PATATE3 [patat]
interj.
Variantes graphiques : (surtout avant les années 1950, d’après des prononciations populaires) pataque, pétaque (voir Histoire).
Fam., rareExprime le dépit causé par un échec, une déception.
loc. Cour.Faire patate. (D’une personne). Échouer, rater ce que l’on voulait faire; revenir bredouille.
Un joueur, un pêcheur qui fait patate. Faire patate en mathématiques, à un examen.
(D’une entreprise, d’un projet, etc.). Échouer, ne pas avoir le succès escompté.
Une fête, un festival qui fait patate.
Pour ne pas faire pataque il faut avoir le coup d’œil sûr. La précision oculaire ne s’obtient qu’avec la pratique sous la direction d’un bon maître. C’est pourquoi il faut aller s’exercer au tir à la carabine, au revolver, dans la populaire salle de tir de A. Bonneville [...]. 1881, Le Vrai Canard, Montréal, 8 janvier, p. 4 (annonce).
Ça va ben mal! Que ça va donc mal! Tout ce que le Houdisme touche tourne en queue de poisson! On a beau faire des efforts, on a beau essayer tous les plans de fou imaginables, toujours lamentablement pétaque! C’en est décourageant. 1931, Le Goglu, Montréal, 3 juillet, p. 1.
Quand il apprit la mort de son père, papa vint prendre ses droits sur le testament : mais patate, ils étaient à Georges. 1936, Grande-Baie (Chicoutimi), dans V. Tremblay, Mémoires de vieillards, no 252, p. 1.
Ça va avec la jeunesse. C’est comme du vent. C’est pas sérieux le socialisme, ça fait patate à chaque élection. 1968, M. Dubé, Les beaux dimanches, p. 88.
L’automne dernier, on s’en souvient, les gagnants des places pour la première semaine de la période de chasse avaient fait « patate » : les oies n’étaient pas encore arrivées en grand nombre [...]. 1989, Le Soleil, Québec, 5 avril, p. S10.
(Hapax). Faire patate : tomber lourdement, avec bruit.
En me décollant du colonel [qui était soûl], je l’ai entendu faire patate sur le ciment comme un sac de légumes qui bascule d’une table au marché Jean-Talon. 1982, J.-P. Filion, À mes ordres, mon colonel!, p. 14-15.
Histoire
Depuis 1881. Emploi qui n’est pas attesté comme tel en France mais qui semble se rattacher à divers usages ayant ou ayant eu cours en France : cp. patac « bruit désordonné » en moyen français, patapt « exclamation » en français du XVIe s., patatras « onomatopée de la chute », attesté en français depuis 1651, et la variante patatrac, relevée notamment dans le Nord-Ouest et l’Ouest, de même que la locution faire patatra « faire une chute » en picard (v. FEW patt- 8, 45b; JunLex 205). L’exemple relevé chez Filion représenterait, selon cette hypothèse, un usage plus ancien dont découlerait faire patate « échouer ». Les formes pétaque et patate s’expliqueraient par l’attraction de patate1 et de patate2 qui connaissent aussi une variante pataque.