PANACHE [panaʃ]
n. m.
Bois caducs des cervidés, formant une imposante structure ramifiée.
2022, TLFQ, Panache de caribou [photo], Collections du département de biologie de l’Université Laval. 2022, TLFQ, Panache d'orignal [photo], Collections du département de biologie de l’Université Laval. 2022, TLFQ, Panache de wapiti [photo], Collections du département de biologie de l’Université Laval.Panache d’orignal, de caribou, de chevreuil. Panache de huit pointes, de dix pointes.
Concours de panaches, au cours duquel les chasseurs déterminent les bois de cervidés qui se distinguent par leur dimension, leur originalité, leur beauté, etc.
La chasse aux caribous n’est pas un frivole amusement, certes! et chaque hiver on voit sortir de nos murs, pour se diriger vers la chaîne des Laurentides, plus d’un chasseur bien emmitouflé, le fusil à l’épaule, l’imagination pleine de fantastiques panaches qui dansent sur des têtes effarées. 1884, P. LeMay, L’affaire Sougraine, p. 302.
Si je vous disais qu’un jour elle [Dolorès] a abattu seule un orignal, un gros mâle de onze cents livres, avec un panache de cinq pieds. 1932, H. Bernard, Dolorès, p. 157-158.
J’accompagnais un apprenti chasseur qui cherchait son premier trophée. Vous savez bien, ces panaches que l’on accroche d’abord dans le living-room de la ville; puis, sur les instances de l’épouse, au mur du chalet, au-dessus de la cheminée; pour finalement les reléguer, tout mités à la base et tout poussiéreux dessus, en un coin de la vérandah. 1965, Ringuet, Confidences, p. 134.
En fin de compte, il avait eu le temps de faire un bon bout. Malgré qu’il y avait beaucoup de neige, il avait eu le temps de faire un bon bout. C'était un gros mâle, c'était un gros buck. Y avait pas de panache, naturellement, mais c'était facile à constater que c'était un buck tout de même. Quand on l’a rejoint, lui il était tout seul, et puis il cherchait pas tellement à se sauver. Puis aussitôt qu’il s’est aperçu qu’on approchait de lui, il s’est reviré vers nous autres, puis il était prêt à livrer bataille. 1971, Gaspé, AFEUL, J. Houde 2 (âge de l’informateur : 50 ans).
Philippe a déjà son chapeau sur la tête. Sa veste de chasse sur les épaules. Il refuse de perdre une seconde. L’orignal l’occupe et le préoccupe des pieds à la tête. [...] Il faut partir avant le destin pour le rejoindre. Pour tuer. Car il ne pense qu’à l’exploit. Qu’à s’emparer du panache. 1982, P. Perrault, La bête lumineuse, p. 82.
Nous nous embusquons et les caribous passent à quelques mètres de nous seulement. À leur passage, le sol tremble et on entend distinctement le bruit que font leurs sabots sur la neige. À un certain moment, nous sommes littéralement entourés de caribous dont quelques mâles arborent encore leur imposant panache. L’hiver, habituellement, seules les femelles possèdent des bois. 1994, La Presse, Montréal, 27 mars, p. 13 (cahier des sports).
(Variante). Pop.Panage.
C’est chez Alphonse Labbé qu’on apprenait si la chasse était bonne ou mauvaise. D’après l’aubergiste, elle n’était jamais ‘trop pire’ et de beaux ‘panages’ ne manquaient pas comme trophées. 1945, D. Potvin, Thomas, le dernier de nos coureurs de bois, p. 93.
Histoire
Depuis 1866 (dans H. Tremblay (éd.), Journal des voyages de Louis Babel 1866-1868, 1977, p. 29); dès 1666 sous la variante panage, dans un mémoire du père Chaumonot, éd. dans Recherches amérindiennes au Québec, vol. 26, no 2, 1996, p. 9 : a tué trois chevreuilles femelle car quand ce sont des males ils y mettent leurs panage (autre ex. du mot à la p. 10). A sans doute été hérité de France : cp. pennache de bœuf « paire de cornes » et l’emploi figuré panache de cerf « corne de cocu », relevés en français du XVIIe s. (v. FEW *pĭnnacǔlum 8, 537a); tous ces emplois se rattachent à panache « faisceau de plumes serrées à la base et flottantes en haut, qui sert à orner un casque, une coiffure, etc. », qui a cours en français depuis le XVIe s. et qui a donné lieu à de nombreux emplois analogiques (v. Robert 1985; FEW id.). Pour panage, cp. pannage « plumage d’un oiseau, surtout d’un oiseau de proie », en français des XVIe et XVIIe s., de même que pennage « panache », relevé comme terme de blason en français du XVIIIe s. (v. FEW pĭnna 8, 527b).