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MARSOUIN [maʀswẽ]
n. m.

Rem.

Variantes graphiques : (XVIIe s.) marsoin; (XVIIe et XVIIIe s.) marsoüin.

  

Vieilliou région.(Parfois dans marsouin blanc). Nom commun du béluga (Delphinapterus leucas, fam. des monodontidés), petite baleine blanche sans nageoire dorsale qui fréquente les eaux arctiques et dont une petite population habite l’estuaire du Saint-Laurent.

1999, A. Walk, Marsouins [photo], CC BY-SA 3.0, Wikimedia Commons. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Belugaschule_1999-07-02.jpg

Bande de marsouins. Faire la chasse, la pêche aux marsouins. Huile de marsouin.

Rem.Dans la langue spécialisée, l’appellation marsouin (commun) désigne, comme en France, une plus petite baleine mieux connue des pêcheurs sous le nom de pourcil.

 blanchon.

Sur ce mesme chemin de Kebec, nous trouvasmes aussi en divers endroicts plusieurs grandes troupes de Marsoins, entierement et parfaictement blancs comme neige par tout le corps, lesquels proche les uns des autres, se joüoyent, et se soulevans monstroient ensemblement une partie de leurs grands corps hors de l’eau, qui est, à peu prés, gros comme celuy d’une vache [...]. 1632, G. Sagard, Le grand voyage du pays des Hurons, p. 51.

Ce cétacé, dont on voit des troupeaux immenses dans le fleuve St. Laurent, depuis Matane en amont jusqu’à l’Ile au Coudre [sic], et qui habite surtout l’embouchure du Saguenay pendant l’hiver, fournit une huile abondante et d’une qualité supérieure, dont on se sert principalement en Canada pour l’éclairage de nos phares. On fait la pêche du marsouin blanc, le printemps à l’Ile au Coudre, à la Rivière-Ouelle, et l’automne, à l’entrée du Saguenay. 1863, Rapports annuels de Pierre Fortin […] pendant les saisons de 1861 et 1862, p. 115.

On vous a vus venir de loin [...]. Sapristi! que vous filiez bien! Le vent est grand; la mer était blanche comme une mouvée de marsouins. Vous couriez sur la lame aussi vite qu’un goëland. [...] Quelle fine voilière vous avez là! 1884, H. R. Casgrain, Œuvres complètes, t. 1, p. 246.

Les premiers colons qui sont arrivés ici ont trouvé une trace, des traces, pas rien qu’une, trois qu’on me dit, de pêche à marsouins. Par les bouts de perches qu’il y avait de plantés. 1963 env., Isle-aux-Coudres (Charlevoix-Ouest), AFEUL, P. Perrault 291 (âge de l’informateur : n. d.).

Nos ancêtres développèrent une ingénieuse technique de capture : en installant un parc de perches ouvert contre la marée baissante, ils emprisonnaient les marsouins [...]. La forme particulière du parc, en raccroc, les obligeait à tourner en rond. À marée basse ils finissaient par s’échouer. On les halait sur les rives à l’aide de chevaux. 1977, P.-L. Martin, Rivière-du-Loup et son portage, p. 39-40.

Le visiteur, s’il jette un regard sur la mer, verra peut-être, au milieu des vagues, des dizaines de taches blanches : il pourrait bien s’agir des ennemis mortels des pêcheurs de morue, les marsouins, que les populations côtières rangent invariablement parmi les mammifères marins les plus destructeurs [...]. 1978, R. Gignac, Les phares du Saint-Laurent, cahier no 10, p. 8 (radio).

Surnom donné aux habitants de l’île aux Coudres, qui ont longtemps pratiqué la pêche aux bélugas.

Ce fut une étrange aventure lorsque des jeunes de l’Île-aux-Coudres s’en vinrent en colonie. Pour des insulaires, habitués à vivre comme s’ils naviguaient toujours, ce grand bois sans horizon était bien dépaysant. [...] Pour mettre un peu de vie marine dans cette terrible disgrâce, je continuai de les appeler par leur nom de là-bas : les petits marsouins1943, F.-A. Savard, L’abatis, p. 75-76.

Vieilli(Comme terme de reproche, de désapprobation à l’endroit d’un individu effronté, d’un enfant espiègle).

C’est un moyen marsouin, celui-là.

Pourquoi surtout ne nous reprochait-elle pas autrement nos vols de gamins? ‘Ah! les bougres, les marsouins, c’est encore eux! Je vous reconnais bien, va!’ 1919, É. Chartier, dans Le Canada français, vol. 1, 1919, p. 347.

Histoire

Depuis 1632 (Sagard). Par extension du sens de « petit mammifère marin à nageoire dorsale (Phocœna phocœna), apparenté au dauphin » qu’a le mot en français depuis le XIe s. (v. FEW a. nord. marsvin 16, 536b). L’emploi de marsouin comme terme de reproche ou de désapprobation découle d’une analogie avec le comportement de l’animal qui contrarie les pêcheurs de morue.

Version du DHFQ 1998
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Trésor de la langue française au Québec. (1998). Marsouin. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 1 septembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/marsouin