenir. [/] – Crisse, je vais lui écraser les pinottes. [/] À coups de talon, il le frappa dans les parties. Grandpré se mit à vômir [sic]. Le colosse s’arrêta. Grandpré, se tordant sur le sol, crut qu’il allait mourir. 1978, J.‑Cl. Lalanne-Cassou, On a tué Charles Perreault, p. 87.
Certains prophètes l’avaient prédit et maudissaient les êtres moqueurs qui traînaient les testicules dans la boue. Combien de vocables péjoratifs à leur sujet : les amourettes, le ris de veau, les valseuses et les boulettes, les couilles marinées et farcies, les noix de Grenoble (comme si c’était le seul pays à en avoir) et les peanuts, etc. 1980, J. Arseneau, Croc, no 9, p. 43.
Je l’haïs pas… même que j’aime son corps, ses grandes jambes, ses petits poils frisés, ses petites fesses plates… son sac de surprise… (Elle rit.) – Quand je l’ai violé… J’exagère! Non… j’exagère pas, je l’ai violé… J’ouvre le sac, qu’est-ce que je trouve? Une peanut puis 2 gommes balounes! (Elle rit.) – Toute une surprise! J’aime ma surprise. J’aime ça que son pénis soit pas une arme offensive, un fusil, un couteau, une arme qui pénètre, qui défonce, une arme de domination, une arme de violence, une arme qui tue! J’aime que son pénis soit une pauvre petite peanut, inoffensive, douce, fragile, malhabile comme une peanut de bébé collée sur une grosse peanut… Si je pouvais lui dire à Gaby que ce que j’aime en lui c’est… qu’il est rien qu’une grosse peanut. Est-ce que je peux dire à un gros gars de 180 livres, 6 pieds, qu’il est faible. 1981, J. Bertrand, Moi Tarzan, toi Jane…, p. 57‑58.
« […] Gratien était à l’avant-garde sur bien des choses, comme le côté vestimentaire. Il se promenait sur le terrain en cache-sexe, en “cache-peanut” comme disait Genèva. Il n’a pas attendu que Duplessis meure pour faire sa révolution culturelle. ». 1996, A.‑M. Sicotte, Gratien Gélinas : la ferveur et le doute, t. 2, p. 207.
Fig., fam.
Chose, quantité peu importante, qui représente deux fois rien par rapport à qqch. d’autre; affaire de rien.
C’est une peanut (à faire).
Ne pas valoir une peanut : ne pas valoir grand-chose.
Primo! monsieur Dubras, ce que vous venez de faire là, c’est une peanut, rien qu’une p’tite peanut. C’est plein de bon sens que si vous voulez faire gros d’argent, des grosses boxes, il faut gager fort; il faut pas avoir peur. 1939, Cl.‑H. Grignon, Le déserteur, 1er avril, p. 9 (radio).
Mon Jésus, vous avez enduré des souffrances épouvantables… que mes peines, à côté des vôtres, c’est des peanuts… 1962, R. Lemelin, La famille Plouffe, 13 août, p. 3 (radio).
Trois repas de moins à servir et trois enfants de moins à encourager, voilà qui aurait pû [sic] faire la différence. Mais, trois repas de moins pour elle, c’était « une peanut ». Elle avait l’habitude d’en faire quarante par jour et de les servir elle-même. 1978, G. Simard, La manne bleue, p. 63.
T’es fatiguée, tu dors pas, t’es inquiète. Tu laisses traîner ton linge, ton manger te lève le cœur, tu ris pis tu pleures un par-dessus l’autre, tu te choques après ton mari pour des pinottes, pis quand c’est le temps du sexe, qu’est-ce que tu fais? 1981, L. Roy et L. Saia, Bachelor, p. 58.
Monti commença, en gloussant, par s’adresser publiquement à ses voisins pour leur dire de pas [sic] prendre ça personnel. Sa clôture servait dans les faits à marquer une limite entre leurs maisons respectives, à lui et Bradley, que séparaient cinq kilomètres et des pinottes. 2017, Chr. Bernard, La bête creuse, p. 612.
