NANANE [nanan] ou
NÉNANE [nenan]
n. m.
1. Aussi prononcé [nənan]. 2. Variantes graphiques : nananne, nénanne; (sous l’influence des dict. français) nanan (voir Histoire).
(Dans le langage enfantin). Bonbon, friandise; sucreries.
2022, TLFQ, Exemples de sucreries ou « nananes » [photo].Un sac, une poignée de nananes. (Au sing., avec valeur partitive). Donner du nanane à un enfant.
VieilliMagasin de nananes : petit commerce de détail, où l’on vend notamment des friandises, des bonbons.
candy (sens 1).
– Je cherche une femme qui demeure ici, m’a-t-on dit, depuis une huitaine de jours. [...] – Tiens! je gage que c’est celle-là qui vient d’acheter la maison de Jean Nadeau, près de l’église. Elle tient un petit négoce : elle vend des pipes, du tabac, du fil, des épingles, des nanans. 1877, P. LeMay, Le pèlerin de Sainte Anne, t. 2, p. 15-16.
Eh ben, m’sieu le curé, on a, à part de ce que vous avez mangé, [...] de la compote aux citrouilles, de la crême [sic], des confitures aux fraises, de la gelée aux pommes, du nananne, du café d’orge, du vin de rhubarbe, du pain d’épice, et ben d’autres choses itout. 1904, R. Girard, Marie Calumet, p. 377-378.
Ce qu’elle en avait vu passer de toutes les espèces dans sa boutique depuis que, pour faire vivre son mari durant les mauvaises années, elle avait acheté ce petit magasin de nananes! 1945, G. Roy, Bonheur d’occasion, p. 42.
Moman, est-tait [sic] pas plus religieuse que moé, Manon! [...] C’était une pognée, qui s’est garrochée sur la religion comme sur un nénanne! A se défrustrait sur les balustrades d’église mais a pensait même pas à c’qu’a faisait! A se sacrait à genoux pour pas être obligée de se coucher... 1971, M. Tremblay, À toi, pour toujours, ta Marie-Lou, p. 77.
Fig., fam. Douceur, gâterie.
C’est du nanane, du vrai nanane : c’est tout ce qu’il y a de plus agréable, de plus facile, de mieux.
Chose, ensemble de choses destinées à séduire qqn, à le flatter, à le tromper.
Un nanane électoral. Distribuer du nanane à tout le monde.
(Au sing.). Plaisir, en partic. plaisir sexuel.
candy (sens 2).
Mon numéro 5, c’est le dessert, le vrai nanane [de mes lotions capillaires]. [...] Vous mettez la teinture que vous voulez dans la lotion et les cheveux poussent blonds, bruns, gris, rouges ou châtains suivant la teinture. 1929, Le Goglu, Montréal, 22 août, p. 8.
Un vrai révolutionnaire agit ici. [...] Il se méfie du peuple qui trépigne de plaisir. Il redoute les hourras! Il fuit les cris de la foule stupide qui aujourd’hui te porte en triomphe et qui demain, si elle manque de nanane, te tournera le dos! 1974, J.-R. Rémillard, Cérémonial funèbre sur le corps de Jean-Olivier Chénier, p. 52.
Quand Délira propose à Adéodat de l’accompagner à Saint-Prépusse, il refuse net [...]. Mais devant l’argument massue de sa femme, « pas de voyage, pas de nanane », il cède. 1983, J.-d’Arc Jutras, Délira Cannelle, p. 98.
Le sens commun lui [Maurice Duplessis] commandait de s’entourer de valeurs sûres, en l’occurrence d’un carré de vieux bleus dont la fidélité lui était acquise. Mais la présence d’un brelan de vieux rouges devait démontrer du même coup, faire la preuve que la liquidation de l’aln [= Action libérale nationale] ne signifiait pas la résurrection du Parti conservateur sous quelque nom que ce fût. Quant aux autres, c’était du nanan et de peu d’importance; mais il fallait que l’on sache qu’ils n’étaient pas là à cause de leur talent. 1985, J.-L. Gagnon, Les apostasies, t. 1, p. 160-161.
Péjor.ou plais.(En apposition). Rose nanane : rose bonbon.
Par renforcement Rose nanane sucé longtemps.
Fig. Une littérature, un journal, un film rose nanane, à l’eau de rose. Voir la vie en rose nanane, en rose, avec un optimisme béat.
Par malheur, on est tombé chez un juif qui voulait pu laisser sortir Belzémyre. Le crapaud, y désirait absolument y vendre une blouse rose nananne, en disant que ça la « rajunissait ». 1918, La Patrie, Montréal, 9 novembre, p. 11 (chron. humor.).
