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LOUP-MARIN [lumaʀẽ]
n. m.

Rem.

Variante graphique : (surtout anciennement) loup marin.

  

(Surtout dans la langue des pêcheurs). Nom donné au phoque (fam. des phocidés), en partic. au phoque commun (Phoca vitulina) qui abonde dans l’estuaire du Saint-Laurent.

2020, Alicia_Chan, Loup-marin sur une banquise [photo]. https://pixabay.com/fr/photos/sceller-phoque-commun-mammif%C3%A8re-5018496/ 2020, TheOtherKev, Loup-marin sur une plage [photo]. https://pixabay.com/fr/photos/b%C3%A9b%C3%A9-phoque-sceller-plage-pinnip%C3%A8de-5578027/

Chasser, pêcher le loup-marin. La chasse aux loups-marins. Huile de loup-marin. Peaux de loups-marins.

(En composition). Loup-marin d’esprit : phoque commun. Loup-marin brasseur ou loup-marin de glace : phoque du Groenland (Pagophilus groenlandicus). Loup-marin (à) tête de cheval : phoque gris (Halichœrus grypus).

 Fourrure de phoque.

Bottes, casque, sac de loup-marin. Blague en loup-marin.

Rem. Longtemps d’usage général, mais fortement concurrencé par phoque de nos jours.

SYN. très rareveau marin.

Ilz [les Autochtones] ont des barques en quoy ilz vont par la mer qui sont faictes d’escorche de bouays de boul [« bouleau »] o [« avec »] quoy ilz peschent force loups marins. 1536 env., J. Cartier, dans M. Bideaux (éd.), Relations, 1986, p. 101.

Le Loup Marin doit son nom à son cri, qui est une espece de hurlement; car dans sa figure, il n’a rien du Loup, ni d’aucun Animal terrestre, que nous connoissions. [...] Les Pêcheurs distinguent plusieurs especes de Loups Marins [...]. Il y en a, qui ne font que fretiller dans l’Eau; nos Matelots les appellent Brasseurs, ils ont donné à une autre espece le nom de Nau [...] à une autre, celui de Grosses Têtes. 1744, Fr. X. de Charlevoix, Histoire et description générale de la Nouvelle France, t. 3, p. 143-144.

Vers le soir, tout ce monde piailleur et paillard se rassemble pour la nuit dans les anses abritées; si la marée baisse, les loups-marins se hissent sur les pierres à mesure que le reflux les découvre : petits loups-marins d’esprit à fourrure tachetée, et gros loups-marins à tête de cheval. Au travers des cris adoucis des goélands, on perçoit leurs plaintes d’enfants et le clapotis de l’eau, où ils se laissent glisser par manière de jeu. 1920, Frère Marie-Victorin, Croquis laurentiens, p. 127.

– Ça c’est le loup-marin que vous chassiez l’hiver? – L’hiver, les gros loups-marins l’hiver, là, les loups-marins de glace. Pis, l’été, c’est le loup-marin d’esprit, c’est une autre sorte. 1963 env., Isle‑aux‑Coudres (Charlevoix-Ouest), AFEUL, P. Perrault 810 (âge de l’informateur : n. d.).

Je veux dire ta façon De tuer un loup-marin Pour la peau Et la chair pour les chiens Et jamais pour le sport Et jamais pour rien. 1964, G. Vigneault, Balises, p. 89 (poème).

(Acadie). Le sang commençait à bouillir dans les veines des chasseurs; on apercevait enfin ce que tout chasseur souhaite voir au moins une fois dans sa vie : « la grande mouvée », c’est-à-dire des milliers et des milliers de loups-marins sur la glace. Malgré leur grande fatigue, ils commencèrent leur chasse avec en tête une seule idée : tuer autant de loups-marins qu’ils pouvaient en emporter. 1975, A. Harvey, Les contes d’Azade, p. 152.

 RareLoup-marinier n. m. Chasseur de phoques.

Il arrive souvent, au cours des expéditions, que les chasseurs rencontrent en chemin des amas de glaçons qui gênent leur marche [...]. Mais l’accident le plus à craindre sur la banquise en mouvement, c’est la saignée, crevasse plus ou moins large produite par la fracture des glaces. Pour y parer, les loups-mariniers sont toujours accompagnés d’un canot [...]. 1948, H. Carbonneau, dans La Revue de l’Université Laval, vol. 2, no 9, p. 807.

Histoire

Depuis 1536 environ, en référence à des phoques d’Amérique du Nord (Cartier); mais cette appellation, qu’on explique généralement par un rapprochement entre le cri du phoque et le hurlement du loup (v. exemple de Charlevoix), avait déjà cours dans la langue des navigateurs français depuis le XVe s. (v. FEW lǔpus 5, 459b; RollFaune 8, p. 165). Loup-marin figure dans la plupart des grands dictionnaires français depuis Cotgrave 1611 (s.v. loup et le plus souvent écrit sans trait d’union), mais son usage en France ne semble pas avoir été aussi fréquent qu’au Canada où il est longtemps demeuré le seul terme usuel (v. BrassSPM; v. aussi Besch 1847 et Quillet 1937, s.v. loup). Le mot est attesté chez quelques auteurs canadiens-anglais (v. DictCan). Loup-marinier a été relevé dans le parler des îles de Saint-Pierre et Miquelon dans le sens voisin de « bateau qui chassait les phoques » (v. BrassSPM).

Version du DHFQ 1998
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Trésor de la langue française au Québec. (1998). Loup-marin. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 19 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/loup-marin