« Les médecins m’ont dit que c’est beaucoup plus douloureux pour le donneur que pour le receveur, car ils passent par en avant du donneur pour aller chercher le rein et ils tassent ce qu’il y a dans le chemin pour se rendre. Oui, ça va me faire mal, mais c’est pas grave. C’est quoi, un mois dans une vie, quand tu sais que tu donnes la vie? C’est une pinotte. […] ». 2021, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 31 juillet, p. 5.
(Spécial., souvent au pluriel). Montant d’argent considéré comme peu important, comme dérisoire.
Avoir, acheter qqch. pour des peanuts. Travailler pour des peanuts. Coûter une peanut, des peanuts.
À chaque cinq causeries que vous avez l’immense honneur d’écouter, Radio-Canada me donne un bon, que j’échange ensuite contre un volume de l’encyclopédie de la jeunesse et un sac de cacahuètes grillées. C’est-à-dire que je travaille pour la gloire et des peanuts. 1947, L. Daunais, Le Trio lyrique, 2 août, p. 5 (radio).
– Perdichaud : À quel prix vos billets? – Todore : Vingt-cinq cennes. Une pinotte comme dirait le forgeron Joe Greenwood. – Perdichaud : Donnez m’en vingt. 1958, Cl.‑H. Grignon, Un homme et son péché, 7 février, p. 3 (radio).
À la salle de pool de Nick, on rencontre des gars. Nick est un Calabre d’homme. Un Polonais ou un Ukrainien. Il est venu au Canada dans les années 20. Avant d’acheter la salle de pool pour des peanuts, il a mangé de la misère, même s’il parle à peine le français. Sa deuxième langue, c’est l’anglais. Lui, il sait où est l’argent. 1973, J.‑J. Richard, Centre-ville, p. 9.
Pourtant, dit Frappier, le cinéma est aussi essentiel que les autoroutes, les bibliothèques ou les orchestres symphoniques. Et il coûte des peanuts par comparaison! 1988, L’Actualité, vol. 13, no 3, p. 132.
« On travaille pour des “peanuts”. Si les comédiens étaient payés pour tout leur travail réel, les billets coûteraient $ 35/$ 40 comme à New York ou Londres. Ce sont les comédiens qui subventionnent le théâtre […] ». 1989, La Presse, Montréal, 1er avril, p. D1.
Les investissements identifiés par la Commission royale [sur les peuples autochtones] sont des « peanuts » comparés aux milliards qui rentrent dans les goussets gouvernementaux en redevances minières, forestières, hydrauliques, en impôts directs, provenant du développement des ressources de nos territoires. 1997, R. Diom Saganash, Le rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones, Recherches amérindiennes au Québec, vol. 27, no 2, p. 91.
Il n’y avait qu’un détail sur lequel Hollywood tiquait : il trouvait que ce n’était pas une assez grosse quantité. « Va falloir que je dise à mes fournisseurs que tu veux juste un échantillon. Eux autres, y roulent la grosse affaire. J’te jure, man, cinquante livres pour eux c’est des peanuts. ». 2008, Al. Caine, Métier : infiltrateur, p. 282.
Le pauvre type était en manque de moulée à danseuses : ses tics le trahissaient. En plus qu’il laissait une magnifique guitare électrique pour des pinottes. Il a compté ses quelques billets deux fois plutôt qu’une, puis a quitté la place la tête entre les épaules, le regard vissé au tapis souillé de slotche. 2012, E. H. Bond, Les verrats, p. 72.
Je n’avais pas un sou en poche et mon seul désir était d’aller au cœur de l’action : Montréal! Un ami fort sympathique, possédant aussi un cœur d’artiste, accepta volontiers de m’héberger le temps qu’il faudrait. Il savait pertinemment que je n’avais pas d’argent, mais il restait dans un grand 4 ½ qui lui coûtait des pinottes par mois. De plus, il avait une chambre de libre. 2017, M. Bonin, Péter sa coche, p. 131.
