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MOYAC [mɔjak] ou  MONIAC [mɔɲak]
n. f.

Rem.

1. La graphie moniac est aujourd'hui vieillie. 2. En Acadie, souvent prononcé [mwɔjak]. 3. Parfois au masculin. 4. Variantes graphiques moyaque, moignac, mouniacmoyack, etc.

  

Région.(Surtout dans l’est du Québec et en Acadie). Nom donné à l’eider (fam. des anatidés), grand canard marin des régions nordiques, et en partic. à l’eider à duvet (Somateria mollissima, parfois appelé moyac blanche).

2006, Andreas Trepte, Moyac [photo], CC BY-SA 2.5, Wikimedia Commons. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Somateria_mollissima_male..jpg

Duvet de moyac.

[...] il s’y trouve aussi quelques canards & moyaques, le long de la coste qui se mettent à l’abry derriere quelques roches pour éviter les brisants de la mer qui sont furieux lors que les vents portent à la coste [...]. 1672, N. Denys, Description geographique et historique des costes de l’Amerique septentrionale, t. 1, p. 143.

Ces oiseaux nommés moyac [sic] [...] ayant fait leur ponte sur leur duvet dont ils se sont dépouillés pour conserver leurs œufs et les faire éclore, les Français pescheurs et les Sauvages vont en canots sur ces isles, [...] arrachent de dedans les crans des rochers le duvet qui se trouve lié et meslé avec des mousses pour la solidité du nid. 1754, N.-G. Boucault, dans Rapq 1920-1921, p. 19-20.

L’eïder remarquable, que les chasseurs du golfe appellent, à l’instar des sauvages, le Warnicotaï, [...] se distingue de l’eïder commun ou moniac par son bec rose et orange [...] et la teinte bleue-gris-cendrée de sa tête. 1900, H. de Puyjalon, Histoire naturelle à l’usage des chasseurs canadiens et des éleveurs d’animaux à fourrure, p. 374.

Il y a la moyac d’hiver et il y a la moyac d’été. – Il y en a un [une] qui naît l’hiver, l’autre l’été. – Seulement que la moyac d’hiver ne pond pas par ici. Elle s’en va plutôt pondre par le Labrador, gagnant le Grand Nord. 1959, Sept-Îles (Sept-Rivières), AFEUL, G. Landry 138 (âge de l’informateur : 78 ans).  

Un vol de « moyacks » blanches, comme si l’écume avait des ailes! se disperse et s’éloigne : elles passent autour des navires, éparses par amour, fruits toujours mûrs d’une terre sans fruitiers. 1963, P. Perrault, Toutes isles, p. 39 (poème).

Caillou revint avec sa chasse En avait tant tué qu’il en avait laissé Trente-deux moyacs, huit perdrix puis dix lièvres [...]. 1967, G. Vigneault, Les gens de mon pays, p. 38 (poème).

RareFausse moyac ou fausse moniac : nom donné à la macreuse à ailes blanches (Melanitta fusca deglandi). (H. de Puyjalon, ouvr. c., 1900, p. 376; W.L. McAtee, Folk-Names of Canadian Birds, 1957, p. 17).

Histoire

Depuis 1672. D’origine algonquienne. Probablement emprunté au micmac où, pour désigner le même oiseau, on relève au pluriel les formes mooeâk’ et moiag (v. S.T. Rand, A First Reading Book in the Micmac Language, 1875, p. 48 : « Sea Duck »; père Pacifique, « Traité théorique et pratique de la langue micmaque », dans Annales de l’ACFAS, vol. 4, 1938, p. 247 : « canard de mer »). Consigné dans les dictionnaires français comme nom d’un oiseau canadien de Trévoux 1752 à Besch 1892 (s.v. moyac ou moyaque). Attesté en anglais canadien dans des textes traduits du français (v. DictCan, s.v. moyaque).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Moyac ou moniac. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 4 octobre 2024.
https://www.dhfq.org/article/moyac-ou-moniac