MOUCHE [muʃ]
n. f.
(Au pluriel, ou au singulier avec valeur de collectif). Tout insecte diptère des forêts et des régions sauvages qui s’attaque aux animaux et à l’homme pour se nourrir de leur sang, en particulier les moustiques (brûlot, maringouin et mouche noire).
Il y a de la mouche, des mouches dans le bois. Nuage de mouches. Piqûres de mouches. Temps, saison des mouches.
Huile à mouche(s) : préparation à base d’huile destinée à protéger contre les piqûres de moustiques. Plais.Le pays des mouches : toute région où abondent les moustiques.
Se faire piquer, manger, dévorer par les mouches.
Rem.Comme en France, le mot s’applique aussi plus largement à tous les insectes diptères, dont le type est la mouche domestique (fam. des muscidés).
J’ay coustume d’appeller ces co[n]trées lá, le pays d’importunité envers les estrangers, pource que les mouches, qui en sont le symbole, & le hierogliphique, ne vous laissent reposer ny jour ny nuict : pendant quelques mois de l’Esté, elles nous assaillent avec telle furie, & si continuellement, qu’il n’y a peau qui soit à l’espreuve de leur aiguillo[n] : tout le monde leur paye de son sang pour tribut. J’ay veu des personnes si enflées après leurs picqueures, qu’on croyoit qu’ils perdroient les yeux, qui ne paroissoient quasi plus : or tout cela n’est rien, car enfin cette importunité se chasse avec de la fumée, que les mouches ne sçauroient supporter [...]. 1634, The Jesuit Relations and Allied Documents, 1897, vol. 6, p. 256.
Pour préserver vos bœufs, vos chevaux, en général tout le bétail que vous voulez soustraire à la piqûre des mouches, il suffit de laver, le matin, les parties de ces animaux où se portent d’ordinaire les mouches, avec une décoction d’aloès [...]. Les souffrances qu’éprouvent les animaux par les piqûres des mouches, et surtout par celles des taons, leur font quelquefois un tort considérable, et le tourment continuel qu’ils éprouvent les empêche de profiter des plus gras pâturages. 1863, Gazette des campagnes, Sainte-Anne-de-la-Pocatière, 15 décembre, p. 30.
C’était terrible, vous savez, dans ce temps‑là, les mouches. Vous n’avez pas idée de ça. On s’en plaint aujourd’hui, dans les bois où il y a de l’eau aux alentours; mais qu’est-ce que c’est? Voilà soixante-quinze ans, à la Baie des Ha! Ha!, des mouches, on en mangeait avec not’ pain; on en respirait en dormant. Elles nous mettait [sic], tout le jour et toute la nuit, le corps en feu; elles nous faisaient saigner. C’était terrible, je vous le dis, surtout au commencement de l’été, au mois de juin, par exemple. 1925, D. Potvin, La Baie, p. 13‑14.
– J’ai pas fait de bruit pour ne pas vous déranger, dit-elle. Avez-vous de l’huile à mouches? – Pardon, fit‑il. – De l’huile à mouches! Il y a beaucoup de maringouins à cause de l’humidité et mon flacon est vide. 1978, J. Poulin, Les grandes marées, p. 145.
Le temps des mouches, là, c’est… on est rendu au 20 de mai : ça commence. Ça va jusqu’au 15 juillet. 1980, Saint-Mathieu (Saint-Maurice), AFEUL, S. Fournier 16 (âge de l’informateur : n. d.).
Il y a de cela plusieurs années, des bandits énergiques avaient volé l’argent devant servir à payer les ouvriers de la Manicouagan au nord de Baie-Comeau. Les voleurs s’enfuirent dans les bois, essayant de s’y cacher un bout de temps, histoire de se faire oublier. Mais la police nordique est compétente, elle a la sûreté adaptée. À quoi sert de poursuivre dans les bois des bandits de la ville qui, dans un jour, vous supplieront de venir les chercher? Et c’est bien ce qui se passa. S’étant livrés à la police, ils n’avaient que les mouches à blâmer. Or ces voleurs n’avaient pas reçu une bonne éducation : la taïga et la toundra sont des endroits où l’on retrouve en été le plus grand nombre de mouches au mètre cube. Contrairement à la justice, il est connu que la nature ne pardonne pas. 1995, B. Arcand et S. Bouchard, Du pâté chinois, du baseball et autres lieux communs, p. 129.
« Samedi et dimanche dernier, il a plu toute la nuit. La semaine a été marquée par la présence de grands vents de face qui nous ont obligés à pagayer très fort sur la rivière George à bord du rabaska. La nuit, il y a présence de gel et nous avons dû affronter des nuages de mouches. Nous avons fait de petites journées et il a fallu changer notre planification. […]. » 2005, Progrès-dimanche, Chicoutimi, 21 août, p. A18.
C’est la saison des mouches! Veillez à bien fermer votre fenêtre la nuit ou vous pourriez être dérangés par ces petites bestioles. Faites cependant attention à ne pas laisser trop de vent entrer, car votre vie pourrait s’en voir transformée. 2011, L’Entremetteur, Gatineau, octobre, p. 14.
« Je me sens comme étant privilégié d’avoir vécu à Gagnon. Oui, on se faisait manger par les mouches! Mais on avait la sécurité, la tranquillité et tout un territoire à découvrir à pêcher et à chasser. Je plains des jeunes qui ont grandi dans le béton » […]. 2015, Le Nord-Côtier, Sept‑Îles, 22 juillet, p. 5.
Avez-vous trouvé qu’il n’y avait pas beaucoup de mouches dans la région de La Tuque cet été? Non, vous n’aviez pas la berlue. 2020, L’Écho de La Tuque et du Haut Saint-Maurice, La Tuque, 19 août, p. 2.
(Dérivés).
Anti‑mouche(s) ou antimouche(s) adj. Qui est destiné à éloigner, éliminer les moustiques.
Huile anti‑mouches. Opération anti‑mouches.
Huile « Sun Tan » rég. 35 pour… .25 [$] [/] Préparation contre herbe à puce .49 [$] [/] Crème Anti‑mouche rég. .50 pour .29 [$][.] 1938, Le Soleil, Québec, 29 juillet, p. 6 (annonce).
Skeeter Skatter liquide antimouches .35 [$][.] 1944, Le Soleil, Québec, 27 juillet, p. 6 (annonce).
Mais un conseil très important que plusieurs ignorent encore. Si je disais au début que les poissons n’aiment pas le parfum, par contre les moustiques sont fortement attirés par l’odeur dégagée par l’alcool, de sorte que si votre respiration et votre transpiration dénotent une forte consommation, les moustiques se fouteront des produits anti‑mouche [sic] et pousseront même l’audace de vouloir pénétrer dans votre bouche et dans vos narines. 1974, B. Dugal, Progrès-dimanche, Chicoutimi, 2 juin, p. 104.
Quand on a affronté le pire « temps des mouches » dans l’arrière-pays québécois, on ne veut plus s’y faire reprendre sans une protection adéquate contre les multitudes de mini-vampires. C’est dans cette ligne de pensée que la maison canadienne Bug‑Me‑Not a conçu ses survêtements anti‑mouches utilisant le filet à mailles ultrafines « no‑see‑um ». 1998, Sentier chasse-pêche, juin, no 8, p. 30.
Liste aide-mémoire[.] Sécurité [:] Lunettes de soleil avec attache [/] Crème solaire [/] Lotion anti‑mouches et/ou filet [/] Trousse de premiers soins [/] Trousse de couture[/] Sifflet […]. 2015, Guide de pratique et d’encadrement sécuritaire d’activités de plein air, annexe 2, p. 5.
n. m. Produit destiné à éloigner, éliminer les moustiques.
Rem.Dans la langue soignée, on recourt plutôt à antimoustique(s) ou anti‑moustique(s).
Avez-vous pensé que les bougies peuvent s’offrir en cadeaux aux messieurs? Nous en avons pour le patio, le camping et même des « antimouches » pour la pêche! 1975, Le Soleil, Québec, 11 juin, p. A10.
[Il] […] connaît par cœur les lois environnementales et voit à ce qu’elles soient comprises et respectées par tous les membres du Groupe. Et la réglementation évolue tous les jours. On est loin du temps où les hommes de chantier s’enduisaient les bras d’huile saturée de BPC, un antimouche à toute épreuve! 1993, Commerce, février, p. 60.
Chasse‑mouche(s) n. m. Syn. de anti‑mouche(s).
Rem.1. Dans la langue soignée, on recourt plutôt à chasse-moustiques. 2. Comme en France, chasse-mouche(s) est aussi attesté au Québec comme nom d’un accessoire qu’on agite pour faire fuir les mouches (voir TLF, s.v. chasse-mouches).
Chasse Mouches [/] Huile pour chasser mouches noires, maringouins, moustiques, etc., etc. 1941, Le Progrès du Saguenay, Chicoutimi, 10 juillet, p. 14 (annonce).
Ici on s’installe un peu partout, sur le bord d’un lac, d’une rivière ou d’une chute. […] N’oubliez pas la canne à pêche pour le repas du soir, l’appareil photo pour mettre quelques bons rêves en conserve, un peu de chasse-mouche et le tour est joué. 1974, La Presse, Montréal, 19 mars, p. F19.
Les premiers symptômes [d’une piqûre de tique infectée] s’apparentent à ceux de la grippe : maux de tête, fièvre légère, frissons, raideur au cou, douleur dorsale, maux de gorge et nausée. [...] Pour se prémunir, on suggère d’utiliser un chasse-mouches à base de DEET qui fournit une protection optimale. 1997, La Presse, Montréal 29 juin, p. C3.
Venez rejoindre les bénévoles qui participent à la plantation des fleurs annuelles sur le site du Moulin des Pères. […] Apportez votre dîner et, si possible, des petits outils tels que pelle de transplantation, arrosoir, griffe, etc. Sans oublier du chasse-mouche et votre bonne humeur. 2013, La Gatineau, Maniwaki, 30 mai, p. 18.
(Dans des noms spécifiques, parfois écrits avec des traits d’union).
Mouche à cheval (ou rareà chevaux), mouche à chevreuil (ou pop.à chevreux) : noms donnés au taon (fam. des tabanidés), insecte diptère aux yeux grands et irisés qui pique les animaux et l’homme par temps chaud pour se nourrir de leur sang.
Rem.1. En général, mouche à cheval s’applique aux grandes espèces du taon (genre Tabanus notam.), tandis que mouche à chevreuil réfère aux plus petites (genre Chrysops), aux ailes généralement marquées de noir. 2. Les deux noms ont été d’abord d’usage régional au Québec (voir PPQ 1567), mais ils tendent à se répandre dans la langue commune par l’intermédiaire des spécialistes et des vulgarisateurs; ces derniers recourent aussi à d’autres noms génériques, dont taon, tabanidé et tabanide.