Dans les médias de Winnipeg, les chroniqueurs pointent du doigt Dubois. Ils l’accusent d’avoir manqué d’intensité et d’avoir déjà la tête ailleurs… possiblement à Montréal. Au début des séries, la valeur du Dubois était élevée. Elle a certainement diminué un peu, mais il n’en demeure pas moins que Winnipeg ne le laissera pas aller pour des pinottes. 2023, M. Bergeron, Le Journal de Québec (site Web), opinions, 28 avril.
loc. adj. Fam.Rien que, juste sur une peanut ou, par ellipse, sur une peanut. Débordant d’activité, d’énergie.
Être rien que, juste sur une peanut.
(En fonction adv.). Faire qqch. rien que sur une peanut, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, en un tour de main, rapidement.
Partir, arriver, revenir rien que, juste sur une peanut. Une personne toujours sur une pinotte.
Si j’étais sérieux comme toi, mon vieux, la vie m’apparaîtrait si laide que j’irais me bougrer [= me jeter] à l’eau rien que sur une « peanut » au lieu de passer mon temps à vouloir tout démolir. 1920, La Presse, Montréal, 23 octobre, p. 10 (chron. humor.).
Yvonne G. est rien que sur une peanut depuis que monsieur G. est arrivé. 1921, Le Samedi, Montréal, 16 juillet, p. 39.
Malheur de malheur! il constata que Jacques lui volait un pied de terre en plantant ses pieux sur son propre terrain. Il en devint blême de rage. Ça ne prenait-il pas un… un… pour agir de la sorte? Pierre se sentit comme souffleté à pleine face. Il revint à la maison rien que sur une peanut, comme on dit. Il dételle à la hâte et entre en coup de vent. En quelques mots rapides et surtout imagés, il raconte à sa femme ce qu’il vient de découvrir. 1928, Le Journal d’agriculture, vol. 32, no 1, p. 4.
Écoute, toi, Joson, si tu fais l’frais, j’aime autant te le dire tout de suite, moi, j’fonde un parti de suffragettes et j’te détrône rien que sur une pinotte. 1936, A. Bourgeois, Voyage autour du monde de Joson et Josette, 22 novembre, p. 3 (radio).
Nous autres, on sait ben qu’il [Peanut] va crever de faim sur un lot, mais on s’en sacre. J’y ai même dit pour le décider à partir que toé, mon Martial, si instruit, […] t’en irais sur un lot. D’abord, pour répandre la bonne semence de notre sainte Union dans l’Abitibi et ensuite parce que colon, c’est noble et que ça finit toujours par engraisser son homme. Ce pauvre « Peanut » l’a cru comme de raison et il est parti rien que sur une peanut, pour parler comme ta tante Belzémire. 1938, En avant!, Saint-Hyacinthe, 22 avril, p. 2.
Un peu de toilette : brossage en règle, cirage conventionnel de boutons et de chaussures, puis nous quittons la gare tout pimpants en route pour le Mexique qui n’est plus qu’à 150 milles d’ici. Sur le pouce, comme on dit, nous allons faire ça sur une peanut! 1950, G. Langlois, Sur le pouce ou Deux gars de Québec au Mexique, p. 47.
– Mathilda : Lucie est-elle entrée? – Génie : Oui, madame. Je vous dis que c’est pas des petites affaires! Elle est rien que sur une peanut! Elle est pressée en grand! 1959, O. Légaré, Zézette, 21 mars, p. 9 (radio).
– Narrateur : Ça promet! Ça promet! Sapré Ovide. Et Cécile, comme elle est joyeuse, sautillante... – Cécile : Oui, je suis rien que sur une peanut… Moi, j’attends pas à l’an 2000 pour me réaliser, comme Ovide. Je me marie bientôt avec mon Octave. Ça s’adonne que je me prépare… Puis mon trousseau est prêt. 1961, R. Lemelin, La famille Plouffe, 25 septembre, p. 2 (radio).
Dimanche arrivé, la vieille arrive sur [= chez] le curé, pas besoin de vous le dire, hein, elle était rien que sur une pinotte! Elle dit : « Vous avez renvoyé mon garçon du catéchisme à cause qu’il savait pas quel jour que notre Seigneur est mort? Elle dit, pensez-vous, elle dit, quand on reste loin en arrière des autres […] qu’on reçoit les journaux du matin, du midi, pis du soir? ». 1963, Château-Richer (Montmorency), AFEUL, J.‑Cl. Dupont 1 (âge de l’informatrice : n .d.).