J’aurais été moins malheureuse si seulement elle m’avait acheté une robe neuve, une pauvre petite robe de quatre sous, beige, jaune ou rouge, au lieu de m’endimancher de satin vert pâle et de me tenir, à la longue semaine, en indienne rose nanan. 1941, M. Bonenfant, Canadiennes d’hier, p. 42-43.
Ne parlons pas trop fort, ce bon abbé Benoît, tu comprends. Il pousserait les hauts cris s’il m’entendait ainsi discourir, lui qui du fond de ses épaisseurs de suif, voit le catholicisme à travers un nuage rose nanan. 1952, R. Lemelin, Pierre le magnifique, p. 55.
Des images saintes, vernies, glacées, format huit par dix, aux couleurs bleu ciel, rouge sang, rose nanane, il y en avait pour les cuisines et les chambres de toutes les maisons de St-André et des paroisses environnantes. 1975, J.-P. Filion, Saint-André Avellin... le premier côté du monde, p. 123.
Prenez de l’acide, qu’y disaient [...]. Vous aurez un fun rare, qu’y disaient. [...] Vous hallucinerez des choses crampantes, qu’y disaient... – Vous verrez la vie en rose nanane picoté mauve, qu’y disaient... 1983, M. Proulx, Sans cœur et sans reproche, p. 47-48.
Fam.Enfant de nanane. (Comme terme affectif ou comme terme de reproche, de désapprobation). Petit chenapan, enfant terrible, mauvais garnement.
(Comme terme d’insulte, d’injure). Forme atténuée de enfant de chienne.
– Josette : Joson, tous les paroissiens qui sont assis en rang en bas, c’est-il des enfants de chœur? – Joson : Pétard de Sorel! M’as dire comme on dit, des enfants de chœur de ce poil-là, c’est plutôt de la race des enfants de nanan, j’t’en passe un papier. C’est des députés, Josette. 1937, A. Bourgeois, Voyage autour du monde de Joson et Josette, 17 janvier, p. 1-2 (radio).
– Paul : Ils ont su qu’on veut former un club [de hockey], et ils veulent nous détruire. – Pierre : ...En nous séparant. Ah! Les enfants de nanane. – Madeleine : Ménage tes expressions, Pierre. 1938, A. Audet, Madeleine et Pierre, 12 décembre, p. 6 (radio).
La nouvelle? Il prit son temps. « C’est qu’il n’y a pas de nouvelle. » – Tu ne veux pas dire qu’il n’y a pas d’explosion? – Pas d’explosion. Et je voudrais bien connaître l’enfant de nanan qui a fait partir la nouvelle. 1950, G. Guèvremont, « Une grosse nouvelle », dans Almanach du peuple Beauchemin, p. 139.
La famille sort de table quand Antoine sort de son boudoir avec ses bagages. – Où c’est que tu t’en vas comme ça? lui demande le père surpris. – Je déménage, je déménage, dit Antoine sans regarder son père. – Explique-toé, enfant-de-nénane [sic]! 1964, A. Major, Le cabochon, p. 127.
Elle tend les bras vers la petite fille qui accourt, hirsute, pouilleuse et barbouillée de mûres. – Ma petite cochonne, ma petite salope, ma crottinette, mon enfant de nanane à moi. 1975, A. Hébert, Les enfants du sabbat, p. 58.
loc. adv. (Avec valeur intensive). En enfant de nanane.
On n’est plus à l’âge de se mettre sur son trente-six puis d’aller aux salles de danses pour swingner... on aurait de l’air fou en enfant de nanane. 1944, R. O. Boivin, Rue Principale, 3 janvier, p. 5; radio.
Histoire
1Depuis 1877. Variante de nanan (prononcé [nanɑ̃]), attesté dans le même sens en France dans la langue générale depuis le milieu du XVIIe s., mais qui n’est plus guère en usage de nos jours (v. FEW nann- 7, 6a, RobHist, Robert 1985 « vieux » et TLF « vieilli »; relevé en outre en picard, en normand et en bourguignon, v. FEW 7, 6a). Cp. par ailleurs du nanan « de la nourriture », attesté depuis Oudin 1660 jusqu’à Trévoux 1771 (comme terme enfantin; ibid.). 2Depuis 1929. Cp. c’est du nanan « c’est exquis, c’est très bon, très agréable; c’est facile », attesté en France depuis 1727 (dans la langue familière; v. TLF, RobHist et FEW 7, 6a). 3Depuis 1918. 4Depuis 1937.