Les voyageurs Canadiens disent que le climat de l’Égypte est continuellement chaud durant toute la journée, et il n’y a pas de rosée durant la nuit jusqu’à quatre heures du matin, où le temps comme[n]ce à être un peu plus frais. Les mouches ressemblent beaucoup à nos mouches à chevaux, elles sont cependant un peu plus petites. Elles agacent continuellement les voyageurs, depuis le point du jour jusqu’à la nuit et donnent le mal d’yeux. 1885, La Gazette de Joliette, 10 mars, p. [2].
« […] Nous avons fait verbaliser un cours d’eau le 11 de juin 1852. Ce cours d’eau porte le nom de Grand Cours-d’eau [sic] du troisième rang de Wendover et Simpson […]. Il y avait un petit ruisseau naturel embarrassé par des Chaussées [= barrages] de castors qui formaient des étangs de trois ou quatre arpents de long. … Il fallait se mettre dans l’eau et la boue pour briser ces embarras, on était enfoncé jusqu’à la ceinture. S’il n’y avait eu que cela!... mais on rencontrait des mouches de toutes espèces qui nous dévoraient et il y en avait pour toute la journée : le matin c’étaient les brûlots, ensuite les maringouins, les mouches à chevreuils enfin il y en avait pour toutes les heures de la journée. 1898, C. Brassard, dans J. C. St‑Amant, L’Avenir, townships de Durham et de Wickham : notes historiques et traditionnelles, p. 366.
Nous contournons l’anse, véritable marécage. Comme il doit y avoir ici, à la mi‑juin, des moustiques, des brûlots, des mouches noires! Je me sens piqué de toutes parts, rien que d’y penser. Et je ne parle pas de ces grosses mouches à chevreuil, grises, sanguinaires, que les hommes du nord appellent des « frappe‑d’abord ». 1932, H. Bernard, Dolorès, p. 106.
Bref, on guerroie plus que jamais et plusieurs des rêveurs dont je parlais tantôt en sont à se demander si, dans les veines de la bête humaine, ne coulent pas les quatre sangs réunis du requin, du crocodile, du cougouar et de la mouche-à‑cheval. 1951, G. de Montigny, Étoffe du pays, p. 338.
Les brûlots en ont profité pour s’installer avec nous autres, pis après eux autres : les maringouins, pis la mouche noire, pis pour finir, la mouche à chevreux. 1976, B. B. Leblanc, Moi, Ovide Leblanc, j’ai pour mon dire, p. 150.
Ce bord de lac était en fait un zoo à aire ouverte dans lequel les insectes n’étaient pas les moins représentés. Ils œuvraient selon des horaires scrupuleux, les maringouins succédant aux mouches noires qui elles-mêmes relevaient de leur fonction les mouches à chevreuil, course à relais enlevée où l’on se passait avec enthousiasme le flambeau de la chair humaine. 1993, M. Proulx, La clé, Le Devoir, Montréal, 26 juin, p. A10.
Lumière assidue, grosse chaleur, vent brûlant qui réveille la peau pour aussitôt l’endormir : c’est le plein été, qu’on a tant attendu et qui nous tombe dessus comme le bonheur sur le pauvre monde, sans s’annoncer autrement que par l’espérance [...]. Nous entrons dans l’eau quatre fois par jour, survolés par l’hirondelle en chasse, la préhistorique libellule qui pond en vol et les voraces mouches à chevreuil qui n’attendent que votre sortie du lac pour savourer une bonne mordée de nuque ou de cuisse, parfumée à l’eau claire. 1997, R. Lalonde, Le Devoir, Montréal, 5 juillet, p. D3.
La première portion de la passerelle principale vous amène à travers un marais rempli d’espèces fascinantes de plantes et d’invertébrés. On nous informe que l’eau chaude et stagnante du marais fournit des conditions idéales pour une explosion de vie, dont celle du rubanier à gros fruits, de la quenouille et de la butome à ombelle qui cohabitent avec des individus comme la mouche à chevreuil, le ver oligochète et le gammare. 2001, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 14 juillet, p. S8.
Le parapluie à la main, j’ai choisi aujourd’hui le lac Raymond, à une heure de marche sur la piste cyclable à partir de Val‑David. Il n’y a personne. Je croise un ou deux cyclistes, pas un piéton. […] Aujourd’hui, je ne risque pas de rencontres. La paix. Les grenouilles, les oiseaux, les couleuvres et les écureuils sont contents aussi. Il n’y a que les mouches à chevreuil pour se plaindre du manque d’achalandage. 2009, Ski‑se‑dit, Val‑David, août, p. 8.
Pour cet avant-midi beaucoup trop chaud pour qu’on puisse même espérer voir apparaître l’ombre d’un poisson, il [un pêcheur] s’est muni de coussins matelassés pour s’épargner le « boat butt », d’une boîte d’appâts et de cette puissante bombe aérosol qu’il me tend avec insistance afin que je n’attire pas jusqu’à la chaloupe tous les moucherons de la région. Le produit, assez fort pour repousser les hommes en plus des maringouins, indique qu’il éloigne aussi la mouche à cheval, le frappe-à-bord et précise – bien que la chose soit inscrite en caractères beaucoup trop petits pour être consultés à l’œil nu – que, lorsqu’utilisé dans un contexte sylvestre, il en fait autant avec le blues et les idées noires. 2012, É. Folie-Boivin, Le Devoir, Montréal, 17 août, p. B10.
Tant que la forêt vivra, le travailleur forestier vivra lui aussi. La machine ne parviendra pas à se substituer à cet homme infatigable habitué d’œuvrer dans des conditions difficiles, sous des chaleurs parfois torrides dans les sous-bois, parmi des hordes de mouches noires, de maringouins, de « mouches à chevreuil » et de taons. 2015, Info-dimanche, Rivière-du-Loup, 15 juillet, p. 69.
« J’arrive dans le stationnement et je vois un nuage de mouches et je croyais que c’était des taons à cheval, mais je les trouvais folles, les mouches à cheval. Je débarre ma voiture, je rentre et je m’assois. Je fais ‛hein’, ce n’est pas des taons, ce sont des abeilles » […]. 2020, Le Soleil (site Web), Québec, 25 juin.
(Surtout dans la langue des chasseurs, des pêcheurs et des forestiers). Mouche à orignal (ou rareà orignaux), autre nom donné à la mouche à cheval et à la mouche à chevreuil.
Les insectes qui attaquent l’homme dans les forêts du nord appartiennent tous à l’ordre des diptères (mouches à deux ailes)[.] Ceux qui sont généralement présents en abondance sont différentes espèces de moustiques du genre Aedes; les mouches noire du genre Simulium; les cousins, les mouches des sables, brûlots, genre Ceratopogon; « les mouches à chevreuils », les « mouches à orignaux » ou les « mouches à chiens » du genre Chrysops, et les mouches à chevaux ou « taons » du genre Tabanus. 1927, M. B. Dunn, La Gazette du Nord, Amos, 10 juin, p. 5.
Les personnes qui travaillent en plein air pendant l’été, de même que les campeurs, pêcheurs et pique-niqueurs, souffrent souvent beaucoup des piqûres ou des morsures des moustiques ou des mouches de tout genre : maringouins, mouches noires, brûlots, mouches des sables, cousins, mouches à chevreuil, mouches à orignal, des mouches à chien et taons. 1936, Le Devoir, Montréal, 9 juin, p. 5.
La mouche à orignal est encore très abondante. Cependant, les moustiques sont en train de disparaître, tandis que les petites mouches noires sont complètement disparues. 1963, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 16 août, p. 8.
La mouche à orignal [titre] La morsure de ces mouches est très douloureuse et, quoique, de bonne taille, elles réussiront à se poser à votre insu. Il est à remarquer qu’elles sont surtout attirées par les peaux mouillées et c’est tout un spectacle de les voir harceler les moucheurs et les campeurs qui doivent parfois, en désespoir de cause, fuir les lieux. Les chasseurs de gros gibiers connaissent bien cette mouche pour l’avoir comme compagne de route sur de longues distances et on la rencontre en assez grand nombre lorsqu’on traverse un lac du nord du Québec. 1982, Sentier chasse-pêche, juin, p. 57.
La campagne, c’est beau, mais ça implique aussi une variété infinie de bestioles, dont les mouches. Toute mon enfance, j’ai entendu ma mère dire « La porte, les mouches! » parce qu’elles sont comme la bouette au printemps : partout. Les espèces varieront en fonction de l’avancement de l’été : mouche à orignal, mouche à « marde », maringouin, mouche noire, frappe-à-bord, brûlot, taon, etc. On finit toujours par en manger, en trouver une dans sa bière, dans une oreille, dans les yeux. On se fait piquer, on se tanne et s’asperge de répulsif […]! 2018, É. Fontaine, La Terre de chez nous, Longueuil, 4 juillet, p. 21.
Mouche à feu : nom commun de la luciole, coléoptère de la famille des lampyridés qui émet des signaux lumineux en été, à l’époque de la reproduction.
Dans la croyance populaire, les mouches à feu sont annonciatrices de journées chaudes.
SYN. luciole.
Rem.A parfois été considéré à tort comme un calque de l’anglais firefly (voir Histoire).
De la Mouche A feu ou de la Mouche luyzante[.] Parmy les choses qui sont admirables sur les terres de l’Amerique, je trouve que la mouche a feu ny doit pas tenir le dernier rang [...]. L’on est fort souvant agreablement surpris : lorsque sans y penser on s’imagine voir autant de petits éclairs qu’on voit de ces insectes qui [...] font cacher en un moment leur agreable feu avec lequel on peut lire dans une chambre si on prend la peine d’en tenir un, et de le conduire successivement tout le long de la ligne qu’on veut lire, qui si ayant une bouteille de verre on y enferme 15 ou 20 de ces mouches a feu elles servent de chandelles 8 jours durant. 1685 env., L. Nicolas, Histoire naturelle, ms. 24225, fo 166.
Après une longue sécheresse, lorsque le tems dispose à la pluie, on apperçoit vers les bois dans l’obscurité de la nuit des espéces de mouches, qui répandent une grande lumiere en volant : on leur donne le nom de mouches à feux; aussi croiroit‑on à les voir, que ce seroit quelqu’un qui avec un tison allumé rempliroit l’air d’étincelles & de flammes : les forêts en paroissent quelquefois tout en feu. Ces mouches lumineuses sont grosses comme nos mouches à miel; elles sont vertes par le bas, & ont des deux côtés de la tête deux taches de couleur violette […]. 1753, [J.‑F.‑B.] Dumont de Montigny, Mémoires historiques sur la Louisiane, t. 1, p. 115‑116.
J’avais bien vu le soir à Montréal, scintiller dans nos jardins les mouches à feu, mais isolées, cinq ou six tout au plus. Ici c’est un curieux spectacle; car on n’a pas assez d’yeux pour voir ce qu’il en vole de tous côtés, terre à terre, à quelque élévation du sol et jusque dans les airs : c’est une illumination, mais une illumination mobile […]. 1874, Gazette de Sorel, 6 août, p. [2].