Un moment donné, parce qu’on parlait toutes en même temps, y’a une sœur qui s’est passé la tête dans’ porte pis qui a dit : « Pourriez-vous faire un peu moins de bruit, s’il vous plaît? » Ça fait que madame Brouillette y’a répond rien que sur une pinotte : « Pis vous, pourriez-vous faire un peu moins de boucane, s’il vous plaît? ». 1973, M. Tremblay, C’t’à ton tour, Laura Cadieux, p. 92.
Vers midi, la dame de la Popote a sonné, est entrée, a mis la table, a fait de beaux sourires à Popa comme aux bébés dans les pouponnières, est repartie avec son panier, rien que sur une peanut, sur les chapeaux de roues comme on dit dans les films américains du canal 10. 1985, J.‑P. Fugère, Popa, moman et le saint homme, p. 30‑31.
Ah, sa mère a beaucoup de misère avec elle. C’est vrai qu’elle bouge tout le temps, elle n’arrête jamais, toujours sur une peanut, comme on dit. Sauf quand elle lit… 2007, H. Poitras, L’olivier de Limoilou, p. 55.
Nous entends-tu parler? On te règle ça une affaire, nous autres, juste sur une peanut! 2017, L. Tremblay D’Essiambre, Une simple histoire d’amour, t. 2, p. 255.
(Variante; hapax). Rien que sur une peanut non salée.
Avec toi je partais pour Wukali sur le pouce du Géant Vert, sur le dos d’un canard boiteux, rien que sur une peanut non salée. Sorcière de tralala sans balai, tu m’as envoûté avec tes charmes de danseuses nues à claquettes sur une table de pool. 1991, J. Labbé, Juré craché!, Complicités : nouvelles, p. 88‑89.
RarePasser comme une peanut : passer rapidement; par ext. passer comme si de rien n’était.
[…] Baptiste vieux brouteux que t’es, peux-tu m’en nommer bien des places qui ont arrêté tous les feux? parle-moi du club social de Sherbrooke? y était toute là; la crème des pompiers était réunie, mais ça leur a passé entre les pattes, pourtant y sont ben entrainés […] y ont des sirènes qui font tasser les machines quand y passent pour pas les retarder, y ont des hausses [= boyaux] et des échelles modernes, y ont toute, et pourtant, ça passé comme une peanut en criant lapin… 1954, Le Progrès de Coaticook, 8 avril, p. 3.
Ah, c’est beau l’année de l’enfant me direz-vous? C’est beau pour les concernés et ce sera encore plus beau dans cent ans quand les non concernés [sic] auront obtenu leurs maudits droits attendus depuis ce temps. Peut-être à la vitesse que ça se règlera, le « supposé » problème aura eu le temps de se rendre comme un animal, i.e. en voie d’exstinction [sic] ou de disparition. Ca [sic] aura ainsi passé comme une « peanut » dans l’histoire. 1979, La Tribune, Sherbrooke, 8 mai, p. 14.
« On a fait du plein air. On a joué à des jeux de société toute la journée. On est allé nager. On s’est vraiment occupé et ça a passé comme une peanut! ». 2011, Société Radio-Canada, ICI Radio-Canada (site Web), ICI Mauricie–Centre-du-Québec (justice et faits divers; éducation), 20 septembre.
Après 27 ans dans les costumes d’Elvis, Martin Fontaine tire sa révérence à l’automne. Vingt-sept années qui ont passé « comme une pinotte », qui lui ont laissé une foule de souvenirs impérissables et qui lui ont permis de bâtir une relation unique avec le public québécois. 2022, La Presse (site Web), Montréal, arts (spectacles), 15 août.
