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JOUALISANT, JOUALISANTE [ʒwalizɑ̃, ʒwalizɑ̃t]
adj. et n.

  

Litt.(Souvent avec valeur péjorative). (Personne) qui s’exprime en joual, qui recourt au joual comme moyen d’expression littéraire.

Un auteur, un écrivain joualisant. Les joualisants.

 adj. Par ext.

La littérature joualisante des années 1960 et 1970. Le mouvement joualisant. 

 joual, jouale (sens II.3).

Faute de bien comprendre le mécanisme socio-linguistique déclenché dans la recherche de l’identité, l’écrivain joualisant risque de desservir le « peuple » en le privant définitivement d’une élite et d’un exemple linguistique dont il a grand besoin afin de fortifier sa motivation envers une langue apparemment étrangère et infériorisée en terre américaine. 1965, G.-R. Lefebvre, dans Le Devoir, Montréal, 30 octobre, p. 16.

Le misérabilisme est né chez nous avec Au pied de la Pente douce de M. Lemelin et avec Bonheur d’occasion de Madame Gabrielle Roy. [...] Une courte réaction suivit, avec les ouvrages d’Eugène Cloutier et d’André Langevin en particulier, dans lesquels on tenta de revenir à des thèmes et à des modes d’écrire plus universels. [...] Puis, surgit la vogue « joualisante », qui nous plongea au cœur d’un misérabilisme qui alla jusqu’à la corruption du langage. De cette époque révolue, demeurent deux ouvrages d’une certaine qualité : Le cassé de Renaud, Le cabochon de Major. 1967, Fr. Hertel, dans L’Action nationale, avril, p. 828-829.

La vérité est que c’est souvent le joual qui vient à la bouche, non pas du peuple, mais d’une certaine catégorie d’activistes, intellectuels confus, joualisants et plus ou moins drop-out, et même de certains agents doubles qui, croyant stupidement « faire peuple », adoptent le joual le plus infect en même temps qu’ils usent de vulgarité et d’impolitesse dans les assemblées, comme une fois j’en ai repéré un simplement à sa grossièreté. 1974, P. Vadeboncœur, dans Maintenant, mars, p. 32.

L’erreur trop souvent commise à propos de Parti pris a été d’enfermer le groupe dans des revendications purement linguistiques. Le joual piaffant et hennissant qui soudain fit irruption sur les traces encore fraîches du Frère Untel ne manqua pas d’étonner le public lecteur du temps qui en fit son cheval de bataille. Et le spectacle alla bon train des opinions, des contre-opinions, des études, des critiques et des essais sur ce périlleux sujet de la langue au Québec. Dans cette galopade effrénée on en vint, comme c’était à prévoir, à oublier le point de départ de l’aventure; d’une conséquence (l’utilisation du joual par les écrivains) on fit un but (la littérature joualisante). 1975, L. Gauvin, « Parti pris » littéraire, p. 55.

Histoire

De joualiser, lui-même dérivé de joual. Depuis 1965.

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Joualisant, joualisante. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 19 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/joualisant-joualisante