Il s’en revint chez lui par un long détour, l’âme en fête, marchant à petits pas dans le doux crépuscule où montaient de plus en plus les bouffées fraîches venues de la rivière, s’amusant comme un enfant à regarder les lueurs des mouches-à-feu s’allumer et danser dans l’ombre envahissante. 1913, S. Clapin, Contes et nouvelles, 1980, p. 134.
« Des râles! Ce sont des râles! Je suis un homme habitant une maison près d’un lieu où circulent des râles! » J’avais envie de sortir, chaussé de mes cuissardes, j’avais envie de courir dans la batture, à travers les mouches à feu, et d’aller souhaiter la bienvenue à mes visiteurs fantomatiques. 1989, P. Morency, L’œil américain, p. 33.
Les mouches à feu éclairent pour signaler leur présence à leurs congénères durant la saison des amours. Les femelles se postent sur les feuilles ou les hautes herbes et émettent un signal lumineux. En le voyant, les mâles s’approchent et émettent en réponse, après un temps précis, leur signal lumineux. 1990, M. Lajoie et A. Foisy, Les insectes, p. 49.
Ayant été correcteur d’épreuves dans une autre vie [...], il est inutile de me dire, comme vous le faites souvent à l’entame de vos courriels « s’il vous plaît ne faites pas attention à mes fautes ». Comment ne les verrais‑je pas, elles scintillent comme des mouches à feu dans une nuit de juillet. Je ne peux pas ne pas les voir. 2002, P. Foglia, La Presse, Montréal 8 janvier, p. A5.
C’est ça le petit hic avec les petits calculs primaires du savant économiste, qui nous dit que nous ne payons pas le « vrai » prix. Lui, qui détient la vérité, va nous dire c’est quoi au juste le « vrai » prix. On n’est peut-être pas des 100 watts, monsieur Fortin, mais on n’est pas des mouches à feu non plus! 2005, L’Itinéraire, Montréal, février, p. 32.
Quand un gros épais à qui tu dis de ramasser la merde de son chien te répond qu’il paye assez cher de taxes, que c’est à la Ville à la ramasser, là ça fait un trou dans mon inox. Non, mais faut‑y pas être épais même dans le plus mince pour manquer de civisme à ce point‑là. Comme je disais dans le temps, c’est pas un gros épais de même qui a mis la lumière dans le cul des mouches à feu. 2013, Le Manic, Baie‑Comeau, 5 juin, p. 8.
À la tombée du jour, sous les lanternes magiques qui se balancent doucement, prenez un caillou au creux de votre paume et partez à la rencontre des fées qui réaliseront vos souhaits, si, bien sûr, vous ne les confondez pas avec de vulgaires mouches à feu. 2014, Le Devoir, Montréal, 8 août, p. B1.
(Variante). (XVIIe s.). Mouche de feu.
Rem.A cependant été relevé en 1970 à La Patrie (Compton, Québec) auprès de personnes âgées (PPQ 1574).
Enfin je vous parleray de la mouche de feu, ou de la mouche luysante, et je vous la fairay voir dans l’horreur des tenebres de la nuit […]. 1685 env., L. Nicolas, Histoire naturelle, ms. 24225, fo 165.
(XVIIe‑XVIIIe s.). Mouche luisante. Syn. de mouche à feu.
Toute cette journée [se rapportant à la première messe célébrée à Montréal en mai 1642] s’écoula en dévotions, actions de grâces et hymnes de louange au Créateur. On n’avait point de lampes ardentes devant le S[ain]t Sacrement, mais on y avait certaines mouches luisantes qui y brillaient fort agréablement jour et nuit, étant suspendues par des filets d’une façon admirable et belle, toute propre à honorer, selon la rusticité de ce pays barbare, le plus adorable de nos mystères. 1642, Fr. Dollier de Casson, Histoire du Montréal, 1992, p. 78‑79.
Mouche à marde (ou, moins vulgairement, à merde) : nom donné à tout insecte diptère qu’attirent les excréments, les charognes et les matières en décomposition, en partic. à des espèces de mouches de la famille des scathophagidés, dont la scatophage du fumier (Scathophaga stercoraria), et à la mouche de la viande (fam. des calliphoridés), dont le corps présente souvent des reflets bleu ou vert métallique. (Dans des tours comparatifs à valeur péjorative).
2018, R. Hodnett, Mouche à merde (« scathophaga stercoraria ») [photo], CC BY-SA 4.0, Wikimedia Commons. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Yellow_Dung_Fly_(Scathophaga_stercoraria)_-_Kitchener,_Ontario_02.jpgSuivre qqn, coller après qqn, tourner autour de qqn comme une mouche à marde, le suivre, le coller sans relâche, lui marcher constamment sur les talons. Être (collant) comme une mouche à marde, être une vraie mouche à marde, extrêmement collant, ennuyeux, importun.
Fig.Personne qui colle sans relâche, importune.
(Comme terme d’insulte). Maudite mouche à marde!
Rem.On emploie également tache à marde, dans le même sens.
Le père avait rougi, imperceptiblement, c’était parfois sa façon de pâlir, il ne bougeait pas, ses mains fines et blanches posées à plat de chaque côté de son assiette, un mince sourire figé sur sa face, l’air vaguement penaud, avec ses lunettes bleues il a l’air d’une mouche à marde [...]. 1972, G. La Rocque, Après la boue, p. 134.
C’est ça, la vie d’artiste, Louise! Imagine-toé c’que ça va être quand tu vas être vedette! Y vont toutes être agripignés après toé... Tu vas avoir l’air d’une grappe de raisins... Toute la gang de p’tits morveux collés après toé comme des mouches à marde! Quand tu vas avoir une cenne, y vont te la gruger, pis quand tu vas avoir une chum, y vont se garrocher dessus comme un nuage de sauterelles! 1972, M. Tremblay, Demain matin, Montréal m’attend, p. 53‑54.
Tiens! dit Théo, les maniaques qui arrivent! Les journalistes, les photographes, toute la christ de gang! Ça tourne autour des pilotes [de course] comme des vraies mouches à marde. Pas moyen d’avoir la paix et de se concentrer avant une course. 1974, J. Poulin, Faites de beaux rêves, p. 150.
Le spectacle [offert sur une grande place publique au Maroc] vaut qu’on s’y attarde, tous les guides le crient et le proclament. [...] À condition de ne pas souffrir d’agoraphobie et d’être blindé contre les solliciteurs, les « mouches à marde » pour employer une expression vulgaire mais consacrée chez les Québécois, qui détectent le touriste à un kilomètre à la ronde et le prennent littéralement d’assaut. À toutes les offres et demandes vous avez beau opposer refus sur refus, multiplier les « non », avec ou sans sourire, demi-sourire, grand sourire, proférer une litanie de « mercis », rien ne saurait les décourager : d’autant plus qu’ils se multiplient comme des lapins ou se relaient comme des guêpes. 1995, La Presse, Montréal 15 avril, p. H3.
Sur des airs de musique foraine (l’accordéon est en vedette), le trio exécutera une quinzaine de chansons vantant les mérites de la bestialité, de la criminalité, du sexe anal et autres élégies pornographiques. Un exemple? Sex with Flies, un des bons moments du spectacle, nous raconte les déboires d’un homme qui voudrait baiser avec une mouche, et pas n’importe laquelle... une mouche à merde! Une autre ballade parle de la romance entre un homme et un mouton! Le public, d’abord incrédule (même un francophone bilingue en perd des bouts, because l’accent), sera enthousiaste en seconde partie. 2002, Voir, Montréal, 17 juillet, p. 34.
– Isabelle était pas loin, elle était partie faire une commission chez Ti‑Loup. On s’est inquiétés pour rien. Elle a bien fait de rester là pour la nuit, avec le verglas... Isa, veux‑tu un bon chocolat chaud avec des toasts? [/] Paul tourne autour de Michel et Isabelle comme une mouche à marde. – Demandes‑y donc à ta femme qu’est-ce qu’elle a foutu cette nuit dans le shack de Ti‑Loup? Hein? Ça manipule des millions, mais ça s’écroule devant sa femme. 2007, J. Bertrand, Le bien des miens, p. 377.
L’exterminateur […] est catégorique : si vous devez déclarer la guerre aux souris qui ont élu domicile dans votre maison, évitez l’utilisation d’appâts avec rodenticides. Vous allez le regretter le jour où vous découvrirez avec horreur la présence de dermestes au lard, une bestiole qui a un fort penchant pour les cadavres des rongeurs. Vous pourriez aussi faire la connaissance des calliphoridés que nous appellerons affectueusement ici mouches à marde. 2011, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 30 octobre, p. 57.
Ce qui est consternant, c’est que Mme Néron, ce soir‑là, était la seule voix dissidente au conseil de Saguenay. Mais le maire la traitait avec les égards habituellement réservés à une mouche à marde. Imaginez si l’opposition avait cinq, six, sept conseillers : probablement que Jean Tremblay se liquéfierait… 2014, La Presse, Montréal, 26 février, p. A4.
À mesure qu’elle sèche, la bouse se transforme en une galette comportant trois composantes : la croûte sèche qui l’enveloppe, la zone intermédiaire et la zone profonde, riche en eau. Dans la zone profonde se joue une bataille pour la vie. C’est là que les bousiers déposent leurs larves. On y retrouve généralement des diptères, soit des insectes possédant deux paires d’ailes comme la célèbre « mouche à merde ». 2020, Le Producteur de lait québécois, décembre, p. 40.
Les réseaux sociaux attirent des gens pusillanimes comme le miel les mouches à merde. Ils ont maintenant atteint le fond du baril en portant atteinte à la démocratie et en faisant fi de la morale et de l’éthique. 2021, Le Journal de Montréal (site Web), 29 juin.
Fig., rarePersonne attirée par les détails d’intérêt douteux concernant la vie des autres.
[...] nous tous, vous et moi, sommes les mouches à merde. Tous, nous avons regardé avec complaisance ce genre de magazines ou journaux populaires, proches parents du tas de fumier. Ouvertement ou en cachette, gênés ou réjouis, tous nous avons espionné en couleur ou en noir et blanc la vie privée des gens publics. Tous, au moins une fois dans notre vie, nous nous sommes rendus coupables d’un viol collectif. Celui de l’intimité d’autrui. 1997, Voir, Montréal, 4 septembre, p. 12.
Vieilliou région.Mouche à patate(s) ou raremouche des patates : nom donné au doryphore (Leptinotarsa decemlineata), coléoptère communément appelé bibitte* à patate(s).
2007, R. Prada, Mouche à patate (« leptinotarsa decemlineata ») [photo], CC BY 2.0, Wikimedia Commons. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Zanastardust_-_bug_and_eggs_(by).jpgLe fléau, les ravages, la destruction de la mouche à patate(s).