Histoire
I1Depuis 1865. Emprunt de l’anglais (v. OED et Webster 1986). Peanuts « comprimés, barbituriques utilisés pour se droguer » (depuis 1978) vient également de l’anglais (v. MarksSlang et Harrap 1985). 2Depuis 1898. D’après l’anglais américain peanut butter (v. p. ex. WebsterW 1988). 3Peanut « testicule » et « pénis », depuis 1930 (GPFC). Le sens de « testicule » repose sur une analogie avec l’arachide, dont la gousse renferme deux graines; le sens de « pénis » résulte d’une analogie de forme avec le fruit de l’arachide (v. PrivGastr 178); cp. graine, attesté au sens de « pénis » en français québécois (v. DulCanad2) et de « testicule » dans le créole de la Réunion (v. ChaudRéun 779).
II1Depuis 1939. Correspond à l’anglais américain peanut « something small, trivial, or unimportant; little esteemed », usité le plus souvent au pluriel, p. ex. dans all this is peanuts compared to…, it’s peanuts (v. OEDSuppl 1982, WentwSlang3 et Webster 1986). 2Depuis 1929 (DeCParl 18). De même origine que le précédent (« a small sum of money, esp[ecially] when regarded as inadequate payment », OEDSuppl 1982; attesté notam. dans working for peanuts).
IIIDepuis 1920. La loc. rien que, juste sur une peanut est probablement à rattacher à peanut « testicule » (v. sens I.3) et pourrait résulter de l’image d’une personne ou d’un véhicule dont la moitié des points d’appui ne touche plus le sol en raison d’un déplacement ou d’un mouvement très rapide ou incontrôlé (cp. arriver rien que sur un patin « arriver à l’improviste », attesté dès 1899 dans Le Travailleur du Lac Mégantic, Agnès, 5 janvier, p. 1); cp. en outre la loc. du français de France sur les chapeaux de roues « à toute allure », qui s’emploie dans les mêmes contextes (v. TLF, s.v. roue). La loc. évoque ainsi un état de déséquilibre ou d’instabilité pouvant être associé à un débordement d’activité ou d’énergie. Cet état est bien illustré par l’expression partir rien que sur une patte (en parlant d’une personne) « partir rapidement, déguerpir », dont le modèle a aussi donné partir rien que sur un runner (en parlant d’un patin de traîneau), partir rien que sur une peanut, partir rien que sur une gosse et partir rien que sur une pinouche, de même sens (v. PPQ 2156). Les trois dernières expressions renvoyant à l’idée de « testicule » (peanut et gosse) et à celle de « pénis » (pinouche) (v. DulCanad2, s.v. gosse et pinouche), on peut supposer qu’elles reposent sur une métaphore comique où le testicule ou le pénis représente un membre locomoteur ou un point d’appui. Cette métaphore rappelle ainsi la loc. troisième jambe « pénis », usitée en France, et jambe du milieu, de même sens, attestée dans Rabelais (v. BernQuot, s.v. jambe). L’emploi de peanut au sens de « testicule » étant relativement peu courant, la locution rien que (ou juste) sur une peanut est généralement employée indépendamment de sa motivation sémantique d’origine. Le rôle de modèle de partir rien que sur une patte vis-à-vis de partir rien que sur une peanut est d’autant plus probable qu’on peut rattacher cette expression directement à une autre plus ancienne. Également attesté au sens de « partir après avoir pris un unique verre de vin ou de spiritueux » (Dionne), (partir, s’en aller) rien que (ou juste) sur une patte est clairement inspiré en ce sens de (partir, s’en aller) rien que sur une jambe, expression attestée au Québec dès la fin du 19e siècle et dont la variante s’en aller sur une jambe « ne boire qu’une tournée » est attestée en argot parisien à la même époque (v. LarchArg 1872). Le fait de partir d’un endroit après n’avoir pris qu’une seule consommation pourrait avoir été vu comme l’équivalent de l’action de partir rapidement, d’où le double sens acquis par (partir, s’en aller) rien que (ou juste) sur une patte au Québec. La loc. juste sur une patte se dit d’ailleurs de qqn « qui est très énervé, excité, qui ne tient pas en place » (BelExpr 178), ce qui en fait un équivalent sémantique de rien que (ou juste) sur une peanut.