KETCHUP [kɛtʃɔp]
n. m.
Variantes graphiques : (plus rarement) catsup, catchup, ketchoppe, catchop, catchope, etc.
Condiment maison à base de tomates ou de fruits (poires, pêches, pommes) coupés en morceaux, de vinaigre et d’épices.
Ketchup vert, à base de tomates encore vertes. Ketchup rouge, à base de tomates mûres.
2023, TLFQ, Ketchup vert [photo].Ketchup aux tomates, aux fruits. Servir du ketchup maison avec du pâté à la viande. Faire son ketchup à l’automne.
Rem.En France, le mot paraît s’employer seulement en parlant du produit commercial qui accompagne la nourriture à l’américaine servie dans les fast-foods.
ketchup[ :] Prenez un gallon de tomates bien mures [sic], ôtez la pelure; mettez au feu avec une chopine de vinaigre, faites chauffer jusqu’au point de bouillir; passez dans un sac afin d’avoir le liquide; remettez au feu avec des épices [...]. 1878, Directions diverses données par la Rév. Mère Caron, p. 162.
– Gertrude : Eille! Le temps passe! Commencez pas à vous bourrer de mes restes de conserves. Pour ce qui en reste! – Clément [...] : Moi ce que j’aime, c’est le « Ketchup » vert de m’man. Mium! Qu’il est bon! (Il ouvre un pot et se ramasse une tranche de tomate verte). 1975, Cl. Jasmin, La Petite Patrie, 20 avril, p. 26 (télév.).
Ma femme vous envoye chacun un cruchon d’son ketchup qu’a l’a faite hier. Pis a fait dire de nous donner d’vos nouvelles. 1981, M. Laberge, Ils étaient venus pour..., p. 133.
À l’automne, ma mère faisait son miel avec des roses et du trèfle, ensuite elle faisait de la confiture de citrouille et du ketchup vert, rouge et aux fruits. 1983, Shawinigan-Sud (Champlain), dans S. Fournier et É. Poirier, Fruitages de la Mauricie, t. 1, p. 9.
Fam.Dans des expressions.
L’affaire est ketchup : l’affaire est réglée, arrangée; le succès est assuré.
[...] pas besoin de se réunir en famille pour fêter le jour de l’an [...] envoye de la danse, de la boisson puis des beaux garçons... puis l’affaire est ketchup... le jour de l’an passe on en a pas connaissance... 1944, O. Légaré, Nazaire et Barnabé, 28 décembre, p. 5 (radio).
Toi là, mon gars, y faut que ty [sic] comprennes que l’important pour pas être fou, c’est de ne pas en avoir l’air! Regarde juste tes souliers mon Guy, pense pas que t’as pas l’air fou avec ça? [...] Y va falloir que t’apprennes à enlever ça, ce linge-là. [...] Heureusement pour toi, tu tombes sur un spécialiste. Signe ici, tu viens dans ma dynamique de groupe au Camp Adam ou Ève, pis dans deux semaines, l’affaire va être ketchup. 1980, Croc, juillet, p. 62 et 67.
(Avec valeur intensive, renforçant un adj.). En ketchup : très, extrêmement.
– Casimir : Ouais... puis cette fille-là va tranquilliser Nazaire, tu penses? – Damase : Comment c’est que tu gages, son? [...] elle a [...] une voix chaude [...] quand elle parle à un homme, [...] il tombe en amour avec tout de suite [...]. – Casimir : M’as dire comme c’t’homme : « Elle est forte en ketchup! » 1945, O. Légaré, Nazaire et Barnabé, 2 février, p. 5 (radio).
– Rose : Tu vas travailler? – Philomène : Comme danseuse; ça me tenterait assez. C’est payant en ketchup... 4 à 500 $ par semaine. 1982, L. Proteau, Les placoteuses, p. 84.
(Variante). En ketchup vert.
Je trouve ça même plutôt fort en ketchoppe vert de passer d’un fils d’Allah à un campeur ordinaire sans prévenir les parents ni les amis. 1972, J. Godbout, D’amour, P.Q., p. 57.
Histoire
Le mot ketchup est attesté en français du Québec depuis 1785 (sous la variante katchup) au sens de « sauce épicée, généralement à base de tomates, vendue toute préparée » (v. La Gazette de Québec, 26 mai, p. 4). Cet emprunt à l’anglais (v. OED et Webster 1986, s.v. catsup) est attesté en français de France, mais seulement depuis 1816 (v. TLF). Au Québec, la forme ketchup est attestée depuis 1792 (BAnQQ, gr. J.-B. Planté, 12 septembre, p. 9 : bouteille de ketchup), catchup depuis 1815 (La Gazette de Québec, 28 décembre, p. 3) et catsup depuis 1867 (Gingras2). Les emplois québécois paraissent être des innovations sémantiques.
IDepuis 1878.
II1Depuis 1939 (BarbRam 76). 2Depuis 1945.