Je me servirai de l’expression mouche des patates, pour désigner l’insecte dont je donnerai aussi les noms de la science. Il est essentiel d’adopter un mot usuel qui s’accommode aux besoins ordinaires du langage, en évitant, d’un côté, d’énoncer une idée par trop fausse du sujet et, de l’autre, d’assumer des allures de pédantisme scientifique. 1877, J.‑Ch. Taché, La mouche ou chrysomèle des patates, p. 8.
C’est dans cette année‑là [en 1878] que les mouches à patates sont arrivées. Le midi, après dîner, monsieur Vallée nous en faisait ramasser. Il nous donnait ou bien une cenne ou bien une image; c’était comme on voulait. Il y en avait tout épais dans le champ de patates de monsieur Vallée; des fois on en ramassait deux chaudiérées après dîner. 1935, Saguenayensia, 1969, vol. 11, no 5, p. 124.
Il y a quelque temps, un vieillard de cette ville […] décédait presque subitement à la suite d’un repas. Or, il appert qu’une dizaine de personnes qui auraient mangé du même pain, fait à la maison […], ont toutes été plus ou moins gravement malades. […] On aurait retrouvé, sur les lieux, un sac presque vide d’une poudre blanche semblable à de la farine et destinée à détruire les mouches à patates. Est‑ce que, par mégarde, cette poudre, qui est un poison, aurait été mêlée à la farine? C’est ce que l’analyse révélera. 1942, L’Action catholique, Québec, 25 septembre, p. [3].
Quels étaient donc les autres insectes dont nos pères auraient pu se plaindre? La mouche à patate, la vraie Colorado Bug n’est arrivée au pays que vers 1877 à 1880. Pour vérifier la date, consultez les journaux du temps qui ont signalé son apparition. 1943, Le Devoir, Montréal, 25 février, p. 7.
Inutile de donner une description de la bête à patate, disons qu’on la désigne sous plusieurs noms qui sont : bête ou mouche du Colorado, doryphore, mouche à patate, etc. Cet insecte exerce de très grands ravages et peut compromettre fortement la récolte. Les producteurs de pommes de terre ne devraient pas attendre que les plantes soient mangées; ils devraient tenir l’œil ouvert et aussitôt que l’insecte apparaît, appliquer un bon poison. Malheureusement, sur beaucoup de fermes, on ne fait rien pour détruire la mouche à patate avant qu’on remarque que le feuillage est en partie dévoré. Il est alors trop tard et quelquefois la récolte est gravement compromise. 1960, Le Bulletin des agriculteurs, Montréal, mai, p. 101‑102.
La coccinelle, appelée bête à Bon Dieu, ou encore « mouche à patate », dans le langage populaire, est tout à fait à son aise parmi les fourmis qui tentent de la chasser de leur territoire. 1967, La Presse, Montréal, 29 juin, p. 42.
On plantait toujours les patates au pied de la montagne dans l’une ou l’autre pièce, selon une rotation de quatre ans que mon père avait adoptée depuis de longues années. Au cours de l’été, on les avait sarclées, on les avait « renchaussées » avec la houe, un instrument que Florian avait fabriqué lui-même, et on les avait arrosées. Arroser ne signifiait pas qu’on leur donnait de l’eau mais qu’on les traitait contre les « mouches à patates », ces magnifiques doryphores dont les larves sont si voraces qu’elles peuvent dévorer un plant en quelques jours. 1984, R. Fournier, Les sirènes du Saint-Laurent, p. 153.
La lutte aux prédateurs et aux parasites se fait par compagnonnage. Ainsi, par exemple, le voisinage des fèves et des pommes de terre repousse la « mouche à patate ». Certaines fleurs jouent également les gendarmes dans le potager. 1993, La Tribune, Sherbrooke, 21 juin, p. C1.
Cette patate ressemble et goûte la même chose que toutes les autres qui sont produites, mais ce qui la différencie est le procédé de culture utilisé par les agriculteurs. Aucun produit chimique n’est inclus pour combattre le doryphore du Colorado (mouches à patates), grâce à une manipulation génétique développée par cette compagnie. 2006, L’Acadie Nouvelle, Caraquet, 31 mars, p. 32.
(Général. au pluriel). Mouche noire : petit diptère piqueur (fam. des simulidés) des forêts et des régions sauvages, qui ressemble à une minuscule mouche domestique.
Des nuages de mouches noires. Se faire manger, piquer par les mouches noires, les petites mouches noires.
Plais.Le festival de la mouche noire : la période chaude de l’été où les mouches noires sont particulièrement abondantes en forêt.
Rem.Terme qui est passé dans la langue commune par l’intermédiaire des spécialistes et des lettrés; les spécialistes le réservent toutefois uniquement au moustique de la famille des simulidés, aussi appelé simulie (voir SQPP-Ins2‑3, BensIns4‑5).
Il s’agit de remonter le cours de l’Ottawa jusqu’à ses limites les plus occidentales […]. Les voyageurs auront, pendant deux mois, à diner sur les pierres de la grève, à recevoir sur les épaules les pluies d’orage, à coucher sous la tente, à se défendre pendant la nuit contre la morsure des brulots et pendant le jour contre la fureur des maringoins [sic] et des mouches noires qui, à cette saison de l’année, sont légion dans ces parages. 1884, Le Nord, Saint-Jérôme, 26 juin, p. [3].
Lévesque portait un pantalon de couleur indécise [...]. Une barbe blonde et rare, longue d’une semaine, ne parvenait pas à masquer son visage, un maigre visage aux traits tombants que les mouches, les horribles petites mouches noires avaient travaillé, gonflant les paupières, tuméfiant le menton et la nuque. Une déviation du cou, assez marquée, accentuait encore, s’il était possible, l’air de détresse de ce masque de souffrance. 1919, frère Marie-Victorin, Récits laurentiens, p. 172.
Avec ces vieux brodequins aux pieds, elle traversa des forêts, des marécages, maraudant, ou disputant aux bêtes sa nourriture, couchant dans les granges ou les huttes abandonnées. Sa peau tannée fut dévorée par les maringouins et les mouches noires. 1930, M. Le Franc, Grand-Louis le revenant, p. 237.
À nos problèmes étaient venues s’ajouter les mouches noires. Il fallut nous fabriquer des capuchons de coton et des manchettes pour nous protéger le cou, les oreilles et les poignets; il fallut aussi coudre la braguette de nos pantalons jusqu’en haut, et nos chemises jusqu’au menton, sans quoi nous serions devenus fous. Il ne restait plus que les yeux, les narines et la bouche comme appâts. Nous passions notre temps à nous souffler dans les narines et à papilloter. Je dis à Uapistan : « On vient de découvrir la manufacture à mouches noires pour le reste du Canada. » Puis, comme j’aspirais une bouffée d’air, une mouche entra dans ma bouche pour aller se coller derrière une amygdale. 1974, P. Provencher et G. La Rocque, Provencher : le dernier des coureurs de bois, p. 67.
Vous êtes aux confins de l’Abitibi. Au bout d’une route, un petit village. À gauche, un chemin qui s’enfonce tout droit dans le bois, pour arriver à ce qui vous semble être un camp forestier : barrière en bois rond, épinettes, mouches noires... 1992, L’Actualité, 15 novembre, p. 103.
En cette époque de l’année et avec la pluie et l’humidité que nous avons eu [sic] depuis le début de la « belle » saison, c’est le festival de la mouche noire en forêt. Les animaux sauvages sont incommodés et sortent des forêts humides pour se retrouver dans les champs et en bordure des routes pour se faire « venter ». La Sûreté du Québec recommande la plus grande vigilance aux automobilistes et suggère de réduire la vitesse particulièrement à l’aube, au crépuscule et durant la nuit au moment où la visibilité est réduite. 2002, La Presse, Montréal, 2 juillet, cahier auto, p. 1.
Pour éloigner les moustiques et les mouches à l’intérieur de la maison, placez un petit bouquet de lavande quelque part dans la maison. En plus d’embaumer la pièce, ces fleurs éloignerons [sic] les marangouins [sic] et autres mouches noires, tout comme la lavande le fait pour les pucerons de jardin. 2011, Ski‑se‑dit, Val‑David, juillet, p. 18.
Après avoir tiré un trait sur leur vie, quitté la mère patrie, traversé l’Atlantique dans l’espoir d’un futur paisible, pourquoi ne pas pousser l’aventure jusqu’en Côte-Nord? Là où le souffle des baleines ne fait qu’un avec les nuages de mouches noires et la beauté sauvage des grands espaces. 2020, Haute Côte‑Nord, Forestville, 29 janvier, p. 4.
(Par ext., souvent par confusion). Brûlot.
Plongés dans la boucane, les yeux fermés, les trois mousquetaires semblaient endormis. Les mouches noires, microscopiques, les poursuivaient sans répit. 1950, M. E. Morrier, La squaw blanche, Le Droit, Ottawa, 24 février, p. 12.
Région.Nom donné au taon (sens I.B.1, ci‑dessus).
Se fichant éperdument de l’avis de plusieurs médecins qui nous conseillent d’éviter de boire en mangeant, la mouche noire a un faible pour les peaux mouillées. Demandez‑le aux baigneurs qui arpentent une plage bordant un boisé. Rien qu’à leur en parler, ils se retournent pour voir s’il n’en viendrait pas une. Une fois bien piquée, ses victimes deviennent nerveuses et demie. La grosse noire, comme on l’appelle aussi, se balance royalement des distances. Alors que ses cousines vont préférer revenir à terre, plutôt que de suivre des pêcheurs au large, la grosse tenace va littéralement coller à son projet de repas. 1979, J.‑P. Arsenault, Mon père, j’ai pêché…, p. 50.
(Dans d’autres noms d’insectes). Vieuxou hist.Mouche à blé ou raremouche du blé : noms donnés aux minuscules insectes diptères qui s’attaquent au blé, en partic. à la mouche de Hesse (Mayetiola destructor).
2013, S. Bauer, Mouche à blé (« mayetiola destructor ») [photo], Wikimedia Commons. https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7a/Hessian_Fly.jpgInvasion, épidémie de la mouche à blé.
Il ne fut pas néanmoins sans éprouver, durant cet intervalle de deux ou trois mois, certaines inquiétudes sur le sort de sa récolte. Par exemple, la mouche à blé qui, depuis plusieurs années déjà, ravageait les anciennes campagnes du Bas‑Canada, pouvait bien aussi venir s’abattre au milieu des champs de Louiseville [...]. 1862, A. Gérin‑Lajoie, Jean Rivard, le défricheur canadien, Les Soirées canadiennes, p. 206.
Ce correspondant a pu se convaincre que la cendre répandue sur le blé fournit au grain une nourriture qui lui est propre et qu’il est moins sujet à être attaqué par la mouche à blé. 1892, Gazette des campagnes, Sainte‑Anne-de-la‑Pocatière, 17 juin, p. 135.
