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LOUIS [lwi]
n. m.

Rem.

Parfois écrit avec majuscule à l'initiale : Louis.

1

Hist.(Sous le Régime français). Pièce de monnaie française de valeur variable à l’effigie des rois, de Louis XIII à Louis XVI; en particulier, monnaie d’or qui valait généralement vingt-quatre livres françaises.

Louis d’or.

Rem.Sous le Régime anglais, ne subsiste que dans l’appellation louis d’or désignant la pièce d’origine française qui continue de circuler.

 Louis d’argent, louis blanc : Syn. de écu d’argent.

[...] en louis d’or, d’argent, piece de vingt sols & autre monnoys [...]. 1647, Québec, BAnQQ, AP-P 1229, fonds Legardeur de Repentigny (famille), 17 janvier, p. [1].

Cinq louïs de vingt quatre livres piece font cent vingt livres [françaises]. 1751, Québec, BAnQQ, PJN 1622, inventaire de Barolet, 16 décembre, p. [20].

mr. Panet Avôcat [...] donnoit aux pauvres de la Haute Ville Cent Louis d’Or, qu’il prioit ses confreres Avôcats de distribuer aux plus nécessiteux, sans distinction de naissance, la dite somme faisant 450 piastres [...]. 1792, La Gazette de Québec, 5 juillet, p. [3] (le louis vaut ici 27 livres françaises).

Fanchon défit un nœud dans le coin de son mouchoir et tira un beau louis d’or qu’elle glissa dans la main de sa tante. La Corriveau saisit de ses doigts crochus comme un pied de harpie, le précieux métal et le fit miroiter avec délice. 1884, W. Kirby, Le chien d’or, trad. par P. LeMay, vol. 1, p. 480.

Grâce à Dieu! de nombreux voyages furent payants, si l’on en juge par les louis d’or encore en circulation en 1903, témoins authentiques oubliés longtemps dans les bas de laine de quelques familles d’une bonne et saine économie. Jusqu’en 1915, le bon vieillard Isidore Landry, alors âgé de 93 ans, venait encore de temps à autre échanger pour payer ses honoraires de messes, de beaux louis de vingt dollars. 1947, L. Garnier, Du cométique à l’avion, p. 45.

2

Hist.(Depuis la Conquête). Syn. (fréquent) de livre2 (sens 2).

Louis sterling. Louis courant. 4 louis, 18 chelins, 11 deniers. 17 louis en piastres.

(Mettre, donner, payer, valoir, etc.) cinq, dix chelins dans le louis, cinq, dix pour cent de la valeur estimée.

Rem.Louis est plus fréquent que livre, tant dans les documents officiels que dans la langue générale, probablement en raison du fait qu’il ne porte pas à confusion (livre pouvant avoir deux sens en parlant de la monnaie, voir livre2).

 piastre, sens II.A.1.

[...] par les mains de Mr Peiras soixante louis ou 1440# [livres françaises]. 1763, Québec, ASQ, C-9, p. 194.

Le commandant fit une obligation de la somme de 1000 louis sterling, dans laquelle intervenait M. Laframboise comme caution pour répondre de la bonne conduite du sieur Deschenau, j’expliquai la teneur de l’obligation en Français à tous ceux qui étaient présents [...]. 1776 env., J.-B. Badeaux, « Journal des opérations de l’armée américaine », dans Revue canadienne, t. 7, 1870, p. 268-269.

[...] il me communiqua un chiffon de papier indéchiffrable, et me remit la belle somme ronde de deux Louis; j’avais reçu auparavant cinq Louis, en sorte qu’il se trouva que j’avais joué tout l’été mon honneur et ma vie pour la somme de sept Louis courant. 1837, Fr.-R. Angers, Les révélations du crime ou Cambray et ses complices, p. 13.

Après avoir réglé ses affaires et payé ses dettes, il se considéra très-heureux de placer ce qui lui restait en une rente viagère de quatre cents louis, ou seize cents piastres, par année durant sa vie et celle de sa femme [...]. 1865, G. Boucher de Boucherville, « Une de perdue, deux de trouvées », dans Revue canadienne, t. 2, p. 22.

Plus tard, le curé avait acheté un cheval qu’il avait payé quarante louis – c’étaient des louis, à cette époque-là –, un gros prix pour un cheval. 1918, Sainte-Marie (Beauce), dans JAF 33/129, 1920, p. 227.

Histoire

1Depuis 1647 (dans louis d’or, attesté en France depuis 1640, v. par ex. FEW Louis 5, 425b). En emploi absolu, de 1675 à 1757; survit moins longtemps qu’en France puisqu’au Canada louis prend le sens de « monnaie de compte anglaise » (v. sens 2). Louis d’argent, de 1681 à 1706; en France, depuis 1641 (d’après FEW id.). Louis blanc, de 1667 à 1707 (BAnQQ, gr. P. Vachon, 14 novembre 1667, p. [2] : la somme de deux cent livres en louys blancs & autres monois ayant cours); en France, depuis 1669 (d’après FEW id.). 2Depuis 1763; encore relevé régulièrement au XXe s. en référence au passé. S’explique par le fait que le louis, valant 24 livres sous le Régime français, devenait l’équivalent de la livre anglaise dont la valeur avait été établie également à 24 livres françaises sous le nouveau Régime (v. livre2, Encycl.). Louis sterling, depuis 1775. Louis courant, de 1785 à 1873. Cinq, dix chelins dans le louis, de 1855 (DictBarb 7) à 1879.

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Louis. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 3 octobre 2024.
https://www.dhfq.org/article/louis