Entre 1790 et 1830, la région devient le grenier à blé du Bas‑Canada. Mais, par la suite, l’épuisement des sols se fait de plus en plus sentir; de plus, certaines années, de mauvaises conditions climatiques – gelées hâtives ou tardives, pluies trop abondantes, grêle – ou les dommages causés par la mouche à blé auront des conséquences néfastes sur les récoltes. 2001, M. Filion et autres, Histoire du Richelieu–Yamaska–Rive‑Sud, p. 190.
RuralMouche à corne(s) ou (surtout dans la langue spécialisée) mouche des cornes : petit insecte diptère (Hæmatobia irritans) indigène d’Europe qui pique et parasite le bétail.
Rem.La variante mouche des cornes a été adoptée par les spécialistes (voir SQPP-Ins1‑3, BenIns3‑4, SEC‑Ins).
Les cultivateurs s’alarment au sujet d’une petite mouche noire, d’environ le tiers de la grosseur des mouches ordinaires de maison, qui vient de faire son apparition sur les bestiaux dans les champs et les fatiguent beaucoup par leurs morsures irritantes. Pendant qu’ils se reposent, ces mouches se groupent en grand nombre sur la base des cornes, de manière à former un anneau plus ou moins complet et c’est ce qui leur a fait donner le nom de mouches des cornes. C’est là le nouveau fléau dont on s’est préoccupé beaucoup aux États-Unis depuis trois ans. Il a été importé d’Europe en même temps que du bétail, en 1886, et fut d’abord signalé en Pensylvanie [sic]. De là il s’est répandu graduellement dans toutes les directions et il est rendu au Canada. 1892, Le Courrier du Canada, Québec, 19 septembre, p. [1].
Le professeur Fletcher, de la ferme expérimentale du gouvernement fédéral, a donné une intéressante conférence à Ottawa […]. Le conférencier a aussi parlé de la mouche à corne (horn fly), ce petit insecte qui réussit par ses tracasseries ennuyeuses à réduire la production du lait et à empêcher les bestiaux de faire de la graisse. 1893, Le Trifluvien, Trois-Rivières, 15 mars, p. [2].
Si tous les cultivateurs voulaient s’en donner la peine, ce fléau des mouches à cornes serait bien vite exterminé. Comme nous l’avons dit plus haut, les mouches se groupent à la base des cornes, mais c’est par tout le corps qu’elles tourmentent l’animal; l’habitude qu’ont certains fermiers d’enduire les cornes de goudron ne prévient nullement les attaques de ces insectes; il se tiendra éloigné des cornes, mais recherchera davantage les autres parties du corps de la bête. 1929, G. Beaulieu et G. Maheux, Les insectes nuisibles de la Province de Québec, p. 204.
Disponible exclusivement par l’entremise des vétérinaires, [une nouvelle solution antiparasitaire] offre une protection contre un large éventail de parasites internes, poux, acariens, hypodermes et mouches des cornes chez les bovins. Elle procure aux éleveurs-naisseurs et aux gestionnaires de parcs d’engraissement un nouveau choix concurrentiel dans le marché des ivermectins. 2004, Le Bulletin des agriculteurs, février, p. 72.
Mouche à fruits ou raremouche des fruits : nom donné à la drosophile (fam. des drosophilidés), petit insecte diptère qu’attirent les fruits et légumes fermentés ou décomposés.
Rem.Les spécialistes l’appellent aussi mouche drosophile et mouche du vinaigre (ou mouche à vinaigre), comme en France.
Les mouches à fruit sont de très petites mouches. Elles réservent toutes leurs attentions pour les fruits dans le double but de manger et de pondre leurs œufs, car les larves vivent dans les matières végétales en décomposition, dans les fruits en conserve, les confitures et les légumes. On peut les voir voltiger au‑dessus des plats à fruits bien que quelquefois elles soient aussi attirées par les excréments. 1924, Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 5 septembre, p. 2.
Sans y avoir été invitées, les minuscules mouches à fruits d’un brun rougeâtre s’installèrent chez le jeune couple, puisant sans vergogne dans les provisions de fruits, de légumes et même dans la bière. Ces insectes n’étaient que l’une des centaines d’espèces de mouches à fruits qui survivent dans les entrepôts de fruits, les marchés de légumes et même le sous‑sol, le garage ou le hangar où l’oncle Jean fabrique son délicieux vin-maison. 1990, La Presse, Montréal 10 janvier, p. G6.
Les mouches à fruits, comme beaucoup d’insectes, cherchent leur nourriture grâce à leur sens de l’odorat. Les odeurs considérées comme alléchantes sont ainsi apprises au fur et à mesure de leur vie, par association rapide entre informations sensorielles et récompenses. 2021, Antennae, vol. 28, no 1, p. 19.
AcadieMouche à guêpe : nom donné à la guêpe.
Étant enfant, on était en train de jouer dans la cour de la maison. On avait une boîte d’allumettes à dix sous et on attrapait des mouches à yèpes [sic] vivantes, pour les faire prisonnières dans la boîte afin d’entendre leur musique. 1980, J.‑Cl. De l’Orme et A. Leblanc, Histoire populaire des îles de la Madeleine, p. 65‑66.
Vieilliou région.(Beauce). Mouche à sucre : petit insecte diptère (fam. des bibionidés) qui apparaît au printemps, dans le temps des sucres.
Rem.Les spécialistes l’appellent bibion ou mouche de la Saint‑Marc.
Plusieurs sortes d’insectes que les premiers beaux jours du printemps font éclore peuvent se rencontrer dans les érablières – et plus spécialement dans les récipients d’eau d’érable – à cette époque de l’année. Parmi les plus précoces se rangent les Bibionidés, insecte à deux ailes auxquels [sic] les Anglais ont donné le nom de march flies ou mouche de mars. C’est probablement à ces diptères que font allusion les sucriers quand ils parlent de « mouches à sucre ». Beaucoup d’insectes adultes sont friands de liquides sucrés ou en fermentation et il n’est pas étonnant d’en trouver qui se sont noyés dans la sève de nos érables. 1931, Le Naturaliste canadien, vol. 58, no 4, p. 96.
Puis‑je à mon tour vous poser une petite question : pourriez-vous me dire d’où viennent ces petites mouches longues et grosses comme un fil qui nous arrivent tout à coup et que l’on voit voler à la surface de la neige. On les appelle mouches à sucre. Ces mouches doivent être à la veille de nous arriver. 1955, L’Action catholique, Québec, 3 avril, p. 23.
Si l’éclosion des mouches à sucre et l’arrivée des corneilles étaient jusqu’à maintenant pour les Beaucerons les signes précurseurs du printemps, il faudra bien qu’ils y ajoutent dorénavant l’entrée en action des pelles et béliers mécaniques sur la rivière Chaudière. 1992, Le Soleil, Québec, 6 mars, p. B14.
Région.(Surtout à l’ouest de la région de Trois-Rivières). Mouche à vache(s) : nom donné à des insectes diptères piqueurs qui s’attaquent au bétail, en partic. à la mouche à cheval (voir sens I.B.1, ci‑dessus) et à la mouche des cornes (voir ci‑dessus).
Elle [l’agriculture dans l’Ouest canadien] offre des inconvénients, mais, comme disait un colon intelligent, le commerce et l’industrie offrent aussi leurs risques, et vous avez aussi dans la province de Québec des inconvénients que nous n’avons pas, les mouches à vaches et les bêtes à patates, par exemple. 1900, La Presse, Montréal, 13 juillet, p. 7.
Au moment de l’entrevue, [il] tondait sa pelouse, une activité qui lui a manqué au cours des deux dernières semaines. « Ça fait du bien de retrouver nos mouches à vaches. C’est mieux que les maringouins de Saint-Gédéon », a‑t‑il dit à la blague, lui qui a séjourné chez sa fille, qui réside dans ce secteur. 2006, Le Quotidien, Saguenay, 20 juillet, p. 4.
Région.Mouche à vers : nom donné à la mouche de la viande (fam. des calliphoridés), aussi appelée mouche à marde (voir sens I.B.3, ci‑dessus).
Boisvert n’a peur de rien. L’automne dernier, il a transporté le cadavre d’un homme tué à la chasse, seul dans son canot, depuis les sources de la rivière Mattawin jusqu’aux Piles. Le voyage dura cinq jours [...]. Peu agréable, la monotonie de ces heures, avec la mort et le grand silence de la forêt, à peine troublé par les centaines de mouches à vers qui laissaient leurs millions d’œufs sur la toile grise du linceul, fabriqué avec des vieux sacs à farine. 1932, A. Nantel, À la hache, p. 30‑31.
« La porte! Les mouches! » C’est un cri que j’ai entendu souvent, quand j’étais jeune. Dans le temps des portes moustiquaire à ressort, je vous jure que ça claquait fort, On sortait à la belle course par l’arrière en poussant la porte jusqu’au fond. On avait déjà une dizaine de pas de course de faits quand elle se rabattait sur le cadre dans un vacarme à faire « jumper » mon père de sa chaise. C’est vrai qu’avant, les mouches à vers (ou les « mouches à marde » selon le niveau de langage ou du quartier où vous avez été élevé), avaient de quoi se nourrir dans les cours arrières [sic]. 1999, Le Quotidien, Saguenay, 29 juillet, p. 12.
Fig., vieuxPersonne qui parle très bas et d’une manière incompréhensible (Dionne); personne qui parle beaucoup (GPFC).
Région.Mouche jaune : insecte diptère jaunâtre qu’attirent les excréments.
On ne saurait trop se mettre en garde contre un ennemi redoutable qu’on appelle vulgairement mouche jaune. Comme je ne suis pas fort savant en entomologie, je ne saurais donner le nom scientifique de cet insecte, et voilà pourquoi, comme le simple vulgaire, je me vois dans la triste obligation de lui donner tout simplement le nom de mouche jaune, parce qu’elle est absolument jaune et de la même couleur que la fleur du melon. 1864, Gazette des campagnes, Kamouraska, 1er juillet, p. 133.
Nos terres fourmillent d’espions. Le moindre changement sera remarqué et l’alarme aussitôt donnée, nous aurons sur le dos toute la milice avec ses nuées de parasites qui me font l’effet de ces mouches jaunes qui courent les tas de fumier. 1972, W.‑H. Girard, Le conscrit, p. 102.
Locutions.
Région.(Ne pas) avoir mis, posé les (ou des) pattes aux mouches : (ne pas) être particulièrement intelligent, créatif ou dégourdi.
Rem.La tournure positive s’emploie de façon ironique.
Échos de Saint-Hyacinthe [titre] […] Alexis L., nous savons tous que le Français né malin n’a jamais posé de pattes aux mouches. 1920, Le Canard, Montréal, 21 mars, p. 3.
Les cancans du Samedi [titre] […] St‑Georges‑Est [/] E. L., ce n’est pas toi qui as mis les pattes aux mouches. 1922, Le Samedi, Montréal, 14 janvier, p. 39.
Raymond et Robert D., est-ce vous autres qui avez posé des pattes aux mouches? 1926, Le Canard, Montréal, 24 janvier, p. 3.
Notre paroisse est composée en majorité de gens paisibles. Mais, comme ailleurs, il y a un petit groupe qui croit avoir mis les pattes aux mouches, et veut mener la barque. 1963, L’Action : quotidien catholique, Québec, 14 février, p. 4.
Foinfoin a été imaginé comme un petit personnage bien sympathique, débrouillard même s’il n’a pas posé les pattes aux mouches. 1968, Le Soleil, Québec, 25 mai, p. 40.
J’en voyais un, l’autre fois, un senteux. Il se promenait le long et puis il regardait dans les fenêtres. C’est pas lui qui a mis les pattes aux mouches. 1980, Trois-Pistoles (Rivière-du-Loup), Fichier lexical du Trésor de la langue française au Québec (enq.).
[…] « Tu sais, moi j’attache mes grandes culottes qui me vont aux genoux avec une grosse épingle à ressort en avant et un autre grosse épingle à ressort en arrière, parce qu’on pourrait rencontre des gars de la Chaouiniganne. » Les employés de la Shawinigan water and power, ancêtre de l’Hydro, passaient quelques fois l’an, c’était des sortes de Survenants qui savaient parler aux filles. Alice, qui n’avait pas posé les pattes aux mouches, n’en éprouvait quand même pas que de la crainte de ces beaux grands gars aux éperons brillants. 2007, La Terre de chez nous, Longueuil, 23 août, p. 24.
Quand je regarde un [activiste] dans la vingtaine se gargariser publiquement de son « mouvement historique », comme si c’est lui qui avait mis des pattes aux mouches, j’ai envie de lui acheter un petit « Précis d’Histoire du Québec » pour lui faire réaliser que le monde a déjà tourné sans lui et qu’il tournera encore longtemps après lui. 2012, Le Manic, Baie‑Comeau, 16 mai, p. 6.
Région.(Mauricie). Faire des mouches : (en parlant de qqn) avoir l’esprit un peu dérangé; (en parlant de qqch.) fonctionner mal, être détraqué.
bibitte.
« Lorsque le réseau d’égout se brisera, le lac Édouard va être pollué à la grandeur : le réseau d’égout est à côté d’un cours d’eau qui se déverse dans le lac. D’ailleurs, le réseau a déjà commencé à faire des mouches, ça va être quoi dans 10 ans? Ce système d’égout est un prototype et puis on paye pour ça. C’est certain que la population va grincer des dents lorsque les dirigeants de Ville La Tuque vont venir. Il n’y a pas personne qui aurait dû être taxé pour le réseau puisqu’il s’agit d’un prototype. » 2004, L’Écho (site Web), La Tuque, 13 mars.
La première manche a été ardue pour les Latuquois. « Ça n’a pas bien été, explique le pilote […]. Nous avons eu un problème tôt en début de course. On pensait qu’il s’agissait d’un problème électrique mais c’était plutôt le carburateur qui faisait des mouches. En plus, on a fait deux crevaisons. La première manche n’était pas la nôtre. » 2004, L’Écho (site Web), La Tuque, 29 mai.
On a appris récemment dans Le Nouvelliste que GDG Environnement continue d’arroser et d’épandre du BTI en Outaouais, alors que seuls les services essentiels sont supposés être ouverts. Tout près d’un million de dollars du budget de la Ville de Shawinigan continue d’être assigné à cette mesure alors que les citoyens et les entreprises de la région ont besoin de soutien financier et se demandent comment boucler leur fin de mois ou si leur entreprise survivra à la crise reliée à la pandémie de COVID‑19. En tant que biologiste, je me demande bien par quel détour on se convainc que cette mesure soit essentielle. Il doit bien y avoir quelqu’un à quelque part qui fait des mouches, c’est à se le demander. 2020, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 10 avril, p. 10.
VieilliPâte médicinale que l’on applique sur une partie du corps pour y favoriser un afflux sanguin propre à décongestionner un organe.
Mettre les mouches à une personne, un animal.
Mouche de moutarde ou rareà moutarde, à base de moutarde sèche.
Appliquer, mettre une mouche de moutarde sur l’estomac, la poitrine. Soigner une grippe, une congestion, une indigestion avec des mouches de moutarde.
VieilliMouche noire, à base de poudre de cantharide.
Les docteurs de Montréal recommencèrent les saignées pour me tuer, si le docteur Black n’eût pas fait cesser, et mis les mouches entre les deux épaules, m’assurant que c’étoit une inflammation causée pour avoir porté mes vivres sur mon dos, dans ma couverte, dans les grandes chaleurs de l’été, et c’est le seul qui ait pu me réchapper avec de l’eau de riz et le vin de Madère. 1780, Cl.‑N.‑G. de Lorimier, Mes services pendant la guerre américaine, [H. A. B.] Verreau, Invasion du Canada, 1873, p. 298.
Le petit Arthur Papineau outre Le mal que Les dents lui ont occasioné, a pris La Rougeole qui a mal sortie il s’est trouvé en grand danger hier soir. Le docteur lui a mis Les mouches sur Le corp[s] pour detourner les Humeurs qui se portoient au cerveau. Les mouches ont pris et ont eu L’effet de lui procurer du soulagement, il etoit un peu mieux ce matin on lui a aussi mis de La moutard sous La plante des pieds qui n’a pas paru faire d’effets [...]. 1825, J. Papineau à son fils Benjamin, Rapport de l’archiviste de la province de Québec 1951‑1953, p. 222.
C’est une maladie dans le dedans du corps, que je ne connais pas. [...] Je pourrais bien lui poser des mouches noires sur le dos, et peut-être que ça lui tirerait le sang et que ça la soulagerait pour un temps. Ou bien je pourrais lui donner une boisson faite avec des rognons de castor : c’est bon pour les maladies de même, c’est connu. Mais je ne pense pas que ça la guérirait, ni la boisson, ni les mouches noires. 1916, L. Hémon, Maria Chapdelaine, p. 210.
Jongleux et maigre, ça pourrait toujours aller, mais le pire c’est que j’ai commencé à tousser comme si j’étais pogné d’une consomption. Laura a beau me faire des mouches de moutarde, j’ai une toux sèche et creuse qui me brûle le fond des poumons, assez que j’en passe mes nuits blanches à me rouler dans mon lit, tant et si bien qu’un beau matin j’ai la permission d’y rester. 1977, J.‑P. Filion, Les murs de Montréal, p. 92.
L’idée de la mouche de moutarde, cependant, n’allait certes pas le réjouir [le malade]. Louisa continuait de mêler farine et moutarde sèche avec soin, ajoutant un peu d’eau jusqu’à l’obtention d’une pâte homogène, qu’elle étendit ensuite sur un linge blanc. Elle forma ainsi un grand carré et le couvrit du reste du linge blanc qui pendait le long de la table. Elle ferma le tout en cousant de petits points serrés, afin que la pâte ne puisse pas s’échapper. [...] Louisa vint le rejoindre dans sa chambre au bout de quelques minutes et lui appliqua le cataplasme sur la poitrine. 1996, J. Poulin Gagnon, L’horloge aux souvenirs, t. 1, p. 109.
Votre grand-mère vous a peut-être fait une « mouche de moutarde »? Un cataplasme de poudre de moutarde soulage des engelures, des névralgies, des douleurs musculaires, du sciatique… et des bronchites. Attention de ne pas vous brûler la peau, car la moutarde pourrait vous monter au nez! 2006, L’Écho, Compton, mars, p. 20.
Bien avant l’arrivée des sirops, des comprimés et des vaporisateurs, nos arrière-grands-mamans soignaient leur nombreuse progéniture avec les moyens du bord. Mouche de moutarde et ponce de gin sont venus à bout de plus d’un rhume. Fions-nous donc à docteure grand-maman. 2007, La Revue, Terrebonne, 28 novembre, p. C5.
Cette semaine, vous atteindrez un niveau de fièvre hors du commun. Ce sera presque dangereux, surtout si vous ne prenez pas les mesures qui feraient en sorte de vous soigner comme du monde, par exemple une « mouche de moutarde », je ne sais plus trop si c’est le terme. En tout cas, étant donné que je serais pourrie pour vous guérir, une chance pour vous que ce ne sera que la fièvre de la danse que vous attraperez! 2011, La Gatineau, Maniwaki, 15 septembre, p. 39.
S’il s’agissait d’une grippe ou d’une bronchite, rien ne valait la « mouche de moutarde », de la moutarde étendue sur un coton et appliquée sur la poitrine du malade afin de dégager les poumons. Pour décongestionner les voies respiratoires, un carré de camphre placé dans une pochette de coton et porté autour du cou faisait le travail, il était aussi utilisé à titre préventif. 2021, L’Info Petite Nation (site Web), Chénéville, 30 juillet.
Histoire
IADepuis 1609 (v. M. Lescarbot, Histoire de la Nouvelle France, p. 715, en parlant des maringouins : Ces mouches [...] sont facheuses, à cause de leurs aiguillons, qui sont longs pour un petit corps : & sont si tendres que si on les touche tant soit peu on les ecrase); héritage de France. Mouche a cours en français depuis le début du XIIe s. pour désigner l’insecte diptère dont la mouche domestique est le type, mais on l’atteste aussi aux XVIIe et XVIIIe s. en parlant précisément de diptères piqueurs, plus particulièrement des taons (fam. des tabanidés) qui infligent de douloureuses piqûres au bétail et provoquent son agitation (v. Richelet 1680‑1732 et Fur 1690‑1727; v. aussi Robert 1985, qui présente comme vieux un emploi large incluant des insectes piqueurs); cet emploi du mot est sans doute à l’origine d’expressions utilisées à propos d’une personne qui se fâche brusquement, dont quelle mouche le point?, attestée au XVe s., et quelle mouche le pique (ou l’a piqué)?, courante depuis le début du XVIIe s. (v. FEW mŭsca 63, 248b, Ménage 1750, TLF et ReyExpr2; v. aussi WathDict et DMF, s.v. mouche1). En France, le mot paraît s’être maintenu avec cette acception jusqu’au XXe s., comme en fait foi cet extrait de la chanson Je chante, qu’a écrite Charles Trenet en 1937 : Je couche la nuit sur l’herbe des bois / Les mouches ne me piquent pas. Anti‑mouche(s), depuis 1938; peut-être dès 1917 : Un pacage bien ombragé, une étable pendant les chaleurs du jour, l’emploi de substances anti‑mouches, toutes ces choses paient (Le journal d’agriculture et d’horticulture illustré, Montréal, 15 août, p. 16); toutefois, l’élément mouche pourrait ici avoir un sens plus restreint et ne faire référence qu’à des insectes diptères s’attaquant au bétail, comme la mouche à cheval (v. sens I.B.1) et la mouche des cornes (v. sens 1.B.6). Anti(‑)mouche est d’ailleurs attesté en France en lien avec des substances s’attaquant aux mouches proprement dites (v. p. ex., Le Matin, Paris, 1er juin 1912, p. 1). Chasse‑mouche(s), depuis 1941. B1Mouche à cheval, depuis 1871 (ProvIns 141). Ce nom est probablement un calque de l’anglais nord-américain horsefly (ou horse(‑)fly), qui désigne les grandes espèces du taon (v. Craigie, qui l’atteste depuis 1790, DARE, Webster 1993, DictCan et Nelson; v. aussi OAD 1908); les spécialistes québécois emploient souvent mouche à cheval et mouche à chevreuil (v. ci‑dessous), en parlant respectivement des grandes et des petites espèces du taon, ce qui coïncide avec la terminologie de l’anglais nord-américain opposant de la même façon horse fly et deer fly (v. p. ex. H. J. Teskey, The Horse Flies and Deer Flies of Canada and Alaska, 1990, p. 7, note 1 : « The name horse fly is applied primarly to the species of Hybomitra, Tabanus, and Atylotus, whereas deer flies refer to smaller species of other genera, mainly Chrysops. »). Pour désigner les diptères piqueurs de la fam. des tabanidés, les Canadiens ont d’abord employé taon et frappe‑à‑bord, avant d’utiliser peu à peu mouche à cheval et mouche à chevreuil. Pour ces raisons, le premier nom n’a donc sans doute aucun lien direct avec des appellations comparables qu’on signale en France, où elles sont associées, selon les régions et les époques, à des diptères parasites du bétail tels que l’œstre, l’hippobosque et le taon : cp. mousche aux chevaus « œstre », relevé en français du XVIIe s., puis mouche des chevaux « œstre, taon, hippobosque », enregistrés dans quelques dictionnaires à partir de la fin du XIXe s. (v. FEW 63, 250a, Larousse 1897‑1982 et GLLF); cp. aussi mouche à chevaux « œstre », en Normandie, mouche de chevaux « œstre », en Wallonie, mouche de chevaux « taon », dans la Flandre française, de même que mouche de cheval « hippobosque » et « taon », dans des parlers occitans (v. FEW 63, 249b et 250b, RollFaune 13, p. 175, ALN 661). Mouche à chevreuil, depuis 1898; calque de l’anglais nord-américain deerfly (ou deer(‑)fly), qui s’applique notamment aux petites espèces du taon (Chrysops) (v. Craigie, qui l’atteste depuis 1853, DictCan et Webster 1993). Mouche à orignal, depuis 1927; calque de l’anglais nord-américain moose(‑)fly (v. DictCan, qui l’atteste depuis 1849, Gage 1997 et Webster 1993). 2Mouche à feu, depuis 1685 env.; mais dès 1675 env. dans la variante mouche de feu (L. Nicolas, Traitté des animaux a quatre pieds terrestres et amphibies, ms. 12223, fo 77 : Voyes donc [...] des mouches de feu ou bien luisantes qu’il n’en faut prendre q’une ou deux pour y voir bien [...] dans les Tenebres des plus obscures nuicts). De mouche, nom donné à différents petits insectes ayant des ailes, dont des coléoptères comme les cantharides (v. Ac 1694 et Fur 1690, s.v. mouche) et feu « lumière » (emploi attesté dès le XIIe s., v. TLF). Mouche à feu est un terme de voyages (cp. maringouin) qui s’est répandu dans toutes les colonies françaises d’Amérique au cours de la seconde moitié du XVIIe s. (v. St. Canac-Marquis, Québec français, hiver 1998, p. 97‑99). Dans la vallée du Saint-Laurent, le nom a vite eu la préférence des Canadiens par rapport à mouche luisante (v. ci‑dessous), auquel ont recouru les Français pendant tout le Régime français. Ce sont probablement les marins de France qui l’ont diffusé à partir des Antilles, où J.‑B. Labat – missionnaire à la Martinique et à la Guadeloupe entre 1693 et 1705 – en atteste clairement l’usage : « Pendant que je suis en train de parler de mouches, il ne sera pas hors de propos de dire qu’il y a dans toutes les Isles [des Antilles] une espece de petites mouches luisantes qu’on appelle des mouches à feu. [...] Dès qu’il est nuit on les voit voler de tous côtez, sur tout dans les buissons & dans les allées d’arbres & autres lieux sombres, où il semble que ce soient autant d’étincelles de feu. » (Nouveau voyage aux isles de l’Amerique, t. 1, 2e partie, 1724, p. 117). Le nom (et ses variantes) s’est conservé dans le créole guadeloupéen de même que dans les parlers français de la Louisiane (v. PoullGuad, s.v. mouch, TournGuad, s.v. mouch‑a‑fé; v. ReadLouis, PhillLouis, et ValdCreole, s.v. mouch). Par l’intermédiaire des marins, il s’est également implanté – sans doute déjà dès l’époque coloniale – dans le créole des îles seychelloises, dans l’océan Indien (v. D’OffSeych, mous fe, s.v. mous). Les premiers dictionnaires français qui consignent mouche à feu font référence à un insecte commun des Antilles et de la Louisiane, et rendent compte des observations du père Labat (v. ValmHNat 1764 et Enc; v. aussi Chambaud 1805), mais ceux des XIXe et XXe s. ignorent ces précisions (v. Besch 1847‑1892, Littré, Larousse 1866‑1982); même si on le relève chez quelques auteurs français, dont l’écrivain Paul Claudel (v. GLLF), le nom n’a jamais pour autant eu cours en français de France. Quelques observateurs du français québécois (v. LorrÉtr 60, LaurAngl 43 et Multi 1988-2021) ont affirmé que mouche à feu était un calque de l’anglais nord-américain firefly, lequel est attesté depuis 1658 (d’après OED; v. aussi Craigie, DARE, Webster 1986 et OAD). Cette étymologie ne résiste pas à l’analyse, d’autant plus qu’elle ne prend pas en compte tous les noms employés par les colonisateurs européens pour désigner ce type d’insecte. En effet, outre mouche à feu et firefly, il faut signaler mosca de fuego, littéralement « mouche de feu », nom espagnol de la luciole relevé sur l’île d’Hispaniola (aussi appelée Haïti) au XVIIe siècle par deux observateurs indépendants. Le Français A.‑O. Exquemelin décrit ainsi l’insecte : Elle a deux taches sur la tête qui donnent de la lumière dans la nuit quand elles sont trois ou quatre ensemble dans un arbre. Elles ressemblent alors à du feu. J’en ai eu trois dans ma tente, et avec la lumière qu’elles donnaient, je pouvais facilement lire un livre. J’ai voulu les apporter en Europe, mais elles sont mortes de froid. Dès qu’elles meurent ou qu’elles sont coincées, la lumière disparaît. Les Espagnols les nomment moscas de fuego; traduction d’un passage du livre d’Exquemelin publié en hollandais en 1678 (De Americaensche Zee‑Roovers), dans R. Ouellet et P. Villiers (dir.), Histoire des aventuriers flibustiers, 2005, p. 139, note 40). Mosca de fuego est sans doute d’usage un peu plus ancien, car il est signalé dès 1655, sous forme anglaise traduite, par le Britannique H. Whistler, alors en campagne militaire sur l’île d’Hispaniola : Hear are allso a great flie that the spaniard doth call a fier flie, theas doue flie in the Night, and doue show like a cole of fier (cité dans OED (en ligne) 2022‑02, s.v. firefly, article qui présente cette citation comme la première attestation de firefly en ce sens, sans tenir compte qu’il s’agit ici d’un xénisme; la première attestation de firefly en tant que mot anglais citée dans cet ouvrage date de 1698). Bien qu’il soit relevé dans l’ouvrage La creación : Historia natural (J. Vilanova Y Piera (dir.), 1875, t. 6, p. 51) comme nom d’un scarabée bioluminescent (genre pyrophorus, fam. des élatéridés), mosca de fuego ne semble pas avoir connu une grande diffusion en espagnol. Il n’est pas répertorié dans une liste plus récente des noms espagnols attribués aux lampyridés et aux élatéridés bioluminescents (tels que bicho de luz, cocuyo, fuego fatuo, lucero et luciérnaga), que ce soit en Espagne ou en Amérique latine (Colombie, Mexique, Porto Rico) (v. Hernández et Molina, Los nombres de la luciérnaga en la geografía lingüística de España y América, Géolinguistique, 1999, no 8, p. 83‑117); peut-être son usage s’est‑il limité aux hispanophones de l’île d’Hispaniola. Toutefois, on trouve une forme semblable, mosca-de-fogo, dans la langue portugaise des Brésiliens de l’État de Bahia (v. Enciclopédia Brasileira Mérito, 1967, et A. B. De Holanda Ferreira, Novo dicionário da língua portuguesa, 1995). Si ce nom remontait lui aussi à l’époque coloniale – comme on peut le présumer –, il inviterait à croire que Français, Espagnols, Anglais et Portugais partageaient la même façon d’exprimer le concept de « luciole » au XVIIe s. S’il demeure possible que mouche de/à feu et firefly soient en fait des calques de mosca de fuego, les données consultées ne permettent pas de l’affirmer, d’autant plus que ce nom espagnol semble être demeuré marginal. Par ailleurs, on relève, en divers points de la francophonie, d’autres noms de formation analogue à mouche à feu servant à désigner soit la luciole, soit le ver luisant (coléoptère apparenté à celle‑ci), et qui ne sont pas issus de l’anglais : cp. bête à feu « luciole », relevé au XXe s. au Québec (v. PPQ 1574) ainsi que dans les créoles guadeloupéen et martiniquais (bèt‑a‑fé, v. PoullGuad, TournGuad et JourdMart 42), mais qui remonte au moins à la seconde moitié du XVIIIe s. (d’après Enc, s.v. mouche); cp. aussi bête à feu « ver luisant », relevé dans une localité du Valais, en Suisse romande (bity a foua, v. GPSR, s.v. bête), de même que ver à feu (ou de feu) « id. », signalé dans l’Ouest de la France et dans le Massif Central (v. FEW vĕrmis 14, 291a, ALF 1372, pt 535, et ALMC 340). Pour toutes ces raisons, il apparaît certain que firefly n’est pas à l’origine de mouche à feu et que les deux emplois peuvent être considérés comme des créations parallèles. Mouche luisante, depuis 1609 (M. Lescarbot, Histoire de la Nouvelle-France, p. 824 : Se verra aussi la description de certaines Mouches luisantes sur le soir au printemps, qui volent parmi les bois haut & bas en telle multitude que c’est chose digne d’étonnement; v. aussi Le Page du Pratz, Histoire de la Louisiane, t. 2, 1758, p. 147 : Les mouches luisantes sont très-communes; lorsque la nuit est sereine, elles sont en si grande quantité, que si la lumiére qu’elles jettent étoit continuelle, l’on verroit aussi clair que par une belle Lune). Le nom est relevé en français depuis la fin du XVIe s. jusqu’à celle du XIXe, mais il paraît aussi avoir été surtout utilisé comme terme de voyages (v. FEW lūcēre 5, 429a, Poille 1614, Fur 1690‑1727, Trévoux 1704‑1771, Littré, qui cite une relation de voyage, et DG); il a sans doute été fait sur le modèle de ver luisant, nom d’un coléoptère apparenté à la luciole, attesté en français depuis le XVIe s. (v. FEW vĕrmis 14, 291b). 3Mouche à marde, depuis 1955 (AF, Montréal, M. Bérubé, ms. 105, dans le tour comparatif collant comme une mouche à marde). Appliqué à la mouche de la viande (fam. des calliphoridés), le nom a été relevé en Franche-Comté (v. ALFC 794, mouche à merde). Découle sans doute, par ext., de mouche à merde, qui s’applique en français, depuis le milieu du XIXe s., à des insectes diptères (le scatophage, fam. des anthomyidés) et coléoptères (les stercoraires, tels que le bousier) qui vivent sur les excréments et s’en nourrissent (v. FEW 63, 250a, Larousse 1897, Larousse 1982‑1987; RollFaune 13, p. 172). Dans son emploi figuré canadien, mouche à marde est enregistré dans TLF. 4Mouche à patate(s), depuis 1876 (Le Courrier du Canada, 21 août, p. 2 : La guerre contre la Mouche à patate doit commencer de suite à l’apparition du premier individu de l’espèce et être continuée sans relâche); mouche des patates, depuis 1876 (id. : faire la guerre à la Mouche des Patates). Il s’agit sans doute d’une création canadienne parallèle à bête à patates, barbeau à patates et bibitte* à patates; l’anglais américain potato beetle ou potato bug, désignant le doryphore, de même que potato fly, désignant le méloé, autre coléoptère (fam. des méloidés) s’attaquant aux plants de pomme de terre, paraissent être des créations indépendantes (v. Craigie, OED, s.v. potato, et Webster 1986). 5Mouche noire, depuis 1830 (dans un document traduit de l’anglais, v. Appendice du XXXIXe volume des journaux de la Chambre d’assemblée de la province du Bas‑Canada : troisième session du treizième Parlement provincial, p. S‑17 : cela [le nuage de fumée] éloignait bien les mousquites, mais les petites mouches noires ne paraissaient pas en être affectées), mais pas avant 1884 dans la documentation québécoise; calque de l’anglais nord-américain blackfly (v. Webster 1986 et Nelson v. aussi Craigie, qui l’atteste depuis 1776, Mathews, s.v. black, DARE, qui précise que le mot est surtout répandu dans le nord‑est des États-Unis, et DictCan). Il figure comme mot du français canadien dans TLF, qui le définit cependant trop étroitement par « brûlot ». En dépit du fait que le nom soit réservé à la simulie dans la langue spécialisée, il s’entend aussi dans la langue générale en parlant du brûlot, comme l’a déjà observé J. Rousseau : « Mouches noires [...]. Bestioles plus néfastes que le maringouin et sévissant à la même période, mais plus particulièrement dans le Grand Nord. Les habitants de la vallée du Saint-Laurent, les citadins surtout, les confondent très souvent avec les brûlots. » (v. Les Cahiers des Dix, no 34, 1969, p. 209). Appliqué au taon (depuis 1979), mouche noire a été signalé en Vendée (v. ALF 1281), mais il n’est pas assuré qu’il ait un lien direct avec le même emploi en français canadien. On trouve toutefois mousche noire comme équivalent français de l’algonquin 8tchi (v. AnonAlg, fo 47r), mot qui désigne généralement la mouche domestique (v. CuoqAlg, s.v. odji, et Lemoine, s.v. mouche). Puisque les plus petits taons ont une taille similaire à celle de la mouche, il est possible que le rédacteur de ce dictionnaire bilingue ait confondu les deux insectes. Par ailleurs, mouche noire « taon » étant attesté sporadiquement dans différentes régions du Québec (Lac-Saint-Jean, Estrie, Capitale-nationale, etc., enq. TLFQ), cela suggère que cet emploi, en net déclin depuis au moins la fin du XXe s., pourrait être ancien. 6Mouche à blé, depuis 1839 (Ordonnances faites et passées, vol. 4, p. 557 : offrir des prix pour les meilleurs écrits sur l’Histoire Naturelle de la Mouche à blé, et pour les meilleurs essais sur les moyens d’empécher [sic] le mal causé aux grains par cet insecte), et mouche du blé, depuis 1877 (J.‑Ch. Taché, La mouche ou la chrysomèle des patates (chrysomela decemlineata), p. 8 : Il ne faut pas oublier que [...] dans le cas de la mouche du blé et d’autres, ce n’est pas l’insecte parfait qui fait le plus de ravage sur les plantes, mais les larves); calque de l’anglais américain wheat fly, lequel s’applique plus largement à divers insectes infestant le blé, dont la mouche de Hesse (v. Craigie, Mathews, s.v. wheat, qui l’atteste depuis 1786, et Webster 1986; v. aussi OED). Mouche à corne(s), depuis 1893, mais dès 1892 dans mouche des cornes; calque de l’anglais américain horn fly (v. Craigie, Mathews, qui l’atteste depuis 1708, DARE, Webster 1986 et Nelson). Mouche des cornes est pour sa part enregistré dans Larousse 1960 et 1982, mais il n’est peut-être employé que par les spécialistes français, puisqu’il ne figure dans aucun autre dictionnaire consulté (absent de DictAgr et FénAgr2, p. ex.). Mouche à fruits, depuis 1924 (peut-être dès 1906) : On recommande une inspection minutieuse des fruits australiens aux ports de la Colombie britannique pour empêcher l’introduction en ce pays de la mouche des fruits de la Nouvelle-Zélande (La Presse, Montréal, 11 juillet, p. 5); mouche des fruits, depuis 1929 (G. Beaulieu et G. Maheux, Les insectes nuisibles de la province de Québec, p. 168); calque de l’anglais nord-américain fruit fly (v. AHD 1981, Webster 1986 et Nelson; v. aussi OED et OAD 1990). Mouche à guêpe, depuis 1940 env. (d’après HéonÎM); héritage de France. Le nom a été relevé en français du XVIe jusqu’au XIXe s. (d’abord mousche guespe, notam. chez Rabelais, puis mouche guêpe) et il a été signalé dans les parlers du Centre de la France (v. FEW vÊspa 14, 344a, Estienne 1539, s.v. mousche, Besch 1847‑1892, Littré, TLF, s.v. mouche, ALF 672, ALIFO 648 et FondEss 264). Mouche à sucre, depuis 1876 (Le Naturaliste canadien, vol. 8, no 4, p. 126 : Comme ces insectes se montrent souvent fort abondants dans les sucreries que traversent quelques ruisseaux, nos gens leur donnent souvent le nom de mouches à sucre). Mouche à vache, depuis 1900. Il paraît s’agir d’un calque de l’anglais américain cow fly, de même sens (v. Craigie, s.v. horsefly, et DARE); cp. néanmoins mousche aus vaches, en français du XVIIe s. (v. Monet 1636, s.v. mousche, qui glose par « Musca bovilla »; le mot s’applique sans doute à un des diptères qui harcèlent le bétail, tels que l’hippobosque, l’œstre ou le taon). Mouche à vers, depuis 1859 (Appendice du dix-septième volume des journaux de l’Assemblée législative de la Province de Canada depuis le 29 janvier jusqu’au 4 mai 1859, p. A36‑111 : Ils [les Sauvages] avaient enlevé la chair de plusieurs vaches qui était à sécher au soleil, sur des échafauds, près des tentes. Il est inutile d’ajouter que la puanteur était accablante, et les milliers de grosses mouches à vers qui voltigeaient en bourdonnant au‑dessus de ces cadavres, n’était pas ce qu’il y avait de moins dégoûtant dans ce spectacle); a été relevé en français du XVIIe s. de même que dans des parlers de la France, dont ceux du Nord, de l’Ouest et du Centre (v. FEW 63, 250a, Académie 1694, ALIFO 478, ALFC 478, DavTour, s.v. moûche, et SpenceJers, s.v. mouk); le même nom est attesté dans le parler français de la Louisiane ainsi que dans les créoles antillais, réunionnais, mauricien et seychellois (v. DeBlLouis, HurstStCh, ValdmCreole, s.v. mouch; TournGuad, s.v. mouch‑a‑vé, ChaudRéun 280, CarRéun 286, qui ne le définit pas, BaggRéun, s.v. mous ver; BakMaur, qui n’identifie pas l’insecte, et D’OffSeych, s.v. mous). Mouche jaune, depuis 1864; relevé en 1871 dans ProvIns 141. Il s’agit probablement d’une création canadienne, d’après la couleur dorée de la mouche. Il est peu probable qu’il ait un lien direct avec le nom de même sens signalé dans un parler franco-provençal (v. GiovMén 52), et il n’en a pas du tout avec mouche jaune « guêpe », relevé dans les parlers créoles de l’océan Indien (v. BakMaur, RobMaur, NallMaur, D’OffSeych; mentionné comme nom d’une guêpe de la Réunion dans Besch 1847‑1892, puis repris dans Larousse 1866, sans détail).
II1Depuis 1920. Illustre le procédé comique consistant à associer le manque d’intelligence ou de débrouillardise de qqn au fait de ne pas avoir créé une réalité naturelle ou inventé une chose simple ou saugrenue; plusieurs expressions construites avec le verbe inventer appartiennent au même paradigme : ne pas avoir inventé le bouton à quatre trous (v. Usito), ne pas avoir inventé la machine à cambrer (cintrer, couder, courber) les bananes, ne pas avoir inventé l’eau chaude ou l’eau en poudre, ne pas avoir inventé le fil à couper le beurre, etc. (v. Bernet et Rézeau, On va le dire comme ça, 2008, s.v. banane). 2Depuis 1969 (d’après PPQ 2280).
IIIDepuis 1780 environ; héritage de France. Le mot a été relevé en français, surtout de la seconde moitié du XIXe s. jusqu’au début du XXe, mais en parlant plus particulièrement d’un emplâtre vésicatoire fait de poudre de cantharide, un insecte coléoptère (v. FEW 63, 249a; v. aussi TLF et GLLF, qui le donnent comme vieux); il a également été relevé dans les parlers du Nord-Ouest, de l’Ouest, du Centre et du Nord-Est de la France de même qu’en Wallonie (v. FEW id., DavTour, s.v. moûche, DudPerche et GachPoit, s.v. mouches). Mouche de moutarde, depuis 1890 (Traité élémentaire de matière médicale et guide pratique des Sœurs de Charité de l’Asile de la Providence, p. 1153). Mouche noire, depuis 1886 (CuoqAlg 293 : Odji‑mackiki, vésicatoire, ce que communément on appelle au Canada, mouche‑noire).